
! T
PEUPLES OI:IUI,O-ALTAÌQI;ES. •11
ou samoïècle. Les uns ont leur demeure fixe clans des villages composés
d'environ viiigt-eiiici maisons, les autres sont nomades et forment plus
de cinq cents yourtes. Leur habillement est le môme que celui des Tatars
Sagaïtscs. Les riclics seulement possèdent deux femmes. Ils donnent
le plus souvent à leurs enfants deux Jionis, l'un païen et l'antre clirétien.
Laborieux et lionuôtes, ils ne commettent pas de vols; c'est un point
de ressemblance avec les Finnois, inalgi'é le mauvais exemple donné pai'
leui-s voisins; mais, en revanche, ils sont adoiniés ii, la boisson. Kii été,
ils consomment de l'aïrane (voyez Nogaïs) en gi-ande quantité.
L e s Kaïbales ou Koïbales errent en nomades sur la rive di-oite de
rj\bal<anc inférieure, vis-à-vis des Katchintses, et sui- la l'ive droite de
l'Yénisséi, le long de ia Sogda, petite l'ivière qui se jet t e dans la Tonba.
Jls se désignent enx-méjnes sous le nom de Kaïba et s'imaginent avoir
vécu dans ces contrées même avant les Kirghiz. Ils sont au nombre de
1 , 1 0 0 et pins, dont 600 liommes et .500 femmes. Ils ont, ainsi que les
K a t c h i n t s e s , presque entièrement substitué le tatar au samoïèdc, jadis
leur langue maternelle. Les Kaïbales se considèrent, après le peuple
primitif traditionnel tchoude, comme les plus anciens haljitaiits du pays,
et se divisent eu plusieurs tribus. Ils sont, pour la plupart, d'origine
samoïède. Beaucoup de Katchintses et de Tatars-Saïancs, et même, dans
les derniers temps, quantité de Eusses, sont veiuis s'étalilir parmi eux.
Les Kaïbales, méprisés de leurs voisins, sont accusés de plusieurs vices,
surtout de celui du vol; mais on doit, iiour les excuser, prendre en considération
l'isolement absolu dans lequel ils vivent au milieu des steppes
et loin du contact de foute civilisation.
Les trois tribus tiitares des Katchintses, des Sagaïises et des Kaïbales,
auxquelles il faut joindre au.ssi, sous le rapport administi'atif, tous les
restes des autres peuplades devenues tatares, liabitant le gonvernemenf
d'Yénisséisk, sont en partie idolâtres, en ])artie chrétiens, mais plus ou
moins adhérents du chamanisme. Ils n'ont pas de physionomie caractéristique,
par suite de leur mélange trop fréquent avec d'autres peuples.
Presque tous ont un extérieur l'cpoussant, et si on trouve par hasard
chez eux une femme d'une figure passable, ou peut affirmer qu'elle est
de pure origine ^tatare.
Tous ces Tatars ont les cheveux noirs, et au-dessous de leurs yeux,
noirs aussi et fiamboyants, se remarque une proéminence qui semble faire
rentrer leur nez ]-ecourbé et pointu, aux larges narines, comme s'il voulait
se soustraire au regard. Leurs beaux sourcils, leur bouche petite,
leurs lèvres fines et leurs dents blanches ne sauraient compenser la laidein
générale de leur visage. Ils sont pour la plupart de taille petite
et épaisse; ils ont le teint foncé, mais ti'ès-animé et coloré, ce qui provient
probablement de l'usage immodéi'é du fard; ils se coupent les cheveux
comme les Eusses, et ont peu de barbe. Leur Iiabillement est, en
général, tout à fait russe; mais les femmes ont conservé pour leur vêtement
de fótes le costume mongol.
A la naissance d'un enfant, le père lui donne le nom du premier obj
e t qui frappe sa vue, et l'enfant conserve jusqu'il la mort ce nom, conjointement
avec celui qu'il reçoit au baptême. Dès que l'enfant commence
il marcher, on l'attache avec une courroie a un objet quelconque,
pour qu'il ne puisse pas s'approdici' du feu. Quand un homme marié
meurt, il est enterré avec des gémissements, des regrets et des cris plaintifs
qui ressemblent à des liurlemcnts; les femmes chantent comme d'inspiration
les actions louables du défunt. Si c'est une femme que l'on ent
e r r e , le mari accompagne le corps de la .défunte sans donner le moindi
e signe de douleur. Après la cérémonie des funérailles, les assistants
mangent un mouton sur la fosse, liicn que beaucoup de riches aient
deux femmes, il y a pourtant, plus d'hommes que de femmes. Les Katchintses
achètent leurs femmes au moyen d'un kalym, et le nuiriage est
ensuite béni par le pi'être.
L a femme, sans être esclave, est, comme cliez tous les peuples nomades,
chargée des travaux liénibles. hhi été, le mari est assis ou couch^ dans
l'yourte ])rès du feu; il mange, boit, fume, et monte il cheval deux fois
par semaine, pour aller visiter ses troupeaux. En hiver, il va il la chasse
des bêtes fauves on s'occupe ii. fabriquer des ustensiles pour son ménage
ût ses travaux domestiques, dresse des chevaux et construit l'yourte.
Ces occupations, c|ui sont loin d'étro pénibles, lui laissent assez de temps
pour se livrer îi quelques distractions. Les oisifs viennent, en liiver,
visiter leurs voisins, et l'été se passe généralement en fôtes et en jeux:
on se réunit, on allume un feu autour duquel on s'assied en cercle;
on boit du K-oumyss, de l'aïrane, de l'eau-de-vie; on fume dans de petites
pipes ; 011 cause et l'on se divertit ii voir danser et jouer la jeunesse
ou il écouter un chanteur. Leur chant, qui déchire les oreilles, se compose
d'airs improvisés ou d'espèces de ballades populaires. La musique
est ti-ès-simple et le plus souvent employée h accompagner la voix.
L e s Katchintses possèdent deux sortes d'instruments à cordes. L'un, le
kobyss, est une espèce de balalaïka ii trois cordes recouvertes d'une
vessie; l'autre, le djytagan, est une sorte de tablette mince et plate de
deux archines et quart de largeur, sur laquelle sont tendues sept cordes
soutemies par deux chevalets. Les danses n'ont ni légèreté ni grâce;
elles n'expriment aucun sentiment de l'âme, mais imitent le plus souvent
l e pas des animaux tels que l'ours, le loup, etc. Les exercices du corps
offrent plus d'intérêt, quoiqu'ils ne consistent que dans la lutte. Les
courses de clievaux fougueux et sauvages forment aussi un des pa-ssetcmps
les plus agréables de ce peuple. Souvent vingt, trente et môme
j u s q u ' à cinquante individus y prennent part simultanément et se livrent â
nue course rapide dans une vaste plaine, jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent
enfili, sans lialeine et sans force. Quoique ces Tatars soient généralement
d'un caractère doux, on reconnaît pourtant dans tout ce qu'ils font une
c e r t a i n e passion. Ils sont simples comme des cnf;iuts, mais méliants
comme tout peuple qui a subi l'épreuve do l'adversité. Isolément, ils
sont insouciants; en masse, ils sont ennemis de toute innovation, I;C
vol et la fraude sont à leurs yeux les signes évidents d'un c.spi-it sensé;
mais ils sont incapables de commettre de grands crimes. S'ils se battent
entre eux, ils le fout avec des égards réciproques que pourraient envier
bien dos peuples plus civilisés : cliacun frapjie à son tour et reçoit le
COU)) de sou adversaire; cela continue ainsi jusqu'à ce que les deux antag'onistes
tombent épuisés de fatigue. Ils vengent même sur leur propre
personne les offenses qui leur sont faites, et vont jusqu'au suicide si
l'otiense a été grave. Cette coutume, qui se retj-ouve quelquefois chez
les Tchouvaclies, existe aussi chez les Chinois, les Japonais et les
Indous. On voit parfois de vieilles femmes battre leurs maris ivres avec
uu bâton; liors ces cas tout exceptionnels, la femme est en tout trèssoumise,
ce qui se conçoit parfaitement, car l'époux oiïensé a le droit
de tuer impunément ,sa femme. Les Tatars de ce pays sont en général
d'une nature paresseuse, et souvent de mauvaises passions brillent comme
des éclairs ii travers leur stupidité.
L e s Katchintses sont les plus riches et les plus honnêtes de tous ces
T a t a r s ; ils se distinguent spécialement par leur loyauté et leur hospit
a l i t é , et conservent leur bonne humeur et leur cordialité même dans
l'ivresse.
L e s Kiziltses sont malpropres et fourbes.
Parmi les tribus réunies, les Beltirs sont les plus recommandables et
les Sagaïtses les plus insouciants.
Les Kaïbales, abrutis par la pauvreté, sont paisibles et silencieux.
L e s plus misérables d'entre eux dressent leurs yoiu-tes près d'un village
russe, et se nourrissent, assis sur le seuil des maisons du village, de
restes de pain qu'ils disputent souvent aux chiens. Quand ils rendent
de petits services, ils s'en font payer le salaire en nature, L'yassak
auquel ils sont taxés est très-insignifiant; ils ne payent en effet que
la modique somme de 3 roubles ii 3 roubles et demi pai- tête de seize
ans â cinquante, lis doivent aussi fournir des chevaux de relais, mais
ils sont exemptés du recrutement,
Los Kamassintses forment, d'après les trois nationalités dont ils se
composent, trois oulouss : ceux d'Outchoumakov, d'Abalakov et d'Agoulsk.
L'oulouss d'Outcliouninkov, qui appartient tout îi fait it la race tatare
se compose de débris de ce peuple qui luabitait autrefois les rives de
l a Katcha, dans les environs de Ki'asnoïarsk, et consiste naturellement en
TatiU-s-Katchintses, Dans les derniers temp.s, il arriva du district de
Krasnoïarsk dans celui de Kansk beaucoup de Eusses qui se confondirent
avec ces deniiers et s'unirent aux Kamassintses. Ils vivent dispersés,
les uns sur la ÎMaiia, les autres sur le Kane, et se nomment,
comme tous les Tatars du district de ]\ansk, habitants des steppes; c'est
l)iir cette raison qu'ils sont appelés Kamassintses des steppes par les
Elusses, et Non (au pluriel Nousang) par les Kamassintses des forêts
ou par l'oulou.ss d'Abalakov. Leur existence est tout agricole ; ils sont
I Î
; !
! t ^
' ! ^
• f:
1
L
:A :
• i • Il ( ; ,
Il / i :
' Î : •'
: < I
'TJ