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i ' E U P L E « Dû GAUOilSE. l : i
aux moiiaslèrcs ; ceux des nobles ont été serfs, comme on l'a déjîi dit,
jusqu'en 18G1,
L'iiuérclli se divise en ti-ois iiai'ties qui étaient séjiai-ées politiquement
: riinóreth proprement dit, dans les environs de Koiitaïs, surtout
à l'est; le lladclia au nord, dont le cliof-lien est Uni; et le district
(i.'Akhaltsilvlié au sud, où l'élément turc, jadis fortement repi'ésenté, a
ció remplacé depuis ti'entc ans par d'importantes immigrations d'Ai inéiiicns.
Le district d'Aklialtsiklic est iin pays pittoresque et renferme
les plus belles antiquités de la Géorgie ; le Radcdia, surtout dans sa
pai'tic la plus élevée, possède un climat doux et un sol fertile, mais
les ten-es pro])i'es fi la culture sont mallieui-enscment foi't disséminées,
ce qui permet pas les grandes exploitations. I,o paysage d'Imérelh
proproinent dit a un cai'actére Apre et pittoi'esque ; dans les forêts
vierges, la vigne sauvage forme dos guirlaïulcs qai s'étendent d'un arbre
à l'autre.
Le costume national ressemble à la fois à celui des Grouziens et des
Persans, h l'exceptinn de la coiiTui-e, qui consiste en un nioi-ceau carré
(le feutre ou de velours, souvent brodé d'oi- et d'argent, attaché sous
le mcutf)n an moyen d'ime petite coui-roie ; mais comme il ne couvre
qu'inic très-petite partie de la téte, les fmcrs portent la cliovelurc
épaisse, très-longue et tombant jusque sur la nuque, La pauvreté du
licuple est si grande aujoui'd'hui que le costume de la basse classe ne
saurait être décrit, car les pauvi'es se font un vêtement do tout ce qui
tombe sous leur main.
Les habitations et les enclos, disséminés pai'tont, ressemblent à ceux
(les Jlingréliens. Les maisons de l'Iméretli sont construites en poutres.
Un dos deux pignons forme souvent une espèce de balcon couveit soutenu
par des colonnes en bois. Chaque enclos contient inie cour,
Les plantes que les paysans cultivent principalement sont le maïs et
une espèce de millet (gliomi). Les mets qu'ils préfèj-ent sont ceux qu'on
préitare avec du lait.
L ' a g r i c u l t u r e , l'élève du bétail, le mode d'attelage, les cliariots, tout
se ti'ouve dans un état très-peu avancé et u'a commencé ii ¡¡rendi-e un
peu d'essor que dans ces derniers temps,
L e caractère primitif des Imers, l'un des ])lus beaux ¡leuples du
monde, dont le visage est si noble, si expressif et si spirituel, a malheiireusemeut
subi de tristes influences qui, agissant sur le physique aussi
bien qne sur le moi-al, ont sensiblement altéré son type originel : les
plus pernicieuses ont été le despotisme des 'J'ui'cs, hi décadence de l'Eglise,
la démoi-alisatiou de la noblesse et les vices nombreux do l'ancieniic
organisation administrative. L'état actuel de ITuiéi'eth forme un cont
r a s t e bien tVap|)ant avec son ancienne puissance, lorsque les |)i'inccs
l'égnants se donnaient le titi'C ambitieux de i'oi des rois. T^a domination
russe a été puissamment avantageuse à l'Iméreth : la sécurité des
pei-sonnes et des propi-iétés est assurée aujourd'liui ; l'esclavage n'existe
p l u s ; la position du campagnai'd s'est beaucoup améliorée; les princes,
lorsqu'ils parcourent le pays, ne peuvent plus, comme jadis, s'installer
avec leurs nombi'cuses escortes chez leurs vassaux pour manger souvent
en une seule semaine les provisions amassées pour une année entière.
L'hospitalité règne encore dans toute sa libéralité; les étrangers de distinction
sont accompagnés par les nobles et leur suite, souvent jusqu'il
de grandes distances; partout oii l'on fait une halte, ils sont lai'gement
t r a i t é s ainsi qne tous ceux qui les accompagnent, et les liabitants du village
qui a fourni les provisions prennent aussi leur part du festin.
L'instruction et la moralité du peuple laissent pourtant encoi-e beaucoup
il désirer; il est enclin au mensonge, à l'ivrognerie et à d'autres excès.
Parmi les nobles, quelques-uns savent déchiffrer le russe, mais il en est
très-peu qui sachent lire leur langue nationale.
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M I N G E É L I E N 8 ,
Les Mingréliens hab i tent , au nombi'C de 50,000 têtes, le centre de la
partie la plus occidentale de la Transcaucasie, outre l'Engour (lugour),
la mer Noii'c, le Rion , la montagne qui sé])are le Tzkhénis-'J'sqal du
Rion, et la montagne qui enfeime du coté sud le Souaneth mingrélien.
Les Jlingi'éliens sont les descendants d'Egros, frère de Karthlos, jiatriarclie
des Géorgiens, qui, lors du pai'tage des possessions de la famille,
obtint dans son lot le pays de la Trau'^caucasie au bord de la
mer Noire et se fixa h Egris (depuis IJédia). Plus tard, des colonies
grecques se fondèrent sur le bord de la mer Noire, et, pai- cet établissement,
les maîtres du pays se virent refoulés dans la Uolchide ou Miugrélie
pi'oprement dite.
I^ès que la nationalité géoigienue se fut constituée sons le sceptre de
Pliurnavaz, la Mingi'élic (le pays des jMègi'cs) devint l'un dos liuit éi-isthavats
géorgiens, dont la limite nationale était formée par i'Iingour qui
la séparait des Grecs. Les îlingréliens furent convei'tis au christianisme
avant les tribus géorgiennes do l'est, et la Mingrélie se constitua, au cinquième
siècle, avec ITméreth et ic Gouria comme annexes, en un Etat in-
«lipondaiit (laLazique). Plus tard, par suite des vicissitudes de la guerre
et de l'inlluonce de la civilisation grecque, ce pays fut destiné à faire
P'ii'tie (le i'Aphkluizie, qui, au dixième siècle, envahit aussi la Géorgie
"'•lentale. A partir du treizième siècle, plusieurs agrégations politiques
se sont formées dans l'Aplikha/.ie, sans autre lien que la langue : telles
sunt l'Odich (la Mingrélie orientale d'alors), le Gouria et le Laxistan
'"iisutnian, iMais la Mingrélie, dans ces i)hases divei'ses, ne joua qu'un
l'Ole secondaire; ses maîtres lui venaient de la Géorgie, de l'Iméreth
"u du noi-d-Gst, sans toutefois qu'elle perdit jamais sa natioimlité. Au
wm m en cernent du quatoi-zième siècle, Giorgi 1", éristhav d'Odicli et
'"•••gi'is, se rendit indépendant de l'Iméreth et fonda une dynastie qui
l'wlit smi pouvoir en 1G91, et après laquelle les Tchikovans, nommés
•"tlissi Dadians, montèrent sur ie tròno.
ré|)oquc du démembrement de la Géorgie, h la fin du quinzième
S'^tle, la Mingrélie, sous le nom d'tJdich, fut soumise aux Dadians (nom
I'll ne désignait d'abord que le juge supéi'icur, le lieutenant ou gouv
e r n e u r , mais qui, avec le temps, est devenu le nom do famille d'une
dynastie). La 'Mingrélie fut alors une des cinq principautés indépendantes
qui se formèrent il coté des trois royaumes géorgiens, et elle conserva
plus longtemps même que l'Iinéi-eth une indépendance assez large.
Plus tard, pi-esqne continuellement placée sous la suzeraineté de l'Imér
e t h , k laquelle la îilingrélie donna néanmoins quelquefois ses princes
pour régents, celle-ci fut soumise durant des siècles, avec toutes les contrées
de la Transcaucasie occidentale, h l'influcncc immédiate des Turcs,
et se trouva tantôt sous leur domination, tantôt sous celle des Géorgiens
do l'est ou du i-oyaume de Karthli. Depuis le dix-septième siècle, les
Dadians de la Mingrélie — et principalement le fameux Lévan-Dadian II,
la plus gi'ande ligure historique de la Géorgie occidentale—acquirent une
véritable prépondérance sur l'Iméreth et l'Aphkhazie, et reculèrent leurs
frontières à l'est jusqu'à la rive gauche de la Tzkhenis-Tsqal, et au
sud jusqu'au Rion, en perdant toutefois, du coté de l'ouest, une partie
de leurs territoires. Plus occupée il se défendre contre les envahisseurs
que conti'c l'ignorance, opprimée par un gouvei'nement de race étrangère
et de religion différente, la Mingrélie, étouffée, paralysée dans son
développement, se décida à entrer en rapport avec la Russie, Ces rapports,
qui commencèrent au milieu du dix-septième siècle, ne sont devenus
permanents et eflicaces que depuis soixante ans.
L a Mingrélie, dont nous avons déjà fait mention plus haut, dans le
court aperçu topographique du Caucase, se divise en deux parties principales,
l'Odich à l'ouest et le Letchklioum à l'est. La première partie,
la véritable Mingi-élie, est un pays de forêts, dont le climat est doux
mais énervant, et dont la végétation luxuriante parait se développer aux
dépens de la vigueur de l'homme ; les liabitations semblent s'y dérober
aux regards on se cachant au sein d'épais feuillages. Quant au Letchklioum,
il re])réscntc un bassin étroit, recouvert d'une excellente tei're
végétale qui produit du froment, un petit vin doré, et qui renferme un
bon nombre de villages habités par une population paisible. Le Letclikhoum
jouit d'un climat renommé pour sa salubrité, mais sa position
élevée rend les hivers très-rigoureux ; à part cette circoustauce, c'est
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