
I i ( i P E U P L E S INDO-EUROPÉENS. ì i
il 1
11' Y
Il ..l
Oévoucmciil; clialciircux et un rcs|)cct pi-ofoiul pour les dames. Le privilège
cDiifér(j à la noblesse pour l'élection du souverain livrait coniplétcincnt
la Pologne ii l'inflticnce des puissances étrangères, Après la mort
crAugusie Jir (17G3), les Polonais voulurent avoir nn roi indigène, choisi
parmi les descendants dos Piasts, anxcjnels licancotip de nobles prétendaient
appartenir. Deux partis se dessinèrent aussitôt ; l'un reclicrcliait
l'assistance de la Russie, l'autre l'appni de la France. La llnssie fit décider
l'élection du prince Stanislas Poniatovski, Los anciens privilèges
décrétés, mais non observes, en faveur des dissidents, furent on grande
p a r t i e mis eu vigueur par les Etats voisins. Une nouvelle diète se rassembla
en oppositiou avec le roi et avec la dicte même qui s'était prononcée
contre les dissidents. Le roi dnt céder aux circoustauces et demanda
l'interventiou de la Russie pour rétablir dans une nouvelle diète
les droits des dissidents. C'est alors c^u'une puissante fédération se forma
il Bar contre la décision qni était intervenue, et il s'ensuivit luie guerre
sanglante qui démoralisa entièrement la Pologne et l'amena aux limites
du demie)' épuisement.
Les trois puissances voisines, la Russie, l'Autricbe et la Puisse, opérèrent
en 1772 on premier partage des Ktats polonais. La Russie reçut
la Russie-Blaiiclie pi'Oprement dite (comprenant les gouvernements de
Vitebsk et deMobilev); l'Autricbe, la Galicie; ia Prusse, la Poméranie
orientale sans Dantzig, et la partie de la Grande-Pologne située sur la
r i v e gauche de la Netzé.
La tranquillité-ne dura pas longtemps; car une fédération réunie
il Tarnovitz ayant renversé les lois fondamentales de l'Etal convenues
avec la Russie, et proclamé, le 3 mai 1791, une nouvelle constitution,
les adversaires de cette innovation réclamèrent l'appui de la Russie.
Une diète générale eut lieu ii Grodno on 1793, et le second partage de
la Pologne en fut la conséquence immédiate. La Russie reçut pour sa
p a r t le gouveruement de JEinsk, la Podolie et la Volhynie; et ia Pi'usse
s'adjugea la Grande-Pologne avec Dantzig et Tliorn. Bientôt après, la
Pologne tout entière se souleva sous le commandement de Kosciuszko ;
mais le bi-as puissant de Souvorov comprima cette tentative désespérée
qui n'eut d'auti-e résultat que d'amener, en 179-1, un troisième partage
de la Pologne. T.a Russie reçut les gouvernements de Groduo , de Yilna
et de Ivovno ; l'Autricbe, les voïevodies de Cracovie, de Sandomir et
do Lublin; la Prusse, le reste du pays avec la capitale, Varsovie.
L a Pologne avait vaincu des nations étrangères, conquis des empires,
anéanti des religions; mais se vaincre soi-même, faire triompher la
j u s t i c e , respecter les moeurs et se renferaier dans les bornes d'une sage
modération, voilîi ce qu'elle n'avait pas su faire. Tout ce qu'il y avait
de noble, de chevaleresque et de véritablement grand dans le caractère
du peuple polonais devait venir échouer contre l'esprit de désordre, d'intolérance
et d'insubordination.
Dans les années 1807 et 1809, l'empereur Napoléon 1" réuni t de nouveau
l'ancienne Pologne royale dont il forma le grand-duché de Varsovie,
q u i , ainsi que d'antres Etats de la confédération du Rhin, prit part à la
grande guerre de 1812 contre la Russie. En 1815, ce pays, après avoir
été conquis encore une fois par les troupes russes, retomba sous le sceptre
de la Russie, à l'exception des contrées qui avaient été précédemment
réunies à l'Autriclie et ii la Prusse, savoir : la Galicie à la ])remière
de ces ])uissanccs, et à la seconde la province de Poznanie et celle qu'on
nomme Prusse occidentale. De la partie la plus importante du gi'andduché
de Varsovie, l'empereui' Alexandre I" foima un nouveau royaume
de Pologne, lui donna une administration distincte et lui laissa mémo
une armée. En moins de quinze ans, la Pologne atteignit, sous le sceptre
du monarque russe, un haut degi'c de prospérité matérielle. Mais de
même que dans les siècles précédents, la noblesse, formant la minorité
du peuple polonais, suscitant toujours des troubles et des guerres civiles
au sein de sa patrie, avait été cause de la séparation des jiays d'oi-igine
russe (la Petite-Russie et la Russic-Blauche) d'avec la Pologne, et
avait entraîné le pays ii sa perte , de mémo encore, cette fois, elle ne
put comprendre la position que lui avait faite la nouvelle organisation
du royaume de Pologne, et se berça inconsidérément de l'illusion qu'elle
pourrai t reconstituer la Pologne en un Etat indépendant. Des sociétés
secrètes se formèrent surtout pai'mi la jeunesse et se répandirent dans
tout le pays ; et bien que réellement leur plan et leur but fussent de
rendre la Pologne indépendante, on vit cependant se produii-e des tendances
démocratiques déjà très-prononcées. La rébellion éclata eu automne
1830. Mais ce soulèvement se termina, comme il était aisé de le
p r é v o i r , par la défaite des Polonais et la capitulation discrétion de
Varsovie en 1831. La Pologne devint une province de ia Russie, gouvernée
])ar un lieutenant de l'empereur. L'événement le plus important,
la dernière mesure décisive du goiivei'uement russe poui' arriver à ce
que les habitants russes des provinces autrefois polonisées l'estassont
aussi, sous le rapport de la nationalité, séparés de l'élément polonais,
f u t , on 1839, l'abolition de l'ancienne union religieuse. Par suite de
cette décision, les Russines et les Rnthènes, antérieurement polonisés,
furent éloignés du régime polonais et conduits ])cn à peu, par leur réintégration
dans l'Eglise orthodoxe, il se réunir complètement ii leurs anciens
frères de race. Cet acte du gouvei'nement aciieva l'oeuvre de la
réunion, qui de droit existait déjà en partie depuis longtemps, et arrach
a définitivement it l'élément polonais les contrées russes travaillées,
sous le rapport politique pendant plus do trois cents ans, et sous le
rapport religieux pendant ))lus de quatre siècles, par le catliolicisme et
le régime polonais. En 1846, la république de Cracovie fut, ii la suite
d'une insurrection locale, incorporée définitivement ii l'Autriche. Il y eut
aussi en Prusse des mouvements polonais ; ceux qui tentèrent de se produire
en Russie avortèrent ii leur première apparition. L'année 1848
releva les espérances des Polonais du grand-duché de Poznanie. Tous
ces soulèvements eurent d'ailleurs la même cause, la même issue et
les mêmes résultats ; ils coûtèrent fort cher à la noblesse et déterminèrent
les gouvernements à prendre des mesures plus i-igoureuses. L'émigration
polonaise maintint la nation dans une agitation perpétuelle,
ameoa dans les tendances politiques une direction mystique, se plaça
sous l'égide de la religion et la fit servir ii ses projets, en la présentant
comme nn dernier refuge et comme l'appni efficace de tout mouvement
insurrectioimel. Comme autrefois, les agitateurs laissèrent prendre
au clergé la part la plus active dans les affaires politiques et nationales,
e t lui accordèrent une immense influence dans les relations de la vie
p r i v é e , spécialement dans celles qui intéressaient le sexe féminin, qui a,
comme ou le sait, tant de prépondérance en Pologne.
L ' e x t é r i e u r des Polonais diffère très-essentiellement de celui des Russes
de la Grande-Russie; ils ont la tête plus petite, la taille moins vigoureuse,
les extrémités plus délicates; ils manquent aussi de cette espèce
d'harmonie — si l'on peut s'exprimer ainsi - entre le corps et l'âme,
de cette noble assurance contenue dans de justes limites que le Russe
possède à un si haut degré. La noblesse polonaise se distingue généralement
de la masse du peuple d'une manière assez tranchée. Les gentilsliommes
out, pour la plupart, la physionomie expressive, les cheveux et
les yeux de couleur foncée, le nez très-souvent aquilin, quelque chose
d'aristocratique et de fier dans le visage et dans la tenue. Les femmes
ont de belles et intéressantes physionomies; elles sont très-brunes de
cheveux, blanches de peau, sveltes et de taille éhincée ; tout leur maintien
respire une noble fierté. Le Polonais des classes inférieures, qui est,
le plus souvent, de taille moyenne, mais plus lourd et moins adroit que
le genlilhomme, a des yeux gris ou bleus de peu d'expression, des cheveux
ordinairement blonds, et le visage plus arrondi que le Russe. Les
femmes des contrées méridionales ont les formes jilus accusées, les pieds
petits, la figure plus pleine, de gi'ands yeux bleus et le nez retroussé. J-e
petit gentilhomme (chlaklitsitz) et le paysan des pai'ties sud du gouvernement
de Radom, c'est-à-dire des environs de Cracovie, se distinguent
d'une manière ti-ès-frappante de la gi-andc masse du peuple. Le petit
gentilhomme sui'tont diffèj'c encore aujourd'hui très-fortement du paysan,
bien qu'il lui soit souvent peu supérieur par l'éducation. Il est pauvre et
grossier, mais fier et courageux ; le profond sentiment national qui anime
le chlakhtsitz plus vivement encore que la haute aristocratie francisée,
fait recoimaiti-e en lui le vi'ai type polonais; on le remarque à sa tourluii'e
mémo, à son extérieur, qui a quelque chose de fort digne, de
posé, de militaire et d'aristocratique, môme alors que, marcliant pieds
nus dcrrièi'c la charrue, il cultive son pro])i-c champ on, ce qui ai'rive
souvent, la terre qu'il a prise en location à titre de fermier. Une fratei'iiité
d'armes et d'entrc|)riscs gueridèi-es avec la haute noblc.sso, frat
e r n i t é t|ui date des temps histori([ues ; ])lus tard le droit de voter pour
l'élection du monai'que; pi'obablcment aussi une origine en partie étrang
è r e (sarmate?) à celle du campagnard vulgaire, ont produit dans l'cxté-
1 s
i
1 1
<
• .'H
• I
l i '