
^ I
5 il
1 !
i ' i
Cü P E U P L E S 0URAL0-ALTAÏQ1J-ES.
T;C ljicn-6trc dos Kalmouks est basé ])rincii)alomcnt sur l'élève (lu
bétail. l?caucoup d'entre "eux possèdent jusqu'à. 40 taboinis de chevaux
et jusqu'il 3,000 brebis. Uu taboun consiste en un petit troupeau d'environ
30 juments et d'un étalon. Les cliaiueaiix sont rares.
Les Kalniouks sont généreux, hospitaliers et obéissent à l'impulsion
(lu coeur, sans calcul et sans arrici-c-penséc. lusonciants sur l'avenir,
lis donnent tout ce qu'ils possèdent sans songer au lendemain. Les
panvi'os vivent còte à còte avec les riclies et utilisent le lait de quelc|
ucs vaches abandonnées à leur usage. l'ixenipts de toute contrainte
dans leurs relations, ils ne coiniaissent pas même d'expression pour
peindi'c la gratitude. Aussi longtemps qu'on no gône pas ieur liberté,
ils sont complaisants ; mais à aucun prix ils ne consentiraient à se soumettre
à un service mercenaire. Dans les cas extrêmes, et il défaut
d'autres moyens, ils se vengent jiar le vol de la perte de leur liberté.
Leur musique est primitive; leurs instrnnients consistent en une iUite
de j'osean et en une espèce de guitare ou de violon en peau de chevai,
avec deux coitles faites en crins tressés. Leur chant est triste, monotone,
et ne traite en général que des objets qui fi-appent leur vue.
L'exercice du cheval, dans lequel ils sont très-habiles, et celui des
armes, sont leni-s distractions favorites. îlors de là, le Kalmouk aime ii
s'engourdir dans un repos- apathique pendant le temps (|ue Un laissent
la chasse et la péclie. Sanf ([uelques animaux domestiqnes qu'il garde
en liivcr dans sa kibitka, il abandonne ses troupeaux à eux-mêmes durant
cette saison ; car dans ces contrées l'iiiver est beaucoup moins rigoureux
que clans la stoppe méridionale des Kirghiz.
Les Kalmoulvs répandus sur tout l'Altaï se divisent en sept volosts
nommés diutcbines. A la tête de chacun se trouve un zaïssan (dzaïssan)
chargé de lever les impôts et d'apaiser les querelles. Cette dignité
est héréditaire. Le zaïssan a des subordonnés, les soudias et leurs adjoints
les dimitelies et les chonlènghes. Pour faire un serment, les Kalmoiiks
baisent le canon do lenrs armes ; leur signatin-e est remplacée
par le signe dont chacun marque son bétail.
L a religion des Kalmouks est le chamanisme ; chez enx, les cbamaues
sont h la fois magiciens, voyants et médecins. La crainte de la mort
e t des maladies, et l'habitude de placer les objets favoris du défunt
dans son cercueil, se retrouvent ici exactement comme chez les Mongols,
les ïoungouses et beaucoup de peuplades tatares. Des esprits purs
et impnrs sont subordonnés à leur dieu bienfaisant, et on leur offre ii
tons dos sacrifices, ainsi qu'an génie des montagnes, des lacs, etc., par
suite de la crainte qu'ils inspirent. C'est en cela que consiste le culte
de tous les indigènes non baptisés. Comme médiateur entre Dunnanité
et le diable, le Kalmouk choisit nu personnage sp.écial nommé kam : c'est
pour cette raison que le sacrifice, qui est accompagné de cérémonies
religieuses, se nomme kamlani. Les kams naissent avec nne vocation
irrésistible ponr les'sacriiices ; leur emploi passe, par succession, de subdivision
en subdivision de tribus, aux femmes aussi bien qu'aux hommes.
On reconnaît un kam ii son air lugubre et ii ses yeux sanguinôlents.
Pendant qu'ils remplissent leurs fonctions, les kams tombent en convulsions
et font des jongleries comme tons les chamanes en général.
Depuis l'aimée 1830, beaucoup d'eftorts ont été tentés pour la conversion
des Kalmouks de l'Altaï, et ces efforts ont été couronnés de
succès.
KALMOUKS Dû VOLGA.
Les Kalmouks ou plutôt Torgotes (Tourgoutes), dont les ti'ibus (oiilouss)
sont il présent presque exclusivement nomades sur la rive droite
du Volga, dans les gouvoruemoirti d'Astrakhan, de Stavropol et le pays
des Kozaks du Don, vinrent des confins les plus occidentaux de l'empire
cliinois, leur véritable patrie, et reçurent, en 1636, de grands pâturages
sur les dcnx rives du Volga. Lenr émigration fut motivée par des
dissentiments entre les tribus alliées, et surtout par l'ambition de leurs
princes. Les KalmoiUis ou Torgotes, partis du vei'sant oriental des monts
A l t a ï , se rendirent d'abord dans la steppe des Kirghiz et notamment
vers les sources du Tobol, puis de là sur l'Emba et plus tard sur l'Yaïk
(fleuve Oural); ils se moutrcrent enfin vers l'embouchure du Volga, sur
le littoral européen, d'où ils s'étendirent sur les deux rives, et insensi-
• blement dans la steppe, entre les rivières Ouzèn et le désert de Rynepeski,
jusq;u'au versant jnontagneux de l'Ergbeneh et de la Kouma.
C'est sous leur prince ou taïchi Kho-Ourlouk, qui avait conduit en
Russie à peu près 50,000 kibitkas, qu'ils prêtèrent pour la première
fois serment de fidélité au tsar Michel Fédorovitch ; 3,000 autres kibitkas,
également torgotes, vinrent bientôt se joindre aux premiers arrivés.
D'abord paisibles nomades et ti'aûqnant avec les Bachkirs, ils ne tardèrent
pas à attaquer les villes de la Sibérie, à entreprendre des guerres
contre Oufa, Saratov, Astrakhan, ainsi que contre les Yédissehns et les
Nogaïs; ils pillèrent et ravagèrent beaucoup de localités. Kbo-Ourlouk,
qui vivait en nomade tantôt sur l'Emba, tantôt sur l'Yaïk jusqu'à la Samara,
n'arrêta point leurs déprédations ; mais il se rendit avec ses fils
à l'assemblée générale des princes mongols, pour se concerter avec eux
sur les articles du code législatif mongol, et il n'en revint pas. Son fils
Choukour-Daïtchine, qui était resté en arrière, prétexta auprès du gouvernement
russe do son ignorance de ces funestes événements, allégua
l'absence de son père et promit derechef soumission et repos, ce qui
ne se réalisa pas très-pi'omptement.
Lors de la destruction de l'empii'e des Dzoïmgars par les Cliinois en
1758, 4,000 kibitkas de la tribu des Dzoungars-Dcerbètes, suivies phis
tard d'autres encoi-e, arrivèrent aussi sur le territoire des Kalmouks du
Volga. Oubliant leurs anciennes inimitiés, ils s'allièrent d'abord avec ces
derniers; mais, pénétrés de haine pour leurs ennemis et pleins d'ardeur
belliqueuse. ils ne fardèrent pas à exciter à la vengeance les Kalmouks
nomades et paisibles des contrées du' Volga, qui jusque-là n'avaient été
inquiétés, de temps en temps, que par les Kirgbiz-Kaïssaks ; ils réussisirent
à réveiller en eux le sentiment de l'indépendance, et finalement
les persuadèrent de retourner ensemble, par la steppe des Kirghiz-
Kaïssaks, dans les contrées des monts Altaï. En 1767, les Kalmouks
nomades des bords du Volga et de la mer Caspienne comptaient .à eux
seuls 42,000 kibitkas, tandis que toutes les familles réunies ne s'élevaient
piîs en totalité à plus de 70,000. En janvier 1771, 30,000 de
ces kibitkas abandonnèrent subitement la rive gauche du Volga, sous la
conduite du taïchi Oubouchi ou Oubichi, et passèrent le fleuve Oural
sans obstacle, tandis que leurs frères de la rive droite furent contraints
de rester en arrière, le Volga n'étant pas bien pris par les gla'ces. C'est
ainsi que, renouvelant les anciennes migrations des peuples asiatiques,
ils passèrent avec femmes, enfants et tout ce qu'ils possédaient, par la
steppe des Kirghiz-Kaïssaks. Les trois hordes des Kirghiz-Kaïssaks et
môme les Kirghiz noirs ou véritables Kii'ghiz luttèrent contre les Kalmouks
pour s'opposer à cette invasion. Ils ne purent cependant, malgré
leurs efforts réunis, détruire entièrement l'ennemi ; mais ils lui causèr
e n t des pertes très-sensibles. Poursuivi jusqu'aux frontières de la Chliie,
Oubouchi perdit plus de la moitié de sou monde et atteignit son ancienne
patrie, non plus en souverain, mais en fugitif obligé de* chercher
un abri.
Les Torgotes, qui les premiers étaient arrivés en Russie, avaient reculé
jusqu'aux contrées du Volga devant l'invasion des Dzoungai's; quelques
détachements des autres tribus oïrates s'étaient joints à eux et
r e ç u r e n t , par la suite, de nouveaux accroissements. Api'ès un premier
séjour qui dura tout un siècle et avant l'expédition d'Oubouchi, quelquesuns
étaient déjà retournés dans leur ancienne patrie; d'autres, au contraire,
allèrent s'établir à l'ouest, s\n- la rive droite du Volga; quelques-uns
même avaient embrassé le christianisme. Après la retraite de tous, ii
resta sur le Volga inférieui' un mélange de toutes les ti'ibus, qui y établirent
dans de petites proportions une nouvelle alliance d'iWrates ; cette
fusion prit pins d'impoi-tance à partir de l'année 1772. Après la fuite
d'Oiibouclii, le titre de khan cessa d'exister et fut, pendant quelque
temps, remplacé pai' celui de lieutenant; le titre de taïchi fut également
changé en celui de noïonc.
Les Kalmouks se trouvent placés actuellement sous i'autoi'ité du dii'ect
e u r des domaines impériaux du district d'Astrakhan, lequel est leur
chef suprême. Ils se divisent en neuf groupes distincts dont chacini
Í
' '.i i 'i: '
1 Ì