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P E U P L E S INDO-EUROPÉENS. 149
existence politique, autant l'absolutisme de la famille détruit l'idée liistoriquc
(în peuple pour la remplacer par lo souvenir des familles séparées.
Le Buliémicn conserve souvent, par un instinct historique remarquable,
(les traits isolés de ses traditions de famille; mais il no peut pas donner
môaïc les notions les plus vagues sur la date de l'arrivée de sou peuple
en Kspagnc on en Europe, par exemple. 11 ignore d'où il vient et oti
il va; de cette manière, l'exagération du principe de la famille anéantit
tout esprit historique et l'empôche de s'élever aux hauteurs de la civilisatiou.
Comment le peuple bohémien poiiri'ait-il avoir une histoire lorsqu'il
ignore systématiquement celles des autres peuples aussi bien que
la sicunc propre? Un ])euple ne jieut se rendre compte par des notions
historiques de sa pro])re individualité nationale qu'en se mettant en rapports
avec d'autres peuples, en comparant sa manière d'être avec la leur.
Uue tradition de famille et de Iribu qui ne s'occujie que de soi-même
ne peut jamais s'élever ii la hauteur d'une histoire nationale.»
Il y a environ 00,000 Bohémiens disséminés dans la mnjeiire partie de
l'empii'c de Russie. Tous les g'onvei'nements de la lliissie d'Jùii-ope en
contiennent au moins quelques-uns; en Transeaucasie, oîi on nomme les
chiites Karatdii, ~ les sounnites Mutiup, — les chrétiens Rocha (on
Turquie et en Perse, l.onti), il y a environ 3,000 Bohémiens, notamment
près de Borjom en Imérétie. Ils sont habillés comme les Turcs et portent
comme eux. la barbe teinte et la téte rasée. Us gagnent leur vie comme
chanteurs, musiciens et jongleui's. Leur moralité est détestable. Ils pailent
le turc, ce qui fait su|i|)Oser que ce sont des transfuges de l'Asie Mineure.
L'iutiueuce du climat, le défaut de vêtements convenables et les misères
de la vie vagabonde agissent d'une manière déplorable sur leurs femmes,
qui sont généralement très-laides. On compte en Bessarabie 18,000 Bohémiens,
dont, jusqu'ù, l'année 1861, 11,000 étaient serfs; sur le nombre
t o t a l , 16,000 étaient fixés dans la campagne et y menaient une vie sédentaire.
La Bessarabie est pour ainsi dire le noyau et le l'epaii'e des
Bohémiens de la Russie d'Europe. C'est de Îk que partent des sociétés
séparées (tabors) qui viennent s'établir dans les gi'andes villes, principa-
•lomcnt il St-Pétersboui'g et ¡\ Moscou, et qui divertissent le public par
des danses et des chansons ¡'usses et bohémietmes. Les hommes portent
des vêtements nommés casaquins, qui seiTCnt la taille et se ferment avec
des agrafes; les femmes s'affublent de vêtements bai'iolés des couleurs les
plus extravagantes, et souvent aussi d'un petit manteau qui ne recouvre
qu'une seule épaule et rappelle le costume oriental La plus sévère discipline
règne dans ces tabors, ainsi qu'une certaine surveillance sur la
moi'alité. Aucun membre ne peut quitter l'association sans la permission
de ses camarades et surtout celle du chef. Les Bohémiens sont, au reste,
ordinaii'ement marchands de chevaux, vétérinaires, etc., et se créent des
moyens d'existence à force de ruse et d'adresse. Les femmes ne sont
pas ti'ès-chastes ; vivant dans une grande pauvreté, elles pai'courent le
pays en mendiant et en disant la bonne aventure, et conservent un goût
très-])rononcé pour les objets de toilette, qu'elles préfèrent souvent ii
l'ai-gent et qu'elles acceptent volontiers quand on les leur oii're. L'homme
du peuple eu Russie considère les Boliémiens comme impurs et ne les
laisse pas enti'er dans sa maison. La plupart appartiennent il l'Eglise
g r e c q u e ; quant à ceux qui vivent dans les provinces de l'ouest et en
Pologne, ils sont presque tous catholiques. Outre ceu.-c qui habitent la
Bessarabie, ou en trouve encore un grand nombre en Tauride, 8,000;
à Voronéje, 2,600; à Khersoû, 2,500; h Koursk, plus de 1,000; ii
Moscou, plus de 1,000; à Kharkov, plus de 1,000; iiKiev, 900; à Smolensk,
SOO; à Poltava, 800; à Kalouga, 600; à Vitebsk, 600; àlliazan,
6 0 0 ; à Orel, 500; à Samara, 500; ii Tchernigov, 500; à Yaroslav,
500, etc. ; dans le royaume de Pologne il n'y en a que 350.
A P P E \ i | ) I C E .
lJ'1.
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JIÍIFS.
(AI'PARTEN'AM' AUX l'Ell'l.ES SÉMITIQIE3.)
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Au nombre des peuples sémitiques ou syrio-arabes, dont les Juifs font
partie, on tronve anssi les Clialdcens (Khnldéens), les Syriens, les Arabes
f les Abyssiniens (anciens lîtliiopiens). Les aneétres des peiiiiles de cette
race se sont, après le déluge de Nui, réfugiés sur le mont Ararat, le
Timnis, l'Elvcnt (pont-étre aussi dans la partie montagneuse de l'Arabie),
et se sont répandus de là dans lo siul-ouest de l'Asie et en Ai'abie, ]rais
»iifin lis passèrent de ce dernier pays en AlViquc, L'immigration de ti'ibns
SMiiliques en Afrique ont vraisemblablement lieu avant l'iire d'Abraham.
Les Jnifs de l'Etliiopie viuicnt pi'obablemeut anssi de l'Asie, mais les
ïlliiopiens d'Afrique ne vini'ont pas en Asie. 11 est probable qne les
Juifs de l'Abyssinie, qu'on nomme en ce pays Falassianes, c'est-à-dire
»"•us, n'y sont venns qn'ap.és la conquête de la Jiidee par Nabuolio-
'»"osor. Ils ont conservé jusqu'à ce jour uon-seulemont leurs moenrs et
iMi-s icriln.cs saci-ées, mais aussi la langue bébiaïquc.
Si l'on censidi^re la construction dos langues sémitiques, on i-econnalt
U t i l e s diifii.cnt complétenieut îles langnes ariqnes, bien que certaines
iacmes leur soient ccmnuines. Dos la plus hante antiquité il y eut fusémitiques
et dos peuples ariquos - surfont de la
iranicune, dout I'lnHuencc fut de qnelqne durée, - et les Assy-
" " " "voir été uu de ces peuples métis. Du sein des nations
^i"o-arab,qnes, parmi lesquelles l'idée d'un Dieu unique et tout-pnissant
•Mnifcsta île très-bonne heuio, sont sorties d'abord la religiim do
Moïse, puis le christianisme et l'islamisme, qui embrassent la plus grande
p a r t i e de l'nnivers.
Les Jnifs on Ifébrenx furent toujours un peuple peu noinbreu.'i, qui
adopta la langue des Cauaanites ou Cauanéeus, au milieu desquels ils
menèrent une vie nomade durant pins de doux cents ans, et qu'ils dét
r u i s i r e n t à leur rotoui- d'Egypte. Des rois succédèrent aux juges qui
avaient gouvei-né la nation après les patriarches, et c'est sous le règne
de ces rois que le peuple acquit un peu plus do puissance. Durant leur
exil à Babyloue, les Juifs adoptèrent l'ancioune langue chaldcenne; et
pendant la période de leur soumission aux rois syrio-macédoniens, ils
commencèrent à parler le nouveau chaldéen ou syrio-ohaldéon. I.'idiomo
rabbinique est aujourd'hui la langue lettrée des Hébreux ; elle est issue
du nonvean chaldéen épui'c et de l'ancien liébieu modlBé d'après la
grammaire hébraïque moderne. Le galilceu s'est formé eu faisant beaucoup
d'emprunts à la langue syriaque. Api-ès uue assez courte existence
de la nouvelle Judée, lorsque les Romains eurent fait de ce royaume une
de leuis provinces, les Juifs opprimés se soulevèrent, et le résultat de
cet effort suprême fut la destruction de Jéi usalom, prédite par le Christ,
et la dispersion des Juifs dans tout l'univers. Coutrairemeut à tant
d ' a u t r es peuples qui succombèrent à de semblables destinées ou se fondirent
avec d'auti-es nations, les Juifs, semblables, sons ce rapport, aux
Arméniens, ont conservé, durant trois mille ans, leur existence physique
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