
' I l
j ii<i n
11
il '
i : :
I
! Si I
P E U P L E S OlJllALO-ALTAÏQDES, C7
constitue une coinmiine nrnnmóe oiilouss, D'apròs leur origine, ils coirespondent
îi trois tribus dos Oïnites de l'Altaï où les Torgotes sont
représentés en plus grand nombre ; . ces tribus se divisent en fractions
plus minimes nommées aïmaks, La plupai't d'entre eux sont sujets immédiats
de la couronne et sont administres par des magistrats choisis
par elle ; d'auti'es appartìennent h leur noblesse indigène (l'os blanc),
nommée noïoiie, c'est-à-dire maître, souverain; toutefois, l'antoritc supér
i e u r e il laquelle ils sont tenus d'obéir est toujours l'autoiité russe. La
pauvreté a foi-cé beaucoup de Kalmouks de toutes les ti-ibus à abandonner
leur résidence et îi s'établir, poni' tJ'ouvei- du travail, sur les côtes
nord-ouest de la mer Caspienne, oii ils sont placés sous une administration
pai'ticuliòre.
11 y a en outre, surtout dans le gouvernen\ent d'Asti'aklian, beaucoup
d'iiabitants professant la religion grecque, qui ne sont pas d'origine
i-usse, mais kalmouke, tataro ou kii-ghiz-kaïssake, et qui, séparés de
leurs frères par la faim et le fi-oid, mèiient une vie nomade en ce pays
et s'habituent insensiblement à l'existence et aux travaux des Russes.
Chaque village (vataga) est entouré de quelques kibitkas habitées par
des Asiates pauvres, venus^de la steppe afin d'acquérir par leur travail
les moyens nécessaires k leur entretien et au payement des impôts. Les
hommes s'engagent'soit pour les travaux des champs, soit comme past
e u r s ou pêcheurs; les femmes, comme couturières. De cette manière se
développent peu ii peu les idées, les moeurs, les goûts russes et une vie
sociale plus conforme aux usages russes ; ajoiitons-y la pratique de quelques
coutumes chrétiennes qui n'ont mallieiirciisement encore que bien
rarement le baptême pour résultat. On ti'ouve chez les Kalmouks une
simplicité de coeur et luie candeur toutes" particulières ; la foi grecque
ferait parmi eux beaucoup plus de progrès qu'elle n'en a fait jnsqu'i\
présent, si leur vie nomade n'y mettait pas tant d'obstacles. Ils sont
probes, pacifiques, et se distinguent par de bonnes moeurs et une sorte
de fraternité ; cependant leurs kibitkas et la préparation de leurs aliments
sont tout il fait dépourvues de propreté. Dans ces derniers temps, le
gouvernement a beaucoup fait pour parvenir ii les fixer dans la même
résidence ; sous ce rapport, les paysans russes sont un exemple pour
eux et leurs villages leur sentent de centre de réunion : aussi leur immobilisation
fait-olie de visibles progrès. L'agriculture, qui a pour objet
les pommes de terre et le maïs, est fort négligée jusqu'à présent; mais
l'élève du bétail augmente considérablement, et eu ce moment les Kalmouks
possèdent dans le gouvernement d'Astrakhan près de 100,000
chevaux, 150,000 boeufs, 790,000 moutons et 23,000 chameaux et chèvres,
ce qui fait iin total de plus d'un" million de têtes de bétail ou d'animaux
doni es tiques.
Ces Kalmouks oîifc conservé presque intacte l'empreinte de leur nationalité
mongole. Ils rasent leurs cheveux tout autour de la tête, sur
une largeur de deux à trois doigts; le reste de la chevehjre est séparé
en deux et coupé la manière kozakc, c'est-à-dire h la hauteur du
cou. Ils laissent pousser les moustaches, mais no les portent jamais
relevées. Les gens âgés laissent croître leurs cheveux et les trc.ssent
en nattes. Presque tous les Kalmouks portent doux anneaux, l'un à
l'oreille gauche et l'autre piassé h l'un des doigts de la main.
Les chemises des hommes et des femmes sont très-courtes ; les pantalons,
très-amples, smit sen'és au-dessus des hanclies. T^es hommes port
e n t , comme les Kozaks, en été iinc casaque ou bechmèto de nankin
bleu, avec uiie ceinture en cuir ; on automne et dans les temps pluvieux,
une espèce d'yerpaki en cuîr de cheval tanné; en hiver, des peaux
do mouton on d'autres animaux, très-Iongnes et recouvertes de quelque
étoffe précieuse. Les casaques des femmes sont en soie ou en perse, et
assujetties sur les reins au moyen d'une ceinture do soie. On poi'to
aussi chez les Kalmouks dos torliks, c'est-à-dire d'amples vêtements à
collet di'oit sur lequel retombe le col blanc de la chemise ; ces terlilcs
sont en velours, en soie, on étoffes »l'or et d'ai-gent, en pei-se ou en
nankin, et garnis de rubans de soie et de toutes sortes de lacets. Poui'
monter à cheval, quelques-uns portent le tsogdik, c'est-à-dire terlik
sans manches et à lai-ges jilis pai- devant et par dorrièi'o. La coiffure
des Kalmouks est fort singulière et ressemble à celle que portent, dans
les armées européennes, les -uiilans, dont l'origine vient des Mongols et
des Tatars ; elle consiste (ii-dinairement en une casquette de dra|) jaune
ajiaiit un rebord arrondi gai'ui de peau de mouton, avec le fond carré:
elle est ornée de glands rouges.
Les femmes ont la même coiffure, mais ordinairement en étoffe d'or
ou d'ai'gent et garnie de fourrures pi'écieuses, Leur clievehire est sépai
ée et tressée en^ deux nattes qui l'otombont sur la poitrine et «e
terminent en une longue liouppe noire. Chez les véritables Kalmouks
des step])cs, les élégants se rasent les cheveux autour de la (6te, de
la largeur d'une main; les femmes coquettes se fardent et mêlent dans
les tresses de leurs cheveux do fausses ¡lattes de crin. Les mouchoirs
de poche et les anneaux forment des articles indispensables do luxe poulies
deux sexes. Les jeunes Hlles ne portent pas, comme les- i'eninies,
les cheveux pendants en avant, La difFcrence e.sscntielle de leur costume
consiste en une espèce de corsage qui serre fortement ta poiti'iue
il l'endroit même où commence la gorge; car chez les Kalmonlvs ils
n'est pas convenable qu'une jeune fille la laisse apercevoir.
Les deux sexes aiment passioimémeni le tabiic et le fuinont dans de
courtes pipes. Leurs aliments sont les mêmes que chez les mahoinétaus
voisins. Ils sont très-adoiinés à reau-de-vie , qui n'est ])oint interdite^
par le lamaïsme; cette eau-de-vie se fabrique avec du lait de jument,
de vache ou de brebis, et par un procédé ti'ès-simple. C'est .surtout en
été que les Kalmouks boivent avec excès ce siiiritueux qu'on nomme
a r z a ; 'en hiver, ils donnent la préférence i\ l'eau-de-vie russe et en
éousomment davantage. Tous, à l'exception du clergé, inangenl. de ia
viande de clieval.
Ce qu'il y a de particulier, c'est la méthode commmiémont, om])loyée
par les ghelongs (ecclésiastiques d'un rang inférieur) |iour la guérison
des maladies. Les petits enfants malades reçoivent une médecine de
beurre de vache. Dans les cas graves, les prières continuent jour et
nuit, en même temps que le traitement. Ils est arrivé aussi jilus d'une
fois aux ghelongs d'exiger un veau tout blanc dont ils coupiiieiit la
langue qu'ils saupoudraient de sel et enveloppaient ensuite diuis iin mouchoir
de soie, après quoi la populace devait s'incliner devant le veau
en récitant des prières. On cite le fait d'une dame riche qui paya
3,000 roubles, 50 chevaux et 400 moutons pour une cure heureusement
accomplie.
Les Kalmouks se divisent actuellement en chefs des oulou.ss ou
noïones (nommés autrefois taïcliis), puis en zaïssans ou zaïssanglis, pi'ésidant
ordinairement l'iiïnmk, avec la prérogative de bourgeoisie notable
; troisièmement, en ecclésiastiques, ayant le lama pour chef, formant
plusieui's classes et occupant des emplois administratifs; et quatrièmement
enfin, en noirs ou gens de l'os noir, qui sont directement
s u j e t s de la couronne ou des noïones,
L a population des Kalmouks ne se compte pas par têtes, mais par
kibitkas, dont chacune comporte environ quatre individus des doux
sexes. En 1850, il y avait dans le gouvernement d'Astrakhan 5,785
familles ou kibitkas appartenant à la couronne, 8,817 aux chefs des
oulouss ou noïones; plus 4,3C6 personnes du rang des noïones, des
zaïssaughs ou des ecclésiastiques ; ce qui forme un total de 65 à 70,000
têtes. Si l'on y ajoute plus de 20,000 Kalmouks établis dans le pays
des Kozaks du Don, ceux du gouvernement de Stavropol et d'autres
encore disséminés de différents côtés, on trouvera que leur mombre total
peut s'élever à 130,000 iimes. Les frais d'administration des Kalmouks
soumis directement à la couronne sont pris sur une confribution '
de 7 roubles 14 copecs que i)aye chaque kibitka; les autres ne payent
que 44 copecs, plus une certaine somme à leurs noïones; ils font en
outre le service de gardes-frontières et des relais,
L a langue des Kalmouks est le mongol quelque peu modifié. Séparés,
dès les temps anciens, de leurs frères les Mongols de l'est, ils
virent leur langue se cori'ompre et ado]>ter beaucoup do mots tatars
(turcs), ce qui s'explique suffisamment par le voisinage des tribus tatares
et leurs fréquentes relations avec elles. Plusieurs particularités se
manifestaient déjà dans les traductions dzouiigares des écrits religieux,
c ' e s t - à - d i r e bouddhistes, de la langue thibétaine, et cela non-seulement
par l'intercalation de beaucoup de mots étrangers au mongol oriental,
mais aussi par des formes grammaticales que le kalmouk seul possède.
Au reste, ces différences seraient à ])eu près nulles si le Mongol de
l'est se conformait pour l'écriture, comme celui de l'ouest, i\ la prononciation
plus douce de la hmgue : l'alpliabet plus complet des Kalmouks
s'y prête mieux.
Comme tous les Mongols, les Kalmouks ont pour culte le lamaïsme,
quoiqu'ils ne pariiissent guère en généi'al comprendre leur religion, sur-
<
' I
l\