
1.8 P E U P L E S INDO-RUROPÉENS. P E U P L E S INDO-EUllOPÉENS. i f )
E u s s i c orientale s'accrut visiblement et se iixa ii jamais assuróo par
l ' i n c o r p o r a t i o n (le la retite-Tliissie ¡\ l'empire moscovite.
L a troisième période de l'iiistoire ancienne s'étend de l'avènement des
Romanov an trône de Rnssie, jnsqii'aii commencement de riiistoirc mod
e r n e , époqne oîi l'Occident commence à acquérir nne intinence décisive
s n r l'histoire et le développement de tonte la Russie. C'est depuis ce
moment qu'elle détourna ses regards de l'est pour les reporter vers
l ' o u e s t , et que les différences politiques et nationales qne les siècles
a v a i e n t créées entre les Crrands-Russiens, les Pctits-Russiens et les
Russes do la Russie-Blanche, commencèrent il. s'effacer.
Dans la première période de l'histoire des Russes de la Grande-Russie,
depuis ia soumission de la Russie par les Mongols (1237- 1243-1250)
jusqu'il l'avéncment d'Ivan Ili (14G2) et la délivroncc du joug tatar
( 1 4 8 0 ) , les rivalités et les hostilités des principautés séparées dans la
Russie orientale, auxquelles les Mongols avaient donne pour clief le grandduc
de Vladimir, durèrent sans interruption. C'est aux dissensions int
e s t i n e s des princes qu'il faut attribuer la longue durée de la domination
mongole, qui pendant deux siècles et demi imprima l'est de la
Russie un cachet tout oriental dont il reste encore bien des traces et
lo sépara de l'ouest tant sous le rapport politique que sous celui de la
n a t i o n a l i t é . Mais ce contraste n'est pas exclusivement l'oeuvre des Mongols
; les Lithuaniens et les Polonais y eurent aussi leur part. Si l'est
f u t orientalisé, on peut dire que l'ouest fut moins soumis à l'inlluence
d e l'Occident qu'à celle du catholicisme, et, sous l'ascendant rigoureux
e t puissant des Polonais, il resta en quelque sorte plutôt pur slave,
en opposition avec le régime moscovite (moscovitisme), basé sur l'assimilation,
qui, soutenu de sou côté par sa situation politique et nationale
tonte particulière, prit encore un développement religieux indépendant
par la division de la hiérarchie rnsse en métropoles de Moscou
e t de Kiev (1415).
Api'ès une victoire remportée près de la Kallca (1224) sur les princes
de Kiev, de Tchernigov et d'Halitch, et la dévastiition immédiate du
sud-ouest de la Russie par les Jlongols, ceux-ci organisèrent une seconde
expédition en 1237 et 1238, et firent invasion dans l'est. Ils expulsèrent
alors les Polovtses et inondèrent le sud-ouest de la Russie, détinis
i r e n t Kiev, avancèrent encore davantage vers l'ouest, et retournèrent
enfin, en 1243, à Kiptchak, pays du Volga inférieur, d'où ils régnèrent
sur toute la Russie.
Tous les princes russes durent se reconnaître tributaires et sujets du
khan de Sarai, à l'exception des princes de la Russie-Blanche actuelle,
((ui doit probablement à cette cause le nom qu'elle porte et qui, à son
t o u r , tomba bientôt au pouvoir de la Lithuanie. En l'année 1243, le
p r i n c e Yaroslav de Vladimir fut nommé grand-duc de toute la Russie
o r i e n t a l e par le khan de la liordc de Kiptchak, tandis que le ])rince
Daniel de Ilalitch, (|ui avait su s'acquérir la plus grande considération,
f u t , en l'année 1250, non en qualité de protégé, mais plutôt comme
l'allié du khan, reconnu grand-duc de la Russie du sud-ouest.
L a domination mongole, établie en fait depuis 1237, en principe depuis
1243, pesa, si nous remontons à la première date, sur la Russie
de l'est précisément aussi longtemps que l'union religieuse sur celle
d e l'ouest, c'est-à-dire pendant deux cent quarante-trois ans. Jusqu'en
1328, la horde régna sur toute la Russie, à l'exceiition de la Russie-
Blanche ; mais ¡i dater de cette époqne elle ne régna plus que sur la
])artie orientale.
Onice il la désunion et il la faible-sse des ])rinces, la domination des
Mongols tendant de jdus en plus se convertir en jiossession des pi-incipautés
séparées, les princes ne virent pas d'autre moyen do se maintenir
(|ue de se concilier l'appui du klian, de ses dignitaires et de ses favor
i s , par de grands ti'ibuts, des présent.s et des témoignnges il'obséqnios
i t é personnelle. Dans les guei-i'cs qu'ils se faisaient entre eux, ils brig
u a i e n t rassistance du khan do la horde d'Or, et lui offraient leur appui
dans les guerres qu'il faisait lui-même. I.e grand-duc Alexandre
N e v s k i , quoique victorieux de ses ennemis de l'ouest, no se sentit pas
non plus assez fort pour s'opposer aux Mongols, et sous son règne
(1252 - 1263) on procéda il un dénombrement du peuple pour l'exacte
perception des impôts. L'antique di-oit héréditaii'c normand ])erdit de
plus en plus de son importance et fut remplacé pai' la faveur du khan,
a c h e t ée au prix d'une promesse d'augmontatimi de tribut.
T,c véritable maître de la Russie était le khan de la horde de Sarai,
h o r d e d'Or, ou ])lus exactement orda d'Or (c'est-à-dire résidence d'or^;
c'est lui qui distribuait les divers pays entre les princes, nommait parmi
eux le grand-duc, prononçait sur leurs dissensions mutuelles, et, en cas
d e désobéissance à ses ordres, leur infligeait un châtiment et les pun
i s s a i t mémo de mort. Aucun prince ne pouvait èti'c investi de la souv
e r a i n e t é sans la confirmation du khan ; chacun d'eux devait se rendi-e
personnellement au campement de la horde d'Or, s'incliner avec humil
i t é devant lo khan et faire d.e riches cadeaux à ses dignitaires. La
Russie payait un tribut qui, dans l'origine surtout, était prélevé d'une
façon tout arbiti'aire. Le tribut et les impôts en 'général, affermés bientôt
à des négociants asiates ou juifs, devenaient pai' là plus lourds et plus
pénibles encore k supporter pour le prince et pour le peuple.
L a seconde période de la domination mongole commence k l'avénement
de Ivan Kalita au trône de Moscou (1328-1340). Ce prince parvint
îi acquérir une prépondérance décisive sni' l'est de la Russie et à consolider
le trône grand-ducal dans sa famille. Moscou, nommée pour la
p r e m i è r e fois en l'année 1147, d'abord la plus petite et la moins peuplée
des nombreuses principautés qui naguèi-e faisaient partie de Sonsdal, se
plaça dès lors à la tête de la Russie orientale, étendit insensiblement
s a puissance et son influence, et parvint enfin à soumettre ii son autorité,
t o u t e f o i s sous la suzeraineté du khan, presque toute la Russie septent
r i o n a l e et orientale. Les dissensions intérieuj-es de la horde commenc
è r e n t ii en affaiblir le pouvoir. L'est de la Russie, concenti'ant de ]dus
en plus ses forces, obéissait toujours plus évidemment à mie seule tendance,
à une seule volonté, et cette volonté poussait de ylus en plus i\
l'indépcndanco.
L e pouvoir du grand-duc était d'ailleurs très-différent selon les divers,
pays sur lesquels il s'éteiulait. Dans l'héritage paternel (l'oudiel), le
g r a n d - d u c était maître absolu, aussi bien que les autres princes dans
le leur; il en était posse.ssour même sans l'assentiment du khan. Il ne
r é g n a i t snr Vladimir et Novgorod qu'en qualité de vassal du khan,
e t ces deux pays ne lui appartenaient qu'à titre viager. Dans les autres
contrées de la Russie orientale, il était simplement juge supérieur ; il
p e r c e v a i t les impôts pour les envoyer au khan. 11 était, an reste, comme
tous les princes russes, entièrement dans la dépendance du khan, qui
pouvait le destituer à son gré.
L a translation du siège métropolitain de Vladimir à Moscou (transf
é r é déjà de Kiev à Novgorod en 1299, par suite des persécutions exercées
par les Mongols) ne contribua pas médiocrement à la prépondérance
q u ' a c q u i r e n t de plus en plus Moscou et son grand-duc. La puissance de
Moscou et son influence moi-ale prirent surtout de l'extension an (emps
d e Dmitri Donskoï (13C2-1389), et c'est aussi à la même époque que le
pouvoir de la horde et le génie belliqueux qui l'animait déclinèrent de
plus en plus, surtout depuis la défaite qu'essuyèrent les Tatars dans la
plaine de Koulikov en 1380.
Cet événement n'arrêta pourtant point ni la cupidité ni l'esprit envahissant
et destructeur de la horde, qui ne firent au conti'aire qu'aller en
a u g m e n t a n t ; de nouvelles armées tatares, commandées jiar Timour (Tam
e r l a n , en tatar, Aksak-Timour), vim-ont mémo, en 1395, faire encore
d e nouveaux ravages en Russie.
Ce qui contribua sui'tout au grand essor que prit Moscou, ce fut
l'incroyable démembrement et ie nombi'o toujours croissant des dynasties
princièi'cs descejidajit de Vladimir le Saint, dont les héritages
se morcelèi'cnt en Îltats tout à fait insignifiants, réduits mémo quelquefois
à une seule ville, ce (jui |daçait forcément ces ])rinces dans la
dépendance de Moscou, Basile 11 (Vassilii), père d'Ivan III, qui régna
d e 1425 à 1402, recueillit pai- héritage un territoire déjí^ très-vaste,
faisant |)artie de la Moscovie (dont il faut, toutefois excepter les petits
h é r i t a g e s paternels qui tombèrent en partage à ses frères), et cette cont
r é e embrassait la partie la plus iieiiplée de la Russie orientalo. Hasile
a g r a n d i t encore ses Îltats, do sorte que, à l'avénement de son (ils aîné
au trône, les grands-duchés de Tver et de Riazan, et les pnn('.i]mutés
électives de Novgorod et de Pskov, étaient, h l'excoptinn de quelques
contrées peu importantes, les seuls pays qui fussent, de fail, seulemcnl,
indépendants de Moscou, mais toujours sous la déi)endance des Mongols.
Le grand-duché de Moscou, dont le prince portait le titre de
g r a n d - d u c de t.nutes les llussies, se composait du territoire grand-ducal
de Mo.scoii, oîi le grand-duc réfinait cxcluHivoment, et des pays ¡ilacés
sous sa dépendance, mais gouvernés par ses parents, savoir : les principautés
dcDmitrov, d'Ouglitch, de Volok-I.amsk, de Vologda, de Rostov,
d'Yaroslav. Ces proches parents du grand-duc avaient dans leurs iiays
les mêmes droits que le grand-duc dans son iiatrimoine (oudiel) ; Novgorod
et P.skov lui payaient un tribut; mais les princes do Riazan et
s u r t o u t ceux de Tver étaient considérés comme ses égaux.
Malgré la décadence de la horde depuis la bataille de Koulilcov, et
s u r t o u t depuis son partage en trois hordes, dans la première moitié du
quinzième siècle — la Grande Horde, celle de la Crimée et le l'oyaume
d e Kazan, la fatale influence de la domination mongole ou tatare sur
l'est de la Russie fut encore pendant kingtemps aussi pni.ssante que fun
e s t e ; et c'est à juste titre que l'on peut afiiriner que la plupart des côtés
défectueux du caractère russe doivent être attribués à cette inHucnce.
L'ancienne fierté nationale fut humiliée et brisée; la flatterie, la [)erlidie,
riiypocrisie, la fraude et la corruption remplacèrent la franchise
e t l'honnêteté naturelles du peuple : tous les moyens semblaient légitimes
pour alléger autant que possil>lc un joug insuiiportable.
Le systùne financier et spécialement la perception des impôts subirent
aussi une giande (ransformation par la domination mongole. Au lieu des
redevances en produits du sol et des faibles contributions qui avaient
suffi jadis aux besoins publics — jusque-là les princes possédaient des
villages à part pour l'entretien de leur cour et de leur table, dans un
temps oil il n'existait pas de douanes et peu d'espèces sonnantes, — les
^Tongols instituèient le tribut et en même temps la nécessité de l'argent
monnayé, qui maintenant encore porte en Russie le nom tatar de
denghi, comme quelques espèces particulières de monnaies courantes ont
encore aujourd'hui des noms tatars. Les Mongols introduisirent aussi
toutes sortes d'impôts inconnus avant eux, et inventèrent de cruels châtiments
corporels et des supidices dont jusque-là on n'avait pas eu l'idée.
C'est ainsi qu'ils humilièrent et effrayèient à la fois le peuple qui leur
é t a i t soumis et dont la démoralisation fut activée par l'établissement du
servage. Le véritable patriotisme devait nécessairement perdre son énergie
dans de semblables conditions. En outre, à cette époque, on combattait
plus souvent derrière des l'cniparts et des fossés qu'en rase campagne;
e t si le cas se présentait d'engager une bataille en plaine, le combat
se livrait avec des bandes asiatiques irrégulières, et non d'après les
principes de la tactique normande.
Avec tant d'éléments hétérogènes qui prirent une grande place .dans
toutes les circon.stances de l'existence des Russes, leur langue devait
nécessairement adopter beaucoup de mots étrangers, lors même qu'on
général elle n'en souffrait pas dans son essence. La grande quantité de
mots tatars qui existe encore aujourd'hui pour désigner des objets d'un
usage journalier prouve assez quelle fut la puissanle influence de l'élément
tatar sur l'existence russe. 11 faut ajouter, pour rendre hommage à
la vérité, que la simplicité de la langue tatare jointe à l'harmonie qui la
distingue inspire encore aujourd'hui au Russe le désir de l'apprendre et
de ta parler aussitôt qu'il se trouve en ra])port intime avec des Tatars.
Les Tatars ne gênèrent point les Russes en matière religieuse ; ils
accordèrent môme au clergé certains privilèges, en sorte que la religion
r e s t a le seul appui, le dernier soutien du peuple russe si opprimé sous
t a n t d'autres l'apports. Le fatalisme, la résignation absolue aux décrets
du destin, l'inébranlable attachement du Rnsse au culte des ancêtres et
r i n d e s t r u c t i b i e unité de l'Eglise russe, paraissent dater ])rincipalement
de cette époque.
C'est de l'ère mongole que date aussi la fondation de la pln])art des
couvents les plus célèbres, qui, par leur situation et la solidité de leur
s t r u c t u r e , offraient un abri sur contre le brigandage et renfermaient de
l)récieux monuments do la science autant que de riches trésors matériels.
Da iriode de l'histoire de la Grande-Rui est-à-dir
depuis le moment ofi le peu[)lc fut délivié du joug tafar jusqu'à Tavéneinent
des Romanov (1480 à 1613), nous assistons aux progrès successifs
de la concentration de l'empire de Moscou, à ses guerres de rivalité
avec la Russie lithuanienne, et nous voyons les inutiles efforts du
vieil élément slave pour établir une réaction dans les affaires inlérieui'es
de l'empire. La domination de la noblesse devint absolue, illimitée, et
c'est alors que le servage prit un grand développement.
Ivan Ili (1462- 1505)_ est une dos plus remarquables figures de l'hist
o i r e russe. Déjà possesseur, par "droit de succession, de tout Test de
l a Russie, sauf quehpies districts do \m\ iriinportance, il subjugua au.ssi,
en 1478, tout le territoire et la cité de Novgorod, cette vilh' hanséal'rine
jadis si ilorissante par son coinmcrce.
Aussitôt après l'incoi'poratioii de cet Etat dans rcnipirc moscovite,
Ivan Ilf secoua, en 1480, le joug de la domination (atare. Son successeur
Eiisile m (Vassilii) réunit à l'empire moscovite, d'abord ia princip
a u t é élective de Pskov, qui était une soi'tc de copie en minialurc de
Novgorod, puis, en 1521 et I52G, les i)rincipautés de Riazan et do Sév
e r s k , ce qui mit un terme définitif à l'existence des priucipaiiLéa séparées.
Sous le règne du Uar Ivan IV ( 1 5 3 ^ - 1 5 8 ' ! ) la puissance ext
é r i e u r e de Moscou s'accrut énormément par la coiuiuête des royaumi'.s
d e Kazan et d'Astrakhan, et cette conquête détormina l'amiexiou à la
Russie de tout le territoire du Volga moyen et inférieur, de celui fie la
JCaina, du pays du Don (patrie des Kozaks grands-russicn.s) ¡iresque
ju,çqu'à rembouchure do ce fleuve, ainsi que de colle dus contiécs voisines
j u s q u ' a u Térek.
L ' i d é e très-significative de la puissance du tsar avait jeté de profondes
racines, surtout dans le bas peuple; cela ressort cluirenu-nt de
la conduite qu'il tint pendant l'interrègne qui suivit l'extinction de la
dynastie de Rurik. Ou éprouvait l'indispensable besoin d'une autorité
suprême, d'un tsar : aussi tout ce qu'on avait entrepris resta san.s eifct
décisif jusqu' à ce que Moscou eût été arrachéo aux mains des Polonais,
Si l'époque du règne-d'Ivan 111 était déjà si remarquable pour le
développement de la politique extérieure et intérieure tic romi)ire du
i s a r de Moscou, rimmeusc changement de tijutcs les relations, et surtout
de celles qui touchaient profondément à la vie politique intérieure,
se fit sentir bien davantage encore sons Ivan IV, dont le i-ègiie, bien
que réactionnaire comme celui d'Ivan III, doit être considéré connue
nne époque de transition. Le système de gouvernement que ce prince
avait adopté était provoqué par des circonstances locales et des faits
e x t é r i e u r s dont il fallait tenir compte, en sorte qu'il se trouva parfois
en pleine contradiction avec le principe qu'il voulait faire triompher.
Nous a])ercevons une singulière tendance à réformer dans le pr4ncipe
e t dans la forme ce qui existait alors, pour l'ovenir à un état de choses
a n t é r i e u r , en reconnaissant juridiquement les anciens droits de la commune
lurale (mir) tombés en désuétude. Les nouveaux principes de [iouvoir
et de gouvernement du tsar occupaient la premiôi-c place, et plus
t a r d , sous Pierre le Grand, ils dominèrent exclusivement dans l'histoii'e
du dévelop|)ement de la Grande-Russie. Ils causèj'ent la premièi'e tendance
du bas jieuplc à se soustraire aux vues du gouvernement dans le régime
kozak, comme plus tard dans le raskol (scission, l'éunion de sectes).
L'idéal du pouvoir incarné dans la i)orsonno du tsar, auquel tendait
Ivan IV surnommé le Terrible (Grozny), portait le cachet de la période
des principautés séparées. Le tsar se déclara le votchinik , c'est-à-dii'c
le possesseur liéréditaire de tout le territoire faisant ¡¡artie de l'empire
de Moscou, au même titre que les ])rinces avaient été naguère les
votchiniks dans les difterents pays et villes. En effet, à l'égard du terr
i t o i r e , la position du tsar, sous les derniers in-inces do ia ilynastie de
Rurik, était devenue précisément le conti'aire de ce qu'elle avait été sous
R u r i k et ses premiers successeurs. Autrefois les princes tenaient le pays
des mains du peuple, et, dans certains cas, ils héritaient de leurs suj
e t s ; mais, au temps dont nous parlons, les sujets recevaient la terre,
la confirmation de leurs anciens droits ou l'octroi de privilèges nouveaux,
d e la gnice du tsar, surtout quand le tsar accordait la jouissance du
t e r r a i n en usufruit héréditaire ou seulement viager (votchina et pomelistiè).
Autrefois, c'étaient les iirinccs qui, en raison de leurs nombreuses
f a m i l l e s , possédaient personnellement beaucoup de terres; mais depuis,
ce fut le tsar seul, qui donnait, comme faveur spéciale émanée de lui
seul, ces terres en usufruit à ses sujets, c'est-à-dire aux boïards, aux
fonctionnaires publics, aux communes rurales (et aux églises), à la charge
par les concessionnaires de servir l'Etat comme employés immédiats du
t s a r . Ivan IV s'était efforcé d'abolir eu principe la proiiriété privée des
descendants des anciens princes indépendants. Mais, en fait, les circonstances
ne changèrent pas pour cela, elles restèrent les mêmes dans
la pratique ; car ces princes conservaient toujours leurs anciennes idées
d e propriété, leurs droits de possession basés snr la naissance et la
h i é r a r c h i e sociale. Pour des raisons politiques, les tsars agii'Ciit contre
ces idées et inventèrent l'expédient de la propriété viagère (l'usufruit),
afin de pouvoir conserver plus sûrement le pays entre leurs mains ;