
4 PEUPLES INDO-EUaOPÉENS.
L a séparation en Slaves de l'est et Slaves de l'ouest se manifesta
p r i n c i p a l e m o n t par l'antagonisme de Moscou (plus tard l'ompii'e de
lUissie) contre la Litluianie (plus tard la Pologne), antagonisme dont
les )-ésiiUats placèrent la tribu russe de la Grande-Russie au premier
r a i i g de tous les peuples slaves.
L e monde slave appartient h l'Europe, mais il forme l'élément trans
i t o i r e du monde européen au luondo asiatique, essentiellement représ
e n t é par les ti'ibus slaves de l'est, c'cst-à-dire par les Russes, et chez
ceux-ci par leur tribu orientale et principale, les Russes proprement
d i t s ou Russes de la Grande-Russie. C'est ainsi que les Slaves ñn-ment
l ' o r i e n t européen, les Russes, l'orient slave, et les Russes de la Grande-
R u s s i e , l'oi'ient russe. Ces véritables Russes trouvent dans les Petits-
R u s s i e n s et les Russes de la Russie-Blanche un élément transitoire aux
Slaves de l'ouest.
A v a n t de nous occuper de la répartition actuelle des peuples slaves
t e l s que les événements historiques les ont constitués, et de procéder ii.
l ' a n a l y s e particulière des tribus qui liabitent l'empii'e de Russie, nous
j e t t e r o n s encore un rapide coup d'oeil sur les particularités plus ou moins
p r o p r e s i\ tous les peuples slaves, et qui les distinguent essentiellemont
des races latines et plus encore des races germaniques.
A l'cxception d'un teint plus foncé et d'un oeil plus vif, mais pour
ainsi dire moins transparent que chez les peuples germaniques, Textér
i e u r des Slaves n'offre pas de signe particulièrement caractéristique et
d i s t i n c t i f , car il existe entre leurs principaux peuples de notables différences.
Les traits du visage sont plus fortement marqués que chez les
G e r m a i n s , mais beaucoup moins modelés que chez les peuples de race
l a t i n e ; ils ont aussi la poitrine plus développée qu'elle ne l'est dans ces
deux races, la taille plus élancée, le visage pâle et les extrémités plus
p e t i t e s que chez les Germains.
Depuis les temps historiques les Slaves ont toujours été un peuple
e s s e n t i e l l e m e n t cultivateur, s'occupant de préférence d'agriculture et de
c u l t u r e potagère, mais dont l'ancien esprit de migi-ation s'est en quelque
s o r t e conservé encore aujourd'hui parmi les Russes de la Grande-Russie.
F i d è l e s au principal objet de leur labeur, mais changeant souvent de
r é s i d e n c e , les Slaves des premiers siècles de notre ère pourraient être
désignés sous le nom d'agriculteurs nomades. Une existence longtemps
e r r a n t e fortifia dans ce peuple l'habitude des moeurs patriarcales. Il y
e u t de bonne heure des villes slaves ; mais le genre de vie des habitants
r e s t a i t essentiellement rustique ; c'est pour cela que les mots gorod, ville,
e t ogorod, potager, dérivés l'un et l'autre d'enclos, sont très-significatifs.
(Au reste, le mot ville a aussi en anglais à peu près la même signification
que celui d'enclos, car le mot anglais town équivaut au mot allemand
Zaun, palissade. Dans le dialecte anglais de la basse Ecosse, on
s e sert encore du mot town pour désigner un enclos, une ferme, un
hameau.)
L e Slave est essentiellement sanguin, ce qui le rend mobile, inc
o n s t a n t et léger. Il est capable de nobles actions, mais elles sont rarement
accompagnées de réflexion. Son coeur et sa raison ne sont pas tonj
o u r s en équilibre; mais il se distingue de la plupai-t des autres peuples
pai- son esprit de sociabilité et son naturel hospitalier. Il est, dans ses
r e l a t i o n s , aimable et exempt de gêne; il se livre, pour ainsi dire, la
s o c i é t é , contrairement au Germain, qui ne sait que difficilement faii'e
a b s t r a c t i o n de sa peiisée intime. Il est doué de beaucoup d'intelligence,
mais il a rarement la persévérance nécessaire pour atteindre au but.
Adonné tout entier au présent, il aime ù. joui r , mai.s renonce volontiers
à acquérir s'il s'agit de faire de longs efforts pour cela, et il n'envis
a g e généralement pas assez la vie au point de vue de l'avenir. ' Son
t e m p é r a m e n t inconstant explique seul comment sa passion d'imitation
p o u r tout ce qui est étranger peut se concilier et môme s'harmoniser
avec son incontestable orgueil national. Chez l'Allemand, cette môme
passion d'imitation tient à un défaut tout contraire.
Comme le Slave s'entend mieux à dépenser qu'à amasser, il tombe souv
e n t dans la misère, ce qui ne l'empêche pas de se donner les apparences
d u bien-ôtre et d'affecter des dehors brillants. Ainsi que le dit Schaiïar
i k , <la nature semble l'avoir créé pour la gaieté au sein de la société,
e t pour la jouissance de la vie plutôt que pour la mélancolie rêveuse,
î L e sang pur et frais qui coule dans ses veinc.s pi'oduit cette vivacité et
i cet t e surexcitation des nerfs, cette souplesse des membres, cette anima-
« t i o n du regard, cette loquacité et cet entrain du coeur qui distinguent
«csi particulièrement le peuple slave de toute autre nation. La vivacité
« des sentiments qui débordent en lui aime ¡1 t r o u v e r un aliment dans le
i chant et la danse : aussi l'un et l'autre sont-ils en grande vogue parmi
« l e s Slaves, surtout dans les contrées du sud. Partout où se trouve une
i femme slave, ses chants retentissent dans la maison ou dans la cour, à
« t r a v e r s vignes et jardins, monts et vallées, bois et pi'ah'ios. Souvent,
a p r è s une journée laborieuse passée à l'ardeur du soleil, exténuée de
« f a t i g u e , de faim et de soif, la femme slave, fi son retour, anime cncoi'e
« p a r son ch;uit l'heure silencieuse et calme du crépuscule.?
L e s Slaves on général se divisent, comme nous l'avons dit, en deux
g r o u p e s principaux, eu Slaves de l'est et do l'ouest, auxquels on peut
a d j o i n d r e un troisième groupe, celui des Slaves du sud, qui, quoique
s é p a r é s en deux parties par les Eglises grecque et romaine, ne form
e n t cependant qu'un seul groupe. L'influence qu'exerce r.l';glise sur la
n a t i o n a l i t é , les moeurs, le genre de vie, les lettres, doit être considérée
comme le mode le phis rationnel de division des Slaves en général, et
il est aussi plus juste que le mode de division purement linguistique. Il
s ' e n s u i t que la division en Slaves de l'est et eu Slaves de l'ouest reste la
p l u s caractéristique et aussi la plus exacte sous le rapport géographique.
Sous le rapport de la langue, les Slaves de l'est et ceux du sud se fond
e n t en un seul groupe, celui des Slaves du sud-est, par opposition
a u x Slaves de l'ouest. Suivant ici le système adopté par Schaffarik poui'
l a division des Slaves, nous allons les répartir, d'après des variations
l i n g u i s t i q u e s plus ou moins sensibles, en quelques groupes spéciaux avec
l e u r s subdivisions :
L e s Slaves des idiomes du sud-est, au nombre de plus de 65 millions,
s ' e x p r i m a n t dans les langues suivantes ; la langue russe, parlée par près
de 53,500,000 individus, dont près de 50,500,000 en Russie; la langue
b u l g a r e , parlée par 4 millions d'individus, dont GO,000 en Russie; et la
l a n g u e illyrienne, parlée par 8 millions d'individus, dont plus de 1,000
en Russie ;
L e s Slaves des idiomes de l'ouest, au nombre de 15 millions, s'exprimant
aussi dans trois langues : la langue liakhe ou lekhe, qui n'est
a u j o u r d ' h u i représentée que par le polonais, parlée par plus de 8,700,000
i n d i v i d u s , dont 4,840,000 en Russie; la langue tchèkhe, parlée par plus
d e G millions d'individus ; et la langue lusace-serbe, paj-lée par 140,000
individus.
L a langue russe se subdivise elle-même en trois dialectes principaux :
celui de la Grande-Russie, parlé par 35,400,000 individus; celui de la
P e t i t e - R u s s i e , parlé par plus de 15 millions d'individus, dont plus de
1 2 , m i l l i o n s en Russie; et celui de la Russie-Blanche, parlé par près de
3 millions d'individus.
L a langue bulgare se subdivise en cyrille-bulgar, qui n'est usité que
comme langue religieuse parmi les Slaves appartenant à l'Eglise grecque;
e t en bulgar moderne, qui est d'un usage général comme langue vivante.
L a langue illyrienne se subdivise en trois dialectes principaux le
s e r b e ou illyricn, le khorvate (ci'oate) et le khoroutanc ou slovène (en
S t y r i e , en Karynthie, en Kraïne, sur la côte illyrienne et dans une partie
d e la Hongrie).
L a langue lekhe ou polonaise se divise en différents dialectes locaux
mais non principaux.
L a langue tchèkhe se divise en deux dialectes principaux, le tclièkhm
o r a v c et le hongrois-slave ou slovake.
L a langue lusace-serbe se divise en doux dialectes principaux, ceux
d e la haute et basse Lusacc.
Ainsi que nous l'avons dit ci-dessus, les peuples slaves, ii l'exception
t o u t e f o i s des p]-otcstants et des grecs unis, sont divisés par la religion,
d ' u n e manière plus caractéristique encore que par la langue, on deux
g r o u p e s , l'un oriental et l'autre occidental; et si l'on on oxchit; les
l l l y r i e n s ou Serbes, les limites religieuses et linguistiques sont iilout
i q u e s dans la plus lai-ge acception de ce mot.
A rcxce])tion de 3 millions d'individus qui appai'tionnont à l'Kglisc
u n i e , tous les Russes confessent la religion grecque (l'iisse). Phis de
3 , 5 0 0 , 0 0 0 lîiiigars et jilus do 3 millions do Serbes on lHyi-icns Ibnt en
o u t r e partie de r.l<:glisc grecque, ce qui porte le nombre dn ses croyants
à plus de 57 millions.
P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
A l'Eglise unie appartiennent 3 millions do Petits-Russicns (Ruthènes),
parmi lesquels 2,800,000 liabilent l'Autriclie et au delîi de 2p0,000 la
Russie (le royaume de Pologne).
L a i-eligion catholique compte parmi les Slaves 17,800,000 fidèles
qui se répartissent ainsi : G0,000 Bulgars,- plus de 2 millions d'illyi'iens
ou Serbes, 1,300,000 Kroates, 1,000,000 de Klioroutènos ou Slovènes,
plus de 8,300,000 Polonais (4,740,000 en Russie), 3,500,000 Tclièkhs
e t Moraves, 1,500,000 Slovaks et 10,000 Lusaciens.
L e s Slaves protestants, au nombre de 1,000,000, se composent de
15,000 Khoi-outènes ou Slovènes, 400,000 Polonais (dont 100,000 en
R u s s i e ) , 150,000 Tcbèkhs et Moraves, 900,000 Slovaks et 130,000
Lusaciens.
3 0 0 , 0 0 0 Bulgars et G00,000 Serbes ou lllyriens sont mahométans.
P a r m i les Slaves, l'emjiloi des lettres .slavonos ou anciennes-slaves et
dos lettres latines se trouve en analogie complète avec les deux.h:gliscs
g r e c q u e et catholique romaine, dont la deraièi'o se sert des caractères
l a t i n s , et l'Eglise grecque des caractères slaves, qui doivent en grande
p a r t i e leur forme actuelle à l'influence byzantine ou gi'ecquc. Outre
l ' é c r i t u r e d'église ou écriture cyrillique-bulgare, il y a aussi l'écriture
a n c i e i m e - s l a v e , devenue, avec le temps, l'écriture russe moderne, et
qui n'est en usage que parmi les Slaves qui font partie du groupe ling
u i s t i q u e du sud-est, à l'exclusion des lllyriens catholiques, ainsi que
nous l'avons dit ci-dessus. Cette écriture ancienne-slave s'appelait aut
r e f o i s glagolitsa, par opposition k la cyrillitsa, qui fut inventée ou plutôt
imitée de l'alphabet grec par Cyrille, l'apôtre des Slaves. La glagol
i t s a est plus originale et paraît dater de l'époque du monde slave ant
é r i e u r e l'ère chrétienne. R faut donc l'envisager comme un débris de
l ' a n t i q u i t é païenne des Slaves, comme un perfectionnement des rézy, car
a c t è r e s sculptés. Dans la cyrillitsa il y a quelques caractères, surtout
ceux qui représentent des sons chuchotants, qu'on peut considérer comme
oi'iginaux, c'cst-à-dii-o non grecs, La glagolitsa ayant adopté quelquesuns
des caractères de la cyrillitsa, est en conséquence, comme l'écriture
r é g é n é r é e ancicnne-slave (rézy), plus jeune que la cyrillitsa relativement
il l'influence grecque, c'est-î\-dire chrétienne. Les formes embarrassées
de la glagolitsa, le nombre restreint des personnes qui connaissaient et
p o u v a i e n t - e n s e i g n e r rancicnne écriture, et surtout le développement int
e l l e c t u e l et religieux, alors très-vif, des tribus slaves de l'est, firent
r e m p o r t e r par la cyrillitsa la victoire qui lui était duc. La glagolitsa
j o u i s s a i t dans les pays occidentaux d'une jjrotcction manifeste ; ses documents
représentent indubitablement des indices non-seulement de paunonismcs
do l'ouest, mais aussi de l'influence de rOccidcnt dans la sphère
l é g e n d a i r e des Slaves demeurant plus à l'ouest. A cet égard, le dualisme
de l'aucieunc littérature slave reflète parfaitement la concordance
d i r e c t e de cette littérature avec les deux éléments religieux qui se disp
u t a i e n t les pays slaves.
Si l'écriture latine ne put s'implanter chez les Slaves do l'ouest comme
l ' é c r i t u r e grecque le lit chez ceux de l'est, c'est parce que Rome nonseulement
n'encouragea jamais la traduction de la Bible, des livi'cs sacrés,
des règlements du culte, etc., dans l'idiome national, mais qu'elle l'int
e r d i t même constamment et réserva exclusivement la langue latine pour
la célébration du service divin. A Constantinople, les choses se passèrent
d ' u n e façon toute différente : non-seulement Byzance protégea l'étude de
la religion dans la langue nationale, mais elle ne craignit pas de lui
donner des cncoui'agcmcnts. Le peuple nouvellement converti devait conn
a î t i ' e l'éci-ituro sainte et prier dans l'idiome national ; c'est ainsi que la
connaissance de la nouvelle écriture (la cyrillitsa) devint un besoin sugg
é r é par la religion autant que par les exigences de la vie officielle et
p r i v é e , par les relations commerciales, etc.
P a r les intelligents efi'orts des prêtres chrétiens, ainsi que par suite
dos rapports commerciaux, les deux nouvelles écritures devinrent enfin,
dans le cours des siècles, communes i\ tous les peuples slaves.
L a pnncipale tribu actuelle de tous les Slaves, leur centi-e politique
e s t aujourd'hui, comme nous l'avons dit, formé pai- les Russes de la
G r a n d e - R u s s i e ou Russes proprement dits, que l'on nomme aussi parfois
Moscovites. Ceux qui leur ressemblent le plus par l'affinité de
r a c e et aussi par la langue et le nombre, ce sont les Petits-Russicns,
qui ont le mieux conservé le type .slave dans sa pureté pi-imitive. Les
Russes de la'Russie-Blanche forment la transition de.s Ru,sscs aux Polonais.
Los (lusses émigrés en Sibérie iiroviennoni ju'csquc tou,s de la
G r a n d e - R u s s i e et, n'ayant pu évilei' di- se mélanger avec les indigènes
ni échapper à l'influence du climat sibéi'ion, forment conséqucuimcnt
uiu.' catégorie à ¡¡art. Les Kozaks ne constiluont, à .propi-omont pai-Ici-,
aucMUi fragment national des Russes; ils sont il'origine iiissc ou l'olits-
R u s s i e n s , mais fortciuont mélangés de nationalités étrangères, et fnrctit
soumis pendant dos siècles à l'iiilluence tataro. Ils occiiiient aujourd'hui
une place importante parmi les (ribus russes, vu que leur posilidti i.sol
é e , leur destination et leur organisation spéciales l.ur unt imp.-iiné un
c a c h e t tout particulier.
Les Slaves sont do la mémo extraction (pic les peuplas celtes, latins
e t gei'maniquos, c'c,st-ii-dirc qu'ils .sont d'origine indo-tiui'npéennc et, de
même qu'eux, habitants primitiJ» de Thlurope, par oj,position aux pruiplos
de race ouralo-altaïquc, qui n'oJit pénéti-é dans l'est de r]',uro¡jo í|uc
d u quatrième au treizième siècle.
Les ancêti'cs dos Slaves, les Vénodes ou Vendos, Sorbes (mot déi'ivé
peut-êtj-c do Serb, faux, insti'ument qu'aujouid'hui encore les Slavus emploient
de pi-éféiencc pour coupci- le blé) ou Spors (quei'cllcurs), habit
a i e n t déjîL, dans l'antiquité, les vastes terrains qui s'étomlcut outi-e les
K a r p a t h e s , la mer Baltique et la mer Noire, le Don et le ^'olga sup
é r i e u r . Dès les sixième et cinquième siècles avant Jésus-(;hrist, hs
Slaves agriculteurs furent expulsés par des Scythes ; dans les troisième
e t deuxième siècles, par des Sarmates (d'origine arique); et dans les
deuxième et troisième siècles niirès Jésus-Christ , par des Ooths (de race
germanique ) des rives nord-ouest de la mor Noire, et on partie subj
u g u é s , en partie chassés dans l'intérieur. Au quatrième siècle du i'èi-i;
c h r é t i e n n e , les Slaves furent i-efoulés au dclii du Danube par les Valaklis
ou Ylakhs, peuple celtique dont le nom fut donné non-seulement
il l'Italie septentrionale habitée iiar eux, mais encore ii une iiartie do
la population romaine qui fut ti'ansférée de Vlakhia (Italie) eu Dacie.
Ainsi chassés par les Celtes (le plus ancien peuple de l'iMirope d'origine
i n d o - e u r o p é e n n e , et qui, fort nombreux et très-civilisé, s'étendait déjà
a v a n t Jésus-Christ jusqu' à la Vistule, le Danube et le Dniestr), les Slaves
d u Danube se réfugièrent chez leurs frères au nord des Kar])athcs, parmi
l e s q u e l s Hérodote nous cite les Boudinés (probablement bientôt mélangés
do Saimatcs), dans la Volhynie et la Russie-Blanche actuelles, et les
N c u r s ou Ncvrs, sur le Boug, le Narev et le Nour.
L e s tribus slaves paraissent avoir longtemps habité, comme agricult
e u r s paisibles, les unes à côté des autres, avant qu'il survînt enti'o elles
des dissentiments et dos désunions dont les causes sont inconnues, ils
vivaient d'abord sous l'autorité des patriarches chefs de famille, qui, de
l e u r côté, choisissaient des chefs de tribu iiivcstis des fonctions de
p r ê t r e s et de juges. Depuis un temps très-rcculé ils avaient des lois et
des prérogatives traditionnelles. L'égalité régnait eu général parmi eux.
e t ils jouissaient d'une certaine liberté. 11 paraît toutefois que la possession
du pouvoir suprême par droit d'hérédité n'a pas tardé à s'imposer
dans quelques tribus. Mais alors même que commença à se former
une hiérarchie de classes plus élevées, le iieuple n'en continua pas
moins à l'cster libre. L'esclavage se dévclojipa premièrement chez les
Slaves occidentaux, qui en prirent l'exemple des peuples germaniques;
e t chez les Slaves du sud, par rijifluencc grecque et italienne.
A côté des soins qu'ils donnaient aux travaux agricoles, les Slaves
s e livraient aussi à la chasse et élevaient des bestiaux et des aheilles;
ils joignaient à ces occupations le goût du commerce et ia pratique de
d i v e r s métiers : c'est pour cette raison que leurs villes étaient toujours
b â t i e s sur les gi-andcs routes de commerce, fis se rendii-eut bientôt cél
è b r e s comme sculpteurs sur bois, cliarpeutiers et mineurs; ils monti-aient
aussi plus de talent et de goût poui' la musique que leurs voisins.
L e u r migration vers l'est ou le nord-est eut lien longtemps avant que
le peuple slave se fut étendu de l'est à l'ouest et au sufl ; ce déplacement,
qui s'efl'ectua au deuxième et surtout au quatrième siècle de notre
è r e , joint à quelques causes inconnues, prépai'a la séparation ultérieure
des Slaves en groupe oriental et groupe occidental. Au septième siècle,
les Bulgars, puissants envahisseurs, viin-ent d'au delà du Don dans les
c o n t r é e s du Danube, Unis d'abord avec les Slaves, ils commencèrent par
r a v a g e r l'empire byzantin ; puis, tournant leurs armes conti-e leurs alliés,
ils les subjuguèrent ou les contraignirent à émigrcr vers le noid et au
delà de la Tlieiss. Aux Bulgars succéda un i)cu]jle nomade enco]-e plus
b a r h a i ' c , les Avars, qui, venant d'au delà de la mer Caspienne pour se