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P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
Icnim fixe, a beaucoup moins il'imiiortaiice cl sou cliamp il'activiti est
I'osti-eiut spécialement it, ia saison du printemps et à l'exploitation dans
le fîenve Oural ainsi qnc dans les couti-ées basses (jn'il submerge.
Pendant les ([natre mois d'été oii toute pécbe est interdite, les poissons
se rfrssemblent tranquillement dans les yatovs, ce (¡ui augmente en
antonnie et en biver le ])rodnit de la pécbe pour les Kozaks en généi-al,
et par suite la part de gain de chaque Kozal; eu i)articul!er. On voit
dans cette manière de pi-océder que les Kozaks savent faire momentanément
le judicieux sacriiice (le leur iutérét individuel en vue dn profit
généi'al qui doit en résulte)- ])oui' l'avonii-, et qu'ils offrent ainsi l'exemple
d'nu esprit de coj-ps, d'un lact et d'une économie adniiiustr.ative qu'on
ne reironve que bien rarement ailleurs et mille part eu de sembbables
proportions,
La [larticipation il tontes les ]iécbes est accordée à tons les Kozaks
qui sont encore au service .ainsi qu'aux démissionnaires, lorsqu'ils sont
présents, c'est-ii-dire établis dans le pays; ils ne peuvent prendre part
i ccrt,aines péclies que persomiellemeut ; qnelqnes-uns ont le di-oit de
se faiie remiilacer. Mais comme tous les ICozaks qui sont en activité
de service ne peuvent p.as participer aux pécbes, lors même qu'ils
servent dans lenr propre pays, ceux-ci obtiennent en compensation une
permission griitnite pour la péclie au harpon (les Kozivks démissionnaires
piiyent 3 roubles pour le mémo objet), et, dans la pèche nommée kourkliaï,
ils ont le di'oit de tendre plus de filets que les démissionnaires.
L'argent qne ¡apportent les ccrtific.'its de penuissions est distribué entre
les Kozaks an service qui ne peuvent pas participer i la pèche au harpon,
la plus productive de toutes. De cette manière, la rép.irtitiou générale
des produits de la pêche est, en prineiiie et en fait, la base matérielle
sur laquelle est assis l'impôt ])ayé jiar les Kozaks, exactement comme
l'est iionr l'impôt des p.aysans le teiritoire divisé entre les membres
d'une conunune.
La pêche an harpon, k plus singulière de toutes les pêches des Kozaks
de l'Oural, a lieu dans de certains endroits marqués et commence
chaque jour à un signal donné pour tous ceux qui ont le droit d'y
participer et qui sont déjà placés sur le rivage.
sDès qu'arrive le jour fixé pour le commencement de la pêche, dit
Wangenhelm de Qualen, et que l'atamau des pêclicrics a été désigné, l'assemblée
est dans l'attente et dans la plus grande agitation. La joie
trouble le sommeil de plus d'un Kozak, et bien avant le lever du soleil
on prépare et on rôtit les viandes, on mange et l'on boit copieusement.
Dès que l'aube jiaralt, des milliers de Kozalis se rendeiit sur le rivage,
à l'endroit désigne poui' la pèche. Ils y sont suivis par une niasse de
Busses et de Kiighiz à gages, qui out jioni' mission de soigner les clievanx,
de dresser les tentes au yourtes de feutre, de faire des feux, et
de s'acquitter, en un nuit, de tous les travaux iini ne i-e.ssortent pas
directement de la iiêclie, dont le Kozak est exclusivement occupé. Derrière
enx viennent de longues caravanes de unarchauds russes d'Ouralsk
et d'autres couirées, accompagnés de beaucoup de cliariots et d'ouvriers.
Ces marebaiids suivent coutinnellempnt la ]iéche, acliètent aux
Kozaks le poisson dès qu'il sort de l'eau, eu enli-ïent le caviar, le salent
et le mettent en tonneaux; puis, a|irès avoir relire la colle, ils
font geler le le salent, afin de ponvnir ensuite le traiisproter,
le plus ra]iidenient possible, dans l'intérieur de l'empire, l.es
pécheurs sont en outre tou.iours escortés dans lenr marche iiar une
quantité ,1e trafiquants d,' Imile c.spèce et de vivainliers qui dressent
snr le nvage leurs tontes iiorlatives où ils vendent de l'avoine et du
f»in, lin pain et des pâtisseries, des noix, dn pain d'é|,icc et autres
comestibles, tout en servant sininllanément aux consommaleiirs dn Ibé
et de l'ean-de-vie. Lorsque cette longue car.avaiie il'liommes et d'animaux
a eidiii atteint le rivage, ou construit à la hâte de ciin, cents à
yourtes de feutre, de tentes légères et antres baraques, et cette
espèce de camiieineut suit la pèche dans sa marche vers le bas du lleuve.
'il plus grande animation règne dans le camp ; le rivage est couvert
' nombreuse population. Enfin, tout est il, sa place; le canon qui
™ donner le signal est chargé et l'artilleur se tient près de .sa pièce,
I' '»eche allumée et prêt à faire fen. Alors les Kozaks reçoivent l'ordre
' t » ranger en longues files snr les deux rives dn fleuve, pour y atle
signal de l'ouverture de la pèche. (Iiaque Kozak, muni de
«pons et de ses leviers, se range sur le rivage, soit à l'endroit
"»uve de la place, soit i celui où, ii cause de la profondeur du
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fleuve, il espère trouver beanconp de poissons, fiorsque toni est dis|iiisé
et que les Kozaks sont rassemblés snr les deux rives de l'Oural convert
d'mie glace solide, l'atamau de la pèche quitte enfln sa lento et se dirige
lentement vers le milieu dn lleuve, où aucun Kozak n'a osé iiieltre
le pied avant qne le canon ait donné le signal. .Uors règne dans tonte
cette foole le pins profond silence ; tons sont dans l'attente et chacun
le corps penché en avant, semble prêt à s'élmicer. C'est nn spectacle du
plus vif intérêt que celui de ces hommes, pleins de vigueur et d'anxiété
retenant leur souffle et en proie à une extrême surexcitation. Tons les
visages rayonnent de joie et de désir, tous les regards sont ardemment
fixes sur l'endroit dn fleuve choisi .1 l'avance, ou diriges vers l'ataman
de la pêche, qui doit donner l'ordre dn signal. Celui-ci, cepcmbint.
ne se liàte |ioint et liasse tranquillement d'une rive à l'autre, dans des
directions différentes, pour tromper l'iuipatience des Kozaks, S'il se trouve
par hasard que l'atamau militaire soit présent, celui de la pèche se découvre
et s'incline respcctiicnsemcnt dans la direction de cette autorité
suprême des Kozalis, Enfin, après beaucoup de tergiversations, il donne
ce fameux signal par un geste qui n'est connu que de l'artilleur et de
lui-même.
i L e canon gronde, et peine en a-t-on vu la fumée qu'un vacarme
vraiment infernal remplit aussitôt les airs ; car tous les Kozaks eu masse
se précipitent pèle-mêlc sur la glace eu poussant de bruyantes cl,amours.
Chacun s'efforce et se Iiâte avec une sorte de furie d'atteindre la place qu'il
a choisie d'avance; et s'il a été prévenu, il se dirige vers un autre eudroit,
selon que le permettent la presse, le hasard et l'espace. En un instant
on a percé dans la glace une infinité de trous de quelques pieds de
diamètre et distants à peine de trois il qnatre pieds les uns des .autres.
Alors s'élève une vraie forêt de harpons qui, introduits dans ces ouvertures
jusqu'à 1111 ou deux pieds de distance du fond dn fleuve, indiquent
aux Kozaks lorsqu'un poisson dépasse le crochet ou touche la perche à laquelle
il est attache. Averti, le pêcheur retire le harpoii par un mouvement
rapide, le crochet aigu saisit le poisson sous le ventre, s'enfonce dans
les chairs, et la proie est prise : on agrandit l'ouverture pratiquée dans
la glace, on saisit ]ilns solidement encore le poisson au moyen de petits
crochets, et, avec l'aide d'un ou de plusieurs autres Kozaks, ou le hisse
eufin sur la glace. Troublés par les évolutions et les cris de tant d'individus,
par la rupture do la glace et par les milliers de longues perclics
plongées dans la profondeur des eaux, les poissons sortent de leurs
retraites, passent et lepassent eu tous sens avec inquiétude, et rinissent
toujours par venir se prendre aux crochets : aussi la glace est-elle
bientôt toute couverte de sang. Sur le rivage s'accumulent des tas de
poissoos; car aussitôt qu'on en a retiré nu de l'eau, des m,archands apparaissent
pour l'acheter au Kozak et en trafiquer. Cela se fait mémo
souvent pendant que le poisson est encore sous l'eau et que l'on ne
connaît pas encore sa grosseur ; c'est alors une vente an hasard, 11 arrive
parfois qu'un chip au long niiisoan on nn grand silure de six à
huit Iiouds, se trouvant jiris, est retenu par le harpon au fond de l'eau.
Comme lo silnrc est peu estimé et ne fournit pas de caviar, le pêchenr
expérimenté, qui, sans avoir vu sa capture, l'a déjà reconnue au toucher
et aux oscillations dn crochet, propose avec beaucoup d'adresse la
vente an hasard de ce poisson. S'il a affaire .il un acquéreur inexpérimenté,
il lui met en main la perche du harpon; celui-ci, qui juge de la
grandeur du poisson par les secousses qu'il imprime à la perche, achète
la proie qu'il croit être un grand esturgeon. Un Kozak attend quelquefois
plusieurs heures avant qu'un seul ¡loissou ait touché sa perche. Il
retire enfin sou harpon pour choisir un autre endroit. Mais à peine
a-t-il abandonné sa ])lacc iiu'iin antre l'occupe déjà, et que souvent, favorisé
par une chance heureuse, dès qu'il a descendu son crochet dans
l'eau, il l'en retire avec le plus magnifique jioissoii. Si le Kozak est
resté assez longtemps sans rioii prendre, il .sonde prudemment l'eau du
fleuve avec son crochet, et si un poisson tonclie sa perche en passant,
il essaye de raccrocher par nn coup vigoureux, f.orsqiie le poisson est
trop grand et qu'il fait beaucoup de monvements et d'efforts pour chercher
se dégager, ce qui lui réussit souvent, surtout si le crochet ne
l'a atteint qu'à la queue, le Kozak appelle à son secours son plus proche
voisin. On jirend alors un second harpon, et le ¡loisson est hissé sur la
glace, grâce à ces efforts réunis.
< I,a pêche la plus diflieile et qui exige le plus de prudence est celle
des grands esturgeons do lij à 20 pouds (800 livres). Si un tel poisson
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