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P E U P L E S 0URAL0-ALTAÍQUE8. GÌ
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la maiiiòi'c orientale. Cette particularité, jointe au dévelo])i)ciueut prononcé
de la partie supérieure du corps, rend leur démarche vacillante.
Compai'ativement aux Russes, les Bouriates ne se distinguent pas par
une grande force nuisculaire. Ils atteignent rarement un âge avancé,
ce qui peut être attribué à l'usage immodéré du tabac et leur répulsion
pour tout médicament autre que ceux qui leu]- sont prescrits par
leurs lamas, cliamanes ou magiciens quelconques.
L e costume oi'dinaire des Coui'iates cojisiste en une pelisse de mouton
plus ou moins longue et recouverte ordinairement de quelque étoffe.
Cotte espèce de surtout a des manches longues, amples mais rétrécies
vers le poignet, et garnies de l'ourrui-es. Ce vêtement est retouiiié en
été. Les K-aftans d'été sont en cuir, en di'ap, en soie, etc., et piqués
avec du turcoin. La ceintui'c, ii laquelle sont suspendus couteaux, briquet,
sac il tabac, etc., est en cuir et garnie de corail; les pantalons et le;
bottes sont de même matière et très-amples; ies bas sont en feutre mince.
Les riches seuls portent une chemise. Ce costume, en général peu gi-acieux
et assez sale, est loin d'offi'ir une coupe aussi agréable que celui
des Toiingouses; son oi-nement essentiel consiste en un morceau allongé
de drap rouge, de conleur bleue chez les pauvres, ou eu rubans do
pareilles nuances, cousus sur la partie supérieure du dos, Les Bouriates
achètent actuellement leur coiffure chez les Russes; autrefois ils portaient
des casquettes toungouses garnies de divers ornements; et à présent encore
ils ont conservé, pour l'hiver, î'usagc d'un bonnet conique, fourré
on peau de renne, La barbe est chez eux peu fournie, rasée ou épilée;
tes moustaches se portent h la chinoise.
Les vêtements des femmes sont les mômes que ceux des hommes, sauf
que le surtout est, en bas, froncé de plis longs à peu près d'une archine.
Pour les solennités, on jette par-dcs,sus le surtout ordinaire un autre
vêtement court on long et sans manches, fait de diverses étoffes, mais
le plus souvent en cuir. Les femmes ne se coupent pas les cheveux ;
celles qui sont mariées les tressent en deux nattes qu'elles laissent retomber
pai- devant sur leui-s épaules ; ces nattes sont entremêlées de
crins, ornées de bagues, et se terminent par un sachet de velours.' Les
filles portent autour de la téte une vingtaine de tresses pendant jusqu'aux
genoux et ornées de coraux, de monnaies, de glands de soie, etc. Le
bonnet des femmes consiste en un chaperon de feutre aplati, assujetti
sous le menton au moyen d'une mince courroie; il est garni également
de coraux et de morceaux de métal. Les bagues, les boucles d'oreilles
et les bracelets ne manquent pas non plus à leur toilette.
L'habillement des Bouriates transbaïkaliens est en général beaucoup plus
riche et plus magnifique; celui des jeuues filles du lac Baikal est surtout
1i-ès-siiigulier et leur sied admirablement. Dans la vie journalière, ces
Bouriates ne portent que des peaux de chèvre ou de mouton ; mais pour
les fêtes ils ont des kaftans d'une zibeline si noire et d'une fourrure si
fine qu'on n'en l'encontre nulle part de plus belle. On doit surtout admirer
comme accessoires de la toiletté des femmes les pierreries, les
p e r l e s , les ornements d'or et d'argent dont elles se couvrent les bras et
le cou, qu'elles suspendent à leurs oreilles, aux boucles de leurs clieveux
et même il leurs vêtements. Ces femmes portent une robe de soie
ou d'autre étoffe chinoise, très-ample, retombant jusqu'aux talons, et
boutonnée sur le devant, sans ótre serrée autoui- de !a taille; par-dessns
cette robe, notamment lorsqu'elles montent it cheval, elles mettent un
cori;age étroit et sans manches. Hommes et femmes se couvrent la téte
d'une cape pointue en soie garnie de zibeline et tci'minco au sommet
par un moi-ceau d'étoffe de soie ponceau. Presque tous ont aux doigts
des anneaux d'or et d'argent; à la ceinture, de longs couteaux ¡i gaine
bi-illante et une pipe chinoise gai'uie de laiton, ce qui constitue le comble
de l'élégance.
Les Bouria(;es se distinguent essentiellement des Toungouses, leurs voisins
septentrionaux sur le Baïkal; le genre de vie, qui exerce une in- |
Huence si sensible sur le moral de l'hommo, doit y avoir contribué bien ^
plus encore que la diversité d'origine. Presque uniquement livrés aux
soins de leur bétail et ft la pôclie sur le lac Baïkal, les Bouriates :
s'abrutissent dès loin- bas Tige dans les yourtes paternelles, ])leines de
fumée et d'exhalaisons fétides. Ivcur tempéi'ament habituellement tlegma- ^
tique, quoique fougueux et sauvage à l'occasion, no les poi'te au travail '
que lorsque la faim les y contraint, ce qui n'a lieu que pendant riiiver.
Dans chaque ménage, les femmes et les enfants sont eu généi'al beaucou|
i ])lus actifs que le chef do la famille. Tous sont insouciants, dissimulés,
pare.sseux, entêtés, taciturnes, peu serviables, même en vue d'une
l'éconipense, fripons et sans foi dans les transactions commei'ciales. Ils
no lavent jamais leurs vêtements et se contentent de les essuyer, La
misèj'e leui' fait souvent commettre de petits larcins, mais rarcmciit
des vols considérables. L'hospitalité est considéi'ée par eux comme un
devoir sacré,
Plus moraux, plus sûrs et plus civilisés que les Vakoules, quoiciue
moins intelligents que ceux-ci, les Bouriates de la Ti'ansbaïkalie sont
paisibles, modestes, et se témoignent réciproquement beaucoup de sympathie.
ils ont un go lit passionné pour les spiritueux et poui' le tabac,
qu'ils reçoivent des Russes pai- échange et qu'ils tïnnent dans des pipes
chinoises, souvent dès l'âge de neuf ans. Ils fabriquent avec le lait
caillé une espèce d'eau-de-vie nommée doros.sune, qui se boit pendant
les solennités l'oligieuses, L'ivresse chez eux se déclare très-promptement,
sans doute k cause de leur constitution replète et sanguine, et
les rend fort gais. Leur nourriture principale se compose de toute
espèce de viandes, même malsaines; il an-ive souvent qu'on fait rôtir et
qu'on mange sans sel des viandes avariées. I-a graisse de phoque est
une friandise; elle est coupée en longues tranches et mangée toute ciue,
sans sel ni pain. On fait infuser dans un chaudron du thé compi'imé
en forme de brique, méhiiigé avec de la graisse et du sel, plus rarement
avec du lait, et cette boisson est l'éputée nourrissante et saine.
Les Bouriates reçoivent des Rn.sses de la farine en échange d'autres
produits, mais ils ne s'en servent que connue accessoire et en la mêlant
avec d'autres aliments. Avec le thé on consomme aussi, en Ti'ansbaïkalie,
du lait, du beurre, du fromage, de l'àïrane (eau-de-vie de lait),
mais peu de pain, bien que beaucoup d'individus soient agriculteurs, et
encore moins de viande, jamais de poissons. Comme partout il y a aussi
parmi les Bouriates des pauvres et des riches; mais si ces derniers
vivent dans l'opulence, leur nourriture n'est cependani pas meilleure que
celle des pauvres, surtout en Transbaïkalie.
Quoique essentiellement nomades, les Bouriates sont de mauvais past
e u r s ; ils ne S'inquiètent nullement de l'approvisionnement des fourrages
e( laissent tout leur bétail en plein air, liiver comme été. Quoique trèshabiles
cavaliers et adroits tireurs, ils chassent peu; la lutte et les
courses de chevaux sont leurs récréations fiivorites. Ils fabriquent euxmêmes
leurs yourtes, leui's ustensiles de ménage, la vaisselle, tout, en
nu mot; ils pi'éparent également les étoffes destinées ¡i leurs vêtements
et sont habiles à travailler le fer. Ils aiment beaucoup la musique et le
chant. Simple, monotone et triste, leur chant n'est guère que l'expression
de l'état de leur aine- ou des tableaux qui s'offrent à leur vue ; il existe
toutefois chez eux d'anciennes chansons pleines d'intérêt et de sentiment.
Les femmes sont considérées comme impures et leur soi't est souvent
fort à plaindre. La plupart des Bouriates, notamment les riclies, prennent
habituellement -deux femmes.
Leur langage est l'un des quatre dialectes connus de la langue mongole
; il ne se distingue essentiellement ni" du mongol septentrional et
méridional, ni du kalniouk. Au delà du lac Baïkal, de même que
dans la Jlongolie proprement dite, cette langue contient un cei'taiu
nombre de mots tliibétains et liindous. Pour leurs transactions avec les
autorités russes, les Bouriates se servent de la langue russe. C'est pai'mi
les Boui'iates-Khorines, les plus civilisés de toute la nation, que l'art de
lire et d'écrire est le plus répandu.
Encore jusqu'au milieu du siècle dernier, la religion des Bouriates
consistait exclusivement dans le cliamanismc, tandis que leurs frères de
race et en même temps leurs voisins immédiats les Mongols professaient
depuis longtemps le lamaïsme, A dater de cette époque, la civilisation
plus avancée des Mongols a, sous le rapport religieux, exercé son influence
sur les peuples voisins, quoiqu'elle n'ait pas suffi pour faire dispar
a î t r e complètement le chamanisme, résultat qui n'a pu être obtenu que
parmi les habitants limitrophes des frontières. Bien que le cliristianisuie
n'ai pris racine que tout récemment parmi les Bouriates, il s'y propage
d'une manière sensible. Imi effet, de 18d0 à 1844, le baptême n'avait été
conféré qu'à 1,300 Bouriates des deux sexes, tandis qu'en 1851 on comptait
déjà plus de 9,000 chrétiens parmi eux, chiffi'c (¡ui doit être aujourd'hui
beaucoup ¡)lus élevé. On remarque que le nombre des femmes
qui demandent le bapiênio est plus considérable que celui des liommes.
Parmi les Bouriates chrétiens, il y a beaucoup de personnes très-honorables.
Les chamanes des Rouriates sont en petit nombre, généralement
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