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PEUPLES DD CAUDASE,
im vérifablo Eclen, ZougiUd, localité assez insigiiiiianlc, est le principal
sivgc de la population niingrcliciinc. En Miiigréiic on retrouve en grand
nombre les plus anciens monuments de la nation géorgienne.
J-e j\Iingrélicn est grave et parle peu; la pâleur habituelle de son
teint est augmentée par le reflet d'une verdure qui manque d'air, par
la couleur jaunâtre de son bachlik (espèce de capuchon pointu à larges
bords iiondant sur les épaules et servant d'abri contre la pluie) ainsi
que par celle de ses antres vêtements, produits de l'industrie et de la
teinture indigènes. Il semble maladif, quoiqu'il soit l'éellement sain et
vigoureux; mon et sans énergie, quoique brave et délicat sur le point
d'honneur; rude et peu sociable, quoique affable et hospitalier. îl demande
il être étudié de près, connu et a])précié dans l'intimité. Quant
aux habitudes de la vie, aux usages et aux moeurs, les Jlingréliens ressemblent
beaucoup aux Abkhaz.
T>c bas peuple, serf jusqu'en ISGI, porte un costume très-simple et
foi't singulier qui raj)|)clle cehii des franciscains, et qui consiste on une
longue l'cdingote de couleui' brune, serrée ii la taille par une ceinture.
Ajoutez-y le baclilik pour coiffure, et pour manteau la bourka tchcj'kesse
en poil de chèvre, le meiUcur et le plus commode abri contre ¡a pluie ot
le fi'oid aussi bien que contre la grande (.haleiir. Les nobles, qui jusqu'à
nos jours formaient presque exclusivement la classe libre de la populalion,
portent le costume tclicrkosse richement orné et le bonnet imérétien.
Le Mingrélien, malgré l'épaisseur de ses profondes forêts et les accidents
multipliés du terrain, parcourt presque toujours à cheval la distance
qui sépare les unes des autres les habitations isolées. Le Mingrélien
est laborieux et plus vigoureux que le CTrouzien. Les enclos, disséminés
dans l'intérieur des foi'éts qui s'étendent îi perte de vue, sont
situés sur de petites élévations de terrain et entourés de champs oîi les
arbres ont été abattus ; ils se composent généralement de quelques maisons
construites en bois et couvei'tes en paille de maïs. La maison a
deux entrées, l'une vis-ii-vis de l'autre, pratiquées, poui- la plu])art, dans
les côtés du ])ignon ; mais on n'y trouve ni fenêtres ni cheminées. L'intérieur
ne forme qu'une seule pièce dont le foyer est au milieu. Il n'y
a pas de meubles; mais chez les liabitants qui jouissent d'une certaine
aisance, les meubles sont remplacés par des tapis persans ou tatars, indice
des usages orientaux chez ce peuple, dont l'influence se manifeste
aussi d'nne manière sensible dans le costume des femmes, qui vont pieds
nus, mais qui portent sur la tête des inouclioirs brodés d'oi".
Les moeurs et les liabitudcs des juifs, qui influèrent jadis si puissamment
sur tout l'Orient, ont eu aussi quoique effet en Mingrélie : les
marcliés hebdomadaires se tiennent toujoui's levendi'edi, veille du sabbat.
Le dialecte niingrélieu, îe môme que celui de la Géorgie occidentale
on général, présente la seule altération connue de la langue mère de
la Géorgie, qu'on parle à Tiflis et dans le Cakheth, c'est-à-dire l'altération
de l'idiome géorgien par excellence. Le dialecte mingrélien se
distingue par une gi'ande douceur provenant de l'accumulation des voyelles,
de la suppression des rudes consonnes géorgieimes ou de leur permutation
fréquente en consonnes d'une articulation plus molle; enfin de l'emploi
de diphtongues pleines et mélodieuses et de l'abréviation d'uu bon
nombre de mots. Ce dialecte est en usage depuis la Mingrélie jusqu'il
Trébizonde, avec quelques modifications. 11 ne s'écrit pas et n'a jamais
été écrit, d'où il suit qu'il est exposé il subir d'inévitables altérations.
G 0 U R I E N 8 .
Les Goui'iens liahitent sur les côtes de la mer, entre le Rion et la
frontière turque, dans la partie sud-ouest, la plus fertile de la Transcaucasie
; leur capitale est Ozonrghcth.
La Gourie fut gouvernée par des gouriels (dénomination devenue
plus tard un nom de famille) qui, dès le milieu du quinzième siècle,
étaient les descendants d'un éristhav des Snnaucs et régnaient quelquefois
aussi SUI- l'Imérefli. La Gourie, soumise à la Russie depuis 1810,
passa alteniativement sous la domination du Karlhli, de l'Iméreth et de
la Turquie. Ti-op faible pour conserver une indépendance permancnfe,
la Gourie se trouva presque toujours placée sous la suzeraineté d'un
puissant Etat voisiji.
Comme principauté ix part, mais sous la suzeraineté indéfinie de l'Iméreth,
le Gouria on la Gourie, k l'époque du démembrement de la Géorgie
en 1462, se détaclia de ce pays pour obéir aux princes de la famille Gouriel
(nom dérivé de la Goui'ie elle-même), descendants probables de la famille
Vadanidzé. Dominant aussi, de temps ii autre, la Mingrélie, la Gourie
forma une principauté indépendante jusqu'en 1810, époque de sa soumission
îl la suzeraineté de la llussie, à laquelle elle fut incorporée définitivement
en ]829. Elle fait aujourd'hui partie du gouvernement de Koutaïs.
Les Gouricns, au nombre de 25,000 tôles, forment à peu près la plus
petite mais aussi la plus belle branche de la race karthle ; les femmes
surtout ont acquis de la célébrité par l'élégance de leur taille, leur opulente
chevelure, leurs yeux ardents, la noblesse et la régularité des
traits de leur visage.
Le costume des hommes rappelle en généi'al celui des Géorgiens,
bien qu'il eu diffère plus que celui des Imers et des Mingrélicns. Une
tunique de forme toute particulière et le gi'and nombre d'armes et d'ustensiles
retenus par une lai'ge ceinture, donnent à ce costume quelque
analogie avec celui des Kourdes ; cependant la coiffure est exactement
pareille ii cellc des Imers; les pantalons, les cartouchières qu'on porte
sur la poitrine, sont les mêmes que chez les Tchci'kesscs.
Le sol ne reçoit jamais d'engi'ais et produit deux moissons par an.
On sème en automne du froment qui peut être moissonné dès le mois
d'avril, et immédiatement on fait un second ensemencement de millet ou
de maïs que l'on peut récolter en septcmb)-e. Le terrain est également
propre ii ia culturo du tabac.
De môme qu'en Mingrélie, on ne trouve guère de villages en Gourie,
mais seulement de petits enclos situés sur des collines, Ces espèces de
fermes se composent d'une clôture de haies ou de palissades enfouraut
une grande coni' au milieu de laquelle s'élèvent les bâtiments abrites
par do grands et magnifiques arbres. Tous ces enclos ainsi disposés
couvrent, pour la plupart, une étendue de terrain de la grandeur d'cavirou
4 à 8 arpents de llussie ou 17 à 34 arpents de Prusse. Un
certain nombre de fermes ont aussi des champs communs répartis régulièrement
entre elles; chaque ferme a ordinairement la jouissance de ces
champs dans une proportion qui équivaut de 8 ii 12 arpents de Russie.
Un certain nombre de ces exploitations, s'élevaut ensemble au moins îi
20 arpents et quelquefois au delà de 200 à 300, forment une commune
rurale; deux à quatre de ces communes composent une paroisse.
Le coj'ps de logis des enclos est communément assez long; il est posé
sur des fondements de poutres placées horizontalement et recouvertes à
l'cxtéi-ieur d'épaisses planclies en noyer. Le toit est le plus souvent couvert
de paille ti-esséc. D'ordinaire, la maison se divise en deux parties égales:
celle de devant présente un vestibule complètement ouvert dont le plafond
, qui forme en môme temps le toit de la maison, est soutenu par
des piliers. Ce vestibule, eutoui'é d'une bahisti'ade artistement sciiiptéc,
sert de séjour habituel à la famille; au fond est une ])orlc donnant
accès dans la maison proprement dite, qui ne consiste qu'en une seule
pièce percée de fenêtres sans vitres, Le foyer est placé au centre, sur
la terre battue, cl la fumée sort par un trou pi'atiqué dans le toit, du
côté du pignon. Des couchettes mobiles et un divan fixe servant au
même usage que les couchettes, composent, avec des tabourets ii trois
pieds et quelques bancs peu élevés, presque tout le mobilier de l'appartement.
Les Gouricns ont, comme les Mingrélicns, la plus grande affinité avec
les Lazes de l'Asie Mineure; comme eux ils parlent le seul dialecte
connu qui se distingue de la langue générale des Géorgiens.
Dans l'antiquité, l'iniluencc grecque, puis cellc de Gênes, et surtout,
plus tard, colle des Turcs, qui se maintint pendant une longue période,
ont puissamment agi sur les rapports extérieurs, les moeurs et l'organisation
intérieure des Gouricns. Ce sont eux, d'ailleurs, qui, de tous les
peuples et de toutes les tribus de la Transcaucasie, se {l'ouvcnt relativc-
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