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D A O U R S ,
Les tribus tomigouscs ele l'Amour qui s'étcuclcnt depuis rcrabouclnire
(lu Khouinar jusqu'à ccllc tie l'Oussouri, et que uous désig'uons sous le
nom de Daoïirs ou Daouricns, se distinguent sous plusieurs rapports des
Orotcliones et des Maniagres, ainsi que des auti'es tribus de niûme race
établies en aval de rcmboucluirc de l'Oussouri. Elles dénotent en général
un plus haut degré de civilisation. La tribu des Kilèngbs forme
la transition entre les Daours et les tribus de pécheurs de l'Amour info
i'i eu r. Lieu qu'assez ehétifs en général, les Daours diiTèrenf; cependant
des Orotcliones et des Maniagres par leur taille plus élevée et plus
vigoureuse, ainsi que par leur physionomie ovale et plus noble; ils ont
le uez plus saillant et les pommettes moins larges. Leur langue, qui a
des sous gutturaux tròs-prouonccs, est plus j'iche que celle des peuplades
que nous avons nommées plus haut. Ils ont des demeures fixes, s'occupent
plus ou moins de jardinage et d'agriculture, et ne négligent point
les soins qu'exige l'entretien du bétail. Cliez eux aussi l'inñuence chinoise,
relativement au costume, aux usages et aux moeurs, est plus sensible
que chez les tribus voisines.
Au dix-septiènie siècle, ces Daours demeuraient dans des villes, aux
lieux mêmes oii se fcrouveut aujourd'hui les Orotcliones et les Maniagres;
tandis qu'en descendant le fleuve, depuis l'embouchure du Zéia jusqu'en
aval do l'Oussouri, habitaient les Gogouls ou Doiitchéri, leurs frères
de race, adonnés comme eiLx à l'agriculture et à l'élève du bétail. Ces
Daours étaient incontestablement une tribu toungouse plus civilisée, qui
s ' é t a i t retirée le long du fleuve, devant l'invasion russe, et établie sur
les affluents méridiouaux de l'Amour. Lorsque les Russes furent obligés
d'abandonner l'Amour, par suite do la paix de Nertchinsk (1689), ces
Orotcliones et Maniagres errants vinrent occuper le territoire qu'ils possèdent
encore aujûxird'hui. Une partie des. Daours doit avoir subi nue fusion
avec les Maudchoux, qui, depuis environ trois cents ans, sont devenus
un peuple il part, formé de différentes tribus toungonses. Une autre
fraction des Daours conserva peut-être sa nationalité, inôiue dans sa
nouvelle résidence, ce qui doit avoii- eu lieu spécialement sur l'Amour,
où les émigrants ne communiquèrent qu'avec ceux de leurs frères do
race qui n'avaient pas quitte leurs habitations et qui étaient moins inquiétés
par les Russes. C'est ainsi que nous retrouvons encore aiijourd'imi
les descendants des Touugouses sédentaii'es et civilisés, qui étaient
établis sur l'Amour vers le milieu du dix-septième siècle. Toutefois,
leurs habitations ne s'étendent pas vers le cours supérieur et inferionr
de l'Amour aussi loin que dans d'autres directions. Ainsi la peuplade la
plus importante de l'Amour moyen est celle des Daours (mélangés quelques
Maudchoux), qui composent indubitablement la majeure partie de
la population. Ces Daours se distinguent, comme agriculteurs et pasteurs,
des autres tribus touugouses de l'Amour central, qui élèvent des rennes
e t vivent du produit de îa pèche et de la chasse.
Sous le rapport de la nationalité, le territoire dos Daours sur la rive
gauche de l'Amour, entre l'embouchure du Khoumar et de l'Oussouri, ne
constif ue pas un ensomble homogène ; car on trouve en aval et en amout
du fleuve des indices de trausitious très-marquées, ou sorte que le centre
seul est purcmoit daourien, bien que ses habitants aient adopté beaucoup
d'éléments chinois, ainsi ([ue nous l'avons dit phis haut,
l'^n remontant l'Amour depuis l'cmbouchure du Kiiouinar, sur un espace
de 2Ü0 verstes, on en trouve les rives faiblement peuplées do Daours, qui
forment pour ainsi dii'c le trait d'union avec les jrauiagres leurs voisins.
Us habitent généralement des yourtes de forme conique et possèdent
plus de chiens ciuo de chevaux; tandis qu'une auti'c ¡iartic île Daonrs
non mélangés habite des maisons entoui'ées de jardins et de cliauips
ensemencés do millet.
Les autres habitants de l'Amour moyen qui conlinênt il ceux que nous
avons mentionnés ci-dessus forment, sur le court espace lie 70 verstes,
le centre de la civilisation sur ce fleuve et sa poiadation la plus compacte.
Des villages considérables sui' la rive même ou un jìcu de coté, en face
de la ville do Sakhaline, sont composés de dix, de cinquante et même
de cent maisons situées ii l'ombre de quelques arbres toulTus on placées
sur des îies et presqu'îles sablonneuses et plates, entre de maigres
broussailles et des bruyères clair-semées,
Depuis l'embouchure du Nioumòn ou du Bouréia jusqu'à celle du Soungari
(Songari), et en aval de l'embouchurc du Zéia, on ne trouve, sur
un espace de 350 à 400 verstes, que de misérables huttes et des yourtes
coniques entourées de palissades pour les chevaux et le bétail, et d'éciiafaudages
qui servent à faire sécher le poisson, comme cela se pratique
chez les Orotchones et les Maniagres, auxquels les habitants de ces
yourtes ressemblent souvent par le costume et le genre de vie, bien que
généralement leur coustitution physique ait pins d'analogie avec ccllc
des Daoïu-s, qui résident dans des demeures fixes.
Les habitants des villages et des maisons isolées sont vêtus presque entièrement
comme les Chinois. Les hommes portent de longues houppelandes
de couleur bleue et quelquefois blanche, et par-dessus des jaquettes
semblables il des vestes; des pantalons chinois, et des souliers ou
des bottes avec d'épaisses semelles en papier. Leur tête est rasée sur le
devant et sur les tempes; mais ils portent, à l'occiput, leurs chevenx
roulés en longue queue, non pas précisément comme les Chinois, mais
d'une façon qui leur appartient esseutiellement. Leur coiffure consiste
eu nne casquette ou en un chapeau chinois. Les pantalons en fourrure
ou en cuir ne se voient que chez nne partie des habitants, tandis qnc
l ' a u t r e suit sur ce point les modes ciiinoises. Les femmes portent de
longs vêtements en forme de robes de chambre, le plus souvent en coton
bleu, à manches larges et courtes, et un pardessus qui descend jusqu'anx
hanches. Elles ramènent tous leurs cheveux sur le sommet de la
t ò t e , et les tressent en une uatte épaisse dont elles font uue espèce
de tour pyramidale qu'elles attachent à la nuque. Des peignes élevés,
des épingles à cheveux et des rub;ius garnis de fleurs complètent l'ornement
de la tête. Des pendants d'oreilles, des anneaux et des bracelets
en métal précieux et artistemcut travaillés, ajoutent à l'élégaucc
de leur parure. Les deux sexes portent des pipes, des sacs à tabac
et des éventails : mais les hommes seuls s'entourent la taille d'une
ceinture ii laquelle sont suspendus un fourreau contenant le couteau,
les baguettes pour le repas, le sac h tabac , la poche à étonpes, etc.
Les mères portent leurs petits enfants sur le dos. Les jeunes fllles
prennent de bonne lieure les longs vêtements des femmes mariées; tandis
que les garçons de six à sept ans ne portent en été que des pantalons,
tonte la partie supérieure de leur corps restant nue.
Les huttes isolées aussi bien que celles qui sont réunies en village
sont presque toujours entourées d'une grande cour dans laquelle ou
entre par une porte cochère ; les clôtures consistent en pieux placés
verticalement et serrés les uus contre les autres, ou en joncs entrelacés.
L a maison même est placée au milieu de la cour, entre des plantations
de tabac, de courges, etc. ; elle est construite eu bois et en terre glaise,
et offre un développement de plusieurs toises en long et en lai-gc; sa
hauteur est d'une toise et demie. Le toit est fait de jonc ou de paille
e t affecte la forme d'un pignon. i\[algré l'introductiou de l'agriculture, de
r i i o r t i c n l t u r e et de l'élève du bétail, la pêclie est encore une des principales
occupations de ces Daours sédentaires; mais les habitants des yourtes
qui vivent parmi eux semblent, par contre, exclusivement adonnés à
la chasse et ¡\ la pêche. Tandis' que, en descendant l'Amour jusqu'à
l'cmbouchure du Khoumar, on n'aperçoit que des canots en écorce de bouleau
, on rencontre ici beaucoup de barques ayant deux parois latérales,
un fond plat, et se rétrécissant vers les deux extrémités qui sont un peu
jilus élevées ; on y trouve encore des canots composés tout simplement
de quatre planches. Les Daours se servent aussi de barques beaucoup
plus grandes et portant un inàt. A l'extérieur des maisons sont placés
des armoires ou des tablettes contenant des inscriptions chinoises et
mandchoues, ainsi que des idoles, et des cassolettes toujours fumantes.
L a façade de quelques maisons est décorée d'écrans en bois, larges et
hauts de quelques pieds, garnis de perches devant lesquelles les dévots
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