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P l i ü P L E ä OUiULÛ-ÂLTAÏQUES,
P E U P L E S OURALÛ-ALTAÏUUES.
TATARS-KÜUNDKÜYS. T A T i \ I l S - Y Ü U E T O V S E ï ÏÉMl-XHNrS,
il lin ':!
f i l
Les Tiiturs-Kouiuli'üvs ÎoniiouL iiiic partie spucialc îles liabitants noiiuulüs
(111 district do Kriisiunarsk dans lo goiivcTiiciiiciit d'Astriililian.
I'l'iulaiit l'hiver ils liaLitont les couCrécs de Seïtavka et de Khojetaïcvka
Uli Kûtchetaïevl;a sur l'Aklitouba et le Boi-ekelli ; en été, ils se traasliurtciit
sur la rive giniclie du Vidya, où ils unt ])our voisins, d'un
côté les Kalniuuks, de l'autre les Kirghiz de la hoi-de de lîuukéiev; et
vers la mer, dos paysans russes de la coiiruiine et les liabifants des cotes.
Ils se noiiuiieiit eux-mêmes Karagatchs, du mot kai'a-agatcli. qui signilie
arbre iioii'. lis sont d'origine nogaïs, comme beaucoup de leurs voisins,
avec lesquels ils viureiil, en 1740, dans les contrées qu'ils liabitent
aujourd'liui. ("était l'époque où, sur le Volga inierieur, se préparaient
lie grands monvements des peuples disséminés d'au delii de la Kounia et
dri Ivouban, vers le Volga, "et de ce dernier vers les deux flenvcs mentionnés
plus haut. Comme ces évéuements no sont pas encore très-anciens,
ils se sont coiisei'vés dans les diverses traditions des émigrés et
témuignont de l'intlucnce que snl)irent ces émigi'és transcoiibaniens dans
les contrées du Volga. Tis y vinrent, counno nous l'avons dit, en 1740,
ai)rès avoir quitté leurs anciennes habitations, accompagnés des Kalliiouks
Dindouk-Ombo (a])])elés ainsi du nom de leur prince), avec les-
(juels ils menaient une vie nomade sur les rives de l'Aklitouba et faisaient
le service de Kozaks. Eu 1770, après trente ans d'une existence nomade
commune, ils furent abandonnés par les Kalinoiiks qui, sons la conduite
de leur Idiau Oubacbi, s'enfuirent en Asie. Cette circonstance les plaça
entièrement sous le sceptre de la Russie, ii laquelle ils rendirent différents
services, ün les a soumis, dans ces derniers temps, au reci-utemcnt
militaire, dont ils peuvent toutefois se libérer au moyen d'une somme
d'argent, Conniie descendants directs des ti'ibns qui obéissaient autrefois
i\. Tcbinggliis-Xliau, les Tatars-Koundrovs sont mabométans cliiites; ils
se divisent, comme les Kirgbiz-Kaîssaks, en tribus et famille.s, et ont
comme ceux-ci leur cri particulier de gueri'C (ourang, espèce de mot
d'ordre), par lequel ils se reconnaissent quand il s'agit de se réunir en
t.]'ou|)es.
Tendant trente ans d'une vie commune avec les Kalmouks, beaucoup
de Tatai-s-Koundi ovs se sont mariés à des femmes kahnoukes. Un voisinage
immédiat de cinquante ans avec les Kirghiz de la Horde Intérieure, dont
beaucoup se sont aussi mariés à des femmes kalmoukes, produisit encore
une assez grande influence sur le caractère de la population; et comme, à
nue époque plus récente, ces Tatars choisirent de préférence leurs femmes
parmi les Kii'ghiz, le type koundrov est devenu presque tout il fait
kalmouk. (,)n ne voit que peu de familles offrant le type pur kabaixlin,
si j-emarquable par le nez droit, les yeux noirs et pleins de feu, les
épaules larges, la stature svelte et les mouvements légers et gracieux.
Les Koundrovs, aujourd'hui au nombre de i)lus de 11,000 toes (près de
7 , 0 0 0 hommes et plus de -1,000 femmes), ont, h. côté de leurs anciennes
moeurs, adopté, par suite des circonstances, beaucoup de coutumes et de
particularités singulières étrangères à leurs usages primitifs. Par exemide,
les membres des différentes tribus et peuplades ne fréquentent pas
d'aulj'es mosquées que la leur, tandis qu'ils se marient habituellement
à des femmes d'une autre tribu.
Les Koundrovs demeurent en hiver dans les deux gi'ands villages cidessus
nommés, bâtis tout à fait à la russe, et qui se distinguent seulement
par la disposition intérieure des maisons. Le titre de dief d'un
aoul ou ak-sakally (ce qui signifie en turc barbe blanche) est un reste
de raucienne oi'ganisation des Tatai'S. 11 suffit aujourd'hui de posséder
quelque richesse poui' obtenir cette dignité, qu'on retrouve aussi dans
tontes les tribus et familles.
Au printemps, dés que la neige a commencé à fimdre, les Koundrovs
conduisent, vei-s le milieu du mois de mars, leurs troupeaux au pâturage
et attellent des chameaux ou des boeufs à leurs arbas (grands char
i o t s ) , sur lesquels ils chargent tout ce qu'ils possèdent. Un pareil déplacement,
qui a lieu dans les tribus composées de plusieurs familles,
est en généi'al, pour le nomade un événement important dans sa vie
il cause du changement total d'existence qui en est la conséquence.
Cet événemeut se renouvelle régulièi-ement cliaque année h la même
époque, et le Kouudj'ov en attend l'accroissement de son bien-ûtrc. Ces
excursions le mettent en contact inunédiat avec la nature, et son iimo
s'éveille à une nouvelle existence. Celui ([ui ne connaît pas la vie nomade
ne saurait se faire une idée de ses charmes et de son influence
bienfaisante sur la santé. On comprend donc facilement que la plus
grande pauvreté puisse seule contr;iindre le Koundrov ii renoncer à un
pareil genre de vie et à s'engager comme ouvrier salarié. La levée du
campement se fait avec beaucoup d'ordre. En tète marchent les troupeaux,
premièrement les chevaux, puis les chèvres et les moutons. Viennent
ensuite les arbas chargés de Idbitkas, et dans lesquelles sont assis
les femmes et les enfants, tandis que les hommes, à clieval, forment
l'arrière-garde du convoi.
Les Koundrovs laissent leurs troupeaux au pâturage sur la rive gauche
de l'Akhtouba, et s'arrêtent quelques semaines à chaque halte avant
d'aller plus loin. Leurs kibitkas sont les mêmes que celles des K;ilmouks,
c'est-à-dire qu'elles présentent une haute charpente conique faite de
minces perches qui l'eposeni sur nue petite grille en bois. Elles ont en
haut une ouverture ronde et sont onticrenient recouvertes de feutre. Les
kibitkas, selon l'usage adopté chez les nomades, ne contiennent pas de
places séparées pour les femmes. Des collVes placés tout autour renferment
tous les ustensiles nécessaiies il. la famille. Les pasteurs, chaigés
de la surveillance dos troupeaux, se construisent des tentes avec des
porches qu'ils recouvrent de feutre, et auxquelles ils donnent le nom de
koch. Plusieurs centaines de familles ne rctoui'nent pas ou hivei- dans
leui-s villages, mais restent dans leur kibitkas, sans changer le lieu de
la résidence, qu'ils oui: choisie ])rincipalemcnt sur les côtes de la mer,
dans dévastés oscraies. Ils font seulement entrei', ii l'hivernage, les bestiaux
qu'ils peuvent nourrir avec leur approvisionnement de foin; les
autres sont laissés dans les steppes.
Comme tous les nomades, les Koundrovs sont remarquables par leur
paresse ; c'est d'ailleurs un ti'ait de caractère qui s'explique tout naturellement
par la chaleur insuppoi'table qui dessèche tout dans les steppes
et pi'édispose à une insurmontable apathie.
Leur noui-riture, comme celle de presque tous les peuples pasteurs,
consiste principalement en viande et en lait. L'usage du thé en tablettes
leur est venu des Kalmouks ; les plus pauvres se contentent de g.xlettes
de millet.
L'habillement ressemble en général îi celui do tous les Tatars; il est
cependant plus simple chez certaines tribus; tandis que chez d'autres
il rappelle les montagnai'ds du Caucase, leurs anciens voisins. Les fenunes
portent des pantalons étroits en étoffe de perse, des bottes ou des souliers
; leur chemise leur sert en même temps de jupon, et leur robe
ressemble tout fait au surtout des hommes ; le bcmnet est de forme
cylindrique, élevé, un peu pointu par le haut et garni de divers oi'nements.
Le bonnet des jeunes filles est souvent pareil à celui des hommes;
seulement il est plus petit, foun-é, gai'ui de velours et de soie par le
haut, et rappelle beaucoup les bonnets circassiens. Leurs danses sont
lourdes, sans grâce, et la musique est très-monotone. Le prix d'une
femme (kalym) varie, suivant la fortune du mari, de 50 jusqu'à 1,000
roubles argent ; somme exorbitante, mais facile à expliquer par les charges
qui ])èsent sur l'existence d'une famille, malgi-é la simplicité des moeurs
et les besoins bornés. Une famille composée do cinq personnes, si elle
veut échapper ii l'indigcncc, ne ])out pas dépenser moins de 100 rouble,s
argent par an pour les besoins les plus urgents, 11 faut en outre y ajouter
les imjjôts, qui s'élèvent à 20 roubles. Si nous jirenons la somme modiqne
de 335 roubles comme base des dépenses indispensables h l'entretien d'une
pareille famille, nous voyons que, pour l'obtenir, le Koundrov doit extraire
de son ti'onpeau quatorze animaux domestique.s et les vendre au
prix moyen de 25 i-oubles pour un chameau, 50 roubles pour deux
chevaux, 25 roubles pour un bri>uf, 5 roubles pour cimi chèvres et 10
roubles pour cinq niouions,
Les Koundrovs sont, comme IcsNogaïs, malpropres, mais hos])italieis.
Ils sont peu compatissants iioui' la |Ki.uvreté ot la misère ; et comme ils
sont d'assez tièdcs sectateurs du Koi^an, les nioullas jouissent de peu de
considéj-ation parmi eux.
Les Tatars-Yourtovs, définitivement colonisés dans les environs d'Astrakhan
et dont le nom provient d'yourte, ce qui signifie terre, lieu, séjour,
établissement, se nomment eux-mêmes Nogaïs et se disent de.scendants
de la horde d'Or, il laquelle Astrakhan doit son existence. J.eur nombre
s'élève à 10,000 âmes. Ils s'occupent do cabotage et sont eu général
laborieux, honnêtes, mais craintifs et fort crédules. On trouve parmi eux
des visages l'éguliers, et on en rencontre particulièrement de très-jolis
chez les femmes ; mais l'emploi des corps gras dont ils se frottent la
peau, et la chaleur du climat, les font vieillir de bonne heiiro. ];cur
as|)oct extérieur dénote une dignité calme. Ils i>arlent très-bien le russe
et ils aiment passionnément les jeux ainsi que la nmsique, qui consi.ste
chez eux en chants fort agréables.
J.es Tatars-Yéniechnis étaient autrefois sujets de.s mourzas (iirinces)
( a l a r s ; ils fui'ent émancipés plus tard par le gouvernement russe et réunis
aux Tatars-Yourtovs.
TATAHS DJ>:S MARCH fìs 1)10 HOUKHAIU<:; DE GHíLÍANE ET D'AdRYJANE.
Le nombre de ces Tatars ne s'élève pas à ])lus de 600 âmes; ils
sont les descendants de marchands de Boukhare, de Khiva et de Perse
appartenants h de différentes nationalités qui furent attirées vers le dixseptième
siècle, Astrakiian par des affaii'es de connnerce fort lucratives.
Ils se sont fondus, on adoptant les mômes moeurs et la même l'eligion, en
une masse homogène avec les Tatars-Yourtovs et avec ceux de Kazan, dont
les usages et le genre de vie sont aujourd'liui plus remarquables que l'origine,
Dans les premiers temps, il y avait entre eux des dissemblances
notiibles, surtout sous le ra])poi't religieux ; car les Eoukhai's et les Tatars
russes sont sommités, les Ghilianes (Persans), chiites, et les Agrvjaues
(fndous), adorateurs du feu; mais ces différences ont entièrement disparu
de nos joui's. I n mélange souvent réitéré avec d'autres peuples n'a laissé
à ces Tatars aucune |jhysionomic nationale. Ils sont en iiartie nomades,
en partie membres de la commuminté des marchands.
Nous comptons encore au nombre des Tatars d'Asti'akhan les Tatars
du gouvernement de Stavropol (province du Caucase), qui leur l'cssemblent
par leur origine, par leur mélange avec les Nogaïs, et aussi ù cause de
leur voisinage avec la tribu tataie ou turque des Karakalpaks, que nous
offrons ici comme appendice.
APPE.\D1CE.
KAPAKALPAKS.
L a patrie dos Karakalpaks ou Karapapakhs (bonnets noirs) est Pisthme
situé entre les mers Caspienne et d'Aral, appelé Ousst-Ourte ou Ousst-
Yourte, c'est-à-dire haut pays, et la contrée limiti'ophe des côtes du
sud-est et du sud-ouest de cette dei'nière mer. C'est un peuple qui probablement
a fait autrefois partie des anciens Klabouks noirs. Ils sont
musulmans, peu nombreux aujourd'hui, et font paitre leurs troupeaux
clans le gonvornement d'Astrakhan jusqu'à Kara-Yar (en russe Tcheruy-
Yar). Leur langue est une variété du dialecte turc ou tatar que parlent
les Kijghiz-Kaïssaks de l'ouest et les Khivins. Ils ont les traits du visage
réguliers, la peau très-foncée, ot ressemblent, par leur costume et leur
genre de vie, aux Kirghiz-Kaïssaks, dont ils ne se distinguent que par
leurs bonnets, qui sont de forme cylindrique, très-élevés, larges par le
haut et faits de peau d'agneau noir. Ils étaient autrefois gouvernés par
leurs khans; mais, dans le siècle dernier, ils ont été placés sous la domination
russe.
Ceux qui habitent le gouvei-uement d'Astraklmu n'y sont venus qu'en
1817, et no sont devenus réellement sujets i-usses que depuis 1827. Un
certain Mahomet Bektémirov, qui se disait Kirghiz-Kaïssak, arriva en
1817 dans cette contrée, et vint, au nom de quati'o familles composées
de 61 personnes, demander la permission de s'inscrire au nombre des
Tatars-Koundrovs, Ces familles avaient pi'obablement erré autrefois au delà
du fleuve Oural avec les Kii'ghiz-Kaïssaks de la Petite Horde et étaient
elles-mêmes des Kaïssaks de la tribu karakalpake. Ces gens allèrent
ensuite trouver la Horde Intérieure ou de Boukéiev ; mais, ne voulant
pas payer d'impôts, ils résolurent de se soumettre directement au tsar
de Russie. Les Nogaïs d'Yédissane et de Dmenbouloukov, au pied du
Caucase septentrional, consentii'cnt à les recevoir en 1830; mais ils ne
purent accepter cette oft're faute de bétail , et demandèrent qu'on leur
assignât des résidences fixes ot qu'on leur donnât la permission de se
livrer à l'iigriculture.
On trouve aussi des Karakalpaks dans le pachalik d'Akhaltsik (en
Transcancasio), qui sont venus des contrées du nord-est du Caucase s'y
établir Aors la fin du derniei' siècle. Ce sont d'habiles cavaliers et des
guerriers courageux.
TA'IWRS DIi K.\Z.-\N KT IVORENlUirRO.
Ces Tatars sont, poui- la plupart, les descendants des habitants du
royaume de Kazan, l^Iêlés en quelque sorte à l'élément finnois, ils
resident ])i-mcipalement dans les gouvernements de Kaz;in et d'Orenbourg,
i^ii nombre de 430,000 âmes dans le ])reniier ot de 250,000 dans le
-second. On on compte aui;si 105,000 dans le gouvernement do Samara.
85,000 dans celui de Simbirsk, 80,000 dans celui de Viatica, 50,000
^liins celui de Sai'atov, 45,000 dans celui de Penza, 37,000 dans celui
de Nijni-Novgorod , 35,000 dmis celui de .Perm, 13,000 dans celui de
•J'anibov , 5,500 dans celui de Uiazan , 3,500 dans celui do Pétorsbourg,
iiÛO au pays des Koi^aks du Don , 300 dans le gouvernement de Kostroma
300 dans celui de Moscou ; ce qui donne en somme une population
'lo 1.140,000 âmes.
l-^es Tatars do Kazan (sans y comprendre ceux d'Orenbourg, qui habitent
les gouvernements d'Oi'cnbonrg ot de Samara ot forment un groupe
particulier), ont la ville de Kazan pour centre nationale, et ils s'y agglomèrent
d'autant plus qu'ils en sont plus rapprochés.
Sans offrir précisément nue distinction réelle dans l'élément tiitar,
les Tatars de Kazan sont, comme nous l'avons'déjâ indiqué dans notre
courte préface historique, beaucoup plus civilisés que les autres, principalement
les Tatars-Nogaïs nomades. Les traits "de leur visage décèlent
moins l'élément mongol que l'élément turc; d'ailleurs, â Kazan
moine, ils se sont mêlés à d'autres races, do manière qu'il est difficile
de retrouver dans leur figure Ib pur type tatar. Quel(|ues-uns les divisent,
d'après leurs différentes iihysionomies, on quatre gj-oupes, savoir:
en Tatars purs; en Tatars mongols mélangés; en Tatars européens (mélange
de races tataro ot caucasienne) et enfin en Tatars mélangés de
sang tinnois. Les pommettes des Tatars do ce pjiys sont quelquefois
si larges, leur nez si camus, que tout le visage semble entièrement
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