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3(i P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
Pour la musique, accompagiicinciit obligó de cliaquc fôtc, on emploie
la balalaïka (espèce de guitare fort simi)!c à trois cordes, iustrument
véri tal) lomoiit uatioiial), mais plus souvent riiarmonica, ou bicu le goulok
ou goussli, sorte de harpe liorizoutalc. Les instnimeuts ii veut sout de
])lusiours cspòces : il y a ia dtnulka, sorte de flûte dont l'ouverture destiuóe
au son est si pròs de rembouchure qu'il faut la prendre dans la
bouche; puis la jéléika, la sipovka, le sopel, espèces de double cornemuse
; le svirel, sorte de sifflet en jonc ; ces divers instruments paraissent
d'origine grecque. Ou se sert aussi de la volynka, également
t r è s - r é p a n d u e en Petite-llussic et dans la Russie-Blmiche, et qui est
probablement d'origine iiiuioisc ou hongroise.
Pour le chaut, les garçons et les filles forraeut dos cercles à part,
sous la direction d'un chef do chant qni cède de temps eu temps sa
place à un autre (zapiévaio). Ce chant est assez monotone. Les hommes
s'interrompent souvent pour exécuter des danses très-originales.
Pour la danse, on forme un cercle au milieu duquel deux danseurs,
homme et femme, exécutent le trepak, danse nationale qu'on nomme
aussi prissadka et kazatchka; cette danse est véritablement russe, quoique
de caractère asiatique, et le Russe ne s'y livre que par amour pour la
dause en elle-même, sans se préoccuper aucunement de sa danseuse. La
danse russe n'était probablement, dans l'origine, qu'un mélange de danses
t a t a r c s qui consistaient en sauts précipites et en contorsions violentes, et
de danses bobéniicunes, au caractère sauvage et passionné, ressemblant
beaucoup aux danses des noirs eu Afrique. Mais la danse russe de nos
jours a son cachet poétique : c'est d'abord une certaine mesure et des
pas bien calculés pour faire ressortir la beauté des formes par une mimique
passionnée dans laquelle les caresses et les emprcssementi de
l'homme sont repoussés par la danseuse ; puis une danse finale en vis-àvis
(empruntée probablement aux Kozaks), d'une mesure très-rapide,
d'une grande vivacité de mouvement, et accompagnée de génuflexions
e t de gestes très-accciitués. Les pa.s de la femme sont petits et rapides;
elle tient les bras étendus et le mouchoir dans les mains : elle fait toutes
sortes de passes et de mouvements ondulés et gracieux. La danse est
accompagnée d'un instrument orné de clochettes, de rubaus bariolés, etc.,
e t nommé lojki, parce qu'il semble composé de plusieurs cuillers ; le danseur
tient dans chaque main un de ces instruments qui lui sert d'ornement
et donne du i-elief à ses mouvements, comme le mouchoir en donne
ÎL la danseuse. Le chant et la dause sont aussi accompagnés du tambourin.
Dans les villages plus opulents et plus animés, près des grandes
voies de communication ou dans les districts de fabriques, la danse
nationale ordinaire est moins en usage ; on l'a remplacée par des imitations
tout à fait singulières de la contredanse française. Dans quelques
contrées on voit aussi une danse nommée tchijik (serin), pendant laquelle
les cavaliers, conservant une physionomie impassible, la casquette
sur la tête et vêtus d'un long kaftan, la main dans la poche, circulent
eu cercle devant les dames, qui les suivent en chantant; à certains
accords de la musique , les cavaliers se retournent, ôtent leur
casquette, font un imperceptible salut et embrassent les danseuses avec
une tranquillité d'âme et de visage vraiment incroyable. Dans les villes,
surtout dans celles de quelque importance, on n'admet que des danses
européennes, contredanses, polkas, galops, valses, etc. Dans toutes les
b r u i t , d'emportement , mais aussi point d'animation ni de véritable
gaieté comme en France. A cet égard, toutefois, les habitauts des
villages se distinguent très-avantageusement du peuple des villes et
surtout des ouvriers dos fabriques. En effet, c'est surtout dans les
grandes villes, et ii l'occasion des solennités publiques, que la tranquillité,
le manque d'eiitrain, l'indifférence de toutes les classes se fout particulièrement
remai'qucr dans les promenades, aux concerts, aux illuminations,
etc. Tout le monde passe et repasse tranquille et muet, les
uns défilant devant les autres. C'est à ce propos qu'un étranger adressa
un jour il ses voisins cette question originale et caractéristique : t Quel
<est le personnage pour l'entci'rement duquel tant de monde se trouve
Outre la danse et le chant, il existe encore plu.sieurs autres jeux et divertissements
en grande faveur auprès du peuple des classes inférieures:
ce sont les balançoires, ])uis, eu hiver, les glissades sui- des montagnes
artificielles de glace, au moyen de petits ti-aineaux ou de simples nattes
d'ecorce. Il est encore un amusement très en vogue, nommé svaïka, qui
consiste il lancer dans un petit cercle do fer posé à terre un giaud clou
rond à téte épaisse et lourde. Ou nomme gorodki (du mot gorod, ville)
un jeu consistant eu un certain nombre do courts cylindres eu bois disposés
de façon que l'un d'eux soit placé debout au milieu ; autour de ces
morceaux de bois ainsi rangés on trace sur le sol une ])ctitc place carr
é e ; alors les joueurs se séparent en deux ])artis et jettent, en se tenant
une certaine distance, des bâtons ronds sur les petits morceaux de bois
pour les faire sortir du carré qui les contient: si l'un d'eux roule on dehors,
le parti qui l'a fait sortir se rapproche d'une demi-distance, tout
en continuant le jeu; la victoire reste, ou définitive, au pai'ti qui jette
adroitement le dernier morceau de bois hors du carré, et pour prix de
la victoire, les vainqueurs se mettent îi califourchon sur le dos des vaincus.
La désignation do gorod contient peut-être quelque allusion historique
ou allégorique; quoi qu'il en soit ce jou est vraisemblablement imité
du jeu de quilles, et le manque de boules et d'autres accessoires tout
in-éparés aura sans doute obligé de recourir à des moyens plus simples.
Un jeu très-aimé des petits garçons est celui des osselets (babki), l'un
des plus anciens jeux connus et répnndu dans tous les pays du globe.
Parmi les classes civilisées, les cartes ont ]'em])lacé tous les auties jeux;
elles sont devenues nou-seuloment une distraction, mais nue véritable
passion, souvent déjà très-dévolop])ée chez les jeunes gens, qui ne trouvent
rien de comparable à ce plaisir, sinon peut-être celui de fumer
des papiros. On en jugera par ce fait curieux que dans l'espace d'une
année seulement on transporte environ 6,000 ponds (240,000 livres) de
cartes à jouer par le chemin de fer de St-Pétersbourg à Moscou,
Ce qui manque aux jeux, aux plaisirs, aux distractions des Russes, c'est
le penchaut pour les exercices du cor])s, qui pourraient servir de contrepoids
énergique aux tendances à la dégérescence et à la mollesse qu'amène
ordinairement une civilisation ti-op i-aftinée. C'est dans leur goût
poui- l'équitation, la gymnastique, les exercices violents, (ju'il faut, sans
aucun doute, chercher les causes de la su])ériorité des Anglais sous
ce rapport. A vrai dire, le Russe n'aime avec passion, comme nous
l'avons dit, que les courses rapides eu voiture de toute espèce; à quelques
exceptions près, il ne connaît que peu on point la chasse, l'équitation,
l'escrime, la gymnastique, la natation, et les jeux qui exigent de la
force, de l'adresse; il manque pour cela de goût et d'élan.
L a médecine, et en général l'art de guérir, sont encore dans un
é t a t qui laisse beaucoup ii désirer parmi les populations clair-semées
de la Russie, à cause du manque de moyens de communication et surtout
en raison de l'esprit borné des habitants de la campagne, remplis
de superstitions et imbus des plus étranges préjugés contre les médecins
e t les médicaments qu'ils ordonnent. Ils ne se détaclient qu'avec peine
des anciens remèdes domestiques qu'ils vont demander à leurs znakhars
e t zuakbarkas, hommes savants et femmes savantes du peuple. Fort mal
prévemi contre les médecijis, le peuple a aussi une gi-ande répulsion pour
les liopitaux, quelque admirablement et pliilanthropiquement organisés
qu'ils soient en Ru.ssie. C'est là évidemment un reste des moeurs et des
idées qui existaient avant Pierre le Grand.
t r a v a i l , les campagnards ont bieii soin de les avertir ([ii'ils ne doivent
accorder aucune confiance aux médecins ni aux médicaments des blagoroduyié
(nobles ou civilisés), et qu'il vaut mieux pour eux rester fidèles
aux anciens moyens de guérison, pai'mi lesquels le bain russe est le l'cmède
principal et universel. Ce qui prouve à quel degré cette igjiorancc
et cette anti])alhie sont parvenues, ce sont les conte.s absui'des
qui se débitent à ce propos, et d'où il l'ésulte, suivant leur conviction,
qu'on fait bouillir les cadavres (jjeut-étj'C ont-ils ])ris cette idée à propo.s
des embaumements) dont les os servent à pi'éjiarei' des médecines, et
cnti'c autres l'huile de l'icin, dont l'u.sage est aujoui'd'hui très-répandu.
Les conséquences d'une telle supei-stitiou, d'une si pi'ofondc igu(H-ance,
dies négligées et de remèdes inefficaces on daugei-cux, il meurt beaucoup
de ])ersonnes qu'iui ti'aiteuicnt raisoiuié et conforme ¡\ la science
aui-ait pu sauvei', et ([u'on voit boancou]) d'individus atleints do maladies
chroniques, notamment parmi les Russes de la (Ij'audo-Unssie, d'ail