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•IDO P E U P L E S INDO-EUROPÉENS,
paye sa ])art du plaisir qu'il prend en société, ¡nais il ne fait pas les
honneurs ilc sa maison. Sous ce rapport, il ressemble plutôt aux autres
nations europécuiics, qui aiment à s'amuser, mais au moins de frais possible;
tandis que le Slave, surtout le Russe, ne regarde pas à la dépense,
pourvu que la société iui plaise et qu'il y puisse passoi- son
temps agréablement,
La liberté des rapports enti'C les deux sexes est considérée par les
Kozaks comme un ]iéché, de même que les réjouissances publiques telles
que la danse et le chant, divertissements auxquels ils ne se livrent que
))ien rarement diez eux, et qni ne sont, pour ainsi dire, tolérés que ])Our
les femmes d'une conduite équivoque. Les femmes et surtout les jeunes
filles de bonne maison considéreraient presque comme un crime do se mont
r e r dans les endroits publics affectés à des divertissements quelconques.
La plupart des maisons sont composées do deux cliambres séparées
par un grand vestibule, avec offices contigus. T.a maison d'habitation
est entourée de batimcjits ruraux tels qu'écuries, granges, etc. Tout y
oiïi'c l'aspect do la malpropreté, par la raison toute simple que, scion
l'usage russe, plusieurs familles vivent en commun dans une même maison,
et que le nombre des chambres dépourvues de diemiuécs n'a
diminué que dans ces dei'niers temps.
L a nourriture des KozaliS est frugale; mais, pour célébrer les jours
de fote, surtout en hiver, et sauf les temps de carême, les mets sont
plus abondants et consistent surtout eu volailles. Les jours ordinaires,
on ne se nourrit que de paiu et de gruau. Les Kozaks du Don supérieur
sont de gros mangeurs ; mais ils savent néanmoins modérer leur
appétit quand les circonstances l'exigent.
L e surtout que portent les deux sexes consiste habituellement en une
pelisse do mouton qui recouvre un long veiement de draji gris fait
par les femmes de la maison. Une fourrure recouverte de drap ou d'étoile
bleue, et une longue robe de même étoffe, sont déjà des objets
de Inxe. Les Kozaks qui sont au service ont des manteaux conformes
au règlement et des tchokraèns (kazakes). Autrefois, les femmes portaient
des sarafanes de coupe purement russe ; mais on remarque déjàdans
les stanit^as, eu été et les jours de fête, des vêtements de coupc
])kis allemande et de couleurs vives et tranchantes.
]je dialecte de ces Kozaks a beaucoup de rapports avec le russe,
surtout avec celui qu'on parle dans les gonvei'uements limitrophes du nord.
Les Kozaks du Don inférieur sont brnns et ont presque tous les yeux
n o i r s ; leur constitution ])hysiquc est peu robuste, mais ils sont vifs,
adroits, habiles cavaliers et excellcnt-s tireurs. Dès qu'ils entrent au
service, ils font preuve de la plus grande aptitude, se montrent cntrein
cnauLs et pleins de zélé; mais, habitués à une vie aisée, et môme un
peu gâtés sons k; ra])])ort de la nourriture, meilleure comparativement
que celle que reçoit le soldat on campagne, ils sou(fi-ent visiblement
d'iine contrainte et de privations ti-op prolongées, ainsi que des fatigues
excessives qu'on leur impose. Cependant, dans les cas extrêmes, ils sont
soutenus par l'abnégation et le sentiment du devoir, qui leur donnent
de la persévéï'ance et doublent leurs forces. C'est ainsi qu'ils deviennent
d'exccllcnts soldats et parviennent souvent à un l'apide avancement et
aux distinctions.
Habitues depuis les temjis les ])his reculés k un trafic continuel,
l ' e s p r i t mercantile n'est presque nulle pai't aussi étroitement lié à l'ospj'it
militaire que chez les Kozaks du Don inférieur. Ils s'occupent de
preference de petites industries et de pi-ofcssions manuelles, mais surtout
de la pèche et de la culture de la vigne; autrefois l'agriculture était
chose complètement négligée, car ils n'avaient aucun goût pour ce genre
d'occupation : ils étaient bientôt fatigués du travail et conséquemment
très-vite aussi gênés dans leurs moyens d'existence.
Les femmes dédaignaient les travaux des champs et s'occupaient de
préférence de coutuj'e, de broderie et môme du petit commerce de détail
sur les mai'cliés.
Les Kozaks du Don inférieur menaient et mènent encore une vie ])lus
joyeuse et plus large ; les deux sexes ne manquent pas de se faire voir
i\ toutes les fêtes et h tontes les réunions. Le jeu, les chants et la danse
sont leurs délassements favoris. J^-c luxe que les femmes affectent dans
leurs vêtoments remonte k des temps déjà anciens; elles sont d'ailleurs
trés-aimables et accessibles aux moeurs étrangères. Autrefois, une conduite
légère, notamment dans le mariage, n'était pas cliose rare parmi elles.
Les maisons des Kozaks du Don inférieur contiennent d'oi'diiuiire trois
chambres d'imbitation attenantes les unes aux autres, et un jietit vestibule;
elles sont rarement entourées d'autres bâtiments. Ainsi qu'en Petite-
Eussie, les chambres sont claires, agréables, propres, et les fenêtres
garnies de fleurs; tout est lavé, nettoyé, et l'on n'y trouve pas un grain
de poussière. 11 y en a même qui lavent l'extérieur do leui- maison
plusieurs fois dans l'année. Il y a déjà fort longtemps qno le tlié, le
café, le sucre, le vin et des comestibles importés de l'étranger sont on
usage chez eux.
Les Kozaks du Don inférieur ne sont pas grands mangeurs, mais ils
aiment à se bien noui'rir et s'entendent à pi'éparer les aliments délicats
même avec des ressources très-bornées.
Us dépassent aussi do beaucoup les Kozaks dn Don supéi'icur par la
ricliesse de lonr costume, leurs femmes se font surtout remarquer sous
ce rapport. Jadis les fouîmes tclierkasses de toute condition avaient un
costume particulier de coupe semi-asiatique, nommé knubélok, que les
])crsomies de la classe aristocratique n'ont cessé de porter qu'au commencement
de ce siècle. Ce costume, ti-ès-peu gracieux, exigeait nécessairement
des étoffes de soie, et aucune femme kozake, quelque pauvi'o
qu'elle fût, ne pouvait paraître en public autrement qu'avec cet accoutrement.
Le costume complet coûtait fort cher. Depuis dix ans environ,
les femmes kozakcs du Don inférieur ont tontes renoncé à leur habillement
national pour adopter les vêtements européens, qui donnent iilns d'atti-ait
à leur extérieur; d'antant mieux qu'elles sont pour la pln])art remarquables
par la beauté du visage et l'élégance de la taille, et qu'elles se
distinguent ])ar l'aisance de leurs manières et le bon goût de leur toilette.
L e dialecte rappelle beaucoup celui de la l'etito-Hussie, et l'écriture
en reproduit les mêmes anomalies. Les Kozaks du Don qui habitent
les stanilsas immédiatement situées sur la frontière do la Petite-Russie
s'expriment avec un accent particuliè]'cment pelit-ru.ssicn, tandis que
chez ceux qui résident plus près des gouvei'uemcnts de la Grande-Russie,
le langage se ressent du voisinage de ces contrées. Cependant-la fusion
des deux idiomes finit par produire nn dialecte mixte généralement pnrlé
aujourd'hui par presque toute la noblesse des contrées sni)éi'icures ot
inférieures du Don, sauf quelques légères nuances do prononciation.
11 est difficile de déterminer aujourd'hui une limite précise entre les
Kozaks du Don supérieui' et ceux du Don inférieur. Autrefois ce dernier
nom n'était porté que par les habitants de Tcherkassk, et ils désignaient,
ainsi que nous l'avons dit plus haut, par le sui'noni de Tchiga
tous ceux qui demeuraient dans les stanitsas supérieures. Au-dessous de
Tchei-kassk il n'y eut pas d'abord do colonies kozakcs ; celles qui y
f u r e n t organisées par la suite soi'taient de la ville de Tcherkassk même.
Aujourd'hui, eu tenant compte de certaines dissemblances extérieures
dajis le langage et les moeurs, on peut appeler Kozaks du Don inférieiu'
propreuiont dits les habitants des stanitsas Stai'otcherk-asskaïa, Ki'iviansk
a ï a, Akssaïskaïa, Alexandrovskaïa, Gnilovskaïa et VélizavétoYslcaïa. Il
faut comprendre aussi dans ce nombre les hai)itants de Novo-Tchcrkassk ;
cai-, bien que cette ville ait été dès sa création également peuplée do
Kozaks du Don supérieur et ijiféj-ieur, le second de ces deux élémeufs
n'en pi'it pas moins un ascendant marqué sur l'antre, cinquante ans .environ
aju-ès la fondation de la ville.
J / e x i s l e n c c de tant d'éléments hétérogènes pai'mi les Kozaks du Don
s'explique, nous l'avons dit, pai- l'afilnence nomlirouse ot continne d'émigrés
de toute espèce qui, fuyant l'op])rcssion des seigneurs, vinrent ilc
l'intérieur de la Russie sur les bords du Don, vers le commencement dn
dix-huitième siècle. C'est pour cette raison autant que par leur i)|)|)osition
constante aux reformes elfectuées à Moscou que la ¡¡lupai't dos Kozaks
du Dou ont non-seulement conservé leurs anciemics croyances et refusé
de reconnaître la réforme l'cligieuse inti-oduite ])ar Nikon, mais ((u'ils
ont même laissé s'établii' chez eux une quantité de sectes liérétiqucs.
Disons encore, ])0ur conclure, que les simples Kozaks jouissent eu
géné]-al de gi'ands avantages en ce qni touche la propi'iét,é et les droits
])ersonnels; mais que les officiei's et les fonctionnaii'cs, on pour mieux
dire les pi'opriétaii'cs nobles, souvent fort i-ichcs mais soumis aux règlements
du i-égime kozak, commencent à désirer un changoment dans cet
é t a t de choses qui leur semblait naguère encore le but ardemment ambitionné
par eux de leur indépendance et de leur libei'lé.