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P l i ü P L E S OURALO-ALTAÏQUBS. 21
siiii-est jusqu'au gouvci'noincnt de Sam ara et (rOroiiboiiii,'-, oii on les
remnrqiio le plus, parmi les Teptiars, (¡ans le ilish'ict de liirsk. Ils se
disiiliguent de leui'S voisins, principalement des Tcliérémisses et dos 'l'atai-s,
par leurs nianirs, leui' gein-e d'existeiicc, leur vie douicstiiiuc et leur
écdiioiuio rurale. C'est un pea])le à inoilié sauvage, supei-stitieiix, mais
intègre et assez laborieux; son caraetère est fougueux et opiniâtre. Fidèlement
attaché aux coutumes de ses pèiw, il eraint l'apiiroclie des Russes,
(¡ni, |)lns civilisés que lui, se distinguent |iar nue |diis grande propreté
et un meillenr ari-aiigcment dans leurs liobitations.
D'api-i'S leurs uioeui's et leur genre tie vie, les Votiaks du gouveruenicut
de Viatka se divisent en trois trilms cjui se distiiigiiciit d'inie i'a(,'nii
assez traucliéo les unes des autres, Les ti'ois tribus sonf, : les Votiaks
ni!tlmyJsko-sarai)oulskis, Votiaks glasovsko-sarapoulskis et Y(]tialcs yélalioiijskis.
Les premiers ont cou,serve |)lus (pie les autres leur langue et
leurs ancien 11 es moeurs, et sont excessivement maI|)ropres. Les Votiaks
glasovsko-sarapoulskis ressemblent déjà beaucoup aux Russes, d'après leur
extérieur et leurs moeurs. Leur langue est i-emplie de uu)ts i-usses. —
Les Votiaks yélaboujskis se sont rapproelié.s des Tatars par la langue,
le costume, etc.; leurs demeures sont très-sales.
Les Votiaks sont de taille plus élevée rpie les Zyrianes leurs voisins,
et ont connue ceux-ci la chevelui-e d'un blond vif ou roiigeiUi'e, et les
yeux clairs.
La vie domestique des Votiaks est absolument insu|ii)ortable à fous
ceux- qui ont quelque liabifude de la iiroju-eté. En hiver, ils habitent
de grandes maisons de bois, péle-méle avec les veaux, les chèvres, les
moutons et les poules; au printemps, ils vont demeurer dans les bâtiments
d'exploitation des fermes, où l'on voit nuit et joui- brûler dans
lu cour un grand feu sur lequel est siispeiulu un chaudron oii ils prépai'ent
leur nourriture habituelle, c'est-à-dire du gruau aveciin morceau
de boeuf ou de mouton pourri; ils aiment aussi les lièvres et les écureuils
séchés, dont la chair et les os sont |)iilvéi-isés.
Leui-s pi-incipales occupations sont l'élève des •iibeilles et la chasse aux
écuroils, dont ils font un gain considérable.
Avant rouvertni'o des travaux de la cam])agnc, les Votiaks ont une
semaine entière de fêtes pour lesquelles ils préparent des boissons et
des c.omestibles. Mais, à dater de la fenaison jusqu'à la fin de la nioi,sson,
tous ceux qui sont capables de travailler ne (¡uittent les champs ni
jour ni mut; les vieillards et les enfants seuls gardent les maisons. Par
mesui-e de précaution, ils bâtissent leurs greniers en dehors des villages,
e t tâchent de les remplir poui- deux ou ti'ois ans de provisions (pi'ils
ne mettent jamais en vente, pas môme aux époques de l'enchérissemeiit.
E n hiver, ils battent le blé et tressent des sacs et des nattes (d'écorce
d ' a r b r e , principalement de celle du. tilleul) universellement employés en
îlussie. Chaque saison est poui- eux l'occasion d'inie occupation quelconque,
soit la chasse, soit toute antre, et il est i-are de voii- un Votiak
oisif; en sorte que chez eux personne n'est l'écllement ))auvi-c et que
beaucoup d'individus, an conti-aire, sont dans une grande aisance.
Habitués à leur l'ude climat, ils se vêtissent légèrement ])ar les
froids les plus rigoureux, et ne suivent pas en cela l'exemple des
•Russes et des Talai-s; ils ne i)(]rtent alors que de coui-tes pelisses descendant
jusqu'aux genoux, et par-dessus un ])etit kaftaii de tuile ou de
demi-ilrap.
Les Votiaks sont rem])lis de superstition. S'il survient quelque malh
e u r , ceux qui n'ont pas reçu le baptême offrent des sacrifices au génie
du mal, et â cet efî'et, on tue une oie, un canard ou un veau; ils les
cuisent dans un chaudron oîi chaque assistant puise quelques cuillerées
de bouillon qu'il jette au feu, après quoi on consomme la viande; et c'est
ainsi que se termine la céi-émouie.
L a langue assez harnionieuse et peu connue des Votiaks passe pour
t r è s - p a u v r e et à peine suflisante pour désigner les objets les plus indis-
])ensabIos. Dans leur langue, les Vutiaks se nomment Ough-mourte ou
Oiiil-moiiitc. Quoiqu'ils n'aient pas tic poesies traditionnelles, ils ont nn
goût promuu-e poni- le chant. Ils cliaiilent assez gcneralcment tout ce
qui s'offre il leur vue; mais souvent il y a peu ou point de sens clans
ces improvisations.
Nous mettons au nombi-e ilcs Votiaks environ 6,000 Bcsscrmaines
vivant liissémines parmi eux et liout l'oiigine est incertaine. On ne peut
lias en effet decider d'une manière positive si cette peuplade est finnoise
ou tatare.
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P E U P L E S OUGlîlENS.
Les peuples que l'on nomme ougi-icns ou ougriques, c'est-ii-dire les
Vogouls et les Ostiaks, descendants des anciens Ougriens, avec lesquels
les ¡Madjars on Madgyars (eu liongrois Magyars) ont aussi une parente
assez rappi-ochéc, habitent la partie septentrionale des monts Ourals et les
contrées de l'Obi et l'irtycli.
VOGOULS.
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Ce peuple, qui a presque eutièrement disparu de l'Eui'ojie, et qui
s'étendait autrefois d'avantage vers l'ouest, ne compte pas aujourd'hui
plus de 7,000 individus, lesquels habitent ¡¡rinciiialement le versant oriental
des monts Ourals jusqu'à l'Obi, — pas au dehV de l'Oussa du côté
du nord; et vers le sud, pas ])Ius ioin que la Tchoussovaïa. Ceux que
l'on nomme Ostiaks de lierézov doivent être une ti-ibu vogoule qui ne
se distingue des Vogouls de Teliei'dyne que iiar le dialecte, mais qui
ililVère i)his essentiellement dos Ostiaks de la Koiida et de l'irtycli, lesquels
se désignent eux-mêmes sous le nom do Uondo ou de Kliondo.
('eux do Tcherdyne, jadis ])lus nombreux h l'ouest do la chaiiie des monts
Ourals, vivent actuellement presque exelnsivement à l'est, près des sources
tle la Jjosva, lu'i ils furent transportés par l'imiiératrice Catherine II.
Ces contrées étaient précédemment habitées par les Vogouls de ta Sosva
se Ilten tri on aie.
Los Vogouls, jadis sauvages et turbulents, qui se trouvaient autrefois
<lii coté do l'Asie et se lunumaient Mansy, sont devenus jiaisibles et soumis
'lq»ns laeonquêto de la Sibérie, et, pour !a plupart, font depuis idus de
ccnt ans profession de la f(d chrétienne, ([uoiqu'en i-éalité ils no soient
'•'»•étions ([ue do nom. Leur existence isolée et leur état perpétuel de
^¡'galiondage leur ont donné un caractère ilissimulé, farouche, disposé à
'•osistauce et déliant à l'égai'd des éti'angers, qu'ils servent cependant
bonne grâce et avec dévouenieiil. lorsqu'on les ti-aite avec justice et
humanité. Ceux des Vogouls qui sont moins civilisés sont plus gais et plus
vifs que la jibipart des peuples finnois. Les Vogouls du sud ont pi'osqiie
comiilétenient perdu leur nationalité, et il paraît qu'il n'existe plus de véritables
Vogouls que sur la l.osva et le Pélym. Ceux de la Losva inférieure
et de la Lobva ne le sont plus que de nom. Sur le Vychera il n'y a
([110 ]ieu de Vogouls, encore sont-ils niélangés avec d'autres i-aces.
Le Vogoul ne redoute aucune peine, sans cependant les rechercher.
Essentiellement cliasseur, l'hiver est pour lui l'époque du travail et des
liéiiéliccs. 11 poursuit un animal durant des journées entières, et lorsqu'il
est parvenu à le tuer, il n'en consomme qu'une partie, celle qui est absolument
nécessaire h sa subsistance, cache le reste et ne revient chercher
son butin qu'après la chasse terminée; ])uis il se remet en-route pour
recommencer de nouvelles courses. En été, le Vogoul ])réfère ie repos,
e t ce n'est que dans des cas extrêmes qu'ils se décide à aller s'établir
avec sa famille sur le boid des fleuves, pour se livrer à la pêche et
chasser les oiseaux. Le Vogoul est taciturne, on observe rarement en
lui les signes de la satisfaction et du plaisir, et même lorsqu'il danse,
animé par le tabac ou l'eau-de-vie, il conserve l'expression sérieuse
habituelle â sa iihysionomie. Cependant on ne l'entend jamais, comme les
Sainoïèdes et les Ostiaks, se ])laindre pour des choses de peu d'importance.
Ses lèvres serrées, son regard profond et sombre, indiquent énergiquemeiit
un caractère intraitable.
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