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font
PEUPLES mnO-EÜROPÉENS.
[lite venir vers eux cette jeune lille qui porte sur lu tòte un tamis
rempli (le raisins de Coriutlie. T1 y a aussi en Silierie îles seetaires
nommés pravovcrtsy (ce (|ui signifie (lent la ernyanee est juste); et
il'anti-cs encore, les teliouvstvcnnlks (nui sont sensibles), il'après l'ojiinion
desquel s le Christ se manifeste par le sentiment. Vivant dans le eéliliat,
ils se. livraient eux-mêmes aux flammes (lu bùclier, ce (in'ils font encore
p a r f o i s de nos jours, avec accompagnement de cliants religieux et sans
(|ue la douleur ]iuisse leur arraelicr un seni cri, un seul g(imisscment.
C ' e s t ainsi (pie, anx environs de la ville de ïuniéii, il.ms la Silnirie
o c c i d e n t a l e , mille sept cents personnes prirent la résolution de se laisser
1,râler ensemble, avec un eccl.-siasti(|ne nommé Don,étian. De nombreuses
c o m m n n a n t é s de raskolniks se formèrent aussi dans diverses contrées de
la Russie d'Enrope: elles s'établirent antonr (les couvents qui leur avaient
donné naissance, et lenrs relations, surtout avec les Kozaks du Don et
dn Volga, devinrent bientôt trés-étendnes. l.es sièges les plus nombreux
e t les plus importants de la doctrine du raskol se trouvaient alors dans
le gonvernemeiit de Nijui-Novgorod, sur le fleuve frgliiz, et dans le
g o n v e r n e i n e n t de Saratov, d'oii le raskol se répandit dans tout le midi
e t pénétra jusqu'au Caucase.
L a première secte on le premier tolk principal de la bespopovclitcliina
f o r m a i t le pomorski tolk (sur le rivage de la mer), autrement dit la dan
i l o v c l i t e l i i n a , au gouvernement d'Olonetz (provenant principalement des
f u y a r d s du couvent de Solovetsk), dans la contrée de îiovgorod et de
Pskov, et dans les provinces voisines de la Suède et de la rologne.
C e t t e secte ne représentait, il son début, aucune nouvelle doctrine et se
c o n t e n t a i t de rendre hommage aux opinions des raskolniks eu général.
E l l e fit aussi, Moscou et aux environs, des prosélytes dont les premiers
v i n r e n t du couvent des ermites (skite) de Danilov, sur le fleuve Vyga.
second tolk principal, la féodossiievchtchina, formée essentiellement
Moscou et dans les environs, en l'année 1708, sortit du sein mémo
de la (lanilovchtebina. C'était la secte la plus nombreuse de toutes;
elle comptait beaucoup d'adeptes dans les grandes villes et même à
l ' é t r a n g e r .
f^e troisième tolk principal se nommait la pliilipovclitchina. Cette secte
r é u n i t beaucoup (le partisans dans la contrée d'Arkhangel et en Karélie.
lille se distinguait des autres en ce que, parmi ses adeptes, la privation
v o l o n t a i r e de nourriture et le suicide par combustion étaient principalement
pratiqués. A cette catégorie appartiennent encore diverses subdivisions
chez lesquelles domine avant tout le principe de la résignation
et des tortures volontaires.
L a bespopovcMchina, surtout la secte des stranniks, est très-hostile
à l'Eglise orthodoxe et à l'Etat. En effet, son principal dogme consiste
dans cette conviction que l'Eglise russe croit à l'Antéchrist, que celui-ci
a déjii fait son apparition et agit soit visiblement, soit invisiblement,
p a r l'iiitennêdiaire des autorités civiles et ecclésiastiques. Les pomoranes
seuls prient pour le tsar; mais ni eux ni aucune des autres sectes de
la bespopovchtchiua ne prient pour l'Eglise. Bien que soumis en appar
e n c e il la législation du pays, les partisans de la bespopovchtehina et
s u r t o u t les stranniks croient accomplir un devoir en éludant la loi et en
menant une vie errante ; le nom même de stranniks signifie errants, fis
c o n s i d è r e n t tous les orthodoxes comme des démons avec lesquels ils ne
v e u l e n t avoir aucune communication ni pour la prière ni pour les aliments.
Dans la bespopovchtchiua ou compte encore la remarquable secte des
s k o p t s y , qui se mutilent Tolontaircment en se retranchant les parties
s e x u e l l e s ; et celles des malakanes et des doukhoijortses. La première
a p p a r t i e n t , sous le rapport de !a doctrine, aux sectes qui prêchent la
dimlenr et la mortification de la chair ; les deux autres se sont formées
pins tard.
Les skoptsy, pour justifier leur système de mutilation, se fondent sur
c e r t a i n s passages du Nouveau Testament qui, mal compris et faussement
interprétés, peuvent en effet servir de prétexte à cette déplor
a b l e erreur, fis croient (¡ne le paradis descendra sur la terre lorsque
l ' h u m a n i t é entière se trouvera dans cet état de mutilation; que leur
a p ô t r e , sous le nom de Sélivauov, erre continuellement au delà dn lac
B a i k a l , afin de rassembler nu jour t(
les partisans de la secte, de
r é g n e r sur la terre et d'y répandre la ]i
e t la félicité éternelles, l'oiiriftiliés
s u i v i s p a r le g oî uuvvcernnue me n t C(
il une secte immorale, ils
c h e r c h e n t il obtenir, ]
lar l'intlueiicc des capitaux considérables dont if'
disposent ~ car dans
les grandes villes beaucoup de bijoutiers, d'orf
é v r e s et de marchands d'or font partie de cette secte
t o l é r a n c e qui cependant ne s'étend jamais jusqu'aux i
c o n t r e lesquels on sévit rigoureusement. Bien que moi;
les antres sectes, aucune n'est plus
l ' o i i é r a t i o n douloureuse qui fait le p
s e e t a i r e s s'accomplit chez eux avec
l a mutilation du chef de la famille
iils, et ce délai a évidemment pour
s e r v a t i o n de la fortune dans la mé
aussi que ce sont des étrangers qui
sans que pour cela le mari soit ir
vais ménage. l..a croyance et le c
Line certaine
aux adeptes,
aibreuse que
rvide de prosélytes que celle-ci, et
•incipal objet de la doctrine de ces
une remarquable habileté. Parfois
n ' a lieu qu'après la naissance d'un
but matériel de perpétuer la conne
famille. Mais il arrive souvent
r e m p l i s s e n t les devoirs conjugaux,
•lté contre sa femme et fasse maii-
Ite divin des skoptsy respirent un
t i e n .
d o u k h o b o r t s e s n'ont
s e n t i m e n t ardent et exalté (l'espérance et de rési!
Ainsi que nous l'avons dit, les malakanes et h
p r i s naissance que plus tard, probablement vers le milieu du siècle préc
é d e n t , et présentent un contraste frappant avec tontes les autres sectes
c o n n u e s ; car, contrairement à celles-ci, ils n'attachent point d'importance
il la forme et n'accordent aux sacrements qu'une valeur spirituelle ; se
r a p p r o c l i a n t en cela des idées protestantes, en basant toutefois ces idées
s u r les traditions de l'Eglise grecque. On leur a donné, dans la langue
v u l g a i r e , le nom de skakouny (sauteurs), à cause de la singularité
des sauts qu'ils font pendant l'office divin pour se procurer une agitat
i o n convulsive qni les mette en état d'invoquer avec succès le Saint-
E s p r i t qui vit en eux. Il est vraisemblable que des notions religieuses
d ' u n e époque antérieure se sont confondues dans leur esprit avec d'aut
r e s venues de l'Occident. Bien que rapprochées entre elles par l'ident
i t é de leurs dogmes, les deux sectes des malakanes et les doukliobortses
d i f f è r e n t néanmoins sur certains points, et vivent môme l'une vis-iVvis
de l'autre dans un certain état d'hostilité. Les malakanes (du mot nioloko,
lait) sont originaires du gouvernement de Tambov; ils se nomment
eux-mêmes istcuyié-khristiané (vrais ehrétiens); ils sont surtout
f o r t nombreux en ce moment près du fleuve Malotchnaïa, entre les colonies
mennonites et les Tatars-Nogaîs du gouvernement de Tauride.
On pense que les doukliobortses (les champions de l'esprit ou peut-être
les vainqueurs de l'esprit) proviennent directement des malakanes; ils
sont d'ailleurs répandus dans toute la flussie, et leur doctrine contient
u n système complet de mysticisme et de théologie rempli de grandes
e logique serrée. 11 est à remarquer que les disciples de
lit toujours été des gens personnellement libres et qu'on
ipté de serfs parmi eux. Un de leurs principaux apôtres,
même temps leur chef, fut, an commencement de notre
i r t a i n Kapoustinc, sorte d'anabaptiste qui avait d'abord
et d'ui
c e t t e secte e
n ' a point cor
qui était eu
s i è c l e , un c
p r ê c h é pendant de longues années, et finit par former sur la Malotchn
a ï a un petit Etat tout il fait théocratiquc, composé de neuf villages
e t fondé sur des hases chrétiennes, mais gnostiques et purement communistes.
Par sa position et son indlviduiilité môme, Kapoustiiie avait
la pins grande ressemblance avec Jean de Leyde, grand maître des aiiaidécs
h a p t i s t e s à Jfunster, et les dogme:
dans lenrs principes fondamentaux
a n a l o g i e incontestable avec ceux d
•eligieux des anabaptistes ont i
jinoii dans leur développement
d o u k h o b o r t s e s .
f , a sccondc division principale des vieux croyants qui se
o n v e r t e m e i i t îi la saite des réformes religieuses de Nikoii,
c h t c h i n a , diffère peu de la bespopovchtchina et olfre égalenu
s p e c t a c l e d'hérésies bizarres et d'un attachement nuil raisouin
e x t é r i e u r e , bleu qu'elle soit infliiimont moins hostile il
l ' E g l i s e nationale que ne l'est la bespopovchtehina. La docti
de base îi cette secte et qui forme eu même tenijis la diffé
tielle qui la sépare de la bespopovchtchina, ne s'est pas fix.
t e m e n t , mais quelque tcm|is seulement a]irès sou apparitioi
m i e r s prêtres de cette secte faisaient iiartie de ceux i|ui ;
l ' o r d i n a t i o n avant le jiatriareat de Nikon ; ci
b e s p o p o v c h t c h i n a , ni la consécration de ceu:
p o s t é r i e u r e m e n t il cette époque, n
rii-sse. Dans l'origine, la dillercnce entre
s i s t a i t extérieurenieiit (|u'en un seul point
c o r d a i t le droit d'administrer les slicreiui
i e r s embrassé sa duciriue, tan I
i n l f e s t a
la popovit
le triste
il la tonne
H t a t et a
ne qui sert
enee esseii-
; inimédia-
L e s preuit
re..n.
l u t r e
uits à
a v a i e n t le
c h t c l i i n a k
le lu
elle n'admit, ce
Ili embrassèrent sa
s a c r e m e n t s de l'EgI
e t l'autre secte ne ci
it que la iiremière i
cous des prêtres (
bespom
(|U
l e u r refusait. 'Tous les l.rétres de la popovclitcbiiia ordo
. l i
PEUPLES INDO-EÜROPÉENS.
a v a n t Nikon étant morts, la secte se décida choisir des prêtres parmi
ceux qui étaient sortis volontairement du clergé ou qui en avaient été
ex|]ulsés et qui n'avaient été consacrés que plus tard, après la réfurme
de Nikon. 1,C3 doctrines de la popovehichina se manifestèrent simullnnénient
en plusieurs endroits, surtunt près de Nijni-Nov.gorod, sur le
Don, le fvouban, etc., et même, en l'année 1098, dans les moiitaguos
du Caucase, au ilelii, du Térck, dans la grande et la ]ietite Ivabardab.
Au eomineneement du dix-buitiènic siècle, un gi'aiid nombre de strélltses
( s t r e l t s y , tirailleurs) exilés importèrent cette doctriiic dans le sud-est do
l a fiussie. Celle imiovatioii occasionna des troubles à la suite desquels
Ignace Nekrassov, qui en avait été le iirineijial instigateur, prit la fuite
avec une troii|ie de sectaires (lui se soumirent d'abord im khan de
Crimée, puis, eu 1777, au sultan des Turcs, et qui ne sont rentrés en
p a r t i e dans leurs foyers que de nos jours, 'fous les membres séparés de
la secte restèrent constamment eu comiminication avec ses deux eenties
p r i n c i p a u x , Starodoub ot Viieika (faisant alors iiartie de la Poliigne).
Déjii, à la fin du dix-septième siècle, une église iiriiicipale de ce rit
avait été bâtie pour la secte dans cette dernière localité, et vers le
milieu du dix-huitième siècle, 40,000 adeptes s'étaient groupés en colonie
autour du lionceau temple. C'est notamment depuis cette époque
(|ue beaucoup de piètres apostats de l'Eglise orthodoxe furent reçus
dans cette secte et que la popovchtchma se subdivisa en un grand
nombre de sectes séparées dont celle de Viietlia, nomniéc viietkovskoïe
soglassié, se dislinguait iiettement |iar deux particularités : une huile
cousacréc d'une façon toute .spéciale, et la prohibition du suicide par
les flammes. En outre on donna l'autorisation de ]ieiudre des images
s a i n t e s , d'après l'ancien modèle, il des personnes qui ne faisaient point
p a r t i e de la secte ; on mangeait, on buvait, on se baignait en commun
avec les orthodoxes. En Sibérie surtout, la popovelitchina fil beaucoup
de iirosélytes, et au comniencenient de ce siècle elle comptait dans les
seuls gouvernements de Perm, d'Orenboiiig et de Tobolsk", plus do
150,000 adhérents.
L a popovelitchina n'ayant pas (l'cvêques pour conférer les ordres ecclésiastiques,
et reconnaissant la gravité de cette diflîeiilté, cherche touj
o u r s il attirer à elle des prêtres orthodoxes destitués de leurs fonctions,
eximisés dn clergé ou qui l'ont abandonne par une retraite volontaire.
A la popovelitchina se rattachc aussi par un lien ,1e commune origine
la secte des yédinovcrtses (c'est-iVdire qui ont la môme croyance)
ou, si l'on s'en rapporte au nom qu'ils se donnent eux-mêmes, les blagoslovennyiê
(bénis), appelés aussi habituelleinent staroobriadtsy et starov
é r y , iionr les distinguer des raskolniks en ¿ n é r a l , c'cst-ii-dire do toutes
les autres sectes. Cette sccte est celle qui s'cearte le moins du culte orthodoxe
; elle a des églises reconnues par l'État. Il n'y a véritablement
ancune différence essentielle entre la doctrine des yédinovertses et l'Eglise
russe orthodoxe ; celles qu'on pourrait signaler n'ont rapport qu'il des cércmunies
et ii des usages symboliques dont nous avons déjiY fait mention.
A u j o u r d ' h u i , le gouverucmeiK a cessé d'exercer contre les sectes des
fioursultes qui fortifiaient leur opiniâtreté et augmenlaieiit le nombre
de leurs ade[)tes. f,'Eltat tolère les sectes, font en punissant, dans les
cas isolés, toute infraction manifeste anx lois dn pays. Les progrès de
la civilisation et la coiniaissaiice, de jour eu jour plus ré|iandue, de la
l e c t u r e et de l'éeriinre, femut recraniaitre inseusibleineiit aux adeptes
eux-mêmes l'absurdité de ces sectes en li
lement un terme.
Ces ;nts si mbrcux et d'nn caractère si
45
t r a n s m i s par
tr.adition de la mère à l'enfant, des vieillards aux jeunes hommes, sont
r e s t é s jusqu'il ce j
ivés dans l'esprit dn peuple russe et forment,
pour ainsi d
la littérature orale et nationale de la ela.sse illettrée,
s e perpétuant de si
Russie civilisée. Ce
!cle en siècle il côté de la littérature écrite de la
! monuments si divers de la littérature populaire
e t : l e t t r o n t naturol-
On trouv(
liées et emifondiies dans l'esiirlt des Russes, à côté dosons
plus saines
lu'i\iugés et de superstitious,
il nue anti(|uité très-reculée oi
llucnce des ^'ormands, des Grecs,
c i r c o n s t a n c e s politiques et social
r t l'ignorance q
e t religieux. C,
telleci nelle et n
fund ne m.,i,„„
religieuses, toutes sortes d'o|iinions bizarres, de
•estes snraunés d'idées qui remontent
qui ont été iiitrudniles soit par l'iii-
(les Finnois et dos 'l'atars, soit par des
; s , soil môme ]iar la indesse des ntauirs
eu était inséparable sons le rappori matériel, moral
i'orl,-ge de superstitions foinie dans la vie intime, in-
-ale des Russes, nu monde tout à fait il ],art dont le
US d'ime certaine iiot
C'est toiit un systime
classes infé
"Huit, tout lin ebaop
liarmonie avec les ti
il mettre (
iges, (lo sonveni
es antioeeidenla
f ses u t ime n t s mo r a u :
, particnlièromeul
u , pour liai 1er ]ili
de elioses siiniat
du peuple iirsse i
!sse d'iniaginatii
r é u n i s s e n t ii la fois, dans iin ensemble plein d'intérêt, des cha„.„,„
(pelisni), des proverbes (poslovltsy), des sentences (pogovorki), des paraboles
(iiritchitanié), des conjurations magiques (zagovory), des énigmes
(zagadici), des fables (bassin) et des contes (skaski). Intimeiueut liés palla
forme et le fond à tous les autres monunienU de la langue du jicnple,
ces monuments olìient beaucoup de charme soas le rapport artistique et
ont aussi une grande valeur ethnographique. Ces traditions et ces images
v é r i t a b l e m e n t populaires dénotent bien, par l'absence de toute prétention
e s t h é t i q u e - e t par la pureté des sentiments moraux, l'esjirit naïf ainsi
que la langue naturelle et pnre dn peuple, ses tournures piquantes, ses
d e s c r i p t i o n s pittoresques et vraies.
11 règne parmi tous les peuples de race indo-européenne nue antique
p a r e n t e de traditions et d'idées religieuses antérieure il l'histoire; cette
p a r e n t é est due à la concordance des impressions primitives de la nat
u r e visible; car i cette époque oii la société humaine était encore il
l ' é t a t d'enfance, l'adoration do la nature formait la base des idées mor
a l e s et religieuses de l'homme. Cette parenté vient aussi de la comm
u n a u t é d'origine de ces peuples, aujourd'hni si diversement séparés,
q u i , an moment de leur séparation , emportèrent avec eux une infinité
de tradilions concordantes et renfermèrent les preuves de leur antique
u r i g i n e dans les sons de la langue qui leur était propre. On a reconnu
d e p u i s longtemps que la môme force créatrice qui donna nai.ssance aux
d i v e r s idiomes créa aussi, à plus forte raison, les croyances religieuses
des peuples et leur interprète fidèle, la poésie populaire.
11 existe un genre particulier de contes russes nommés loubotchnyia
s k a s k i , rédigés par des littérateurs populaires et ornés de grossières
images. Ils parnrent d'abord au dix-septième siècle, et rinfluence qu'exerc
è r e n t sur eux les livres imprimés oii ils se trouvaient réunis en plus
ou moins grand nombre ne peut se comparer qu'i\ l'influence que la litt
é r a t u r e vint exercer plus tard sur ces mémos livres. Des contes qui
n ' a v a i e n t ancune origine populaire vinrent se mêler aussi à ces sliaski.
Les contes russes représentent un vaste univers; les traditions et les
notions religieuses qu'ils contiennent témoignent d'une existence antér
i e u r e à l'histoire des Slaves. Les éléments personnifiés, des oiseaux et
des animaux prophétiques, de la magie et des coutumes nationales, des
é n i g m e s , des songes et des pronostics, tout servait de thème ii ces
naïves éiHipées, qui exercent un charme si puissant par leur candeur juv
é n i l e , leur ardent amour pour la nature et sa puissance infinie. l.es
contes postérieurs reproduisent, dans leurs récits héroïques, l'époque de
l a grande lutte des idées chrétiennes contre les idées paieunes. On y voit
des héros clirétiens combattant contre le culte païen ; des magiciens qui
d é f e n d e n t la contrée qui leur est sacrée, et qui nous rappellent les récits
é c r i t s sur les sorcières du douzième siècle. On retrouve chez quelques-uns
d e ces héros magiciens des traits distincts de leur antique alliance avec
d i v e r s e s puissances et phénomènes de la nature déifiée. Ces faces et ces
libénoinèncs, reconnus comme divinités à l'époque dn paganisme, prirent,
avec le développement des aucicuncs idées, dos qualités et des formes
liumaines, et finirent par de.seendre des hauteurs insaisissables oii la religion
païenne les avait placés, au rang do simples héros (ghéro-is) soumis
aux passions humaines ot aux inflnences terrestres, et créèrent ainsi
les légendes héroïques. Luttant contre l'antiquité païenne, les héros chrétiens
des contes épiques rnsses représentent anssi le combat incessant et
s a n s miséricorde que les Busses livraient aux peuples iiaïens (poganys)
nomades de l'Asie et la lutte qu'ils ont entreprise pour constituer l'cxistence
de l'Etat et l'indépendance de la patrie. Il est intéressant de voir
comment la tradition populaire, qui reiiréscnte les héros magiciens comme
les types d'une existence antéhistoriqne, en fait en même temps les
d é f e n s e u r s du iiagaiiisme ; confinidant ainsi ensemble deux i>ériodes trèsd
i s t i n c t e s . ITiis tard encore le conte populaire, qui olire souvent des réc
i t s caractéristiques de l'existence des Niivgorodiens, conduit le lecteur
dans l'emiilre de la réalité et le rapproche des époiiées historiques post
é r i e u r e s , interprètes des expéditions militaires d'Igor et des exploits
des Petits-Russiens, ainsi que des chants populaires ayant pour sujet
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