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P E O P L E S INDO-EUROPÉENS. 153
Les causes (le cette transformation sont, d'ime part, la vnlgarisation
(Ics lumières parrai les masses et son influence sur la vie réelle, qui
commença il se faire sentir, au siòclo (¡eruier, clans tous les pays civilisés
île l'Europe; d'antre part, l'esprit de doute, d'incrédulité, d'examen,
(pli veut se rendre compte de tout et tout approfondir; puis enfin
la tolérance pliilosopliique, (jui eut pour i'ésultat de diminner l'oppression
politique sous laquelle les Juifs avaient gémi en Europe jusqu'au
milieu du dix-luiitième siècle. Sous l'influeuec de cii'constauces si divM'ses,
l'esprit des Hébi-en.'i sortit de l'engourdissement dans leqnel il
était plongé depuis tant de siècles. Le principal sectateur de ces nouvelles
tendances fut iMoïse Meudelsoiiu, né en 1729, mort eu 17SG.
L'empereur d'Autriche Joseph II eut une inllncnce encore plus puissante
sur cette régénération, et laissa cliez les Juifs un souvenir impérissable,
ea favorisant daus ses Etats leur renaissance spirituelle et morale. Le
résultat de ces eircoustances et de ces faits simultanés fut, en Allemagne,
en Dancmarli, en France, en Hollande, eu Belgique et ailleurs,
l'ébranlement complet de la iorce intérieure du rabbiuisnie et de l'aut
o r i t é (les rabbins.
C'est à Odessa que ce nouvel esprit se manifesta le pins énoi'giqnemcnt
parmi les Jnifs de la Russie; il y fut importé par une comnmi.auté juive
qui vint s'y établir après avoir émigré de la Galieic. A l'autre estiémité
de l'empire, quelques innovations furent aussi adoptées par une
p a r t i e de la population juive de la Courlande et de la ville de lliga.
Malgré les faits que nous venons d'exposer, le talmudisme règne encore
dans tonte sa force parmi la plupait des rabbinistes russes. Il se maintient
plus ferme que partout ailleurs dans les gouvernements de Minsk,
de Vilua, de Grodno et de Kovno. Les villes de Minsk et de Vilna soni!
anjoui-d'bui le principal l'cfuge de la science rabbiiiiquc en Eui-ope. C'est
de là que furent lancés les anatbèmes les plus fondi'ojants coiitie les novateurs,
(lès ([ne la réforme eut commencé h. se produire eu Allemagne.
KABB.iLISÏES OU KHASSIDS.
Le mot bébren kabbala signifie acceptation. Selon le sens que lui
(loimaicnt les traditions orales, on le trouve d'abord dans la Gliemara;
mais les amoj aïm (amoraïs) entendaient par cette expression la loi orale
et ne la séparaient point de la doctrine secrète, nommée .anjonrd'bui
kabbala. Dans eette dernière acception, en tant que doctrine secrète,
religieuse et plnlosopbiqne, la kabbala, qu'on appelle anssi dans quelques
pays cabale, est, selon l'opinion de ses adeptes les plus zélés,
mie révélation divine donnée par Dieu lui-même, lors de la création
(lu premier bomme,
La doctrine cabalistique est contenue dans les deux livres de docti-inc
les plus anciens qui soient parvenus jusqu'à nous, savoir : dans le Séplier
ïetsira, écrit en hébreu mélangé de elmldéeu, et dans le Sogar,
écrit eu langue talmudiste.
La kabbala n'est point nue imitation de la philosophie de Platon ou
lie l'école d'Alexandrie; elle n'est pas le produit de la doctrine de Thilos,
et n'a pas pu davantage être empruntée au christianisme. Il est donc
probable que les matérianx de la kabbala ont été puisés daus la théologie
des anciens Persans.
Les nombreux fragments qu'on peut consnlter du Séphcr-Yetsira et
du Sogar sont empruntés à divers siècles, sans choix ni commentaires,
et n'ont ancnu caractère d'unité. Les préceptes extérieurs de la doctrine
étaient destines ii la masse des croyants; tandis que le dogme réel, le
secret, n'était dévoilé qu'aux initiés, aux docteurs. Ces deux parties formaient
tonlefols uu ensemble sans leqnel on ne saurait s'imaginer cette
(loctnnc, car aucune de ces paitles ne fut jamais sépai-ée de l'autre,
l'û noyau, le dogme, se perdit de plus en plus daus l'ecorce, antiement
(bt dans les formes extérieures, et il n'en l'csta qne quelques intei'prétatious
siugnliéi'es an moyen desquelles la véritable kabbala se fraya
ini chcmiu dans les esprits qui ne voulaient se soumettre à .anenne autre
••ratoritc qu'à celle de la liible. Cette propagation de la kabbala eut eepcndaut
lien essentiellement en Europe. Dans la période qui p.'écéda le
'Icadème siècle, oii le Talmud parle pour la première fois des anciens
l'rtliahstes, parut la M.assora, c'est-il-dire l'indication précise de la ma-
"•»re dont doit être lue la Bible, par l'introduction de voyelles et d'ant
'K signes orthographiques.
l e dogme réel de la kabbala ne fut communiqué qu'à iin petit nombre
^^«ileptes, à cause de la dilliculté qu'on éprouvait à le comprendre; mais
« partie symbolique et son application pratique attiraient presque malg
r é elles les personnes d'un esprit faible et d'une imagination ardente.
Dans cet état d'altération, la kabbala pénétra enfin en l'olognc, oii elle
se développa avec le temps an point de déterminer la plus grande superstition
et do dégénérer eu véritable folie. C'est surtout la population
juive des gouveimements du midi, de Volhynie, de Podolie, de Kiev, de
Poltava, de Kherson et d'Yékatérinoslav, qui souffrit et souffre encore
le plus de l'oppression que le kabbalisme fait peser sur elle.
L a doctrine kabbalistiqne, qui, pendant quinze siècles environ, avait
prospéré à l'ombre du rabbinismo et sous sa protection, rejeta, après
tant d'années, son patronage poni- former deux sectes indépendantes du
rabbinisme et qui lui étaient même en partie hostiles, savoir : les partisans
de Chabataï-Tsévi et les kliassidim. Les premiers s'appelaient
aussi sogaristes ou aiititalmudistes ; les thassidim, qui étaient beanconp
pins nombreux et qu'il ne faut pas confondre, malgré la similitude
du nom, avec les anciens khassidim (voir plus haut), devinrent une socle
dangereuse par l'autorité que s'arrogèrent les tsadiks (maîtres, docteurs).
En Russie, cette secte est foi't répandue parmi les Juifs du gouvernement
de Volhynie, oil elle prit naissance dans le siècle dernier, et aussi
daus ceux de Podolie, de Kiev, de Poltava, d'Yeliatérinoslav, de Kherson,
de Vitebsk, de Mohilev, de Tcherulgov et en Bessarabie. Elle a
encore quelques adeptes isolés dans d'antres gouvernements. Dans les
trois derniers gouvernements que nous venons de nommer, la tend,ance
des khassidim est d'un caractère spéculatif et n'a pas ce cachet d'ciithonsiasme
qu'on remarque dans les antres. Dans les gouvernements de
Poltava, d'Yékatérinoslav et de Kherson, les khassidim sont réputés particulièrement
pour leurs extravagances et leur grossièreté. Le principe
fondamental des diverses sectes qui dérivent de colle des khassidim eonslstc
dans nue continuelle gaieté, dans une assurance qui va jusqu'à
r e f f r o n l e r i e et daus la prépondérance qu'ils donnent aux prières exaltées
sur la pratique des vertus, et aussi dans le sentiment de l'égalité, dans
le culte de l'amitié, enfin dans un attacliemcnt sans réserve et une grande
vénération pour la personne de leur grand maitre ou tsadik.
El faut citer encore au nombre des sectes cabalistiques celle qui porte
le nom de khabad et qui est répandue dans quelques districts de la
Lithuanie. Bien qu'elle soit vraisemblablement une branche issue des
khassidim, qui la détestent, cette secte se distingue par l'éducation pins
soignée de ses membres et par des recherches faites dans la doctrine
kabbalistiquo dans une autre dlrectiou que celle des khassidim.
K A R i V B I E S ,
.0 nombre des Karaïmes on Karaïtes qui habitent la Russie ne s'élève
2 ' plus de 6,000 âmes. Cette secte reconnue par quelques autorités
cômT ilistincte, est en général très-dispersée ; on en
»'P e 4,000 en Crimée ; ils résident près de Bakhtehissaraî, sur un
rocher élevé, dans la bourgade de Tchonfontc-Kalé, qu'on nomme encore
à présent la ville karaïme. Il y en a aussi 700 dans le gouvernement
d c K h e r s o n , 500 dans celui de Vi lna; en Volhynie, 300; à Kovno, 2ôO ;
au Caucase, 500. Lors de la conquête de la Crimée par les Russes, il ne
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