
,f
li I ?t
1 i . '' .1,1
I I
I I
k ^ Í,
I I
38 P E U P L E S OUlULO-ALTAÏQUES.
(lélìguió. D'autres ont une physionomie tout, h fait cancasieniic, c'cstii(
lii'c im visiigc ovale, clo beaux yeux gris et un nez gracieusement
arqué. Cliez ])i'CKque tous le front est fortement bomljé, la barbe rai'O
et d'ini très-beau noir. Les femmes sont ])otites et d'une constitution
délicate; mais elles gâtent leur visage par une .couche de fard trèsépaisse.
Los deux sexes ont beaucoup do souplesse et de grftee dans les
mouvements (lue favorise leur chaussure soignée, spécialement celle dos
femmes. Il semble que les traces d'un peujile jadis riche et puissant
ne se soient pas encore entièrement effacées chez eux, do môme qu'elles
ne s'effacent que rarement tout h fait chez les descendants d'nne famille
aristoei'atiqne déchue.
Le costume des hommes consiste principalement en une longue clicmise
bleue qui laisse le cou libi'c, et eu un cliapeau de ieutre blanc;
ils portent de larges pantalons de coton blanc ou de couleur, des bottes
eu mai'oquin, sans semelles, et des pantoufles pnr-dossns les bottes; un
surtout (ai'khalouli) étroit, fait d'étolVe do soie rayée, leur descend jus-
([u'nux genoux, et leur ceinture est souvent foi'mée d'un cliâle roulé
autour du coi-ps. Par-dessus cet habillement ils portent un long et large
vêtement de couleur claire, qui ressemble pai- sa foi me à un thalai-. Ils
couvrent leur tête rasée d'une petite calotte en cuir, quelquefois trèsrichement
brodée. La classe pauvre s'habille de la façon la plus modeste
et se contente, en été, d'une cliemise brodée au cou et aux manciies ; en
hiver, une simple pelisse de mouton est jetée sur cette chemise. L'iiabillement
des femmes ressemble à celui des hommes: celles qui sont
riches portent de belles étoffes de soie à ramages ou ii raies, et ornent
leur poitrine de monnaies d'or et d'argent sn])crposéos les unes sur les
autres comme des écailles de poisson. Leur coiilure est somptueuse : celle
des jeunes biles se distingue par de nombreuses tresses tombant sur les
épaules. Dans l'intérieur de leui- maison, les femmes et les filles laissent
leui' visage découvert. Au deliors, elles portent sur la tòte un grand
voile qu'elles i-amènent sur la figure quand elles sont iuoccujiées. Celles
qui vivent dans l'aisance obsei-vent cette coutume avec plus de rigueur.
I.e Tatar de Kazan diffère du paysan l'usse par son penchant remarquable
pour la vie commode et la propreté ; on s'en aperçoit mémo dans
les moindres détails du ménage, et c'est sous ce rapport qu'il se distingue
aussi des races nogaïs.
Malgi'é la disposition simple de l'intérieur de leurs maisons, on y
voit un certain luxe, et mémo quelquefois le confort. Le plancher est
couvert de nattes de jonc et de tapis de laine, et les larges bancs
placés le long des murs sont garnis de petits et de grands coussins
soigneusement rembourrés. Les fenêtres des maisons sont assez grandes ;
les maisons elles-mêmes sont spacieuses et commodément disti-ibuées, mais
toutes ont la môme forme de construction, ce ([ui fait contraste avec les
maisons des paysans -russes, si cliargées de nombreux ornements. Un
double escaliei- couvert sépare l'entrée des Innnmes de celle des femmes
e t fait un assez mauvais effet. L'art de l'architecture semble fort jieu
avancé chez les Tatars, et leurs coustructions pi-ouvent très-|)eu de goût.
Les mosquées sont en bois et ont toutes, à part le minaret, qui a sou
caractère particulier, l'apparence do simples bâtiments h deux étages.
L e service l'cligieux se fait, en été, dans les appartements supérieurs,
e t en hiver, dans les chambres chauffées de l'étage inférieur. La simplicité
habituelle de l'intérieur des temples est d'autant moins compréhensible
qu'on ne la remarque pas dans l'intérieur des maisons, Le
pavé des temples est couvei't do haillons sei-vant de tapis, et les murs
n'y sont jamais peints. On trouve la même nudité dans les cimotièi'es
t a t a r s , ([ui ne sont pas même clos et où des pierres isolées indiquent
seules le lieu de la sépulture des morts. Le respect pour les tombeaux,
si profond cbez les musulmans, semble s'être totalement perdu chez les
Tatars de Kazan.
Leur nourriture se compose en grande partie de la chair des animaux.
Une ancienne coutume leur fait donner la préférence !i celle du
cheval ; celle du poi-c leur est interdite, comme k tous les niusuhnans.
Us font aussi usage de lait, de miel et de thé.
Les Tatars s'occupent peu de la culture des tei'res, mais beaucoup de
travaux industriels, et ils se livrent même, dans les contrées orientales,
à l'exploitation des mines. La préparation des cuirs est chez eux uno
occupation nationale qui tient k leur régime de vie. Les fabriques de
maroquin, do ])eaux de chèvre, de nankins (en russe kitaïka) et de savon,
à Kazan, sont j'cnouimées dans toute la Russie; on i-emarque cependant
que leur activité commence à diminuer.
Les Tatais sont, en généi'al, propres à toutes sortes de travaux et
font pi-euve de boaucouj) de bon sons. On leur enseigne dans plusieurs
écoles à lire et i\. écrire leur langue, L'idiome tatar parlé à Kazan est
le plus cultivé de tous les dialectes turcs en "Russie. On trouve même
dans ce dialecte une littérature assez riche.
Doué d'un caractèi'o pacifique, alfable et même fort doux, le Tatar est
honnête, sobi'e, sur et très-propre; qualités qui le font rechercher pour
toute espèce de services, 11 règne dans les familles, en dépit dos usages
orientaux, une parfaite union, et les enfants sont élevés avec soin. Ce
qui est plus étonnant encore que les facultés intellectuelles des Tatars,
c'est le besoin de civilisation qui les anime et que leur religion resserre
pourtant dans des bornes fort étroites; d'un autre côté, cette mémo
religion est sous beaucoup de rapports un i)uissant auxiliaire du tatarisme.
Le souvenir et les récits de leur ancienne domination, quoique depuis
longtemps déchue, conti-ibuent beaucoup à la conservation d'un sentiment
national qui donne au Tatar de Kazan nu certain air de dignité.
L a noblesse de race a bien diminué chez ces Tatars, comme chez
plusieui-s tribus de môme origine qu'eux, parce que presque toutes les
familles nobles se sont retirées dnns l'Asie Jlineure et se sont ralliées
il leurs compatriotes, après la décadence politique do l'empire tatai'.
L a noblesse russe compte plusieurs familles distinguées dont l'origino
est purement tatare ou chez lesquelles, comme dans beaucoup d'autres,
le sang tatar s'est môlé il celui des Slaves; ce qu'on peut remarquer
facilement îl la taille et à la jihysionomie.
Les Tatars de Kazan sont de zélés uuisuimans ; leurs akhouns (archiprètres)
et les mollahs (moullas) sont subordonnés au moufti d'Oufa, qui
reçoit un traitement du gouvernement l'USse et représente la suprômc
autoi-ité sacerdotale de tous les Tatars qui résident en Russie. Les mollahs"
sont généralement peu instruits; leurs connaissances se bornent aux pratiques
du culte et aux objets (lui concernent le service religieux.
Nous n'avons presque rien à mentionner de particulier sur les Tatai's
d'Orenbonrg ni sur ceux du gouvernement de Samai'a. Ce que nous avons
dit des Tatars de Kazan leur est applicable. Notons seulement qu'ils n'ont
pas atteint le môme degré de civilisation que ces derniers, et que lo
commerce et l'industrie n'ont pas fait chez eux d'aussi grands progrès.
Ils se distinguent avantageusement do leurs voisins immédiats (Russes,
Finnois) par leurs moeurs, leur genre de vie, et en généra! par leui's
habitudes domestiques; l'iniluence du voisinage ne se fait sentir que clans
lem- langage. Ceux de ces Tatars qui font partie des Teptiars (mélange
- de Finnois et de Tatars) sont décrits ¡lu chaiiiti'o des Bachkirs.
TATARS DE SIBÉRIE.
Plusicui-s tribus de race turque ou, comme nous les nommons, ti-ibns
tatares, étaient, dès les temps les plus reculés, voisines des peuples finnois
et samoïèdes, dans les contrées méridionales de la Sibérie occidentale
, et se confondirent en ])artie avec eux. A la suite des conquêtes
de Tchingghis-Kliau, ils formèrent dans ces contrées, situées sur l'Obi,
l ' I r t y ch et le Tobol, de grands et de petits royaumes ou khanats, dépendants
souvent les uns des autres, mais qui n'acquirent jamais une importance
notable ou de quelque durée. T.o premier état tatai' considérable
en Sibérie surgit sur les bords du fictive Ichim ; sa capitale était
la ville de Kysyl-Toura (la ville rouge), et ])lus iard Tumèn. A la fin
du quinzième et au commencement du seizième siècle, tous les ouloussc.=i
t a t a r e s , mongoles et ostiakes, se réunirent sur les bords du fleuve que
nous venons de nimimcr, et formèrent un puissant empire dont la cupit
a l e était Tsker, ii. IC verstes de la ville de Tobolsk. Les voisins de
cet empire lui donnèrent le nom dtî sa 'capitale, et les Russes l'appelèrent
Sibir. A la chute de Kazan, le prince Edigher se soumit à payer
i l
«î i'
f
. j
' il I
1
!
H,
: f