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P E U P L E S DU CAUCASE.
TCHEMESSES PROPREMENT PPPS OU ADIGnÉ,
Les Adighé ou Tcherkesses proprement dits, nommés Azouklis par les
Abldiaz, habitent en général la partie la plus nord-ouest du Caucase,
ccllo qui s'étend le long des côtes de la mer au sud-est jusqu'à la petite
r i v i è r e Khamycli, entre le Sitché (Sotcha) et le Msdymta (Msymta), et
sur le versant nord-est de la moutagne jusqu'il la rive droite du Biélaïa.
Ils habitent, en outre, sous le nom de Kabardiens, la Grande et la Tetite
Kabardali. Dans l'étendue de territoire comprise entre le nord-ouest
et le sud-est, et en allant du premier point au second, les Adig-hé se
divisent en Natonkhaïs ou Natonkliaïtses (Nadkonadj), Grands et Pctits
Cliapsougs, Bjédoukhs, Gatioukaïs (Khatioulcaïs), Abadzekhs (Abadzés),
Kemgoui (Kemkoï) ou Témirgoï, Yéghêroukoï, Makluniroï, Mokhochs,
Bcslénei, Kabardiens, et en Oubykhs, qui forment la transition des
Tcherkesses propi'ement dits aux Abkhaz.
Les Natoukhaïs (Nadkuuadj ou Natkhokouadj), au nombre d'environ
50,000 ¡Lmes, habitent l'extrcmité nord-ouest du Caucase, sur les deux
versants de la moutagne, entre l'embouchure gauche du Kouban et la
mer Noire. Ils s'étendent au sud jusqu'^ la rivière Pchad, au nord jusqu'au
Kouban, il l'est jusqu'à l'Adagoum et au delà : c'est par ce point
qu'ils touchent aux Chapsougs. L'influence des princes et de la noblesse
sur le peuple s'est conservée chez les Natoukhaïs plus que parmi
les autres tribus des Adighé, à cause de l'ancien ascendant que les Turcs
avaient pris sur eux. Les Natoukhaïs sont de zélés mahométans, et jusq
u ' à la guerre de Crimée ils n'étaient qu'à moitié soumis. Ils font un
peu de commerce. Ou avait cru devoir établir autour d'Anapa quelques
stauitsiis de Kozaks, et dans l'intérieur de leur niontag-ne quelques forts
pour relier les bords de la mer avec le Kouban. Mais cette ligne fortifiée
ne remplissait pas le but, qui était de séparer ¡es Natoukhaïs de
leurs voisins ; car les forts n'avaient pas assez de résistance et se trouvaient
pour la plupart contijuiellement bloqués. Les Natoukhaïs se sont
récemment tous soumis ; mais ils émigrent par masses en Turquie.
Les Chapsougs habitent, à l'est des Natoukhaïs, les deux versants de
la moutagne, qui les divise en Grands et eu Petits-Chapsougs. Les premiers
demeurent sur le versant septentrional, entre le Soupse à l'est,
la vallée de l'Adagoum à l'ouest et la tribu des Bjédoukhs an nord.
Les Petits-Chapsougs habitent le versant sud-ouest de la moutagne,
e u t r e les rivières Cliakhc et Pchad, et aux bords de la mer Noire. Les
Chapsougs comptent 150,000 ames ; une grande partie d'entre eux se
sont soumis, les autres sont restés libres; mais ils ne sont pas aussi dang
e r e u x pour les Russes que les Abadzekhs, parce que les Grands-Chapsougs
sont complètement séparés des Petits-Chapsougs sous le rapport
géographique et politique, fis sont très-sauvages, n'ont pas d'idées religieuses
bien arrêtées, et tiennent à une sorte de culte mélangée de
c h r i s t i a n i s m e , de mahométisme et de paganisme; beaucoup d'outre eux
n'ont même pas de religion du tout. Les Petits-Cliapsougs sont beaucoup
plus pauvres que les Grauds-Chapsoiigs, qui ont de bons pâturages.
Les Bjédoukhs, au nord des Chapsougs, à l'ouest des Gatioukaïs et
a u sud du Kouban, comptent 4,000 âmes, et, rangés sous l'administration
du prince Kiikanokov, se divisent en Khamychés et Tchertcliénés.
I l n'y a que peu de temps qu'ils sont soumis à l'autorité russe.
Les Gatioukaïs ou Khatioukaïs, sur le Laba inférieur et sur la rive
gauche du Kouban, comptent 3,000 âmes. Déjà entièrement soumis, ils
ont recommencé depuis 1850 les hostilités contre les Russes.
Les Abadzekhs, au nombre d'environ 90,000 âmes, sont, comme nous
l'avons dit, la tribu la plus riche et la pins puissante des Adighé, et
forment un groupe à part, réparti en neuf communes ou tribus libres
qui ne reconnaissent pas de princes et ne sont que faiblement attachées
à l'islamisme. Les Abadzekhs habitent le centre de la Ti-anskoubanie,
entr e les fleuves Laba et Soupse, des deux côtés du Biélaïa, entre la
principale crôte de la montagne et les ti'ibus des Gatioukaïs et des Bjédoukhs,
sur le ICouban. La commune de Touba-Gabl est située enti'c les
rivibres Biélaïa et Pafir ; la commune Tcmdachi, entre le Kourdjipsc et
l e Pchcklia; Djenghète-Gabl, sur la rive gauche du Pcliékha; Tfichebse,
entr e le Pchéklia et le Pchich ; Antchoko-Gabl, sur la rive gauche du
Pchich ; Bécliouko-Gabl, Edighé-Gabl et Néjouko-Gabl, plus loin vers
l'ouest jusqu'au Soupse, qui forme la limite avec les Chapsougs, La
plus grande partie des Abadzekhs habite le voisinage de la montagne,
au-dessus des gorges de Maïkop, formées par le Biélaïa à son entrée
dans la plaine septentrionale, et où est établi depuis 1S56 le fort de
Maïkop. Les Abadzekhs qui vivent plus près de la plaine ont beaucoup
de bétail et de clievaux et sont surtout des tribus de cavaliei-s;
ceux qui habitent la montagne sont plus pauvres et combattent ordiuairement
à pied. Les Abadzekhs n'avaient jamais été domptés, Eii 1846,
les tribus du nord, poussées pai- la famine, se soumirent aux Russes;
mais une abondante moisson étant survenue l'année suivante, elles rompirent
les liens qu'elles avaient formés. Aussi leur récente soumission
est-elle un fait des plus remarquables, qui annonce visiblement la prochaine
pacification de toute la Transkoubanie. L'établissement des trois
lignes menaçantes d'avant-postes russes sur le petit Laba et sur l'Adagoum,
et la construction du fort Maïkop, qui eurent lieu dans les années
1S55, 185C et 1857, enclavaient dos trois côtés les Abadzekhs et
les Grands-Chapsougs, et les amenèrent à la soumission.
Les Kemguuis (Kemkoï) ou Témirgoï, les Yéghérouki et les Makhmiroï
habitent au nord des Mokhochs, le long du Laba et sur sa rive
gauche jusqu'au Biélaïa, Ils comptent 15,000 âmes et-reconnaissent l'aut
o r i t é russe. Les trois tribus sont placées sous radniini,stration de la famille
princière de Bolotoko, la plus illustre de la Transkoubanie.
Les Mokhochs, au nombi'c d'environ 4,000 âmes, habitent la rive gauche
du Laba moyen, La famille princière des Bogarsonkov est chez eus
la plus puissante et est très-dévouée à la Russie, Mais, après la mort
de Slahomet-Bogarsoukov, les Mokhochs se sont encore une fois détachés
de l'empire de Russie.
L e s B e s l é u é i , dont la population s'élève à 5,000 âmes, sont de môme
origine que les Kabardiens et habitent depuis longtemps, entre le Kouban
et le Laba, la fertile contrée située le long du Tégòn, de l'Ouroup
e t de l'Okarte, dans le voisinage des émigrés kabardiens, La fécondité
du sol les engagea à diriger leurs efforts vers l'agriculture; mais l'in-
{lucnce de leurs voisins les détermina à chercher deux fois, de 1843 ii
1846, un l'cfuge au delà du Laba. Revenus en 1855, après une troisième
fuite, ils ne purent repi'cndre en entier leurs anciennes demeures,
qu'ils trouvèrent occupées jiar une brigade de Kozaks.
Les particularités qui distinguent les Kabardiens (Kabertaï) de toutes
les ti-ibus que nous venons de nommer sont beaucoup plus sensibles que
celles qui distinguent ces trii)U5 les unes des autres. Ces particularités
dénotent visiblement les résultats de l'intluence européenne, autant dans
l ' e x t é r i e u r que dans l'organisation sociale et dans les moeurs. I-es Kabardiens,
au nombre de 40,000, résident dans la Grande et la Pctite-Kabardah.
Une partie d'entre eux, les plus notables, se sont enfuis une
première fois en 1804 et une seconde fois en 1822, à la suite de révoltes
promptement apaisées, dans les contrées des sources de l'Ouroup,
de l'Okarte, de l'Anaoute et du Kouva; enfin une troisième fois, en 1849,
ils se sont établis sur la rive gauche du Laba, oii ils forment une population
de plus de 7,000 âmes et vivent en constante inimitié vis-à-vis
des Russes. Il y a parmi eux beaucoup de guerriers et de cavaliers d'une
i n t r é p i d i t é sans pareille, qui servent de chefs aux bandes de piHai'ds,
ce qui a valu aux Kabardiens de ces contrées le nom d'abi'cks, c'ost-iV
dire brigands. Le ])ays de la Kabardah, en général découvert, est divise
en deux parties, la Grande et la Petitc-Kabardah, i)ar la grande route
m i l i t a i r e de Siavropol à Tiflis; circonstance qui a déterminé depuis longtemps
rassei'vissement des Kabardiens. D'aboi'd en 1732, puis défmitivcment
en 1771, les Kabardiens reconmirent la suprématie de la Russie.
Depuis les trois révoltes mentionnées ci-dessus, la Kabardah est devenue
un territoire complètement russe.
L a Grande-Kabardah, qui au nord louche au Malka, à l'est au Térck,
a u sud à Digorie (faisant partie dû l'Ossétie), à Balkarie, à Khoulam,
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