
l ' i l i
hl'i
' '
i! J
P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
(rune disposition d'esprit légère, oiitraîiiaiitc, occupée principalement du
iiioraent présent, par opposition et comme une sorte de compensation
puiir tant de choses passées et anéanties. Le Polonais aflectioiine de
préfci'cnce les danses européennes; il choisit sa danseuse, et les jennes
couples ainsi réunis se livi'eat fi ce divertissement, comme en Allemagne
les dimanches et jours de fête, dans des lieux spécialement destinés à
la danse, la plupart du temps dans les cabarets des villages, et après
s'être rendus en charrette, le matin du même jour, i\ l'office divin, trésl'égnlièremeut
fréquenté. Les amusements des Polonais ont quelque chose
do bruyant, de tapageur, mais respij-ciit une véritable gaieté. Ceux dont
rintelligence est pins développée et les moeurs plus sociables sont les
habitants de ia partie sud-ouest du royaume de Pologne (gouvernement
de Radom).
Pi'cnons pour exemple les cérémonies nuptiales qui se pi-aticjuent dans
cotte contrée, comme les plus répandues eu Pologne et en môme temps
com m G celles qui se distinguent le plus de toutes les autres coutumes
nationales, oit l'on ue trouve, h vrai dire, que peu de particulai'ités il
signaler. Eisner les déci-it de la manière suivante ;
i L a demaiule en mariage est fort singulière. En présence d'un homme
estimé et considéré dans son village, le prétendant chante, sous la fenêtre
de celle qu'il a choisie, une chanson qui fait allusion h ses désirs
et à ses projets. Quand le chant a cessé, le jeune homme et son répondant
sont priés avec affabilité d'entrer tous deux dans la maison
Le jeune homme, faisant alors usage d'une bouteille qu'il a apportée,
boit à la santé des parents de la jeune fille et lui offre aussi un verre
à boire ; l'acceptatiou ou le refus do cette politesse sert de réponse
affirmative on négative k la proposition de mariage. Quelques jours
avant la noce, une personne de connaissance, expressément désignée h
cet effet, se charge de faire les invitations. Cet individu se présente,
au jour du mariage, vêtu do ses plus beaux habits ornés de rubans,
et accompagné de deux trompettes qui jouent devant lui comme devant
im charlatan, Il se reud d'abord chez le fiancé : puis il va chez la promise,
à pied ou en chan-ette, selon les circonstances. Arrivé chez la
fiancée avec quelques aut]-es iuvités, il lui donne une séréuade, puis
le garçon d'honnour s'avance et tient un discours où les équivoques ne
manquent pas. Lorsqu'il a enfin reçu une réponse satisfaisante, il prend
par la main le promis, an'ivé sur ces entrefaites, et le coiuUiit dans la
maison des parents de la fiancée, qui doit pendant ce temps, ainsi que
la coutume l'exige, verser beaucoup de larmes. Puis les convives se
rassemblent, et, après avoir rendu de fréquents hommages la bouteille
d'eau-de-vie et fait une légère collation, tout le monde se rond
à l'église. Ces diverses cérémonies ont lieu dans la matinée, si le cou-
I)lc est catholique. D'autres musiciens sont ensuite adjoints aux deux
trompettes, et le choeur des musiciens précède le jeune couple et leurs
'»vités; car la musique est rornemeut obligé de toute la noce, et il est
nupossible de s'en passer, diit-on recourii' aux emprunts pour payer
les uuisiciens. A l'église, le garçou d'honneur continue son rôle; c'est
lui qui, pendant l'accomplissement des cérémonies l'oligieuses, guide et
conduit la timide fiancée. A la sortie de l'église, on se reud au festin,
qui d'ordinaire est préparé ii i'iiiibergc, vu l'exiguïté du logis des parents
du jeune couple. Los couvivcs sont alors placés sépacéiueut ou
ilcu.\ catégories, parce qu'on no trouve pas eonvenalile que les personnes
d'un certain rang soient assises à la mémo table que colics d'un
rang uiferieur ; les pi-emiéres sont aussi beaucoup mieux traitées qno
les autres. On leur sort do lu soupe, do la viaudc, un entronicts et
lies fridts, et leur table est couverte d'une nappe blanche. Les auti-es,
surtout si les jeunes oiariés ne sont pas ricbes, doivent le plus souvent
se contenter de kacba (bouillie do millet), de boulottes et d'une soupe
i m l'on ne sert qu'en dernier lion. Les convives de cette dernière ca-
' i g o n e font usage d'un convert que cliacnu .apporte, et tous mangent
gamelle. Eu cette occasion, l'eau-de-vic jonc un grand role et le
« n e plciu circule sans rolâclio. Les notables du festin sont les fonction-
•>»1« scgncurianx, le prêtre, le régent et le réviseur. Aussi longtemps
y Ils sont présents, tout se passe avec dcceuco et personne ne s'écarte
! Y","™""™®' ••>» l'l"S
i,iut degié. Après le festin, les danses eoramenccut, et si l'on n'est pas
Hs-nelio, les jeunes lilies, celles an uwius qui ne sunt pas arrivées
»"^l»etls, ètout leurs souliers ponr se livrer plus commodément à ce
119
délassement. La fiancéc senle jouit do la prérogative de 1,0,-tor et do
conserver pendant tonte la durée do la fête des bas bLancs et des sonliers
garnis do rnbaus. Alors on piétine joyeusement sui' lo sol no.i
plancliéyé, car dès que la musique commence h jouer la da.ise imtio.iale
polonaise, tonte la société se sont électriséc. La <l.anse se prolonge li.abituellcment
pend.ant tonte la nuit. Api-ès la noce, la nouvelle mariée
retonrne chez ses parents, oii son m.iri ne vient la cliorclior que le lendemain.
Il arrive encore accompagné par la musique et escorté de doux
chariots : sur le premier sont assis le flfrc et les trompettes ; sur le second
est le jeune inai i lui-même. Ce n'est que bien timidement qu'il s'.ippi'oebo
do la demeure de sa femme, pendant qno la mnsiqne joue dos
airs mélancoliques dont les lilies du voisinage chantcnt les pai'olcs : le
s u j e t de ces chants est l'amertume de la séparation et les doux sonveidrs
de la jeunesse. On place alors sur le cliariot du mari tont ce qnc possède
la jeune femme, qui, les yenx remplis de larmes, s'arrache enfin
dos bras de ses parents pour suivie son époux, j
L'impoi-tauce des fêtes de Pâques et do Noel, l'endi-oit où elles se
célèbrent et les particularités qni les accompagnent, ont déjà trouvé
leur place précédemment, an cliapiti-e des Lithuaniens, et ne seraient
ici qu'une redite inntile.
Les Polonais des provinces occidcntales do la Russie d'Europe l'oprésontont
dans leur ensemble la n,ationalité polonaise moins distinctemout
que cellos du .oyanme de Pologne, ce qui s'explique naturellement par
leur incorporation précédente à la Russie autant que par leur mélange
avec des populations en majorité lithnanienues, russinos et ruthènol
f i i en que ces Polonais ne puissent être considérés comme russifiés, ils
sont cependant représentés on plus grand nombre que leurs autres compatriotes
dans la hiérarchie des fonctionniiircs russes ; tous parlent aussi
plus ou moins le russe, et la baise classe ne se trouve pas dans une
situation très-différente de celle du peuple indigène, dont ils descendent
d'ailleurs eux-mêmes pour la plus grande partie. 11 y a eu outre , d.ans
la hante noblesse, un grand nombre de familles d'origine étrangère, surtout
allemande, mais complètement .absorbées dans la nationalité'polonaise.
C'est h Vitebsk, à Mobilcv et à Minsk qnc le Polonais a conservé
.avec le moins de pureté sou type primitif, surtout sous le rapport
du langage et dos moeurs; mais dans les neuf gonvcrnements de la Russie
occidcntale, la noblesse et surtout les propriétaires fonciers sont presque
partout exclusivement Polonais. On eu peut dire autant d'nnc grande
p a r t i e de la petite noblesse de Vitebsk. Là, les domaines ont le même
cachet que ccnx de la Pologne, quant à la construction et à l'économie
r u r a l e , et ils se distinguent d'une manière remarquable, aussi bien que
les villages, de ceux des Russes leurs voisins. Ou trouve encore dans le
gouvernement de Smolensk, du moins dans la partie occidentalo, quelques
traces des moeurs polon.aises, bien que le régime polonais n'y soit
plus en vigueur, iii dans la petite noblesse, ni dans les propriétés territoriales,
tort morcelées. Los gouvornemouts de Volliynie, de Grodno, de
Vilna et de Kovno sont ceux qui représentent l'élément polonais d'une
façon plus prononcée et plus intense ; on le retrouve aussi dans la Podolio,
quoique la transition de la Pologne à la Petite-Russie proprement
dite y soit déjii très-scusiblc ; mais elle l'est davantage encore à ICiev,
oil un grand nombre de propriétaires sont Russes.
L'homme du peuple appartenant à la nationalité polonaise, qui se
distingue très-nettement de la natiomalité russe par son attachement à la
religion catholique, porto encore, dans les gouvernements do Mobilcv, de
Vitebsk, de Minsk, et en partie dans ceux de Grodno et de Vilna, 'nne
chemise do forme ordinaire, boutonnée immédiatement au-dessous du
menton; une sorte do kaftan court ou do litevlta (habit lithuanien) à
col droit et à parements de couleui-. Comme les Polonais de ces contrées
n'élèvent que des moutons blancs, cette litcvka est toujours confectionnée
en grossier dr,ap blanc ou gris clair. La conpo de la litevka, de même
que celle des pelisses en peau do mouton, n'est guère élégante; l'nnc
e t l'autre s'att,aehcnt autour des reins l'aide d'une large ceinture garnie
d'une boucle de fer étamé. Le costume des femmes ressemble tout il
fait il celui des Lithuaniennes et des Polonaises. Elles portent une sorte
de bonnet qui ne couvre que le sommet de la tête, taudis que le front,
les tempes et la nuque sont recouverts d'un mouchoir de même étoffe
dont les bouts sont ornés d'une broderie rouge. Le pardessus qui remplace
la robe est ordinairement de couleur voy.ante. Les jours de fête
I
I ,
^ i t l
i i:
I