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P E U P L E S 0UR,AI,0-ALTAÏQlIES. 2 3
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et h leur somnissiun servile vis-à-vis de ioiirs terribles vaiiK|ui'in's, les
Tatars. Klioii ou khan sigiiiiie tsar, et klio, homme ; Klion-klio ou
K'hoiulikho sigiiilie homme du khan ou snjct <lii khan. D'autres préiciident
qne Khoiidi-kho n'a |ias (l'autre signiticatiui) que celle do gens
(le la J'ivièro Kunda. Les tiers vaiiiqueurs des Ostinks, les Tatars, les
uommaieiit Ouchtiaks, tei'me de mé])ris qui répond au sens d'iiommes
brutes ou de barhai'es, expj-essiou employée jadis dans le móinc sens
pai' les Humains à l'égard des peuples couqins. C'est sous le nom
d'Uuchtiaks, dont les Jlusscs ont fait Ostiaks, ([u'ils tombèi'Ciit sous la
domiiiotioii i-usse jnir la con(iuëte de la Sihéi-ie. Ce qu'il y a cependant
de remarquable, c'est qu'outre les Russes et les Tatars, aucun
peuple voisin ne les nomme Ostiaks. Les S;imoïèdes les apiiellent Tago.
La longue domination tatare sur les Ostiaks a laissé parmi eux des
traces visibles. Les cahaiics sont organisées à la manière tatai'e, de
même que les gi'ciiiers ; beaucoup d'objets d'un usage t|iiotidien ont des
dénominations tatares. Le costume îles femmes et leui's oi'aemonts sont
absolument tatars; il en est de nièine des titres de quelques notahilités
aristocratiques et même des noms de cci-tains endroits. Quoique les
Ostiaks soient sujets l usses dejjuis environ deux cents soixante-dix ans,
riiifiiionce russe est restée jusqu'à ])résent beaucoup moins sensible que
celle des Tatars.
Conformément à la distii ictioii que nous avons établie plus haut, ceux
que l'on nomme Ostiaks d'Obdorsk se divisent, aussi sous le rappoj't
administratif, eu Ostiaks d'Obdorsk et Ostiaks de laKonda, et chacune
de ces subdivisions comporte plusieurs volosts ou communes. Ces deux
sections réunies il la division de Soui'goute constituent l'iulministration
du district de Jierézov, dans lequel se ti'ouvent eu outre 5,000 Sanioïèdes
et 4,500 Kusses (dont plus de 1,000 dans la seule ville de Berézov).
Nous avons déj.\ parlé plus luiut des divisions nationales et ])ar idiomes
des Ostiaks d'Obdorsk; ils se subdivisent encoie ou beaucou]) de petites
tribus dont chacune foj'me une gi'ande famille à part. Les différences
qui les sépai'aient se sont effacées chez ceux qui professent le christianisme
; ces derniers, en effet, sont régis d'après les lois russes et suivent
les coutumes de cette nation. Les Ostiaks d'Obdorsk seuls tiennent fortement
h leurs moeui'S patriarcales. Parmi les Ostiaks et les Samoïèdes
on retrouve souvent de petites peuplades qui. hien que composées de
quelques centaines d'individus, ne connaissent pas leur oj'igine et se
considèrent tous comme parents ; ils se soutiennent réciproquement mais
ne se marient pas entre eux. Chaque peuplade a son doyen; la justice
supérieure est déférée au prince do la tribu. Plusieurs peuplades obéissent
aux princes d'Obdorsk et de Kounovafe, dans le district de Berézov
lesquels, ayant été reconnus comme souverains de ces contrées par
Catlieriiie II, ont le di-oit de prononcer toute sentence et d'infliger toute
espèce de châtiment, sauf la peine de mort, dans les disti'icts soumis ù
leur autorité. Ils ont pour mission essentielle de maintenir la concorde
parmi les difl'érentes pcui)ladcs. Les prhices eux-mêmes sont soumis aux
lois gouvernementales et à l'autorité ilu conseil de guerre. Leur dignité
est liéi'édltaire.
Les Ostiaks sont faibles de constitution, paresseux et d'une apparence
maladive; leur teint est jaune pâle, leurs yeux sont petits, leur visage
est rond et plat et le nez épaté. La chevelure noire des hommes pend
ordinairement autoui- de leur tôte; mais ceux do Kodski et de Sosva la
lattachent en touffe au moyen d'un lacet île soie. Ils ne portent point
de barbe et l'arrachent impitoyahlement, J.cs femmes, qui ne sont en
aucune fai;on plus belles que les hommes, sont heaucouii nioins propres,
surtout celles qui vivent au nord tic Berézov. Les femmes ostiakes
(le la Sosva sont, par exce])tion, plus propres et moins laides que les
autres,
l'ft nourriture des Ostiaks consiste principalement en poisson préparé
lie diverses manières, en cliair do renne, et pendant l'été, en oiseaux
'le passage. Ils consomment ])en de ]iiiiu. ]JC plat nommé varlca (alinn^nt
<'i'it), qui passe chez eux pour une friandise très-recherchée, se compose
vessies et de venli-es de poissons assaisonnés d'huile de morue et
"'"•'tlnits en un épais Ixiuillon. Ils ont aussi un goût très-prononcé pour le
IHistemi ou vertèbres du mouksoune (esjx'-ce (¡'é])orlau) sécliés au soleil.
costume des hommes et des femmes otlVe ¡¡lusieurs singidarifés.
" consiste surtiuit en ¡¡eaux de renne, comme chez tous les liahitants h
<lomi sauvages de la Sibérie septentrionale; mais il est oi-né d'une façon
particuUèi'e, Le vêtement principal, maiitsa, consiste en peaux
de renne dont la fourrure est eu dedans et le cuir en dehoi'S ; il est
eu forme de sac, ile.scend ju,çqu'aux genoux et est pourvu de manches,
de gantelets et d'une ouverture pour la tête; la partie inférieure est
boi'déc de zibeline ou de ])oil de loup. La maiitsa est attachée autour
des reins par une ceinture de cuir garnie de boutons de laiton, et sur
le côté pendent un couteau, une poche et un briquet. La parka est
absolument semblable k la maiitsa, sauf que le poil est eu dehors. Lorsqu'il
se met en voyage paj- un fj'oid l'igoureux, l'Ostiak se couvre d'un
ti'oisième vêtement nommé gouss, dont le poil est également en dchoi's
et qui est garni d'un capuchon. Les pieds sont chaussés en hiver de
plusieurs paires de bas superposés, cousus, en peaux de renne, le poil
en dehors et ornés de bandes bariolées en fourrure blanche et noire.
E u été, les Ostiaks poi-tent par-dessus la chemise et le pantalon de toile
voiles un vétenieut nommé aussi gouss, non plus en peau, mais en
drap de couleur éclatante. L'habillement des femmes se compose d'une
chemise de toile, d'indienne ou autre étoffe de coton ou de soie; le col
est cutouré de fausses perles, et sur la poitrine et sur l'ourlet inféi'ieur
de la chemise sont diverses bi-odei'ies eu laine rouge. Les cheveux sont
tressés en arrière et pendent en deux nattes garnies d'une bande de di-ap
qui tombe jusqu'aux genoux et sur laquelle sont attacliés des ornements
en métal. I)ei)uis l'âge de la pnbei'té jusqu'à la mort, les femmes ne
(luittent jamais le voron, selon la coutume des femmes l'omaines de l'antiquité.
C'est une large ceinture qui se porte sur le cor|)S nu et à laquelle
])end un morceau de toile iiiquée qui eutoure les cuisses et vient
se rattacher par devant. L'habillemeut d'hivei' des femmes a beaucoup
d'analogie avec la capote ; il est garni de beaucoup de rubans qui sei'-
vcnt il l'attacher, et de houppes. La femme ostiake se couvre toujours
la tête d'un mouchoir long, large et bariolé, nommé vokchim, garni de
longues franges en iil qui recouvi'ent presque tout le visage. Le tatouage
des mains est un indice de prétention particulière.
Les Ostiaks d'Obdorsk vivent eu hiver au milieu des foi-éts, dans le
voisinage des fleuves, et sont séparés en plusieurs centaines de villages
éloignés les uns des autres do 20 à 40 verstes et se composant chacun de
trois à, vingt yourtes. Ces cabanes n'ont souvent qu'une seule chambi-e
en foi-me de corridor, et ne contiennent, d'après le modèle tatar, qu'un
foyer et des bancs destinés à servir de lits. Il n'est pas l'are qu'une
cabane soit habitée par cinq familles qui, pour la nuit, s'isolent par des
compartiments en planches, comme on sépare les chevaux. La malpropreté
de ces cabanes dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Dès que
le retour du printemps, vei-s la mi-juin, fait dégeler les rivières, les
Ostiaks réunissent tout ce qu'ils possèdent en jiíusieurs ])aquets qu'ils
placent sur deux canots longs et profonds, attachés ensemble, et se dirigent
ainsi sur les rives de l'Obi ou de quelque autre fleuve. Ils y vivent
sous des tentes d'écorce de bouleau (tchoum) jusqu'en septembre et se
livrent i\ une pêche très-luci'ative. Mais au mois d'octobre, dès qu'ajiparaît
la première neige, les Ostiaks retournent dans leurs forêts et recommencent
leurs chasses, leur principale industrie; ils poursuivejit notamment
la zibeline, le renard, l'écureuil, ITicrminc, le glouton, l'oura, le loup, etc.
(¿uelques-uns chassent dans le voisinage même de leurs liabitations. En
décembre, la plupart des chassenrs reviennent avec le gibier qu'ils ont
tué et le revendent îi des marchands ru.ssos ; avec le produit de cette
vente ils payent l'yassak. D'autres, au contraire, passent tout l'hiver dans
les forêts. Kumars, íes Ostiaks chassent jusqu'au dégel le renne sauvage
e t l'élan. De nombreux troupeaux de rennes foi-ment, chez les Ostiaks,
la princi])ale branche de l'élève du bétail, dont s'occupent surtout les
Samoïèdes et môme aussi les Russes ; les rennes trouvent partout une
nourriture abondante, consistant en mousse durant l'hiver et le pi-ijitcmps,
e t en feuillage et broussailles pendant l'été et l'automne. En 1847 on
comptait dans le district de Bci-ézov environ 150,000 rennes privés, appartenant
h des Samoïèdes, à des Ostiaks, h des Russes et à des Zyrianes.
E n deçà de la région des neiges éternelles, l'élève des chevaux et des
boeufs forme, chez les Ostiaks colonisés, une importante branche d'indust
r i e , et i\ 350 vei'stes de Berézov, en i-emontant l'Obi, on trouve déjà
qnehiues potagers cultivés. Les Ostiaks s'occupent spécialement de la
confection de bateaux, traîneaux, patins, arcs et autres objets. Ils fabriquent
aussi des aunes poui' la pêche et la chasse. En été, ils fauchent
le foin. Les femmes'ostiakes font de la toile avec des orties, du fli avec
des peaux de renne, cousent les vêtements pour elles et leurs maris,
tricotent des iilets, coupent le bois, etc.
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