
l'BUPLlîS DE LA S I 1 Ì É R 1 E ORIENTALE.
• i v im loiir articlf iirincip.il ot prosciiic oxcliisif dVxiiortatioii. L'olive
dos cliiciis y a lieu (.laus (l'innncnscs iiroiiurtidiis, cc (iiii l'ait un 11011
iio^'liffor celui ilcs cluivaiix et ilcs hoenfs, (¡ui y prosi)èrcn(; mieux tiu'ji
^'akoiilsk. l,cs cliioiis kaintcliadiilcs sinit. endurcis ^ toutes les futigiios
(ios voyages et surmontent avec énergie toutes les diilîcnltcs du terrain. Ils
d i l l r r o i i t ])('U de ceux des paysans russes pii général; niais leurs maîtres
oui. eompléloinont modilié l'existence de ces animaux par la noiii'ril.
ure, le traitemeut et la manière de les dresser. De tous les (diiens
de la Sibérie, ils passent ])our les ])lus rapides coureurs; ils sont si ard
e n t s que sniivont ils se démettent (iiiclrjiie ineinlire, et leurs efforts sont
Uds (¡ne leur poil est ¡larfois couvert do sueur et de sang. Ils sont criine
g r a n d e force : quatre chiens ti-ninent ti'ois iiommes y compris leurs bag
a g e s , et font de 30 h 40 verstes dans ime journée par les mauvais
chemins, et jusqu'il 80 verstes si la roule est lionne. J.oi's même que la
c i v i l i s a t i on des liabitiints et la culture du sol subiraient quelques cliang
e m e n t s nu K'anitcliatka, des considérations de localité et de climat y
f e r o n t toujours donner, jiour l'attelage, la préférence aux cliiens sur les
a n t r e s bêtes de trait. L'attacliement que les habitants ont pour ces animaux
est niissi vif que celui (iiie l'on a pour les chevaux dans d'autre-s
p a y s , et l'on consacre de grandes sommes à l'achat de ces excellents
chiens. La manière do les élever et de les dresser spécialement pour la
course et pour l'attelage ne pouvait rester sans influence snr le dévelo])
pemcut dos qualités naturelles qni distinguent ces animaux. On désigne
pour l'attelage les jeunes chiens qui ont de longues jambes, de
longues oreilles, le innseau poiiitu, le dos large, la tète en foi m e de
massue, et qui annoncent un tciiipérament vif et ardent, Dès qu'ils commencent
i!i ouvrir leurs yeux fi la lumière, on les tient clans des fosses
sombres jusqu'il ce qu'on les juge capables do subir l'épreuve. Attelés
a l o r s avec des cliiens déjil dressés, la vue d'objets nouveaux leur cause
un cei'lain eH'roi et les fait tirer de tonte leur force. On les l'amène
e n s u i t e dans leur caveau, et la même chose est répétée jus(|u'à ce qu'ils
comprennent le comniandemeut. Les traits s'attachent au collier, car cc
n ' e s t que par ruse et surprise que l'on réussit à atteler les chiens,
qui hurlent et résistent avec furie pendant cette ojiération, mais qui
s e taisent dès qu'ils se mettent en l'outc; il semble alors qu'ils veuill
e n t se surp'isser en efforts, surtout dans les endroits difficiles, où ils redoublent
do vitesse et forcent souvent leur maître à sauter hors du traîneau.
Ü11 biiu chien conducteur est indispensable ; cotte fonction n'exige
de l'animal que de la docilité et nu bon ilair. Si h ces qualités le
chien d'attelage joint de la force, il acquiert un prix iiiestinmble. Le
g u i d e du traîneau s'assoit sur le devant, les jambes étendues; il ne se
s e r t du fouet que le plus rarement possible, car les chiens commencent
a u s s i t ô t il se mordre; ou se contente donc le plus souvent de les exciter
de la voix. Ces animaux n'ont de repos et de liberté réelle que pendant
la courte saison d'été, qu'ils liassent sur le bord des fleuves, se nourr
i s s a n t des poissons qu'ils attrappont avec une adresse toute particulière.
L o r s q u ' i l s en ont pris beaucoup, ils se contentent d'en manger les têtes.
An mois d'octobre, ou fait rentrer les chiens de trait et 011 leur donne
t r è s - p e u de nourriture, afin de diminuer leur trop d'embonpoint : en
h i v e r , ils ne mangent que des poissons salés, pourris et sécliés. Cette
m a i g r e pitance les aiïanie et on fait d'excellents chiens de piste, mais
íes rend peu attachés il leurs maîtres.
L e s Kamtchadales, selon les trois dialectes qu'ils parlent, se subdivit
e n t en divers groupes ou tribus.
C'est ainsi que nous trouvons d'abord les ICamtchadales dn fleuve Kamtchatka,,
dans l'intérienr de la presqu'île, deseendants des indigènes prim
i t i f s de cette contrée. Dans quelques localités ils parlent nn russe
c o r r o m p n , et dans d'autres, leur propre langue, mais très-altérée.
V i e n n e n t ensuite les Kamtchadales-lvonriles de 13olciicretsk, qui résident
dans plusieurs petits villages répartis sur la cote occidentale de
la presqu'île, depuis la pointe du sud, presque complètement inhabitée,
j u s q u ' a u 55' degré de latitude. Ceux-ci se servent encore fréquemment
de lenr langue nationale, mais abondamment mélée de mots russes. Les
plus méridionaux ont introduit dans leur langue des éléments konriles
qui s'effaccnt il mesure que l'on pénètre plus avant vers le nord.
Knfiu viennent les Kamtcbadales do Penjinsk ou Penjina, vivant aussi
dans beaucoup de petits villages au nord des précédents, jusqu'au 58°
d e g r é de latitude. Cette triliii a conservé l'usage de la langue indigène
dans sa plus grande pureté, excepté dans le nord, où elle y a mélé
quelques mots koriaks.
GHILIAKS.
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Les Ghiliaks ou Oliilèin, ou Kilèn, comme ils se nomment eux-mêmes,
sont peut-être le peuple le plus essentiellement pécheur de l'univers.
C o t t e tribu ollVait naguère encore tons les caractères d'une nationalité
presque intacte; mais, depuis quelques années, son contact et ses fréquents
r a p p o r t s avec les colonies-russes fondées it rembouchure de l'Amour et
dont la puissance s'élève si rajiidement, lui ont fait oublier insensiblement
sa langue et ses moeurs primitives, ii tel point que cette induence
é t r a n g è r e pourrait être comparée ii. celle des rayons dn soleil printann
i e r sur la neige, qui fond on laissant apercevoir les pousses verdoyantes
d ' u n frais gazon. L'esprit entreprenant des Russes se dévelop))e avec une
incroyable rapidité che/, les (îiiiliaks. l'hicorc (|uelquc temps et cette
trilni inléressanle figurera panni les ])onples (|ui ont subi rascendaiit
de la civilisation européenne, presque toujours vivifiante, mais destruct
i v e des moeurs primitives et du caractère national.
Les Gliiliaks sont probablement de la même race que les Kouriles
l e u r s voisins, bien (|uc de nos jours on les ait considérés comme peuple
iibsohunent distinct. Ils habitent sur les rives de 1"Amour, !\ partir de
r e m b o u c h u r e de ce ileuve jusc|u'il environ 200 verstes en amont; iniis
les cotes vers le nord, une distance de 100 verstes, et vers le sud
j u s q u ' a u Clip Lazarev ; enfin sur rOussouri inférieur et dans la partie sept
e n t r i o n a l e de l'île do Sakhaline. Le premier village gliiliak snr l'Amour
est Oiiklitar, qu'ils habitent en commun avec les IVIangoutes, tandis que,
plus en aval, le village de Kereh est exclusivement ghiliak. Une quarant
a i n e de villages ghiliaks sont établis le long de l'Amour; on en trouve
encore une dizaine an nord et au sud de son embouchure, dont Kol,
le plus septentrional de tons, se trouve situé à- 25 verstes environ de la
s t a t i o n d'hiver de Pétrovsk (ci-devant Petrovskoïe-Zimovié). Tout le terr
i t o i r e des (Ihiliaks est entouré, an nord et ü l'ouest, de tribus toungouses
parmi lesquelles ils semblent s'être introduits comme des étrangers.
C ' e s t (oi't ((ue les Russes désignent sous la dénominatiou générale de
(Jliiliuks toutes les tribus ghiliakes et toungouses du cours inférieur do
l ' A m o u r . Il est ti'ès-pi-obablc qne les Ghiliaks ne sont autres que les
T c h a n g - i n a o - t s y , Tchang-maoütsy (c'est-à-dire hommes h longs cheveux)
des Chinois.
L e s Ghiliaks vivent absolument de la même manière (|ue les Toungouses
de l'Amour inférieur. Comme peuple pécheur et chasseur, ils sont
a u même degré de civilisation (pie ces derniers, dont ils se distinguent
d ' a i l l e u r s par l'extérieur et surtout par leur langage, qui n'a pas la
moindre affinité avec la langue touiigouse et se fuit l'euiarquer par une
q u a n t i t é de monosyllabes.
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