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(i l ' I i l l l ' l . E S 1)1! I;a M È R I Q U E RUSSE.
VL'tomciit |)rint'ii)«l i-l ìikIìsiìi'iisìiLìIc est la i)arka, c.s])i'cc do longue choinisc
il. L'ol ili'iiit, l't ¡\ maiiclics assez élroiles. l.a parka est faite eu peau
(reisefiiiN (soil celle du perreiiuot inai'in, soit eelle du plongeon); uni
mili'e vétcmoiit ue sauiait la i'oiii])laccr eu cc climat, ear elle sert ii la
l'ois d'habilleiiieiit, de eoiivertiire, et mime d'habitation en voyage, oîi
elle peut piii faileuieul abriter contre le vont et le froid. IHon qu'eu
leuips ordinaire les vèteuicuts russes soient d'iui usage très-fréqueut,
iiéauuioiiis l'aueien costume national, éiniueiniueut eoinuuide, est. toujoiii'vS
ein])loyé ('(uuuie hahit île voyage. Oiiti-e la parka, les indigènes portent
encore la kamieika, long vêlement fait aussi en forme de chemise, mais
dans leiiuel le col di-oit est remijlncé pai' un capuchon qui tombe sur le
dos, et ([ui est destiné à j'ecoiivrir la tête pai' le mauvais tem])s; ce
capuchon est attaché an col |)ar des coidoiis, do même que les manches
le sont au poiguot. La kainléika est laite ordinairement en boyaux de
lions marins, d'ours, de haleines et de nuirses; on ue la porte que dans
les courses en baïdars, et généialenieni quand le temps est pluvieux.
t^uol(|ue appropriée que soit la kamléika aux besoins du ])ays, la parka
la surpasse de beauconp eu utilité et en durée, Auti'efois les indigènes
no portaient |)oiut habituellement de coitVure; mais aujourd'hui les
hommes ont dos oasquottos; les femmes marióc.s, les veuves et les vieilles
jiorsounes attachent un mouciioii- autour de leur tète; les jeunes lilies
seules restent tête une. f.os Aléontes commencent déjîi ti se servir de
chemises, du moins les gens aisés, qui en général ont plus de goût pour
le costume russe." l-e vôtoment national est porté jusqu';"i ce (|u'ii tombe
en lambeaux; c'est alors seulement qu'on le remplace par un autre.
Pendant leurs eonrses en baïdars, les houimes portent nue singulière
.espèce de chapeau on bois, garni de coraux et de poils de lion marin:
cette coiiïui'c est très-commode pour les courses sur l'oau. Le costiune
habituel des l'emnies est tout aussi artistement garni d'ornements brodés
i|ue celui des hommes; on ne le c(mfectionno i)as avec la mince iieau
du cou des oiseaux, mais avec celle des ours blaucs. Le col de ce
vêlement est di'oit, de la largeur d'une main, et divei-senient brode de
fausses perles. Un cordon de fausses i)erles et do coraux entremêlés iiend
du col sui' le de\ant de l'iialiit, qui. de haut eu bas, est garni de broderies
iju'on retrouve aussi aux ouvertures des manclies. L'habit de gala
est gai'ni do ])oils de chèvre, de becs de to])orques (perroquets mai'ins"),
et entremêlé de petites courroies. L'usage de mutiler le visage des femmes,
et notamment la lèvre inférieure, jiar une entaille successivement agrandie,
a presque complélenient cessé, et l'on se contente aujourd'hui de poi'ter
de simples boucles d'oreille.s, etc. LesAiéoutes, surtout les'femmes, ont
une habileté remarquable pnui' orner leurs liabits et pour la confection
d'ustensiles de ménage et autres. ÎMalheui'eusement, la civilisation importée
par les Russes, tout on introduisant beaucoup de bonnes choses, a détruit
aussi bien des nsnges d'une utilité réelle. ? lus i ours objets indis]) ensables
aux indigènes, parmi lesquels il faut placer en première ligne la construction
des baïdars, qu'ils ont portée à uii si liaut degré do perfection,
semblent, dans ces derniers temps, tomber pou à peu en désuétude.
Los habitations que les Aléontes occupent aujourd'hui sont très-différentes
de colles d'autrefois: ce sont de iietites youi'tes carrées et basses,
moins enfoncées dans la terre qu'elles ne l'étaient jadis, munies au dehors
de portos et de fenêtres, et à l'intérieur d'un emménagomont plus
complet. Par suite de ces m odi ti cation s, la vie connu une de plusieurs families
dans uue senio gi'ande youi'te a cessé ou s'est resti'einte k deux
familles seulement, (jui, pour plus de conibrt, constiuisent souvent une
yourte ii part pour les outils, et Fospace gagné de cette manière est i-empli
par uue espèce, de lit, objet jadis inconnu aux Aléontes. I.,a i-éunion
de quelques-unes de ces yourtes forme, un village. Los villages sont ordinairement
très-éloignés les uns des autres, et presque toujours situés
au bord de la mer, principalement sur la côte septentrionale des îles, à
eanse de la pêche, qui y est ])lns abondante.
L'alimentation très-miscrable des Aléoutes, réduite h de bien faibles
ressources par la rigueur du climat et la stérilité du sol, se borne presque
exclusivement il une nourriture composée de la chair des animaux marins;
ils y joignent quelques baies qui méritent il i)eine d'être mentionnées.
Le sel n'est pas eu usage chez ce peuple, co qui donne à ses aliments
un goût désagréable. On attribue, îi tort on ii raison, ii l'absence de
ce condiment ia vue très-perçante dont jouissent les Aléoutes. Ce qui fi'ivppe
le plus chez les Aléoutes, c'est une uniformif;é de mteui-s et d'habitudes telle
qu'on ne trouve nulle part d'exemple d'une pareille singularité. A quelques
exceptions jjrès, le caractère do tous les indigènes semble avoir été jeté
dans un mémo moule ; ce qui est d'autant plus étrange que, bien que réduits
aujouj'd'hui au cbitl're de 2,000 âmes, ]iar suite do cruautés antéj'ieures
et de maladies impoi'tées du deliors, ils so)it disséminés sur une étendue
de plus de 1,500 verstes, dans diverses îles où ils forment de petites eohmies
très-éloignées les unes des autres.
Kn {)bservant les usages actuels, le caractère et la situation intollectiiello
et morale dos Aléontes, nous devons ai)])uyer principalement sur
la ti'ansition qui s'est opérée, sur les cliangoment,s qui ont résulté et résultent
encoi'o chaque jour du contact do l'ancien régime avec le régime
actuel. Ainsi que cela arrive ¡)resque toujours, cliez les peuples sauvages
aussi bien que chez ceux dont la civilisation est i)eu avancée, nous
voyons les jirogres de la culture et do.s lumières venir du dehors et
jetor insensiblement de pi'ofondes racines, taudis ([ne, dans la vie intérieure
des iienples ¡uni éclairés, s'engage luu* lutte longue et opiniâti'c
entre la tradition et le nouveau princi])e civilisateui', IjCS anciennes traditions
doivent nécessairemout succomber dans la lutte; mais, à la suite
de cette ti'ansformation (|ue subit tout réditico national, l'élément victol'ieux
qui vient de surgir détermine aussi la l'uiuo des antiques fondements
sur lesquels reposaient (|ueh]ues institutions qui n'étaient pas sans
utilité. C'est iiinsi que la civilisation européenne et ])rincipalement le christianisme
ont fait immensément de bien aux Aléoutes et "ont déraciné chez
eux quantité de coutumes pernicieuses; nuUs cette civilisation leur a en
môme temps amené les maux inséparables d'une crise violente.
Les moeurs actuelles des Aléoutes sont conséquemment le résultat d'un
mélange des anciennes coutumes indigènes et des nouveaux usages que
les Russes introduisirent avec le cliristianisnio : ou plutôt les Aléoutes
pratiquent simultanément les uns et les auti'os, mais sont très-réservés et
très-discrets en cc (¡ui concerne leurs anciennes traditions. Il faut convenir
on général que, sauf renseignement religieux, l'éducation dos enfants
n'ost pas meilleure que jadis; on pourrait même dire qu'elle a dégénéré
sous le rapport de la vie pi-atiquo, car leurs a])titudes industrielles,
et entre autres leur habileté pour la capture des animaux, la construction
des baïdars, etc., sont maintenant beaucoup moins développées. La plupai
t des usages païens, même celui des mariages entre proclies parents,
ainsi que les unions conclues avec des membres de trilnis ennemies dans
le but d'empêchoi- les inimitiés, ont cessé depuis l'introduction générale
du christianisme. C'est ainsi que de leurs anciennes grandes solennités
nationales il n'ost plus resté ([ue de petites fêtes privées et certains
jeux (surtout celui des échecs, où les Aléoutes se distinguent par luio
habileté remarquable). Dans ces fêtes, le chant tient toujours le rôle
])i-inci])al; quant aux danses, elles offrent un type tout particulier et
))araissont avoii' été empi'untées aux chamanes.
J.-es traits les plus saillants du cai'actère des Aléoutes sont une incroyable
patience et une résignation poussée presque jusqu'à la stupidité.
I.i'Aléoute suppoi'te avec ia même indifférence les douloui-s jibysiques et
les peines morales; il est ca|)able de jeùnei- pondant ti'ois îi quati'O jours,
sans qu'on puisse .s'en apei'covoir auti'oment que par son dépérissement.
Les douleui'S les plus poignante.s ne lui arrachent pas un cri,.pas même
un souijir, non plus que le travail, les fatigues et la plus mauvaise nourriture.
Sa jiersévéï'ance on toutes choses, et surtout au ti-avail, est vraiment
surliuinaine; elle se signale spécialement pendant ses courses en baïdar,
où, sur quatorze à vingt heures de marche, il ne se permet oi'dinairement
qu'une seule pause de peu de durée. Le stoïcisme de l'Aléoute, sa présence
d'es|3rit qui ne l'abandonne jamais dans les périls, sui'tout en mer,
et son audace contre les animaux dangereux, ])0usséc jusqu'à la témérité
— car elle le fait souvent se risquer seul à la chasse d'un troni)ean entier
de baleines, — forment un inexplicable et bien singulier contraste
avec sa lilcheté et sa pusillanimité en |irésence des honnues. « On peut
certifiej-, dit le missionnaire russe Veniaminov, que les Aléoutes ne re-
•i doutent ni les vagues déchaînées ni les bêtes féroces; ils ne craignent,
< et avec raison, (jne l'iiomme. >
Les Aléoutes ont un talent d'imitation extraordinaii-e, leiii- intelligence
est ])rompte, et ils ont appris dos Russes tous les métiers (|iie ceux-ci
ont pratiqués devant eux. Ils ont la même a])titnde fi, saisii-les traits caractéristiques
et le coté comique des ])ersoinies avec les((uellcs ils sont eu
l'apport; ils montrent beaucoup de gortt j)our la lecture et l'écriture, et
-semblent même capables de comprendre les choses abstraites, toiles, que
les éléments des matiiématiques. Mais malgré ces qualités, soutenues do
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