
i l f
; I V
, 1 1 ' I
P B Û P L I Î S OURALO-ALTAÏQUES.
urgents cic leur cxistencc. Ils ont incontestablement luio gnuide aptitude
à dresser les rennes et i\. cor royer les peaux; mais ils perdent la plupart
de CCS avantages par leur négligence et leur paresse. Ils sont aussi fort
adroits h abattre les renues, n\ais plus habiles encore à les manger; on
ne saurait vraiment s'imaginer h quel point ils poi'tent la gloutonnerie;
rmiiquc occupation ii laquelle ils se livrent avec une véritable jouissance,
c'est (le manger : aussi" l'état do bien-être ne subsiste-t-il pas dans une
liuiiillc samoïède au delà de deux générations. Généralement lionnétes, ceux
qui se sont établis dans le village de Kolva ne sont devenus fripons que
par suite -de leurs fréquentes relations avec les étrangers. Toutes leurs
pensées, tous leurs efforts tendent à trouver de bons pâturages pour leurs
rennes; il est donc facile de s'expliquer pourquoi ces S.mioïédes, en entendant
parler de la mcignificence et do la splcndeur.de Pétersbourg, s'écrièi'cnt,
dans un transport unanime d'étonnement et d'admiration: ^Quelle
pxcellento mousse doit y ci'oître pour nos rennes!»
Le Samoïôde ne i-econnait dans le mariage aucun engagement solide:
la femme abandonne son mari pour un autre qui lui plaît davantage: de
son coté, le mari chasse femme et enfants quand bon lui semble; c'est
pour cette raison qu'ils redoutent le baptême, qui leur prescrit des i)rincipes
sévères de moralité. Une fille nubile sans enfants est regardée
avec une sorte de mépris. I;es môi-es sont, à la vérité, tendres pour leurs
enfants; mais'leur manière de vivre rend leurs soins pénibles et l'udes.
Si l'enfant atteint l'âge d'un an, il jouit ])our toujours d'une forte
sauté.. La petite vérole et beaucou]) d'autres maladies repoussantes
font d'énormes ravages au milieu de ce peuple auquel les soins médicaux
et la pi'opreté sont complètement inconnus. La physionomie des
Samoïèdes, qui tient beaucoup du type mongole, leur langage, leur
costume, spécialemeut celui des femmes, les distinguent des Ostiaks
bien plus que la conformation de leur corps. Les hommes sont petits,
mais très-robustes. Ils sont plus lents et jihis réfléchis dans leurs mouvements
que les Ostiaks, d'une nature plus paresseuse, et, comme on l'a
déjà dit, sales au plus haut degré. Les femmes samoïèdcs s'occupent de
tous les travaux domestiques comme celles des Ostiaks. A peine figées de
vingt ans, par suite d'une vie trè.s-rudc, de leur malpropreté hérédiUiii'o
et de leur dissolution morale, elles sont laides au delà de toute expression.
Elles aiment il. se ])arer, jusqu'à l'état de décrépitude, de toutes
sortes d'affiquets qui donnent à leur laideur naturelle le surcroit du ridicule.
Leur costume so distingue de celui des femmes ostiakes, non par
la coupe, mais par les ornemejits dont il est .sui-chargé. Elles cnvelojipent
leurs petits enfants dans des pelisses, ne les lavent ¡li ne les baignent jamais.
Les Samoïèdes n'ont point de demeures fixes; ils errent dans les stepijcs,
munis de tentes coniques qu'ils recouvi'ent en été d'écorces de bouleau,
e t de peaux de i-ennes en hiver, époque où ils se retirent au sud vers
les régions boisées. Les lieux affectés au pAtu]'age pour les troupeaux
des deux peuples sont contigus, mais les sources parallèles de la Kai-a
e t de l'Oassa leur servent en général de frontières. Quant à la cause de
leur décadence, ils la doivent attribuer h eux-mêmes bien ijlus qu'à l'invasion
de peuples étrangers, principalement des Zyrianes, auprès desquels
ils pourraient beaucoup apprendre. Ces deux motifs les conduisent insensiblement
à leur perte prochaine, résultat inévitable de leur fusion avec
d ' a u t r es peuplades.
SAMOÏEDES DU GOLFE DE L'ODI.
Ce poupic, qu'on .appelle .msi Samoïèdcs de Berczov, compi-enaiit
4,500 àmcs, sert de trait d'iiiiioii entre les Samoïèdes du Mézèn et les
Yoiiraks; ce n'est point un peuple qui lialiitc séparément des autres, mais
il' se trouve coupé à plusieurs reprises par les Ostiaks, nommément sur
l'Oli et le Narym; il s'étend ensuite vers le sud jusqu'au Time et iï la
Liaiiine, oil il forme, ainsi que sur les rivières de Lîapine et de Synia,
lie petits étaWissemcnts isolés. — Restés étrangers à l'inBuence russe ii
eause de Icuis retraites reculées et de leur éloignement des fleuves, les
Samoïèdes de l'Obi ressemblent en général ii ceux du j\'Iézèu; nïais ils
cil diffèieiit essentiellement par leur dialecte. Ce dialecte est riche comparativement
à celui des Ostial(s; mais, par la prononciation, il paraît
plus dur et est fort désagréable il l'oreille. Il n'existe pas elicz ce iieiiplo
de langue écrite. Ces Samoïèdes, par leur capacité intellectuelle, sont
supérieurs aux. Ostiaks. Ils sont prudents, réfléchis, solides et éconoines.
J-es enfants des Samoïèdcs qui ont, dans les aimées 1844- i\ 1849, étudié
dans les écoles du district de Berézov, montraicut des dispositions étonnantes
pour l'aritliuiétique, le dessin et la cailigrapliie. Le pays habité
par les Sanioïèdes de l'Obi est partagé en deux moitiés par le golfe du
«lime nom: l'iuic, inontagneusc, s'étend des sources de la Solda, le long
(le la cimino des monts Ourals, jusqu'à la mer de Kara, et confine aux
pa.vs habités iiar les Samoïèdcs du Mézèu ou d'Arkliaiigcl; l'autre moitié,
aiipelee terré basse, s'étend depuis les golfes de l'Obi et de Tazov, vers
l'est jusqu'aux Samoïèdcs-Youraks, dans le district do Touroukhansk du
gonveniement d'Yónissóisk. Eu conséquence, les Samoïèdes de l'Obi se
divisent en Samoïèdes des montagnes ou des rochers, et en Samoïèdes
Iles ferres basses. Les premiers forment six tribus et les derniers en
tonnent neuf. De plus, il y a encore des Samoïèdes incorpores dans les
bailliages (volosts) de Koiinovate, Liapiiic et Kazym (eu tout 800 âmes).
Ils faisaient autrefois partie des Samoïèdes d'Obdorsk; nous ignorons pour-
'inoi et il quelle époque ils s'en sont séparés.
Les Sainotèdes do l'Obi sont presque tous de petite taille, mais d'une
(»rte constitution; ils ont la tête grosse, fe front étroit, te visage rond
lilat, la bouche large, le teint d'ini jaune foncé; les pommettes soiif
^«illiintes comme chez les Mongols, les yeux étroits, fes cheveux noirs
lierissés, les oreilles grandes, les lèvres iiincécs, les mains et les pieds
"«lits. Les femmes ressemblent aux lioiiimes et sont l;out aussi laides
cnx. 1,0 costume des deux sexes consiste en iieaux de rennes et ressemble
à celui des Ostiaks. Des bandes do drap bariolées et cousues en
échiqiiiei' sur les pelisses, passent chez les femmes i)our un luxe extraordinaire.
— Les tentes portatives, en usage chez pi-esqne tous les jieuples
noniades do la Sibérie, se nomment en russe tchoinn, et on samoïède
miakani.
Les Samoïèdes mangent peu de pain; mais, en revaucho, beaucoup de
])oisson et de renne. Quand ils tuent un l'cune, c'est une vraie féte ]](]ur
les Samoïèdes comme pour les Ostiaks. Au moment où ils saignent l'animal
])our le tuer, ils en recueillent le sang dans des vases et le boivent avec
délices. Aussitôt que le renne est dépouillé de sa peau et qu'il a le ventre
fendu, toute la famille, armée do couteaux, se jette avec avidité sur lui
pour dévorer sa chair tiède, ([u'ils trempent dans le sang encore fumant.
On ne saurait ti-op admirer l'adresse avec laquelle ils détaclicnt du corps
de l'animal des morceaux de chair qu'ils saisissent avec les dents et
qu'ils coupent à l'aide du couteau, tout près de leur bouclie; et on est
effrayé de la voracité bestiale avec laquelle ils dévorent ces morceaux
sans les mâcher. Los restes abandonnés par les hommes sont dévorés
par les femmes, qui, sans autres instruments que leurs dents, détachent
avec une merveilleuse adresse les libres de cette chair sanglante.
Les Samoïèdes et les Ostiaks étaient autrefois soumis à un seul et
mémo chef, le kaiazek d'Olidoisk; mais sous le l'ègne de l'empereui'
Alexandre T", chaque tribu obtint le droit de se choisir séparément un
chef. Les Samoïèdes donnèi'ent leur suffrage à un certain Païgol; mais
après sa mort ils rentrèrent sous la dépendance du kniazek d'Obdorsk.
Chaque tribu (sotnia ou vataga) a son chef, qui répond poui- l'yassak,
e t qui, dans quelques circonstances peu importantes, est investi d'une
certaine autorité. Quoique les Samoïèdes soient en général obéissants et
ennemis de toute rébellion, il y eut néanmoins, dans les derniers temps,
un brigand insoumis parmi eux. Un certain Vaouli Piiettomine, qui avait
été châtié et banni, en 1839, pour vol de rennes, s'échappa, dans le cours
de la même année, du lieu de son exil et se présenta devant Obdorsk
avec une troupe armée forte d'environ 400 hommes; on réussit par
ruse à s'emparer de la i>lupart des insui'gés, et les chefs de ce mouvement
furent transportés à la ville de Bei'ézov. L'enquête tit connaîti'e
le dessein qu'avait l'iiettomine de faire diminuer l'yassak, de se déclai'cr
chef de la partie septentrionale des monts Ourals, de s'emi)ai-er par un
coup (le main de la ville d'Obdorsk, d'incendier l'église, d'égorger tous
les Russes dans leui's maisons, et de se rctirei-, après le pillage, vers le
ï a z et l'Yénisséi.
• ' .
] i
i '
I
i ' îs
(
i l
• I '