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P E U P L E S INDO-EÜROPÍENS, 3 3
(.le l'ótat (l<;j>lni'i)ble des clicmins au printemps et eu automne, de la clialeur
ou du fi'oid, et sans faire le moins du monde parade de son stoïcisme.
Quand on le rencontre plus tard à la ville on dans la société, c'est
souvent le hasard seul qui fait ai-river jusfjn'à vous la connaissance de ce
voyage et de ces fatigues tont à fait incroyables pour les Européens occicleutaux,
gâtés par la commodité que leur oiFrent les chemins de fer.
La vie de famille du ïïussc reflète fidèlement son caractère, son genre
d ' e s p r i t , sa manière de voir et les influences li is t o r i q u e s , politiques et
sociales du présent aussi bien que celles dn pa^sé. J-e Russe commence
et achève la joui'Jiée par la prière. Les ablutions quotidiennes, la toilette
dn matin, qui pour l'homme dti peuple est en même temps celle
de la journée, ¡ircnneut en général trop peu de temps et de soins. Les
hains l'usses (probahlemeut d'ui-igine fiinioise), usités surtout dans la
Grande-Russie, sont, il faut le reconnaître, d'un très-grand prix pour
la ])i'opreté, surtout pour les classes inférieures de la population, qui
en ont riiabitude une fois par semaine; mais il résulte du i-ebkhement
des pores de la peau et peut-être aussi de l'influence de ces
bains sur la chute des dieveux, une apparence de vieillesse prématurée
chez ceux qui en font un usage trop fréquent. Le bain russe est un
bain de vapeur obtenu par la chaleur d'un poêle ou par l'emploi de
pierres bi'ûlantes qui mettent l'eau en ébullition à nn degré très-élevé ;
il en résulte une transpiration abondante augmentée encore par des
flagellations l'épétées, au moyen de vei'ges formées de bi'anches de bouleau
garnies de leur feuillage. Une aspersion d'eau froide tei-mine le
bain, après lequel on cliange de linge. Ces bains, que l'on prend les
Iniulis, mardis et jeudis, et plus particulièrement les samedis, font
])ai'tie intégrante de la vie du peuple et ont aussi une sorte de portée
religieuse : c'est la purification ilii corps, prêcccîant celle de Tâme qui
se fait par l'office ilivlii. Qiiaut h l'importance méilicinale de ce bain
pris ortlinaireineiit en coinmiiii, souvent même, chez les paysans, par les
deux sexes on présence l'un de l'auti-e, nous en parlerons plus loin.
Le travail occupe la majeure partie de la joaniée tie l'iiomme du
peuple. En général, le mari ou plutôt le maître de la maison travaille
le moins; il n'exécute souvent que les travaux faciles, préside il l'arrangement
de l'cnsemlile, s'occupe des afi'aii-cs du deliors et se rend luimême
ou envoie quelqu'un de la famille chercher ailleurs à gagner quelque
chose comme industriel, ouvrier, etc. La plupart des travaux, et les
plus ditlicilcs, sont le paj-tage des femmes, qui, a part la fenaison, dont
les hommes sont exclusivement chargés, mettent la main à tout et se
ressentent liien duiement d'une situation subordonnée qui rappelle trop
les coutumes orientales. Le paysan vit en général assez mal au village
sous le rapport matériel, sa nourriture n'est guère substantielle ; mais
il mange beaucoup et souvent, surtout du pain. Dans les grands villages
et les villes, la nourriture est bonne et solide. Le Russe, même celui
des classes civilisées, ilort beaucoup et profondément. 11 serait difBcile
de trouver chez un autre peuple un besoin de sommeil aussi prononcé
et un pai-eil goût à le satisfaii'e. Dormir après le repas est une chose
presque indispensable pour tous; les pcreoimes aisées, les femmes surtout,
dorment bien avant dans la matinée, d'oii lésulte nmlheurouseniont
dans la tenue du ménage, dans l'éducalion des enfants, etc.. un grand
défant il'ordre et de surveill.ince.
^ Ua inconvénient qu'(m ne pont anssi s'empêcher de remarquer, c'est
l ' i r r é g u l a r i t é de l'emploi du te.ups; la dilîérence entie la nuit et le jour
n'est pas assez tranehoe. Même chez les pei-sonnos des classes civilisoes,
la chambre a coucher se trouve ordinairement réunie au boudoir île
I» femme, dont elle n'est séparée que ],ar des il,•aperies. Dans les
villes, le soin d'ontretonir la propreté des appartenient.s n'est pas confié
aux lemmes de chambre, mais le |dus souvent aux domestiques nulles,
ilont le nomb.'c est relativement beaucoup plus considérable que dans
l'Kurope occidentale, mais qui font aussi beaucoup moins d'ouvrage;
ils sont même bien souvent plutôt une entrave qu'un secours utile, car
le premiei' se repose de son service sur le second, celui-ci sur un troisième,
et cluicnn d'eux s'en tient strictement à sa partie spéciale, sans
puisse eu obtenir le moindre petit travail qui ne serait pas essentiellement
dans ses attributions.
Los repius n'ont ]ias toujours lieu a lionre fixe, comme il est d'usage en
Occident. Cliez les gens du peiiide, l'arrangement de la table est négligé;
ils se préoccupent fort |iou de la garnir de nappe, de vaisselle, de serviettes,
et tous iircnnent leur nourriture dans nn grand plat de terre ou
plus souvent de bois, en se servant d'ime cuiller de bois de forme ronde,
dont le nianclio est très-court. Ni le petit propriétaire de campagne,
ni l'employé inférieur à la ville, ne pensent qu'il y ait nécessité de faire
une toilette soignée pour se mettre à table; mais chez les personnes
bien élevées on voit naturellement régner, comme partout ailleurs, les
usages de la bonne société. Assurément ce n'est |ias sans motifs'que
les peujiles européens, et notamment les Anglais, attacliont une valeur
souvent exagérée aux formes extérieures ; elles sont basées sur un esprit
élevé, un sens profond, et sont le signe caractéristique d'une civilisation
supérieure. En Ilussic, les femmes sont ordinairement placées à table
d'un côté, et les hommes de l'antre; cette disposition est également
observée dans les grands festins.
I . a domesticité joue dans la maison un rôle plus important qu'en Occident.
Soumis autrefois, en leur qualité de serfs, à la volonté et l'iuiineiir
des maîtres, traités souvent comme dos membres inférieurs de la
famille, les serviteurs étaient, vi,s-iVvis de leurs maîtres, dans des rapports
tantôt durs et humiliants, tantôt familiers et empreints de cordialité.
Les nourrices, les bonnes, les vieux domestiques, sont souvent considérés
comme des commensaux, et ils exercent parfois un grand ascendant
sur toute la famille. Le personnel féminin est le plus raiiproclié de la
maitresse de la maison, et c'est elfectivement là qu'on trouve des femmes
qui, par leur vie intime, leurs iilées, leurs habitudes, leurs préjugés
même, s'éloignent le moins de celles qui appartiennent aux classes plus
civilisées.
L e luxe est loin de faire défaut aux classes supérieures ; il est, au
contraire, dans certaines maisons aristocratiques, poussé a un point qu'on
rencontre rarement en d'autres pays. On trouve aussi tout le confort
européen chez les riches marchands; mais les liabitaiits de ces somptueuses
demeures semblent quelquefois eux-mêmes être des étrangers au
milieu des produits de la civilisation et des merveilles de l'art tlont ils
se sont entourés. Dans la demeure du Russe, connue en général dans
tonte son existence, on s'aperçoit souvent du manque d'esprit d'ordre,
on y remarque l'absence de la main infatigable et de l'oeil vigilant de
la maîtresse de la maison, dont rinfhienoe doit se rotronver partout,
tout invisible qu'elle soit.
Chez les gens du peuple, la femme travaille trop, et trop peu dans les
classes civilisées. Parmi les premiers, elle est chargée de la plupart des
travaux de l'homme; chez les autres, riiomme ]irend dans ses attributions
bien des choses qui devraient être exclusivement du ressort de la femme.
Les résultats à peu près certains de ces rapports irréguliers sont une
fausse position, le manque de goût pour les fonctions réservées il chacun,
te malaise, l'ennui, etc. Tandis que la femme du peuple est opprimée,
celle des classes supérieures est au contraire presque trop émancipée;
elle attache évidemment plus d'importance aux jouissances passagères,
aux réceptions, aux visites et aux réunions du monde qu'a ccs devoirs qui
font la gloire et le bonheur du coeur féminin, à cette position si enviée,
si noble, de maitresse de maison, d'épouse et de mère. Cette iusouciance
des soins de l'iiitérieur de la maison, ce goût prononcé pour l'apparence,
ce besoin de iilaire qui occupe tant les dames russes, tournent au profit
de leur amabilité et contribuent beaucoup à les faire rechercher dans la
société. La femme russe a conservé plus que toute autre une certaine
bonliomlc, une grande bonté de coeur, le goût de la bienfaisance. On
trouve en elle des facultés intellectuelles et un certain bon sens qui se
uianifcstcnt autant dans les classes inféiioures, malgré leur situation subordonnée,
que dans les classes supérieures, en dépit de la manière d'être
dos liommes, qui n'est pas toujours an niveau des qualités de leurs
femiues. Quelquefois, il est vi'ai, la femme ne sait pas se mettre à la
liauteur de sa mission ; elle n'est guère plus alors que le jouet dont
son mari s'amuse, dont il fait parade aux yeux d'autrui. Il est vrai
aussi que l'homme n'en exige souvent pas plus de sa femme et qu'il
n'est pas même toujours en état de lui donner une dii'ection phis juste,
lítttüus-nous de dire que l'introduction des usages européens depuis Piene
le Grand a singulièrement adouci et amélioré les moeurs des classes
élevées, et créé pour la femme une position plus digne que celle qu'elle
occupait avant cette époque. 11 n'est pas rare, en Russie, dans les réunions
de la bonne société, de voir la dame de la maison représenter
seule son sexe au milieu d'une asseniblée d'hommes j et, tout en mon-
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