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- P E U P L E S DU CAUCASE.
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i ïchûglicm et à Oiirouspi, ii l'ouest à Karatcliaï, est gouvernée par
quatre familles priiieières. La Petitc-Kabarclah toiiclic an nord an Torek,
il l'est à la ïchétehnia, au snd an plateau d'Oskov, et h l'ouest à la
Giaude-Kabardali.
TrÈs-semblaljles ans Adiglié et anx Koumyks par la pliysiononiio, les
moeurs et les usages, les Kabardiens ue se distinguent guòre des premiers
cjue par leur langage. Les princes kabardions, moins considérés
aiijourd'liui qu'ils ue l'étaient autrefois, sont d'origine étrangère, probablemout
arabe. Il est très-yraisemblable qu'il y a aussi dans ces familles
nobles un mélange de sang européen, pent-étre génois ou provenant des
croises. Elles se distinguent remarquablement du peuple par leur extérieur
et quelque chose de partieuliérement clicvaleresque.
De loin, les villages on aoiils des Kabardicus ressemblent a ceux des
Russes ; mais vus de près, cette ressemblance disparait entièi ement. Us
u'uiit pas de mes; les maisons, placées par groupes, sont biities en
terre glaise, couvertes en jonc et divisées en plusieuis cbauibres avec
des portes très-basses et de très-petites fenêtres. Le sol n'est pas plauchéié,
mais la terre en est fortement battue. Les c(mrs sont cntouiéos
de dolnres formées de braucbages ti-essés. Onti'c le principal corps de
logis, liabité par le maitre, ces cours contieuneut presque tontes un
autre bjUiment destiné aux visilenrs, et que l'on nomme kbadjitehij
ou maison des konnaks. Le mobilier consiste en larges coucbettes recouvertes
de feutre et de tapis, et en tables roiules et basses. Ponr
véhicule ou se sert d'une petite voiture carrée à deux roues et traînée
par des boeufs.
Les Kabardiens mangent de la viande de boeuf et de cheval, que l'on
tue eu si grande quantité pendant l'automue que l'on eu peut conserver,
salée et sécîiée, comme provisions jusqu'au mois de mai. De mai à octobre,
les Kabardiens mangent du fromage, du lait caillé et d'autres
aliraeiits semblables. Le fromage kabardien est ibrt gras, d'un goût délicieux
et peut se conserver longtemps. Le paiu est tait ordinairement
avec de la farine de millet On prépare aussi avec le millet et uu méliiuge
de houblon une boisson nommée makbsym (bouza).
Jusqu'à ce jour les Kabardiens ne possèdent pas encore individuellement
de piopriétés territoriales. Cliacnn d'eux utilise le terrain qui entoure
l'aoûl et cultive les terres qui ne sont piises spécialement par
personne, arraugemeut qui devient souvent la source d'assez vives coutestations.
Cette incertitude de la propriété est: la principale cause du
manque de régularité, d'ordre et mémo d'organisation dans l'économie
r u r a l e . Les bois sont aussi la propriété comn.uue de tous les Kabardiens,
ehacni, peut y prendre ponr son usage tout ce qu'il ki faut; mais personne
ne peut exporter du bois de la Kabardab pour le ve.uUe sans
a c q u i t t e r à la caisse commune nue somme déterminée. Dans ces conditions
le commerce du bois se pratique sur nue assez grande échelle Le Kabardten
ne cultive la terre qu'en proportion de ses besoins; il récolte
malheureusement plus de nnllct que de froment:. L'élève du bétail est
t r è s - p r o s p è r e chez les Kabardicus; de nombreux troupeaux de chevaux
et de moutons constituent leur p.ineipale richesse. Le cheval kabardien
etait connu dès les temps anciens pour la durée do son service, sa sob
r i é t é et sa vélocité ; ces qualités se sont mallicnreusement amoi.idries
de nos jours, par la restriction apportée aux pMurages. Ou élève aussi
boancoui, d'abeilles. Les Kabardiens ue connaissent aucunement le jardinage
ni la culture des potagers; cela vient certai.iement de ce que
comme nous l'avons dit, ils ne possèdent pas de terrains tixcs. Leurs
produits iudnstiiels sont insignliauts, mais exquis dans leur genre. Les
Kabardiens tissent un drap connu sons le nom de drap tcherkesse; leurs
bourkas sont de première qualité, légères et imperméables. Ditféi'onts
objets en cutr brodé d'or et d'argent méritent aussi la réputation qu'on
IclU' accoi'dc.
L a tribu des Onbykhs est celle qui diffère le plus des autres tribus
des Ailighé, ce qui la fait considérer par beaucoup de personnes comme
une peuplade A p a r t , formant la transition des Adighé aux Azéga. Au
nombie de 25,000 âmes, les Onbjkhs habitent le versant méridional de
la chaîne du Caucase, immédiatement sur la mer Noire, entre les Tcherkesses
proprement dits et les Abkhaz, prés des petites rivières de Chakhé
e t de Khamych. Jitant peut-être, en raison de leur langage spécial et
de leur origine, un reste des anciens Alanes, les Oubyklis ressemblent
beaucoup aux Abadzekbs par leur manière de vivre, leurs moeurs, leur
organisation, leurs usages et leur leligiou qui est le maliométisme. Outre
leur propre latigne, ils parlent aussi le tcheikcsse. Excessivemc.it rudes
e t belliqueux, ils ne sont pas encore soumis aux Russes. Leurs expéditions
ne s'étendent pas jusque sur le versant septentrional de la montagne.
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ABKHAZ OU AZEGA. i l ,
Les Azéga, tribus abkhazes ou abazines, habitent sur tout le versant
luéridional de la principale chaîne de la montagne, entie les rivières
Khamych et lugour, et sur le versant septentrional, dans l'étroite contrée
située entre la principale chaîne, les monts qui la côtoient, et les rivières
Hiodse et Teberda, à l'ouest de l'Elbrous. La beauté, la fertilité et
la salubrité du climat de l'Abkhazie sont pai t icnl ièrcmont remarquables :
(les fruits de toute espèce et toutes les céréales y viennent on grande
abondance, mais à l'état sauvage, car l'agriculture n'y est pas dévelop-
Pée. Les rivières et les forets fournissent uux habitants leurs principaux
ressources. La plus grande partie des Abkhaz (Aphkhaz), qui habitent
les contrées de l'Abkhazie, du Samourzakhau, où la population est moitié
clnétienne, moitié mahométane, et du Tsébelda, oil l'islamisme est
predominant, se sont soumis aux Russes; la seconde partie, qui se divise
en beaucoup de petites communes qui habitent les gorges inacecssibles
lie la montagne, ne s'est pas eiicoïc soumise et a conservé son caractère
Pii'mtif de rudesse et de sauvagerie. Les Abkliaz n'ont iias d'ailleurs
« i m t chevaleresque et l'élément aristocratique des Adiglié, ni la loyauté
ta Karthles, ni l'activité industrielle des Lesghis, ni les facultés poc-
'iqucs des Mingrélieus et des fmers leurs voisins ; ils ne possèdent, en
" " mot, aucune des qualités saillantes qui distinguent plus on moins les
•"lires peuplades des montagues.
Bmleustcdt, en parlant des tribus ablihazes, s'exprime ainsi : .Leur
'"•eue, qui a plusieurs dialectes, indique nue parenté avec celle des
" l e l i é , taudis qu'il serait diflicile de trouver la preuve d'une telle pa-
'Mte sous d'antres rapports. Par leur organisation sociale (démocratique)
ainsi que par leur physionomie et leur structure corporelle, les Abkliaz se
distinguent singulièrement de leurs voisins les ï chc rke s s e s proprement dits.
Ils sont maigres et ordinairement de taille moyenne ; leur teint est plus
foncé, leurs traits sont irréguliers et leur visage a nue expi'ession farouche.
Ils sont vindicatifs, sanguinaires, pillards et sans foi. Pendant longtemps
et à diverses reprises ils se sont trouvés sons la domination étrangère.
Les Abkhaz, peu avancés dans la voie du développement politique et
social, n'ont conséquemment presque pas d'histoire; car ils se sont contentés
de végéter durant des siècles. Les deux peuples qui se sont maintenus
le plus longtemps maîtres de ce pays sont les Géorgiens et les
Turcs. La majorité des Abkhaz est soumise i\ l'autorité des Russes depuis
le commencement de ce siècle. Cette soumission s'est effectuée d'abord
par rentremise du prince Tsitsianov, homme doué de qualités remarquables,
et plus tard par l'influence du prince abkhaz Chervachidsé.
Dès le temps de l'empereur Justinicn le christianisme avait été introduit
en Abkhazie par des missionnaires ; toutefois, implanté seulement comme
une greffe féconde sur l'arbre sauvage de l'antique superstition, il périt
et tomba avant d'avoir pu porter des fruits. Sous la reine de Géorgie
T h a m a r a , qui avait incorporé rAbkhazie à ses Etats, la population fut
de nouveau convertie au cbristianisme. Aussi longtemps que dura la domination
géorgienne, les Ablibaz furent clirêtiens, au moins de nommais
ils devinrent musulmans sous la souveraineté des Turcs. Durant
ces phases diverses, ils restèrent toujours sccrctcinciit a,ttiic!ics à leurs
anciennes moeurs et fidèles Èi l'adoration de leurs idules, bien qu'il dut
r é s u l t e r iiifailliblemcut de leurs religioos passagères un certain reflet de
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