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l ' I î U P M Î S DU l /AMÉl ì lQUE RUSSK
(run li! i-ougo sciileiiicut. ÍJOS aiiiioitux ])ass6s it travers le iicz diez los
ÌKHIIIIICS REP róse 11 ten I mie pai'iire équivalente aux onienients que les feiiuiies
suspeiideiit ìi. leurs lèvres, Dès <iue les premières ti'uces tie iiubilitó se
moiilreiit (^hcz iiiie jemie lille, (ui lui perce la lèvre inférieure, et ilans
c e l t e ouverture on introiliiit un os ])oiiitu et le iilus souvent une goupille
(l'ariicnt, ipi'elle doit porter jusqu'il, l'époque de son iiiai-iage. On rcmplaec
alors ce petit os par un ornement plus grand aussi en os, ou en bois,
creusé intérieurement, o'est-ù-dire du côté qui touche ii la iniiclioii'e. On
augmente successivcuient, avec les ¡innées, le voliuno de cet ornement
p a r a s i t e , de telle snrie (|ue cliez une vieille femme il atteint jusqu'à deux
ponces en largeui-. Il en résulte quo la lèvre grossit en proportion de cet
accroisseiuenl ¡irogressif, et offre un aspect on ne peut plus disgi'acioux,
car la bouche ue peut ])lus être close, et laisse éohappei- uue salive brune,
pi'üveiianl. du tabac niâclié presque continuellement ])ar ces indigènes.
Les Kolocbes du teri'itoire russe forment actuellemeiit en tout seize
colonies, oii ils se sont établis ti demeure lixe, ])eiulant la plus grande
liartic de l'aimée. Mu été, ils se dispersent dans diverses directions, afin
de mieux s'upiu'ovisionner de |)oissons ¡)oiir l'hiver, et pendant ce temjis
ils séjounieiil dans de légères rabanes faites en écorce d'arbre. La
y o u r t e d'iiiver est au contraire bâtie avec beaucoup de soin et de solid
i t é et sert eu même temps de maison fortifiée pour la défense des
l i a b i f a n t s en guerre avec les difi'éreutes petites tribus, qui les avoisinent.
La maison ou yourte, consistant eu une charpente de poutres, estilante,
c a r r é e , solide, et surmontée d'un toit en'perclies, l'ecouvertes d'écorce
d ' a r b r e . Une petite ouverture très-élovée et une grande lucarne percée
s u r le toit, servent de poi'te et de fenâtre. L'intérieur ne contient pas
a u t r e chose qu'un foyer et quelques coiupartimeuts ])0ur les provisions
e t les ustensiles de ménage; ce n'est qu'aux environs de Sitkba que l'on
remarque daus ces ustensiles quelques signes d'une civilisation naissante.
l ' a n n i le giiuid nombre d'instruments dont se servent les Kolocbes, et
lini sont très-ai'tistement fabri(iués par eux, leurs canots tiennent la ])lace
lii plus importante, autant par l'usage journalier qu'ils en font, que par
Icui- construction singulièrement ingénieuse; elle est d'autant ])lus remarquable
que l'emploi du fer était naguère complètement inconnu aux
K'oloclies, et que tous leurs ouvriigos en bois étaient travaillés h l'aide
d'insti'uments do pierre. Les canots sont faits d'un seul tronc d'arbre
c r e u s é , auquel on fait lii'eudre une forme convenue en lui donnant, au
moyen de l'eau bouillante, la flexibilité nécessaire. Tous les canots sont
longs, étroits et pointus ii l'avant et à l'arrière; ils contiennent environ
dix !Ï douze pei-sonnes; mais les canots de guerre sont plus grands et
peuvent en recevoir de quarante à cinquante. Des ornements de toute
espèce sont adaptés au canot et aux rames. Un bon cauot doit être
facilement dirigé, et résister h rimpétuosit é des vagues. Parmi les objets
actuellement fal)ri(|ués en fer, le iioignard, insépai'able du Koloche, occupe
le premier rang; le javelot, considéré comme arme de guei-re, ne
vient (|u'après le poignard. J /ar t de foi-ger le cuivre, métal que le fleuve
de Cuivre rejette pur sur ses rives, est déjà très-ancien chez les Kolocbes.
Ils confectionnent aussi, avec beaucoup d'ai-t, toute espèce de petits objets
en os, en pierre, etc.
Comme tous les peuples de la cote nord-ouest de l'Ainérique, les
Kolocbes tirent leui- principale nourriture de la mer. Les racines, les
h e r b e s et les baies ne sont jiour eux que des friandises. L'immense
abondance des poissons ef des animaux qui vivent dans la mer, rend
ordinairement leur capture assez facile; les harengs surtout se trouvent
dans ces parages eu mnsses com|)actes. Bien que d'ailleurs les Koloches
ne soient guèi:es délicats dans le clioix do leur nouri-itui-e, ils ne'mangent
cei)endant jamais les poissons crus; ils les font cuire anjoui-d'hui dans
des chaudrons eu fer. Avant l'arrivée des Russes, ou se servait, ])our
cet objet, de paniers tressés et imperméables, où l'eau était mise en
ébullition iiar des pierres brûlantes qu'on y jetait. La cbasse et la ])échc
forment l'occujiation |irincipale et la ])lus appropriée à la situation des
Kolocbes. ]JCUI- état de misère et leurs besoins augmentés par le contact
des 'Russes ont surmonté leur pai-csse native, et leur ont donné plus d'activité,
L'usage des armes à feu e.st devenu général chez eux. La pèche du
b a r e n g offre un spect-acle aussi curieux qu'intéressant: ce jioisson, se
m o n t r e , en effet, en niasses si considei'ables, que le Kolocbe peut le
p r e n d r e nu moyen d'une longue perche garnie de 4 ou 5 clous, avec
laquelle il fraiipc au hasard dans la masse conijiacte du poisson voyageur,
et pique nrdinair eineiit au passage, uii hai'enç à cliacun dos clous.
Les nouveaux besoins qui out surgi dans l'existence des Kolocbes ont
sensiblement contribué h développer chez eux l'esprit mercantile, surtout
cbez ceux que l'on ])ourrait nommer nomades des côtes on marins nomades,
aussi bien que tous les peuples qui Imbitent la côte nord-ouest de l'Ainérifine;
la même cause a développé cbez eux, pour la conduite des affaires
commerciales, inie adresse et une habileté inconnues aux Alcoutes et
leurs voisins en général; ce (iiii est d'autant plus remarquable, que cette
a c t i v i t é dans toutes les atfaires de négoce et d'iudusti-ie est radicalement
en contradiction avec la pare.sse extrême qui les domine dans leur vie
habituelle, et dont l'orgueil est le princi))al mobile. Un usage rigoureusement
obsei'vé dans les mariages des Kolocbes, exige que l'é|)oux et l'épouse
n ' a p p a r t i e n n e n t ])as à la môme race ou la même tribu. C'est ainsi,
iiu'un homme de la tribu du corbeau ne peut choisir nue femme que dans
la tribu du loup et vice versa. Au reste la polygamie est générale, surtout
cliez les i-iches. Veniaminov parle d'un chef ipii n'avait pas moins
de quaî'ante femmes; cependant la première en date conserve toujours
une certaine prépondérance. La ])roniisc s'obtient pai' le moyen d'un intermédiair
e qui fait la demande en mariage et par des cadeaux envoyés au
p è r e et il la mère ou il la paieiité; le père de la iiroinise invite à la
noce les familles des deux fiancés. Mais le . jeune couple ne prend aucune
p a i t aux chants, danses et festins, et doit en outre subir, ii deux reprises,
un jeûne prolongé ; ce n'est qu'après uu martyre de quatre semaines,
pendant lesquelles les époux ne reçoivent qu'une très-mince nourriture,
q u ' i l s peuvent s'abandonner librenieut au penchant qui les entraîne l'un
vers l'autre. Eu quittant la maison patei-nelle pour suivre son mari, la
j e u n e épouse reçoit une dot dont la valeur doit être égale au présent de
uoces. Le mariage peut être rompu pai- le consentement réciproque des
deux époux, et dans ce cas, ni la dot, ni le cadeau de noces ne sont
r e s t i t u é s . L'homme mécontent do sa femme peut la renvoyer dans sa famille,
mais il doit alors rendre la dot sans aucune compensation. Lorsque
l'homme surprend sa femme en flagrant délit d'inñdélité, il peut redemande!'
les cadeaux qu'il a faits, sans être tenu il la restitution de la
dot. Dans ces divers cas, les enfants restent auprès de la mère. De même
que cela se pratiquait autrefois chez les Aléoutes, il existe encore parmi
les Kolocbes des individus qu'on nomme demi-maris, (en russe Polovincht
c h i k i ) ou amants privilégiés que les femmes se réservent ordinairement
pendant l'absence de leurs maris; cette singulière, charge est la plupart
du temps l'eniplie par les plus proches parents de l'époux. L'usage du
pays veut aussi que dans le cas de mort du mai-i, son frère ou le ftls
de .sa soeur épouse la veuve; si l'un et l'autre veulent se soustraire
racconiplissement de ce dovoii', il en résulte souvent des guerres meurt
r i è r e s , parce que la tribu ii laquelle appartient la femme se considère
comme mortellement ofl'ensée par le refus successif des deux personnes
(¡11 i devaient contract ci- cette union. Lorsqu'il n'existe pas de parents an
degré prescrit ou que ces parents sont déjà morts, la veuve a le droit
d e se marier selon son goût. Si le séducteur d'une femme échappe au
piiignai-d du mari, il doit se réconcilier avec lui en lui donnant des marchandises,
il moins qu'il n'cxi.ste entr'eux uu degré do iiroche parenté,
auquel cas le séducteur est contraint de se charger des fonctions do
demi-mari et de contribue]- pour moitié à l'entretien de la femme. La
s i t u a t i o n des femmes chez ces peuples américains est très-dure. La man
i è r e dont elles sont traitées avant au.ssi bien qn'ajjrès la noce est presque
incroyable. La femme ii laquelle la nature a ini])osé de grandes sou lira ne es
e.st martyrisée, dans ce pays, do la façon la plus iiduimaine, et cet indigne
traitement est en quelque sru'te justifié jjai- la superstition et par
l'usage traditionnel. Avant leur délivi'ance, on abandonne les femmes sans
aucun secours à leur sort, parce qu'on les abomine conilue imjnircs, A)n-ès
la délivrance, la mère cst_ enlevée de l'yoïii-te et transportée dans une
légère cabane construite il cet cflVt, et elle reste en réclusiun ])endant
dix jours. Des voyageurs contem|)orains ont entendu de ces malheureuses
femmes abandonnées, pousser des cris (|ui reteutis-saient dans la foi-ét,
sans que iiersonne vint leur jn-étcr assistance, toujoui'S, ))nr le motif <)u'elles'
sont considérées comme des êtres impurs. QiiamI l'enfant nou\'eau-né est
iigé de quelques semaines, il e.st euvelopjié dans des foui-ru res et attaché
s u r une planche, (|ue la mère porte constamment avec elle. Il est allaité
pendant dix mois, et quelquefois jusqu' à trente; mais au bout d'une année,
on l'habitue déjii ii (l'autres aliments. J^orsque l'enfant commence à marcbei,
on le baigne chaque joui- dans la mer, et eu toute sai.sou. C'est
lii ce qui explique la force remarquable des Kolocbes, lem- fermeté à