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i PEUPLES DE L'AMÉKIUUE RUSSE.
ilif
L e s possessions do in Compagnio nissc-ami^ricnino, situées drins la
p a r t i e iioi'd-oiiest ilo l'Aiinh-iquc sepfoiitrioniile. sont li.nl)itóos ])ar diverses
p e u p l n d c s , poni' In piuiiart peu connnes.. "Riles peuvent être divisées en
d e u x groupes principaux : lo ]>remicv eoiniii'enant les peiijilos estiniinaux
( e s k i m o s ) , dans la ])lns large acception du mot. et le second, les peup
l a d e s indiennes; ou mieux encore, coiiforinénient à des diiïérenees mnri
j n é e s diins leur extérieur et leur langage, en quatre groupes principaux:
l e s Alénutes (parlant la langue onnalaelilce), les Eskimos (la langue
Icadialcc), les JCénaïcns (la langue atapaske) et les Koloelies (qui pai'Icnt
t r o i s ou plutôt qiiati'e langues). Eu suivant cet ordre. la transition dos
p e u p l e s du nord-est de la Sibéi-ic anx Koloclies (peui)le indien) se trouve
e x a c t e m e n t indiquée. Les indigènes ne connaissent poiij-tant pas ces dénom
i n a t i o n s générales: cai-, en fait, les peuples de l'Amérique ru.'ise se
d i v i s e n t en un grand nombre de petites ti-ibus qui se désignent nnitueliem
e n t par des noms auxquels est at tachée quelque signitication extéi-ieure.
A v a n t de signaler les tj'aits distinctifs qui caractérisent ces différentes
p e u p l a d e s , il est indispensable de jeter un coup d'oeil réti'ospectif sur la
f o n d a t i o n et le dévelojipement de la domination russe dans le nord-ouest
d e l'Amérique septentrionale.
L e s possessions de la Russie dmis cette partie de rAmérique, avec
S i t k h a on Novo-Arklianghelsk pour clicf-lieu. appai'tiennent ¡i une société
d ' a c t i o n n a i r e s jilacéo sous- la surveillance d'un gouverneur luiunné par
l ' a u t o r i t é russe; elles s'étendent sur ce continent jusqu'au 141' degré de
l o n g i t u d e occideivtale de Greenwich, euibrassaiit l'étroite còte qui s'y
j o i n t an mont Elias, jusqu'au 55' degré de latitude, ainsi que toutes les
î l e s qui se trouvent ii l'ouest dans ces parages, y compris même les
A l é o u t e s , et les Kouriles qui apjiartiennent encore l'Asie,
C e t t e coiiti-ée, dont la superiicie est d'environ 20,000 milles cai-i-és.
m a i s (|ui n'est habitée que par 50,000 âmes environ, l'orme ii l'cn-ient
le poste le i)lus avancé de la civilisation slave et s|iécialement russe,
qui coïncide dans cette j-égion au détroit de Poi-tland (sous le 55' degré
d e latitude septenii-ionale). avec la civilisation ocoidenfale ébaucliée d'al)ord
])ar les l'oî'tugais et les h>spagnols, et dcvelop])ée iilus tard par les (!erm
a i n s (Ilollamlais et Anglo-Saxons).
Le premier iondateui- de la Compagni e russe-améi-icaine fut Cbéléklmv.
d o n t la. mémoi r e ne périra pas: car c'est il lui i|ue l'on doit Torganisat
i on de la société commei-ciaie si Horissante aujoui'd'hui, et qui est destinée
h acquérii- encore une ¡¡lus grmide imjiortance par les communications
a c t u e l l e m e n t établies sur l'Amour.
N é en 1748, dans le gmivernement d'Orel. Cliélékiiov. après avoir
t r a t i f i n é en Sibérie. 'se rendit, tout jeune encore, avec d'antres marchands
d e Koursk, dans le iiurd-ouest de rAmériqne, oîi les promychlénilcs
ou cbas,seurs de bétes fauves s'étaient, depui,^ la soixante-dixième année
d u siècle i)récédent. cimsidérablenient répainUis, il ])artir d'OkholsIc ¡usq
n ' a u x îles Aiéoiites, l'eu scrupuleux sur le choix de leurs industries,
ils se porlaieiil mnlnellement pi-éjudice, ne songeant qu'ù leni' propre
i n t é r ê t et s'occui)ant. avant tout, d'entasser sur leurs navires des carg
a i s o n s de fourrures |n-écieuscs. Ils ti-aitaient d'ailleurs les indigènes
a v e c une excessive dureté, contrairement aux ordres donnés au gouvern
e u r général de la Sibérie, Tchitchérine. par l'impératrice Catherine 11.
ain-ès la découverte des îles Aléoutes. Ces ordi'es ])ortaient " que les
ï promychléniks russes qui se rendaient dans ces contrées devaient se
ï comporter avec douceur et bienveillance lY l 'égar d des indigènes. ? Rév
o l t é de l'injustice de ses compatriotes, et animé do la forme volonté
( l ' i n t r o d u i r e un état de choses meilleur et ]dus avantageux dans cette
c o n t r é e , autant dans l'intéi-ét bien entendu do la i)ati'ie que dans celui do
r i i n m a n i t é . Cliélékhov foi-ma. avec quelques auti-os marchands, une société
d e commerce qui fut nommée Compagnie américaine du nord-est, du
n o r d ou des Kouriles: il équipa ii Okhotsk li-ois navires, et traversa
a v e c eux la mer d'Okhotsk, en 1783. pour se l'cndi-o en Amérique. En
. b u t t e aux tempêtes et conti'arié jiar do fâcheux accidents, l'expédition se
vit forcée d'iiivernei' dans l'ile de Bobi'iug. et n'arriva qu'en 1784 à l'île
d e Kykhtak (ou Kadiak), située l'est de la ])i-esqu'ile d'Aliaksa (ou
A l i a s k a ) , Mal accueilli ])ar les indigènes, qui laucèi-ent contre lui une
g i ' é l e de flèches. Chéickbov se vit contraint d'employer le canon, qui
d é c i d a de la victoire. Mais les indigènes ne tardèrent pas à revenii- de
l e u r première panique, et recommencèrent do nonvelles et infructueuses
a t t a q u e s . Ce ne fut pas chose facile que d'établir avec eux des rapports
d ' a m i t i é et de commerce; on n'y arriva qu'insensiblement, en employant
la douceur et au moyen de quelques présents. Lorsque la confiance des
i n d i g è n e s fut arrivée à un tel ¡mint qu'ils acconi-ui-ont en grand nombre
e t donnèrent eux-mêmes dos otages. 'Chélékl iov fonda une école jiouiv
i n g t - c i n ( | garçons, et les habitua tous à ne voii-'en lui qu'un ami. Quelques
p e t i t s forts, dont le princii)al se trouvait sui- Tilo de Kadiak, servirent
d ' a p p u i l'entreprise et lui donnèrent plus de consistance. Ce fut donc
p a r . la ¡irise de possession de l'île de Kadiak que Chélékliov posa les
p r e m i e i ' s fmidements de la colonie russe en Amérique,
Une exacte régularité introduite dans les relations commerciales devint
la source d'opérations lucratives qui enrichirent Chélékliov et ses
c o n i | i a g n o n s ; et déjà en 17S4 l'exportation de la colonie atteignit nu
chitVre de plus de IS.^.OOii roubles. Le négocimit Harano\- aida beaucoup,
j i a r sa ¡irudence et son activité, les agents de la Comiiagnie. et dev
i n t |iar la suite le principal administrateur de la colonie. Après avoir
f a i t de mauvaises affaii-es dans son pays, il s'était mis d'abord au service
d e Cliélékhov, et était ari-ivé en 17f)0 on Amérique, oii. dès l'année
1792. il fonda des colonies russes à Kénaïsk et sur la rivière Tchougan,
L e bétail, que l'on avait fait venir d'Asie, rendit ¡)ossibles les travaux
do i'agi'icuKure, et un put établir une organisation régulière. Enfin une
m i s s i o n ccclé.siasniqiie. sollicitée par Chélékhuv et envoyée à Kadiak, était
d e s t i n é e j). donner de la vie ¡^ l'enti-eprise et à lui imiirmier plus d'essor,
p a r le salutaire eni|doi des moyens religieux et moi'aiix. Ce])endant les
n o b l e s intentions de Chélékliov et le succès même de sou eutre|)risc furent
j u g é s défavorablement en Sibérie, et n'excitèrent que l'envie; il était
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