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giinuos ill' lames de fer-blaiu; iirgonli:. l.cur liabillcnicnt iriiivcr coiisisti'
CI) 1111 double vôtomcnt de peau dont lu foiirnirc est en contact,
ittiinédiiit; les deux sexes portent en oiilrc do gros bonnets, des bottes
et des [laiitalons luiirrôs. Ils se lient ¡vutniir du con niie espèce de boa
i|ui, avec leui' bonnet très-cnroncc sur la tète, leur donne un certain
air jovial ol de bonne Iniincnr. Les Yal<outes possèdent un procédé tout
liiirlicnlier pour "tannor le cuir et le rendre iinponnôablo. Ils ne coiinaissaienl
pas antrolois l'usage des chemises, que les riches seuls portent
autuelleinciit, pour la phipaH. eu élolTes de Chine ; leurs vâtements de
pclk'iei-ie étaient aJors en contact avec la ])cnu.
Sous lo cliuial rigoui-cnx des contrées qu'habitent les Yal<outes, coucher
en plein air pendant Jos voyages ou à la chasse en liiver, par un
froid di' '10 degrés, est la chose la plus pénible qu'on puisse imaginer.
l;es préiiaratifs de ces sortes de couchers sont fort simples : on enlève
la neige avec des pelles et on allume du l'eu qu'on entoure de brandies
de pin recouvertes de jicaux. Eût-on jiarcouru, à travers mille fatigues
ol. mille dangers, de 'iO il. CO verstes dans la journée, ce n'est qu'à
l'endroit choisi pour la coucliée qu'on fait le seul repas du jour; souvent
on voit le bord do la cuiller se couvrir en quelques secondes d'une
couche de glace. Les Yakontes se couchent entièrement nus et se convrent
de ])eaux autant (|ue possible , car leurs vêtements gèleraient et
lie leur diinneraient aucune chaleur. Le lever est un moment terrible
pour l'Vakoute, ce qui se conçoit aisément si l'on songe qu'il sort
(uiit nu de dessous ses peaux; qu'il lui faut beaucoup de temps pour
rcuiettre ses habits, et que pendant cette opération il se gèle d'un côté
tandis que de l'autre il se i-ôtit presque le dos en se tenant tout près
du len. D'Yakoutsk îi Sredné-Kolymsk, les maisons de station n'offrent
]His plus de commodités que les lialtes en plein air. Ces maisons sont
sans l'enètres et sans banquettes, on y a seulement pratiqué un trou
t)our qu'on puisse y faire du feu, lequel ne produit le plus souvent que
de la fumée sans aucune chaleur. En été, les myriades de cousins et de
niouclierons qu'on rencontre dans ces déserts marécageiLx, et les continuels
cours d'eau qu'on est obligé de traverser, rendent aux hommes
et aux animaux le voyage pour ainsi dire plus pénible qu'en hiver.
C'est à leur continuel sojoui' en plein air et à la courte durée des
grandes chaleurs de l'été que les Yakontes doivent la vigueur pliysique
qui les distingue. Jouissant généralement d'une sauté robuste, ils sup-
]j or te ni avec beaucoup de patience et sans nulle fâcheuse conséquence
toutes sortes d'intempéries, notamment les froids excessifs. Ils voyagent
i)ar 40 degrés au-dessous de zéro, et soignent leurs chevaux de
bât les mains découvertes. Il n'est pas rare de rencontrer panni eux
des individus plus que centenaires, ce qu'on ne voit jamais chez les
Bouriates, qui inènent cc])endant le même genre de vie.
Les Yidcoutes sont îi. la fois pasteurs et chasseurs. Ce n'est que depuis
peu d'années, surtout à partir de 1SÔ3, que l'agriculture s'est propagée,
e t il est il espérer que l'oblast d'Y'akoutsk, à l'exemple des colonies
russes, fournira, dans un espace de temps assez rapproché, le grain
nécessaire la nourriture de ses habitants. Bans les oulouss de Boutouroussk
et de Namss on fait actuellement de grands efforts pour faire
progresser l'agriculture; mais on ne sème encore que du seigle dans les
deux districts de l'oblast, celui d'Yakoutsk et celui d'Olekminsk. Les
Yakontes restant sédentaires pendant l'hiver, ont naturellement deux
genres de vie selon les saisons, celui d'été et celui d'hiver. Ils se
construisent, en conséquence, des yourtes pour l'été et des yourtes pour
l ' h i v e r ; les prcmiÈres (ourassa.) consistent en longues bandes d'écorce
de bouleau cuites, soutenues par une légère charpente de perches, pour
en rendre le transport ])lus facile. Les yourtes d'hiver ne sont pas transportables;
elles sont construites en bois et l'ccouvcrtes de foin et do
t e r r e , particulièrement dans les oulouss de l'est. Elles y sont, en effet,
bâties ti'ès-solidomcnt et d'une antre façon que les habitations des indigènes
de cette contrée, les Toungouses et les Koriaks. Comme les riches
seuls peuvent se procurer des vitres en veiTe pour leurs fenêtres, le.s
[lauvres les ferment le plus souvent avec des morceaux de glace bien
taillés et les calfeutrent avec de la neige.
Outre rélève des troupeaux, les Yakoutes se livrent encore à la pêche
e t il la chasse. Ils prennent à leur service, pour les aider dans ces occupations,
leurs voisins les Toungouses et les Youkagliirs, plus audacieux
mais plus pauvres qu'eux, et dont ])lusieurs servent les Yakoutes toute
leur vie, seulement, pour la nourriture, qui est infiniment meilleure
chez ces derniers que chez les Toungouses. Les Y'akoutes n'ont le plus
souvent que des chevaux et du gros bétail ; ils ont peu de rennes et
manquent presque totalement de moutons et de chèvres : aussi ne confectionnent
ils pas de feutre; mais ils gagnent beaucoup avec leurs clievnux
par le 1,ransport des marchandises. Les Yakoiites qui demeurent
diins les contrées orientales près d'Okliotsk n'achètent de chevaux que
pour les tuer; ils élèvent une quantité de chiens dont ils n'ont ni soin
ni souci, et qu'ils nourrissent en hiver d'arêtes de poisson. La récolte
de la provision de foin nécessaire i\ la nourriture des animaux en hiver
est l'objet principal des soins de l'Yakoute pendant l'été. L'hiver, il
s'occupe presque uniquement de la pèche. Il sait raccommoder ses lilets,
coudre et faire de jolies cisehu-es en bois; le travail de la forge lui
é t a i t connu avant l'arrivée des Russes. Pendant l'été, les Yakoutes
riches passent presque tout leur temps manger, digérer et ii dormii-;
ils sont généralement forts mangeurs: voir tuer, cuire et rôtir, est
déjà pour eux une grande jouissance, lis estiment chaque morceau on
proportion de rirritation qu'il produit sur la langue, et il est probable
qu'ils ne doivent la conservation de leur santé qu'à la rareté des
occasions qui se présentent de satisfaire leur gourmandise par des morceaux
friands; car le riche Yakoutc lui-même regrette de faire abattre nu
animal bien portant et n'éprouve aucun dégoût à manger la cliair d'un
animal malsain ou mort par suite de maladÎQ. Pour se faire une idée
de l'intempérance de ce peuple quand il trouve une occasion d'y doimcr
c a r r i è r e . nous citerons un Y'akoute qui but à une noce un poud de beurre
fondu, et trois autres qui vidèrent sans sourcille)- un védro d'eau-de-vie,
en mangeant un renne mâle d'un an, ce qui ne les empêcha pas de
boire en môme temps plusieurs livres de beurre fondu. Comme les Yakoutes
ignorent la fabrication de l'cau-dc-vie de lait aigre, que les Mongols
et les Tatars du gouvernement d'Yénissóisk savent si bien préparer,
il est permis de supposer que leur sé])aration d'avec ces derniers remonte
à une époque antérieure à la fabrication de cette boisson. Ils sont trèssaies
dans leur ménage, sous le prétexte que la crasse tient chaud.
Les Y'akoutes ont presque tous reçu le baptême, mais leurs notions sur
le christianisme soni bien incomplètes et la superstition la plus absurde
règne encore parmi eux. Dans leur religion primitive ils adoraient des
esprits puissants et invisibles qui les vengeaient de leurs ennemis par
des maladies, des épizooties et d'autres calamités. Leurs chamanes sont,
comme partout ailleurs, des médiateurs privilégiés entre les dieux, les
démous et les hommes.
L ' Y a k o u t e , naturellement paresseux, ne manque poui'tant pas d'une
certaine capacité, comme on peut eu juger par ses travaux techniques;
il méprise ses voisins moins intelligents que lui, et n'abdique sa supér
i o r i t é que devant les Russes. Adroits, rusés et entreprenants, les Yakoutes
sont, dans leurs rapports commerciaux, insinuants et dissimulés.
Selon leurs idées, un homme est un sot quand il laisse échapper l'occasion
de tromper son prochain ; aussi regardent-ils le vol comme un défaut
et non comme un péché ; ils volent non par besoin, mais pour
montrer leur adresse. Comme tous les peuples peu civilisés, ils sont
enclins aux intrigues, aux querelles et à la vengeance. Ils n'ont aucune
idée de l'iiospitalité, à tel point que si nu Yakoutc a traité quelqu'un,
il le regarde comme son débiteur, et que si celui-ci ne le traite pas à
son tour, il lui intente un procès, qu'il abandonne, à la vérité, s'il dure
trop longtemps, mais qu'il a le droit de recommencer plus tard. Los Yakoutes
ont une mémoire étonnante ; ils se l'acontent souvent avec une
scrupuleuse exactitude des choses qui se sont passées depuis vingt ans.
Les pauvres sont méprisés, parce qu'on les ci'oit abandonnés de Dieu.
Les riches sont orgueilleux, inabordables et iiijustes. Malgré l'insigniiiant
yassak (impôt) qu'ils doivent payer avec d'autres petites redevances, depuis
l'âge de quinze ans jusqu'à cin(]uantc, ils ne ]icuvent ])ourtant guère
liarvenir à la fortune, à cause de leur indifférence, de leur paresse et
de l'abandon dans lequel ils laissent la terre, qui, par un jicu de cultiij
e, leur fournirait du moins Jes moyens de satisfaii-e aux premières
nécessités de' la vie. Si la femme de rYakonfe est l'onvrièi'O active de la
maison, c'est plus par habitude que par devoir, cai- le mai'i n'ose prendre
aucune disposition sans son consentement. Une femme stérile jouit du
beaucoup moins de considération que celle qui a ])lusienrs enfants.
L'imagination des Yakoutes est fort ]ieu développée; ils ne possèdent
pas do chansons po]) niai r e s , et leur poésie consiste seulement à jie nuire
les objets qui frappent habituellement leur vue. L'accompagnement du
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