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e t morale presque sans altération, lors même que le climat eut changé
leur tcijit et qu'ils eurent ailopté le plus souvent la langue des nations
parmi lesquelles ils vécurent et Jont ils portèrent le costume. Cette sing
u l a r i t é vient surtout de la ténacité qui fait le fond du caractère de ce
peuple et de son attachement aux lois de Moïse ; les novateurs mêmes
qui se sont élevés parmi les Hébreux ont conservé de leurs qualités
p r i m i t i v e s certaines tiaces indélcbiles. Malgi'C tontes les persécutions
q u ' i l s ont suljics, leur nombre a augmenté; il s'élève en effet, aujourd
' h u i , il peu près à 7 millions d'àmcs; tandis qu'an temps de leur plus
g r a i u l e prospérité comme nation indépcmlantc, ils atteignaient h peine
le chiffre de i millions.
f.,e f y Perty s'exprime ainsi à propos des Juifs : «Les bonnes qual
i t é s qui distinguent ce peuple icmarqaablc, sa sagacité, son esprit
d ' i n d u s t r i e , Sun aptitude pour fcs affaires, surtout pour le commerce et
les opérations de bourse, sa sobriété, sa fidélité conjugale, son amour
d u travaii et sa frugalité, ne t'ont pas toujours préservé du mépris des
a u t r e s peuples, et il est surtout e.vposé à cotai des mahométans. Cela
tient sans doute i d'injustes préjugés; mais if faut aussi en clicrcher la
cause chez les Juifs cu.-t-mémes, en considérant leur manière d'être,
l e u r apreté au gain, qu'ils placent au-dessus de toutes choses, et de plus
nu manque frequent de sensibilité, nu caractère dépourvu de tout inst
i n c t cliovaleresque môme chez ceux qui se distinguent par leur richesse,
leur science ou leur goût pour les arts; eufln leur malpropreté peut
aussi avoir contribué il cette répulsion. Los Juifs qui habitent l'Europe
sont surtout en grand nombre dans la lliissie occidentale et le roj,aumo
a c t u c l de f'ulogne, puis eu Turquie, en Autriche et en Prusse. C'est en
Allemagne qu'ils se sont le mieux identities avec les moeurs et les coutumes
des habitants ; en franco, on ne les distingue même presque plus
des Français, avec lesquels ils forment un ensemble homogène. Kn Ang
i e t e n e , en France, en Allemagne, aux Ktats-Unis, etc., les énormes
c a p i t a u x dont ifs disposent leur ont donné une véritable puissance. La
Suède et la iN'orvége leur ont jusqu'à ce jour interdit l'accès du pays ;
mais ils sont assez nombreux daus l'Afrique septentrionale, en Palestine
e t dans plusieurs autres contrées de l'Asie. La colonie dos Juifs noirs
eu Cochincbine passe pour être arrivée aux Indes peu de temps après
l e u r exil, et il est ii remarquer qu'elle ne possède de l'Ancien Testament
que les livres qui furent écrits avant la captivité de Babjlone. >
L a religioa que Moïse institua chez le peuple hébreu ne s'est pas
conservée parmi ses adeptes dans sa forme et sa simplicité primitives,
t e l l e qu'elle est rentermée dans les Uvres de l'Ancien Testament. Jille a
r e ç u , daus te courant des siècles, des interprétations, des additions, des
d é v e l o p p e m e n t s ; puis des modittcations, des cliangements et l'immixtion
d ' é l é m e n t s étrangers sont venus la déligiirer, et hualemeut le peuple
é l u , ainsi qu'il se nomme lui-même, s'est divisé en plusieurs sectes qui
s ' é c a r t e n t plus on moins de la pureté primitive de la doctrme hébraïque.
C e t t e circoustancc, commune à plusieurs religions, olfre chez les Israélites
u n intérêt d'autant plus vif que i'éiénieut religieux ne pénétra nulle part
dans la vie publique et privée d'une nation plus profondément que dans
colle du peuple hébreu, qui ne subsiste jusqu'à ce jour que grâce à la
p u i s s a n c e de ses institutions religieuses et il son organisation toute spéciale.
La connaissance des faits qui conccrnent les Juifs oifre en outre
u n intérêt particulier pour la Russie ; car, depuis qu'ils ont perdu leur
p a t r i e et leur indépendance et qu'ils se sont dispersés sur toute la terre,
ils ne se sont jamais et nulle part réunis en aussi grand nombre que
dans les provinces de l'ancien royaume de Pologne, fis y formèrent pour
ainsi dire uu uouveau royaume israéhte. Daus la Pologne proprement
d i t e et dans les provinces occidentales de la Russie vint s'établir et vit
encore jusqu' à présent presque le tiers de la population juive du globe, et
une g rande partie de ce peuple s'est même üxée daus la Petite-Russie, la
Nouvelle-Kussie et la Bessarabie. La protecUon dont les Jui f s jouissaient
P E U P L E S INDO-EUfiOPÉENS. 151
SOUS la (lomiiuition polonaise, ainsi que les avantages qui leur furent
concédés et qu'ils ont conservés jusqu'à présent, les déterminèrent à se
fixer principalement dans ces contrées, ce qui explique pourquoi l'élémeut
j u i f s'y développa plus complètement que partout ailleurs : aussi les div
e r s e s sectes hébraïques ne présentent-elles dans aucun pays du monde
une telle variété et un aussi grand développement que dans les provinces
o c c i d e n t a l e s de l'empire russe, d'où elles étendirent leurs ramifications
dans quelques autres gouvernements où il était permis aux Juifs de
s ' é t a b l i r . Cette permission a été récemment étendue en leur faveur, sauf
q u e l q u e s restrictions, jusque dans les gouvernements do la Grande-Russie.
D e l'époque de la mort de Moïse jusqu'à la captivité de Babyîone
on no trouve chez le peuple juif aucune trace de scissions religieuses, 11
n e pouvait, eu efl'et, être question de sectes alors que celui qui tentait
de s'écarter de la croyance nationale était immédiatement mis hors la
loi. Les premières traces de sérieuse division n'apparaissent qu'au retour
d e la captivité de Babyîone. Ce châtiment avait été infligé aux Juifs
pour les punir de leur longue et opiniâtre violation des lois divines:
aussi les hommes qui ramenèrent les exilés dans leur patrie et qui
a v a i e n t été cliargés par le gouvernement ancien persan d'apporter des
modifications aux lois civiles et religieuses de la jeune colonie mirent-ils
t o u t e leur attention et tous leurs soins à préserver le peuple de délits
qui eussent pu occasionner le retour d'un pareil événement. A cet effet, la
g i a i u l e synagogue trouva à propos de restreindre parfois la libre volonté
d u peuple alors même que la loi lui avait laissé la plus grande latitude.
Selon les talmudistes, lis inventèrent ces restrictions atiu qu'elles servissent
il protéger les préceptes de la loi contre les infractions dont elle
a u r a i t pu être menacée. Plusieurs innovations et ordonnances qui datent
d e cette époque, dictées sans doute par la uécessité, turent cependant
la cause de la première division qui se manifesta daus israiîl ; car beaucoup
de Juifs ¡es considéraient comme inopportunes et superflues. Ceux
qui les adoptèrent se nommèrent kliassidim ou khassid^, mot expressif
qui ne peut se traduire que par une périphrase et qui désigne des gens
que le désir de plaiie au Seigneur- porte à faire au delà de ce que la
loi prescrit. Ceux, au contraire, qui rejetèrent ces innovations se nomm
è r e n t Lsadiicim ou tsadiks, c'est-â-dire gens fermement attachés à la
loi, mais ne faisant rien au delà du devoir prescrit.
C'est de cette division primitive que se formèrent par la suite, daus
les directions que uous venons d'indiquer, toutes les sectes religieuses
des Juifs, dont quelques-unes existent encore aujourd'hui. Des tsadiks
sunt issus tous ceux qui s'en tenaient littéralement à la loi primitive,
n ' a c c e p t a n t ni éclaircissements ni compléments au moyeu de traditions
v e r b a l e s , savoir : les samaritains, les esséuiens ou esséeus (.fanatiques);
les saducéens (esprits forts) et les karéiens, Des khassids descendent tous
ceux qui, outre la loi écrite de Moïse, ont reconnu encore l'existence de
p e r f e c t i o n n e m e n t s et d'éclaircissements verbaux que, selon eux. Moïse
r e ç u t de Dieu simultanément avec la loi, et qui ont été conservés par
les traditions : ce sont les pharisiens (orthodoxes) et leurs descendauts l«s
t a l m u d i s t e s , y compris toutes les autres sectes qui se sont formées plus
r é c e m m e n t et qui ne sont que des rameaux de la secte principale.
L e s Juifs de l'empire russe se divisent en deux fractions principales ;
les Israélites ou talmudistes dans l'acception la plus étendue de ce mot,
e t les Karaïmes ou Karaïtes. Les talmudistes, dans le sens plus restreint
d u mot, se subdivisent eux-mêmes en rabbinistes et en kabbalistes. Ces
d e r n i e r s se distinguent très-fort à tous égards des autres Juifs; c'est
pour cette raison que, sous le rapport ethnographique, uous nous eu occ
u p e r o n s séparément.
Quant à l'aperçu caractéristique des sectes juives eu Russie, nous
nous appuierons principalement sur les communications otficielles publiées
p a r le Journal du ministère de l'intérieur de Russie, sur les recherches
d u savant Frank et sur celles de M. Berlin.
ISRAÉLITES,
L e s Juifs de rempire russe sont partagés politiquement et administ
i a t i v c m e n t eu deux catégories, les Israélites et les Karaïmes (Karaïtes).
L e s Israélites, beaucoup plus nombreux que les Karaïmes, se divisent
e n deux sectes principales, les talmudistes ou rabbinistes (misnaghids) e
les kabbalistes (khassids). Les Israélites sont aussi nommés tahnudistes
(¡ans une plus large acception, car les deux catégories qui les composent
paraissent dans les rapports ofliciels et sont enregistrées dans les dénombrenioiits
statistiques sans aucune subdivision et comme foi-niant un ensemble,
par oppositioji aux Karaïmes, compris dans une.autre catégorie.
Les Israélites sont nommés en russe Yévréis (Hébreux) ou Jids (Juifs).
Nous avons déjiï, dans les cliapitres des Petits-Russiens, des Russes
de la Russie-Blanche, des Polonais et des Litliuanicns, fait mention de
la situation des Juifs et de leur influence daus la Russie occidentale
et le royaume de Pologue, où ils forment une classe nombreuse quoique
isolée du reste de la population, et fort importante par la pi-épondérancc
qu'elle exerce dans toutes les relations commerciales. Ils n'ont
le droit de demeurer que dans les villes et les bourgs, non dans les
villages. Cette restriction tient à des causes de haute moralité basées
sur l'expérience de plusieurs siècles. Le tiers d'entre eux exerccnt le métier
de cabaretiei-s autorises ou clandestins. Dans les villes, ils habitent
les quartiers les plus malfamés; leurs maisons, situées sur des pentes ou
daus des ravins, sont délabrées pour la plupart, accolées les unes aux
autres, et contiennent presque toujours plusieurs familles réunies. Des
vieillards infirmes, des femmes scorbutiques, des onf;uits rachitiques et
souvent aflligés de la maladie liideusc de la plique (kaltoun), des artisans
exerçant les métiers les plus disparates, etc., se trouvent rassemblés
là, dans la fange la plus horrible, au milieu du bruit, du tumulte
et des cris les plus discordants. En hiver, ces habitations sont envahies
par le froid ou par des vapeurs humides et malsaines; eu été, par une
atmosphère étoufi'ante et toute espèce de vermine.
L a malpropreté est la compagne inséparable du Juif opulent tout aussi
bieu que du pauvre ; peut-être cela provient-il de ce qu'il n'est occupé
qu'à amasser de l'argent et qu'il regarde tout le reste comme d'une importance
très-secondaire. Les vêtements de ce peuple sont pour la plupart
fort misérables et ne consistent parfois qu'en guenilles. Jusqu'en
1845, les Juifs se distinguaient du reste de la population pai- un costume
spécial assez singulier, sorte de mélange de l'habillement polonais et du
costume orientili ; on y remiirquait surtout les bonnets fourrés que portaient
les hommes et le turban h la turque qui formait la coitl'ure des
femmes, A cette époque, le gouvernement ordonua aux Jaifs de porter
le costume usité daus les contrées qu'ils habitaient, ce qui l'ut puur les
jeunes gens d'une exécution plus facile que pour les vieillards. Ceux-ci
tieimeiit essentiolleniont à porter une petite calotte roude, la barbe, et
les cheveux longs retombant sur les tempes. Pour faire leurs prières, ils
se cûu\'rcnt la tûte et les bnxs de mouchoirs d'une espèce toute particulière.
Coiuuie il est défendu aux femmes mariées de conserver leurs
cheveux, elles portent fréquenuueut des perruques.
L'extérieur si connu des Juifs a pou changé depuis les temps les plus
anciens. En Russie, le type primitif s'est conserve dans toute sa pureté.
Dans la Nouvelle et la Petite-Russie, les Juifs sont ;\ssez vigoureux;
à Kiev et en Podulie, ils sont habiles et alertes; eu Pologne, beaux et
adroits; en Litluianio et dans la Russie-Blanche, faibles, assez maladroits,
mais doués d'une grande capacité.
La sobriété des Juifs est excessive et poussée à un point presque fabuleux.
Des raisons hygiéniques, rendues plus tard encore plus sévères
par les rabbins, les obligent à s'abst;onir d'un grand nombre d'alimenU.
Le commerce en gros et en détail est la phis importante de leui-s
occupations. Parmi les artisans, les plus nombreux sont ceux qui exeri^
eiit des métiers pour ainsi dire artistiques tels qu'horlogers, graveurs,
Juailliers ; ils jouissent aussi de plus de considération ; viennent ensuite
les tailleurs, chapeliers, teinturiers, menuisiers, chaudronniers, forgerous,
p;isscmentiers : ces métiers sont exercés par des gens moins
éclairés. Les Juifs soiit souvent aussi voituriors, potiers, etc., états
wouis estimés que les autres, bien ([ii'ils soient pour la [dupart exercés
par dos hommes d'uae moralité supérieure. Au nombre des ecclésiasti-
'lues 011 comprend d'abord les rabbins et les prêtres, puis les chantres,
Ics écrivains, les précepteurs. Les occupations privées les plus fréquentes
•ît les plus recherchées sout lc.i places d'iiitcn.Lmts et de surveillants,
il'cutreprcncurs, de marchauds en gros, de fabricants, de fermiers des
eau.x-de-vie, etc. "V^iennent ensuite les affaires de comuiission pour les
iiHlustries subalternes et diverses brandies de commerce. Dès leur phis
tendre jeunesse les Juifs savent se rendre utiles comme ouvriers, aides,
'•iPl'feutis, surtout dans les travaux qui exigent plus d'adresse et d'int
e l l i g e n c e que de force physique. Dans l'ouest de la Russie, toutes les
afl:aircs se trouvent, ainsi que nous l'avons dit, oitre les mains des
J u i f s ; et lors même qu'ils produisent peu par eux-mêmes, se contentant
p o u r la })lupart du rôle d'intermédiaires, tout le commerce, surtout dans
les campagnes, resterait, sans eux, en stagnation, car ils dominent toutes
les transactions.
E n Courlande, où les Juifs sont établis depuis la première suzeraineté
p o l o n a i s e , ils ont acquis une sorte de considération qui ne leur avait
encore été accordée nulle part ailleurs, et, à la suite de fiéquentes
conversions au christianisme, ils ont foui-ni un grand nombre d'hommes
r e m a r q u a b l e s de toutes les conditions et dans toutes les branches de la
science et du pouvoir.
11 n'y a pas de fêtes popuIai)-es parmi les Juifs, toutes celles qu'ils
c é l è b r e n t sont prescrites par leur religion ou rappellent des événements
d e leur liistoiie. Au nombre des pi'cmièi-es sont ie samedi et les trois
f ê t e s principales, pasklia (passali, Pâques), la cinquantaine (paitidess
i a t n i t s a ) et la skinopj'ghia (en hébreu, simkhas-tora) ; il faut y ajouter
la nouvelle année et le jour de la purification des péchés. Les fêtes
h i s t o r i q u e s sont le festin des Macchabées (en hébreu, Khanoulca) et celui
de llaman (Pourim). Le jeu est rare chez eux; ils préi'èient occuper
l e u r s loisirs par la lecture de vieilles légendes. Les jeux des eni'ants
sont d'une très-ancienne origine. La danse et les chants en choeur sont
peu répandus, quoique les Juifs aient un goût et des dispositions trèsprononcés
pour la musique et le chant.
Les Juifs n'ont pas de castes daus le sens germanique de ce mot,
c ' e s t - à - d i r e pas de classes hiérarchiques ; mais ils reconnaissent des castes
r e l i g i e u s e s ou, pour mieux dire, ils sont, dans le sens syuagogique, divisés
en trois classes : les kagaus, les lévites et les israélites. Les deux
p r e m i è r e s descendent de la tribu de Lévi (troisième lils de Jacob) ; les
k a g a u s spécialement sout de la postérité d'Aaron ; les autres sont les desc
e n d a n t s des autres tribus. Les kagaus et les lévites jouisseut piunii les
J u i f s de diverses prérogatives sous le rapport dos honneurs à rendre dans
l a synagogue. Les israélites sout placés tous au même degré daus l'ordre
social ; des facultés intellectuelles supérieures et des avautiiges moraux
t r a u s c e n d a n t s peuvent seuls leur valoir dos témoignages particuliers d'est
i m e et de considération. Les alliances de famille et l'importance de la
position sociale seuiblcnt n'avoir aucune iniluence parmi eux; mais la
vie pratique a exercé la sienne, et avec le temps il en est résulté une
espèce do division en castes qui n'est d'ailleurs point nettement limitée.
Sous le rapport moral, les Juifs se divisent en savants de premier et
de second ordre ; puis eu savants ordinaires et en hommes distingués
versés dans les Ecri tures; en gens instruits ou précepteurs, qui sont fort
n o m b r e u x ; puis en gens illettrés, vulgaii'cs, qui suivent les préceptes de
la religion sans les comprendre et ne jouissent d'aucune considération.
Quiint à l'organisation intérieure dos sociétés (communautés), il existe
chez les Juifs deux sortes d'adiuinistrations, l'une religieuse et l'autre
c i v i l e , qui se touchent de fort près, ainsi que le Talmud l'exprime
c l a i r e m e n t . Chaque coinmuuauté a ses comités et ses réunions de bienf
a i s a n c e .
A toutes les époques les Juifs formèrent dans l'empire russe et y
f o r m e n t encore en quelque sorte un Etat dans l'Etat (status in statu).
L e gouveruem^nt a pris soin récemment de l'aire étudier exactement
r o r g a n i s a t i o n intérieure des Juifs, adu de lui douuer une tendance et de
p r é p a r e r un état de choses plus conforme à la société civile et aux lois
d e Tempirc.
E n Russie, les Juifs habitent presque cxchisivcmont les gouvernenieuts
o ù l'on parle le polonais, l'allemaud (eu Courlande), le jiuoude ou le
l i t h u a n i e n , etc., et ceux où l'on parle le dialecte russe de la Petite-
R u s s i e et de la Russie-Blanche. Les Juifs conservent d'ailleurs constamm
e n t , et quels que soient les lieux qu'ils habitent, une prononciation
cadencée. Un Juif même peu instruit est obligé, par les exigences de
s a vie religieuse, civile et domestique, à counaiti'e pour le moins trois
o u quatre langues et quatre à cinq écritures différentes. Les langues et
les écritures suivantes sont familières à la plupart des Juifs : pour la
v i e religieuse, l'ancien hébreu ou langue biblique (le dialecte hêbraïr
a b b i n i q u e , mélange de la langue hébraïque biblique et de la langue
ciialdéenne) : les écritures de cette langue et leurs subdivisions sont
r é c i ' i l u r e carrée, l'écriture rabbinique et l'écriture cursive ; pour leurs
r a p p o r t s quotidiens, les Juifs de la Russie eu général se servent souvent
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