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DE LA SIBÉKIE (MENTALE.
On ne ti-oiivc ])lus aiijourcriuii que qucUiucs faibles débris des liabitaiits
pi-iii)if;ifs, nagii6rc si uouibrciix, de la Sibérie orientale; déeimés d'abord
par des épidémies, ils lurent plus tard presque entièrement détruits par
les guerres civiles. l';irmi ces débris, la pcnplade des Koriako-Tcboiiktcbis
est la plus considérable et la plus indépendante ; elle l'orme en
quelque sorte le trait d'union entre les iiongols et les Toungonses d'une
p a r t , et les peuples eskinios d'antre part; c'est celle dont la nationalité
s'est le mieux conservée et subsistera sans doute longtemps encore
dans toute sa pureté. Malgré les affinités de race qui existent entre
les derniers représeutants des peuples dont iious allons parlei-, leur
parenté est trop éloignée et troj) imparfiiiteuient constatée pour qu'il
soit possible de les diviser en catégories précises. Il semble donc plus
convenable de caractériser successivement cliaque peuplade telle qu'elle
apparaît aujourd'hui, alors que, profondément modifiés par l'iniluence
russe, ces ])euples se présentent parfois sous un aspect diiïérent de celui
qu'ils ont offei-t il y a trente ans aux voyageurs et anx savants.
Los ti-ibus qui appartieiuient îi cette série sont les Youkabirs (Youka-
¿^Iiirs) avec les Tcliouvantscs, les Korialco-Tcbouktcliis, les Kamtchadales,
les niiilialcs et les Kouriles ou Aïnos.
Y()lKA(niIR8.
Les Youkaghirs (Youkabirs), dont la population n'est que de 800
âmes, peuvent peine être considérés aujourd'hui comme une peuplade
séparée. Réunis toutefois aux 200 Tcliouvantscs qui forment la trnu.sition
entre eux et les Koriako-Tcliouktchis, on peut les considérer comme les
seuls débris des diverses races qui liabilaieiit entre ces derniers et les
peuples toungouses et tatars, et les placer dans la catégorie des peuj)lcs
primitifs de la Sibérie qui, n'appartenant î\ aucune race connue, forment,
avec les Koriako-Tcliouktebis et les Kamtclmdales, la transition
aux peuples eskinios. Ils étaient naguère assez nombreux et ont probablement
été réduits il leur cliilVre actuel par de fréquentes épidémies
de petite vérole, maladie qui récemment encore a cruellement sévi parmi
eux. Mais la cause de cette diminution peut aussi se trouver dans la
rudesse et la barbarie de cette peuplade et de ses voisins on partie
disparus ; car les Youkaghirs ont toujours vécu en guerre soit .entre
eux, soit avec d'autres tribus.
I l s habitent sur les rives de la mer Glaciale, le long de l'Yana, de
l'indigbirka, de l'Alazéia, du Kolyiua et du cours supérieur de l'Anadyr.
Ils s'occupaient autrefois exclusivement de l'élòvc des rennes, et aujourd'hui
môme encore c'est h ces utiles animaux qu'ils doivent quelque
aisance, bien que beaucou)) d'outre eux aient perdu leurs troupeaux et
soient l'éduits à vivre de chasse et do pôebc. Quelques-uns seulement
sont établis dans le district de Nijnékolynislc.
Des Kozaks de l'Vénisséi s'étant avancés i)ar Yakoutsk jusqu'au cours
supérieur de l'Yana, y rencontrèrent des Toungouses et, plus au nord,
des Yakoutes ; par eux ils enteudircnt parler de la rivière Tndighirka,
vers laquelle ils se dirigèrent. Tls atteignirent cette rivière en 1639
et y trouvèrent un peuple nombreux, mais beaucoup plus hostile aux
Russes que les Yakoutes. Ces peuplades n'avaient aucune idée de civil
i s a t i o n , vivaient de rapines, se servaient de haches en pierre pour le
combat, préparaient leurs iilimeuts dans des vases de bois et jes fiiisaient
cuire à l'aide de pierres brûlantes; elles ne faisaient aucini trafic
e t ne pourvoyaient à leur subsistance qu'avec le pi'oduit de leur chasse
et les ressources que leur offraient leurs rennes domestiques. Leur religion
cousistait dans le plus grossier chamanisine. Les Kozaks laissés
dans ces parages prirent dès l'année suivante l'initiative d'inie expédition
guerrière contre les Youkaghirs et tirent prisonnier un de leurs
chefs, qui donna son nom il la rivière Ou'ianida.
L e s Youkaghirs ont les yeux et les cheveux noirs, le visage allongé
e t pille, assez l'égnlici- et même expressif chez les femmes. Par les
moeurs, le genre de vie et le costume, ils ressemblent aux Lamoutes
leurs voisins. C'est à peine s'ils possèdent encore une langue nationale :
aussi parlent-ils fréquemment le lamoute (toungouse) et le russe, notamment
dans les contrées qui avoisiuent Nijnékolymsk. Leur langue primit
i v e , ¡¡eu connue d'ailleurs, se perd de jour en jour.
Us sont hospitaliers, modestes, soianis, bienveillants et assez gais; mais
très-paresseux, mal])ropres, passionnés pour le t;abac et principalement
pour l'eau-dc-vie. Jamais, pas môme dans la plus extrême misère, T'ï'oukaghir
ne consentirait à se séparer de son renne domestique, qu'il aime
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