
(le miilproproté : sa Ocincurc est un palais en comparaison du tcliouiii
(l'un Sanioïècle.
Ces Yakontcs sont prévenants et liospitaliers. Aussi gros mangeurs
que leurs eongénèi-es, leur mets national consiste en une sorte de gruau
de farine de seigle non taniisie, cuit avec du beurre et de l'eau. Tous
sont baptisés et ont la réputation de ehrétiens zélés; il n'en existe plus
qu'un petit nombre professant encore le eliamauismc et iiabitant sur
les rives do l'Anabara. Antérieurement ils croyaient il l'existence de
neuf eienx ; dans les sept premiers vivaient différents animaux ; dans le
huitième demeurait le dieu des éclaire et du tonnerre ; le neuvième était
habité par dieu le tout-puissant ei'catcur et par sa femme. Ils ne connaissent
point la musique, mais ils aiment beaucoup la danse. Ponr.se
livrer h ce plaisir, ils forment nn roml et se meuvent lentement en
a v a n t , se tenant tantôt sur un pied, tantôt sur l'autre, en chantmit :
K h c ï r a , kheïra, hhetchou, klietchon, khougaî, ouraï, khougaï, oural,
aggaï, aggaï.
PEUPLES MONGOLS.
I , a race mongole, qui habile le centre de l'Asie depuis les temps les
pins reculés, n'est représentée dans l'empii-c russe que par quelques
groupes épars, rameaux tii's-éloignés d'une nation antrefois innombrable
et dont la puissance, un instant colossale, tomba bientôt dans une complète
décadcuce.
Les Mongols sont un peuple essentiellement nomade et se divisent en
noblesse, clergé et guerriers subalternesi ils ont été répartis par la
d i n a s t i e actnelle des empereurs mandchoux-chinois en un grand nombi-o
do divisions militaires placées sous l'autorité des princes de leure tribus.
Leurs annales présentent le remarquable pliénomène d'une nation qui,
de la plus profonde obscurité historique, surgit tout à coup et ébranle
; l'Asie et l'Europe orientale, fait d'immenses conquêtes, fonde
dans des Etats étrangers des dynasties nouvelles tirées de son propre
s e i n , et rettnube dans le mémo néant politique d'où l'avait arrachée
une rapide période do puissance et de gloire. Semblables aux ouragans
des steppes qui soulèvent la poussière en chassant devant eux
honimcs et animaux, ces gueriiers nomades se frayèrent un passage h
t i a v e r s la moitié du globe, démolissant sans rien édifier, détruisant sans
créer. Le pouvoir et la domination immense do Ïcliinggbis-Khan, dont
l'instoiro n'offre pas un second exemple, ne furent qu'un vertige politique
de courte durée, résultat (l'une union passagère de toutes les hordes
dont jusipi'alors les nombreux princes indépendants s'étaient contentés
de se piller réciproquement, de guerroyer entre eux ou de s'allier partiellement
pour tenter des expéditions contre la Chine et le Turkestan
oriental. Avant et après Tchingghis-Klian, les Mongols habitaient le
plateau de l'Asie centrale et ne changeaient de domicile que sni' leur
propre teiritoire. fis conservèient le type de tous les peuples nomades:
la brutalité, la lapacilé et l'hnmeur belliipieuse, conditions inséparables
de leur singulière existence.
I . e s conquêtes rapides et prodigieuses de ïchinggWs-Khan n'eurent
poni' les Mongols aucun résultat durable. Ap.-ès leur expulsion do la
Chine et la décadence des dynasties qu'ils avaient fondées dans les pays
occidentaux de l'Asie, on les voit retomber dans lem- insignifiance polit
i q u e ; les peuples autrefois subjugués par eux sont victorieux a leur
t o u r ; d'autres intérêts, d'autres relations surgissent,-et la langue mongole
elle-même, avec tout ce qui s'y rattache. Unit par se perdje dans
les pays conquis, sans y laisser de traces. A l'apparition de 'l'imour (Tamerlan),
l'époque des Tchluggliisltiianides était déjà passée. Sous la domination
de ce nouveau conquérant, le mongolisme cessa de régner dans
l'Asie occidentale pour céder la place au tatarismc fortifié de l'islamisme.
Le tatarisme s'éleva bientôt plus puissant et plus vivace sur les ruines
du mongolisme, et, malgré son engourdissement précoce, il a laissé une
empreinte profonde sur la physionomie des peuples antretois assujettis.
Ces Tatars, comme nous les nommons encore aujourd'hui, n'étaient
plus alors, par le fait, des Jtongols ou de véritables Tatars (Tatans oa
Tatars), mais plutôt des tribus turques (Tnrkestans), nommées inexactement
Tatars, formant probablement déjà sous Tcliinggliis-Klian et ses
premiers successeurs la plus grande partie des années mongoles.
f i est difficile de iixer avec quelque exactitude les limites nationales
e t territoriales des peuples nomades ; les individus y sont aussi mobiles
que les masses, et les fractions qui s'en détachent en groupes plus ou
moins nombreux subissent plus souvent Pinauence étrangère qu'elles
n'exercent la'leur. Dans notre ethnographie des Finnois, des Samoïèdes
et des Tatais, nous avons fait mention du mélange de ces peuples avec
les Jlongols; il ne nous teste donc plus à nous occnpci- que des triijus
mongoles plus ou moins pures de toute fusi<m, lesquelles, par l'unité de
langage et de religion, forment un grand ensemble qui ne perdit rien de
ses moeurs primitives, même après les fi-équcntes émigrations de tribus
entières.
L'ancicmic division des peuples mongols en groupe oriental et en gi'oupe
occidental, qui a toujoars prévalu avant et après Tcliing,ghis-Khan, se
r e t r o u v e painii les Mongols de l'empire russe. Les Mongols proprement
dits, dans la Transbaïkalie, et leurs voisins les Bonriates, apparticiment
aux Mongols orientaux; les Kalmouks de l'Altaï, du gouvernement de
Tomsk, et leurs frères de race les Ivalmouks du Volga, appartieiment
aux Jlongols occidentaux ou plus exactement aux dcscend.ants de la ligue
politique des i)ïr.ates.
Quand et comment ccs quatre groupes de Mongols viin-ent-ils habiter
leurs demeures actoelles, c'est ce (¡ni i-cssortlra du fragment suivant de
'liistoii'o des Mongols en génél-al, et spécialement des Mongols de Transbaïkalie,
des Biuiriates, des Kalmouks de l'Altaï et des Kahmniks dn
Volga.
L a patrie des hordes mongoles de l'empire nisse, comme de tous les
Mongols en général, est le plateau de l'Asie centrale. Séparés peutê
t r e ou issus dès la |dus haute antiquité des tribus turques de la pai'tu'
ilale du centre de l'Asie (du Turkestan oriental et oecidcntal),
les Mongols (llioungnons ?), 200 ans au moins avant Jésus-Christ, alors
que les Chinois découvrirent l'Asie centrale, étaient déjà essenl.iellement
PEUPLES OCR
distincts non-seule]nent des Tnrkestans, leurs ancêtres supposés, mais
mémo des Toungoiises, leur postérité pi'obablo. Le vocabulaire de la
langue liloungnoue que nous ont laissé les Chinois ne penuet pas d'affirmer
avec cei-titude que les llionngnous aient été les ancêtres des
Mongols.
Kneoi e aujourd'hui les tribus mongoles mènent une existence nomade :
a l'ouest jusqu'aux steppes des Kirghiz-Kaïssaks, .'l l'est jusqu'à l'Ai -
goun et le Sounggarl {SouTiggaji-Qula), au sud jusqu'au Thibet, et au
nord jusqu'aux monts Altaï et au lac Baikal. Ils pi'ofesseut on majoi-ité
le bouddhisme ou lamaïsme, su])érieui' au cliamanisme, qui fut leui- l'oli-
{ion primitive, mais inférieur au mahométisme, que iTcounaissenI les
t r i b u s turques.
Lors de la déconvci-te de l'Asie centrale par les Cliiuois (cnvii'on 200
ans .avant ,Jésus-Cln-ist), découverte qui fut poui- eux de la plus grande
importance, toutes le.s tribus qui s'y trouvaient (et probablement les
mémos qu'on nomma plus tard les MongoLs) furent simultanément i-cunies
sous le sceptre de la dynastie des Chuirs ou Khonnns (selon la proimnciation
chinoise : Tvlliounn-non, llioung-nou, lliong-non). Déjà dans
les quatrième et troisième siècles avant la naissance de Jésus-Christ, le
grand nombre (i'Etats féodaux, qui se répartissaient encore en tribus on
divisions (nommées aciucllement aïmaks par les j\tongols), s'étaient eonstitués
en trois empires indépendants, il la suite des troubles civils de
la Chine.
L a nation recevait toujours son nom de la dynastie régnaiiie, de même
que chaque aïmak- tirait le .sien de la famille qui le gouvernait. A la
chute de la maison régnante, le peuple ne perdait point sou existence
politique ; il changeait simplement de nom.
Peu d'années avant la naissanco de Jésus-Christ, la maison dos Klioonns
(Jliomig-non) fut pendant quelque temps assujettie aux Chinois, et depuis
l'an 14 on l'appelait Gounnon (c'est-a-dire ti-ès-humble esclave,
tandis que Ivhiounn-nou, comme les Chinois l'éci-ivcnt, signifie peinicieux
esclave, ce qui est pi-obablement la coi-iuptioii d'un mot national). Cette
maison se divisa par la saite en deux branches, l'une septentiionale et
l ' a u t r e méridionale. L'histoire de cette dynastie et de celles qui lui succédèrent
n'offre qu'un chaos de querelles intestine.s enti-e les princes
indigènes et d'expéditions guerrières contre la Chine et le Turkestan.
C'est ainsi qu'à diverses époques la totalité de ces peuples ou une partie
d ' e n t r e eux se divisèrent en plusieurs hordes, soit libres, soit dépend
a n t e s ; et souvent des tribus partielles ou même entières changèrent de
résidence, mais toutefois sans quitter les limites de la Mongolie.
Tel est le caractère général que présente l'histoire mongole jusqu'à
Tchingghis-Khan, caractère qui s'est conservé même jusqu'au milieu du
siècle dernier parmi les tribus non soumises a une autorité étrangèi-e.
Un souvci'ain chinois de la dynastie des Mandchoux vainquit ensuite les
i\'Iongols de l'ouest; puis enfin la Russie, par une sage administration,
mit un terme aux querelles incessantes et aux éternelles oppressions de
la noblesse mongole dans les tribus qui habitaient son tei'ritoire.
C'est par Tchingghis-fvban que la dynastie des Tatans, nommée plus
t.ard Youan en chinois, arriva ,TO pouvoir et se maintint dans la Mongolie
orientale jusqu'.\ ce qu'elle eiU été renversée par les Chinois.
L ' h i s t o i r e de cette dynastie nous occupera quelques instants.
Sur les rives do l'Amour vivait, longtemps avant Jésns-Clirist, nu
pcnple nommé Souchèn, et dans la Mandchourie actuelle, le iieuplc Hou.
Au commencement de imtj-e ère, ce dernier peuple soumit les Sonclièn,
adopta bientôt après le nom d'Onghi, et se divisa on plusieurs tribus.
Au cinquième siècle, l'une do ces ti-ibns, celle des bonis do l'Amoui-,
devint puissante et fut elle-même, deux cents ans plus tard, morcelée en
seize hordes connues sous le nom de Mo-ho (Mokh). Il est probable que
dans les i)remières années du neuvième siècle, une de ccs tribus mokhes
éniigra vers Ordoss (la Mongolie dn sud-est), y prit le nom de Tatan
e t , g,andis,sant insensiblement, se répandit dans la Klurllca ou Kalka,
h l'ouest de l'Argoun; dans le ouzjème siècle, il transmit son n(nu à son
pays d'adoption. Les Tatans se divisèreid on plusieurs .aïmaks dont les plus
puissants fin'cnt les ]\longols, les 'l'aïtclioutos ('l'aigoutcs), les Klierchs
( K é r è s ) et les Tatai's. La inTmière rti' ces tribus soutint seule vers
le milieu du doux.ième siècle, une gue
'0 lieureuse contie la Chine.
11 i-ésulte de ceci que pendant longfenijis
de Mo-ho (Mokli) ideiitiiiuo j\ celui de Mongol.
TU il (ort le nom
oii e de la dynastie
chinoise des Tangs (618-'JOO) fait déjà mention d'un peuple Mong-on
<|ui vivait au noi-d-ouest, à uue grande distance des Jlo-hos ; et au temps
oil régnait la dynastie de Li-.ao, une tribu nommée Mong-kon-li vivait
on nomade dans ces contiées. C'était très-piobabicmcnt la tribu des
Mongols. I.'histoiro chinoise établit partout une gi'ande diff'éionco entre
les Miikbs et le peuple dont le imm commence par jMcaig (Mongols). Ces
Mong-liou-lis, qid ratrotenaienf alors encorc avec la Chine seplcntrionale
un paisible commerce de founuires, se révèlent tout i\ cou]i comiuo conquérants
et fondateurs d'un empire universel a l'époque de la dynastie
Ivine (11I.')-123'1). Vers la tin du dou/iènie siècle, le souverain niongid
Témmuijino ilevint le plus jnussant de tous les juinces tatans, et, api'ès
quelques victoii'cs signalées pai- d'horribles cruautés, il fut éln empereur
sons le nom de Ïehinggbis-Khan, à la suite d'iin congrès des princes
assemblés sur l'Oimn supérieur, en l'année 120(i.
De cette manière, le nom de Jlongols ou Tatars devint usuel en Russie
et en Europe, et iiit appliqué plus tard, mais à tort, aux tribus
tui'ques qui parurent sni- la seine jnilltiiine sons Tlmoni- (Tamorlau) et
fondèi-ent plnsieui-s Etats sur le Volga et ailleurs. (Tatai- est la forme
iclle de Tatan, qui ne parait que rarement dans la langue mongole,
mais très-souvent dans la langue nnindchoue, où la tenninaison dn jdurlel
r (rl) remplace le n du singnllei-. Les Mongols actuels ne connalssont
plus le mot Tatan et disent seulement 'Patar). Ces tribus Iniques de
Timour sont les Tatars île nos jiuirs, dont l'élément mongol ne .s'est conservé
que dans- la généalogie des familles prlncières. Avant que Teliinggliis
Khaii eut soumis toutes les tribus de la même raec et les eut
toutes comprises sous la dénomination de Mongols mi de Tatans, les cont
r é e s gouvernées par des princes tatans ))roprenient dits portaient seules
ce nom, dovenu généi-al depuis Tcbingglils-Klian; ce nom se mainliiit
d.ans la Kkalka jusqu'à l'époque où Khiuibilaï, à son avénenient au Irône
de Chine , adopta pour sa dynastie et son empire le nom d'Yonan.
Lorsque, bientôt après la ]jerte de la Chine, les descendants de Tcliingg
l i i s - K l i a n durent aussi renoncer à la ÎMongolic méridionale, le nom
d'Youan ne resta qu'aux Mongols de la Khalkha cl do la Dzouiigarie.
Au coinniencemeut du quinzième siècle, l'ancien nom do Tatan fut rétabli
par le khan tioltsi ; mais, au seizième siècle, les ( hinois prirent
possession de Tchakhar, et ce dernier nom fut dès lors donné a toute
la nation (ce qui a cessé d'exister depuis longtemps).
Après avoir subjugué toutes les tribus et tous les peuples issus d'une
même origine, Tchingghis-Khan étendit son pouvoir sur les Etats voisins
e t fonda un empire d'une étendue telle qu'il n'en a jamais existé de pareil
sous aucun monarque. A la mort de Teliiiigghis-Klian en 1227, cet
empire fut partagé entre ses fils ep quatre souverainetés principales,
celles de Klptchak, de Tchagataï, d'Ouigour et de Mongolie; il reçut
de nouveaux agrandissements par ses snecesscurs et s'étendit même
•sur toute la Chine. Les expéditions de Tcliin,gghis-Klian et de ses sucecsscnrs,
leurs conquêtes et leurs déprédations, ne furent le résultat
d'aucun plan politique; elles étaient entreprises uniquement pour satisf
a i r e leur instinct national de luttes et de combats, une avidité toujours
croissante et une insatiable soif de butin, développées encorc par suite
des succès obtenus à la guerre. Ainsi s'explique la cluitc raiiidc dos
trônes créés par les Tcbinggbisklianides dans des pays étrangers, oil ils
ne se maintinrent que là oil des eirconstances particulières exercèrent
une iiitluence favorable à leur doniiiiation, comme cola ont lieu, par
exeniple, en llussie. I.es dissensions intestines reconiiueiicèrent bientôt
comme par le passé, et la domination sur la Chine fut perdue en 13ti.S.
IViiicessaiites luttes entre eux et avec les Chinois diininiièrent de plus
en plus le nombre et ati'alblircnt la puissance politique des .Mongols, en
eontribuant cssentiellouiont à celle des M.andc!ionx et a leur élév.ation au
trône de Chine. Cependant, au coinnicnccnient dn seizième siècle, Daïaii-
Khagan réunit de nouveau toutes les tribus mongoles, dont la ¡missaiicc
j e t a un dernier éclat cent ans après, et rendit même temporairement la
Chine tributaire sous le règne de Lindaii-Klian. Mais ce suprême elfoit
ne fut qu'un éclair qui précéda l'cxtinction définitive de la ])uissanee
nioilgole de l'est. En !()3S, dos fractions considérables s'étant détachées
(le la masse générale dn peuple et des Intérêts nationaux, les .Mongols
orientaiix tombèrent sous la domination des i\Iandchoux et touchèrent an
terme de leur indépendaiiee politique. Dans les contrées de l'Altaï, les
i\[ongols de l'ouest se maiiitinrent encore jilus de cent ans. mais ils fiiiireill
par succomber à leur lour commc leurs compatriotes de l'est.
1
Mi t i
. I