
12 P E U P L E S INDO-EUUOPÉENS.
Livonie, d'Estlioiiic, de Courlancle et de Pétcrsboiirg, plus de 4, 3 et
2 pour 100 de la population participaient à renseignement, Dans ceux
de Samara, de Saratov, de Tauride et de Bessarabie — qui contiennent
tous de nombreux colons allemands, — et dans ceux de Moscou et d'Arkhangel,
le cliiffre des individus qui recevaient une instruction quelconque
était en général de 1 pour 100; dans tons les autres gouvernements
il y en avait encore moins, et môme on remarque qu'en Volbynie le
chiffre était au-dessous d'un quart pour 100. En général, les gouvernements
de la Russie-Blanche et de la Petite-Russie sont, sous ce rapp
o r t , dans un état encore moins favorable que ceux de la Grande-Russie.
Quant aux établissements industriels, fabriques, manufactures et antres
usines de la Russie d'Europe, ils se trouvent situés pour plus de moitié
dans les quatre gouvernements de Pétersbourg, de Moscou, de Vladimir
et de Pei-m ; celui de Kiev en contieut encore beaucoup ; les gouvernements
de Novgorod, de Poltava, de Smolensk et de Bessarabie sont
ceux qui en possèdent le moins.
Mais un des points les plus importants à signaler est celui qui établit
la proportion existant entre les fidèles de l'Eglise grecque orthodoxe
et les adeptes des divers autres cultes pratiqués en Russie. Parmi
les 49 gouvernements qui divisent le territoire de la Russie d'Europe,
les 30 qui forment le centre sont do confession grecque ; les 19 autres
gouvernements sout, h cet égard, placés à peu près dans les conditions
suivantes : l'Esthonie et ÏCovno sont presque exclusivement habités par
des adeptes de religion non grecque ; la Courtaude, par plus de 90 pour
100, la Livonie et Vilna, par plus de 80 pour 100; Orenbourg en
compte plus de la moitié; à Grodno, le nombre des grecs orthodoxes
l'emporte de peu sur celui des non grecs. Piàs, en descendant l'échelle,
ou trouve daus le gouvernement d'xVstrakban plus de 40 pour 100
d'adeptes de religion non grecque ; dans ceux de Vitebsk et de Minsk,
plus de 30 pour 100; dans ceux de Pétersbourg, de Kazan, de Podoiic
e t de Volhyuic, plus de 20 pour 100; enfin, dans ceux de Kiev, de Mohilev,
de Samara et de Saratov, plus de 10 pour 100. Dans le gouvernement
de Tauride, les ancienues proportions ont beaucoup changé depuis
l'émigration en masse de la population tatare.
Quant à la répartition des cultes eutre les 59,000,000 d'habitants de
la Russie d'Europe, on peut l'établir ainsi : plus de 50 millions appartienuent
l'Eglise grecque, desservie par un clergé qui compte, avec
familles et serviteurs d'église, 600,000 membres et 24,600 églises.
L e nombre des catholiques est d'environ 3 millions, possédant 1,150
églises proprement dites, desservies par 3,000 ecclésiastiques. La populatiou
catholique est principalement répartie -dans les gouvernement-s
de Kovno, de Vilna et de Groduo. Dans le premier, plus des trois
quarts des habitants sont catholiques; dans le second, deux tiers, et
dans le dernier, un tiers. Le chiffre total des catholiques dans tout
l'empire de Russie se monte environ à G,750,000.
L e nombre des protestants est de 2,000,000, dont 1,950,000 luthériens
et 50,000 réformés; leur clergé se compose de 490 membres et
le nombre des églises est de 990. Le gouvernement d'Esthonie est
presque entièrement peuplé de protestants; en Livonie, ils forment les
trois quarts et en Couriaude plus de la moitié de ia population; dans
le gouvernement de Pétersbourg, on en compte 150,000. Il y en a
quelques-uns dans tous les gouvernements. Le nombre des protestants
dans tout l'empire russe est de 4 millions.
L e nombre des'juifs s'élève au delà de 1,400,000, dont 6,000 karaïmes.
Daus tout l'empire il y a plus de 2 millions de juifs. Ils sont principalement
répandus dans les provinces de l'ouest, surtout h Kiev, en Podolie,
Volbynie, à Kovno, Grodno, Minsk et Mohilev. Ils forment, dans ces
sept gouvernements, la neuvième partie (1,050,000) de la population
t o t a l e , possèdent 588 synagogues, 2,305 maisons de prière et uji.clergé
composé de 5,043 rabbins.
L e nombre des maliométans s'élève à .environ 2 millions, avec un
clergé de 7,935 membres et 4,718 mosquées. C'est principalement dans
les gouvernements d'Orenbourg et de Kazan qu'ils sont le plus l'cpandus.
L e chiffi'e des lamaïtes ou bouddhistes se monte à,, environ 70,000,
avec un clergé de 1,930 individus et 82 khourouls ou maisons de
prière. Ces lamaïtes sont les Kalmonks du gouvernement d'Astrakhan et
ai] petit nombre ceux du pays des Kozaks du Don.
Une fraction très-minime de la population russe est encore idolâtre ;
on les trouve parmi les Bachkirs, les Metchériaks, une petite partie des
tribus finnoises de l'est et quelques bohémiens, le tout au nombre d'environ
100,000 individus.
L a répartition des habitauts en diverses classes, le nombre des prop
r i é t a i r e s fonciers comparé à celui des paysans, des seigneurs aux cidevant
serfs, fournissent un intéressant complément au tableau de l'état
social de la Russie. On peut admettre qu'en Russie il y a uu prêtre
sur 126 habitants, et sur 800 un fonctionnaire public. Ce qui prouve
il quel point l'administration est concentrée à St-Pétersbourg, c'est le
grand nombre d'employés qui y sout établis : on on compte plus de
10,000 qui forment le dixième de la totalité des employés russes; en
sorte qu'à St-Pétersbourg, sur 40 personnes on trouve 1 employé. Le
chiffre de la noblesse héréditaire et de la noblesse personnelle, c'est-àdire
les personnes jouissant soit par leur naissance, soit par leurs fonctions,
des droits et des prérogatives de la noblesse, se monte environ
à 750,000 ; il y a 70,000 familles nobles d'origine. 107,000 nobles
possédaient autrefois des serfs, et 103,000 propriétés avaient des paysans
attachés à la glèbe. Quant aux marchands inscrits dans l'une des
trois guildes, il y eu avait au delà de 300,000; plus de 3,500,000 mechtchanines,
c'est-à-dire bourgeois; plus de 15 millious de paysans ai)partenant
aux apanages de la couronne et aux domaines de l'empire et de
la famille impériale. La noblesse allemande des provinces de la Raitique
possédait 1,100,000 Esthoniens et Lettons comme paysans sur ses
propriétés. Dans les années 1858 et 1859, la Russie avait 21,976,000
serfs (parmi lesquels 10,695,000 appartenant au sexe masculin), et
1,463,000 gens dits de la cour seigneuriale, qui n'avaient aucune portion
de terrain et formaient la- domesticité, les artisans, etc., ou bien
qui s'entretenaient eux-mêmes et payaient h leur seigneur une redevance
annuelle. Le chift're des serfs du sexe masculin formait environ
35 pour 100 de la population male de la Russie d'Europe ; celui des
p r o p r i é t a i r e s , moins de deux cinquièmes pour cent. Parmi les serfs,
chez lesquels le nombre des femmes dépassait de 600,000 celui des
hommes, il y avait presque 65 pour 100 do la population, c'est-à-dire
7,100,000 individus mâles faisant partie de là propriété de 44,000 biens
fonciei's engagés hypothécairement aux banques de l'empire pour une
somme de plus de 425,000,000 de roubles (1 milliard 700 millions de
francs), c'est-à-dire plus des deux cinquièmes de tous les biens privés
et les deux tiers de tous les serfs, situation qui s'était encore aggravée
pendant ces dernières années.
Des 105,800 propriétaires de serfs il y en avait à pou près 3,600
q u i , sans avoir de terre, possédaient ensemble 12,000 individus mâles,
ce qui faisait une moyenne de trois serfs pour chaque propriétaire. Le
chiffre des plus petits propriétaires, c'est-à-dire de ceux qui avaient
moins de 21 serfs, se montait à 43,000, possédant ensemble 340,000
âmes, c'est-à-dire chacun 8 individus mâles eu moyenne; 36,200 prop
r i é t a i r e s , qui, réunis aux précédents, forment ce qu'on appelle les pet
i t s propriétaires, possédaient de 21 h 100 serfs du sexe, masculin, ou un
ensemble de 1,697,000 et une moyenne de 47 pour chacun. 20,150 gentilshommes
possédaient de 100 à 500 âmes donnant un total de 3,974,000
âmes ou une moyenne de 197 par propriétaire. 2,450 gentilshommes
possédaient de 600 à 1,000' âmes, soit 1,598,000 ou 652 pour chacun.
1,400 gentilshommes jiossédaient une masse ])lus de 3,074,000 âmes
ou 2,196 pour chacun. Si nous divisons les propriétaires en trois classes
e t que nous comptions dans la première ceux qui avaient moins de 100
â m e s , dans la deuxième ceux qui en avaient entre 100 et 500 , et dans
la troisième ceux qui en avaient au delà do 500, nous trouvons un elVoctif
de plus de 79,000 petits propriétaires, avec 2,037,000 âmes on
19 pour 100 de tous les serfs mâles; plus de 20,000 propi'iétaires avec
3,974,000 âmes ou 37 pour 100, et 3,850 propriétaii'cs avec 4,072,000
âmes ou près de 44 pour 100. Conséqucmment les petits propriétaii'os
étaient en majorité', mais la jihipart des pay,5ans serfs appartenaient aux
grands domaines.
Des 49 gouvernements de la Russie d'Europe — ou 50 en y ajoutant
le gouvernement de Stavroj)»! — il l'allait oxclui'c avant tout les troip
provinces de la Baltique, où il n'y avait pas de serfs, et celui d'Arkhangel,
ofi il ne s'en trouvait que 20 n'ajjpartcnant à aucun doinaiiu\
L e plus gra)ul nombre de serfs se trouvait dans trois gouvernoments
P E U P L E S INDO-EUROPÉENS. 1 3
de la Petite-Russie : Kiev, Volbynie, Podolie; puis dans les gouvernements
de la véritable Grande-Russie : Toula, Riazan, Smolensk, Tambov,
Tver, Nijni-Novgoj'od, lûnii-sk, Orel, Vhulimir, etc,; puis dans les gouvei'iiements
de l'ouest. On en trouvait en phis petite quantité vers I'esl,
le nord et le sud, où la noblesse russo ne s'établit quo plus tard, ainsi
que le constatent les docimients liistoi'iques. h)u égard au uonibi'o relatif
des serfs, les gouvernements pouvaient être en général groupés à peu
près de la manière suivante : il y avait plus de 50 serfs poui' 100
habitants dans les gouvernements du centre et de l'ouest, qui forment
géographiquement un demi-cercle non interrompu de Kostroma jusqu'en
Podolie, A ce groupe appartiennent, les l(i gouvernements suivants;
Smolensk, 69 pour 100; Toula, 09; Mohilev, 65; Kalouga, 62; Minsk,
0 1 ; Podolie, 00; Nijni-Novgorod, 59; Vladimir, 58; Kiev, 58; Kostroma,
57; Vitebsk, 57; Yaroslav, 57; Volliynie, 57; Riazan, 57;
Pskov, 54; Tver, 51, Au second groupe, qui outoui'o le premici- au
sud-est et au nord-ouest, et dans lequel le chiffi'c des serfs constitua
de 25 à 50 poui- 100 de la population totale, aptiartieiinont 19 gouvernements,
c'est-à-dire le reste do tous ceux de la (li'ande-Hnssio, à l'est
jusqu'au Volga; le sui'iilus de ceux de IÌL Petite et do la Nouvelle-
Russie, à l'exception du gouvernement de Taui'Ide ; puis Novgoi'od,
Kovno, Vilna, Groduo et Perm. Le troisième groupe, qui contenait en
serfs 10 à 25 pour 100 de la popnlntion totale, comprend les cinq gouvernemeuts
de Pétersbourg, 24 pour 100; Vologda, 23; Samai-a, 15; Kazan,
14; Oi'enboni'g, 12. Au quatrième groupe, dont les serfs ne foi'-
mèrent pixs ])!us de 10 pour 100 do ia population totale, appartiennont
les six gouveruemonts de Taui'ide, (; pour 100; Olonetz, Viatka, 3;
Astrakhan, 3; Stavropol, 2; Bessarabie, 1. Mais le nombre relatif des
serfs en général ne suffii-ait piis pour donner une idée a|)i)i'oximative de
la siluatiou morale des iiabilants des divers gouvernements; on doit, |iour
l'obtenir, considérer aussi la répartition des serfs sur les grands et les
lietits domaines. On comptait en moyenne, dans la Russie d'Europe, 100
individus mâles par chaque |)i-()priéfaire de serfs; mais il y avait d'énormes
c(mtrastes dans la réi)artition des serfs : d:ins le gonvornoment
de Perm, par exemple, il y av;ùt 2,621 individus mâles par |u-opriótairc,
tandis qu'en Bessarabie il n'y en avait que 20. 11 y avait plus de Ì50
âmes par propriétaire dans les gouvernements de Perm, de Kiev, de
Podolie, de Nijni-Novgorod, de Volbynie et de Viatka ; dans 25 gouvernements
de la Grande et de la Petite-Russie, il y avait l'un dans
l'autre de 75 à 150 âmes par propriétaire; et dans les 15 gouvernements
suivants, moins de 75 âmes, savoir : ceux de Kharkov,
d'Astrakhan, de Smolensk, d'YékaterinosIav, de Koursk, de Tcliei-nigov,
de Kherson, de Stavropol, do Tauride, dans le pays des Kozaks du Don,
dans les gouvernements de Novgorod, do Poltava, d'Orenboui-g, d'Olonetz
et de Bessarabie. Ainsi les biens les plus considérables ])eu])lés
de serfs se trouvaient à Perm, où les grandes mines et les usines sont
la propriété d'un petit nombre de familles. En sus dos individus attachés
spécialement à ces établissements, plus de 120,000 paysans de
domaines privés y travaillaient aussi. Après le gouvernement do Perm
viennent les gouverncmeiUs à grains du sud-ouest, remarquables par le
nombre de grands domaines seigneuriaux qui se sont formés du temps
de la domination jiolonaise, et deux des gouvernements du noi-d-est;
celui de Nijni-Novgorod, dans lequel plusieurs anciens domaines (votchinas)
se sont conservés, et celui de Viatka, où chaque propriétaii'e
foncier possédait habituellement beaucoup de paysans, parce (|ue le nombre
des domaines y était, en général, très-restreint. Puis viennent deux
gouvernements de la Russie-Blanche, deux de la Lithuanie et la majeure
partie des gouvei-uomonts de la Grande-Russie, sans distinctions
bien tranchées; puis encore quelques-uns de la Grande-Russie; ensuite
plusieurs gouvernements de la Petite et de la Nouvelle-Russie, où le
servage s'est formé plus tard; et enfui ceux oii le nombre des serfs était
en général très-faible. Le ])lus gi-and nombre de jietits propriétaires
do terres morcelées se trouvait dans les gouvernemonts de Poltova,
de Koursk, de Tchernigov, de Smolensk, de Riazan, de Novgorod
et daus le pays des Kozaks du Don, où le servage posait, pour cotte
raison, d'une manière plus onéreuse sur les paysans.
C'est donc au noyau même de la po])ulation de l'empire, c'est-à-dire
parmi les Russes proiirement dits, que le servage s'était le plus fortement
dévelopi)é, mais particulièrement dans les gouvernements situés
plus près do Moscou, où s'établirent les institutions d'fttat sous l'iniluence
I directe du centre de l'emiiire. Par conti-e, il avait |n-is moins d'exfonsimi
• chez les Potits-Russiens, les habitants do la Russie-Hlanchc et les
Lithuaniens, et moins encore parmi les tribus dont IIN limites se confondaient
avec celles des tribus russes, c'est-â-dire chez \m Polonais,
les l'iunois et les Tatars, Dans les deux dei-niers groupes de onze
gouvernements ci-dessus désignés, la projiortion du nombre des serfs
avec celui dn reste de la po])ulati(.u était beaucou|i plus faibki.
A l'exception des gouvernemonts do Riazan, de Koursk (luibité en
p a r t i e do Petits-Russiens), de Smolensk (coiiteuaut un grand nombre de
Russes de la llussie-Blandie) et de Novgoi'od (reiifermant des êlémenis
finnois), les autres.gouvernemonts de la firande-Russie représentaient le
plus grand nombre absolu et relatif de serfs; mais le servage y était moins
pei'iiicienx, parce que le uombi'C des serfs, comparé à celui des propriétaires,
était en efiet assez considéi-ablo, cai- il s'élevait en moyenne jusqu'à
100 individus ]iar ])ropriétai]-e, état de eiioses jugé alors très-favorable.
Un fait vraiment intéressant et riui doit causer une vivo satisfaction,
c'est que, dans les vingt-cinq dei'niôi-es années (pii viennent de s'écouler,
le nombre des serfs avait diminué de plus do 250,001) individus,
c ' e s t - à - d i r e de plus de 1 pour 100 ; taudis f|ue la po|)ulatinn totale
s'était, acci-ue d'environ 10 millions d'âmes, c'est-à-dire à i)eu près 20 poiii'
100. Ce fait s'explique tout naturellement par un pressant besoin do
recrues provoque par plusieurs guerres successives : un grand nombi'e
do serfs appelés sous les di-apeaux fui'ent, par leur entrée au service militaii'o,
définitivement allranchis du servage,
A|)rès cette raiiide esquisse de la situation générale de la Russie et
des Russes, nous nous occuperons des éiioques princ,i|)ales du dévehi])-
pemcnt historique de ce peuple en général et do ses diverses tribus en
p a r t i c u l i e r , ainsi que des détails ethnographiques qui les concei'nent ;
car bien que les tinsses forment un grand ensemble politique, ils offrent
cependant plusieurs nuances distinctes de nationalité.
C'est â ])artir du neuvième siècle que riiistoiro des Slaves dr; l'est
devint celle des Russes ou de la Russie, ])a.r suite de l'ajijjcl qu'ils liront
au.x Russo-Variegnes, qui donnèrent le nom de Rouss au pays subjugué.
Les différents noms que les tribus slaves portaient précédemment disjiarureiit
bientôt, et les ti-ibus russes, qui se distinguent encore aujourd'hui
les unes des autres en Russes iirojirement dits. Russes do la Sibérie, l'etits
Russiens, Russes de la Rnssie-liianclio et Kozaks, ne naqnii'ent oL
ne se formèrent qu'à la suite d'événements postérieurs.
Comme il ne s'agit pas ici, à projii'ement parler, de l'histoire rus.se,
mais de la description caractéristique des Russes dans leur iléveloppement
historique,-nous ne mentionnerons que très-succinctement les diverses
périodes de cette histoire.
L'histoire de la Russie se divise avant tont en ancienne et en moderne:
cette dernière ne date que des créations de Picri'e le Gj'and, Mais des
événements importants ont nécessité plusieurs subdivisions marquées, surtout
avant Pierre le (irand. Novgorod doit être considérée comme le
germe de l'ominre russe, de inême que Kiev en est le berceau. C'est
de Novgorod que les Slave.s de l'est reçurent une nouvelle dynastie et
une désignation nationale qui les réunit sous le même nom. Kiev devint
bientôt le centre politique, puis religieux de l'empire, et conserva le
premier rang parm'i les villes russes jusqu'aux temps de la domination
mongole; il en fut de môme de ses princes vis-à-vis des autres princes
russes. Ce fut aussi* sur le sol de Kiev que le fruit d'une intime fusion
du monde slave oriental avec les idées normandes et grecques parvint à
sa maturité. Mais le centre national, le coeur, la Russie ne le trouva
qu'à Moscou, comme elle en ^ouva plus tard la téte à St-Pétersbourg,
que l'on pourrait aussi nommer le trait d'union intellectuel qui réunit
la Russie au reste du monde civilisé.
Jusqu'à Pierre le Grand, nous voyons dans l'histoire de la Russie une
lutte entre deux éléments ojiposés, la lutte de l'ancien monde slave morcelé
contre le ])rincipe de centralisation et d'autocratie fondé par les
Normands, dévelojjpé politiquement et moralement par les Mongols, et
enfin poussé depuis au plus liant degré d'intensité. Lorsque le pouvoir
se centralisa, l'ancien système de morcellement disparut, l'importance
primitive du peuple fut annihilée et la loi remjilaça l'usage. D'une
agitation fébrile et de raiwence de formes ou pa.ssa à la stabilité.
C'est de l'avènement do Rurik, c'est-à-dire de l'appel fait aux Varoegues,