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P E U P L E S OURALO-ALTAÏQUES.
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K a l m o i i k s (Tourgoiitcs) eurent subitement (luitté le pays, en 1771, poms
e rendre en Cliine. Le colonel Popov, ipii coimnanclait à cette époque
lo régiment des Kozaks d'Astrakhan, et qui étai t souvent en contact avec
l e s Kirghiz, engagea le sal tan Bonkéi (Bis d'Aboul-Kliaïr), alors président
d u conseil du khan, il demander au gouvernement russe la permission
d e venir se fixer dans les Rynnpeski. Eoukéi, qui connaissait déjît les
r i c h e s pâturages de ces contrées, et qni espérait devenir riche et paiss
a n t sous la protection des Russes, s'empressa d'accéder ¡\ cet t e proposit
i o n , et présenta sa requête, avec prière de lui donnei' une sanve-garde
d e cent Kozaks pour maintenir l'oi-dre. La permission ohtenne, il comm
e n ç a d'effeetaei' sa transmigration avec quelques ti-ibus. Mais des abus
e t des procédés vcxatoires intimidèrent les nouveaux venus, qui letoni'-
aéi cnt bientôt fui t i v cmc n t dans leur pays ; le seul Bonkéi resta sur le
t e r r i t o i r e nisse avec environ 1,600 kibitkas. Plus tanl on réussit cepend
a n t il a t t i rer de nouveau ceux qui étaient partis et d'autres encore, ce
qui valut il Boukoi ane pins grande considération. Dans le bat de l'augm
e n t e r eneoi-e, il aspira à la dignité de klian. Au moment de rélcctioji,
l a hoide se divisa en deux parties. La Horde Intérieure et les tribus
do la Petite Horde voisines des Kox.aks de l'Oural s'eiiteiulii'eiit iioiir
n o m m e r Butilcéi, qui fut confirmé kliiin en 1812 par l'empereur Alexandre ;
s a dignité passa i\ son fils l)jan-r]ier. Sur le iaiix bniit (¡u'uii allait
f o r m e r les Kirgliiz en Kozaks, en faire des paysans de la couronne et
l e s coloniser sur la rive droite du Volga, un certain nombre se decid
e r e u t derechef îi prendre la fuite ; mais, bientôt convaincus que leurs
c r a i n t e s étaient chimériques, ils reviui-ent sur leurs pas. En 1822, les
o r a g e s et les coutinuelles intempéries dos saisons leur firent épi-ouver des
p e r t e s énormes; il périt environ 280,000 chevaux, 73,000 bétes ¡1 cornes
e t un million de moutons. A la suite de ce sinistre, ils s'enfuirent
t o u t effrayés dans le gouvernement de Saratov, d'où ils ne revinrent que
b i e n lentement. Après divers soulèvements et plusieurs tentatives de fuite,
l a tranquillité se rétablit et ne fut plus troublée depuis 1837. Si l'on
d o i t reconnaître que le kliau Djanggher a beaucoup fait pour la civilis
a t i o n et la colonisation des Kirghiz, il faut avouer aussi qu'il avait
p l u s i e u r s côtés mauvais du caractère de son aïeul Tchingghis-Kiian : tout
e u flattant la Russie, il rêvait la grandeui- des anciens conquéi'ants mong
o l s et ne cherchait qu'une occasion de se créer une puissance aussi
i n d é p e n d a n t e que possible.
L a population, d'aboi-d peu nombreuse, a considéi'ablement augmenté
d a n s les dej'niers temps. Ka 1320, la horde ne consistait qu'en 7,500
k i b i t k a s ; de 1830 il 1840, elle en comptait 14,000 (soit 60,000 ames)
a v e c 2,300,000 animaux domestiques, proportion moins favorable toutefois
que du temps de la première migration. Aujourd'hui elle se compose
d e 25,000 kibitkas ou environ 100,000 ¡imes, en y comj)reiiant le nombi'e
a s s e z considéi-able de nouveaux arrivés.
S o r t i e de la Petite Horde, la Horde Intérieure se divise comme
e l l e en graiules et petites tribus qui correspondent, d'après leur origine,
a u x trois principales subdivisions de la Petite Hoj-de, La Horde Intér
i e u r e se décompose aujourd'hui en neuf subdivisions, dont chacune a
poui- autorité plusieurs chefs qui dépendent du conseil temporaire,
l e q u e l est placé lui-même sous l'autorité supérieure do la commission
d e frontière h Orenbourg. La dignité do kluui, comme pouvoir supi'éme,
a en effet cessé d'exister depuis l'année 1845, h la mort de Djauggliei'.
C ' e s t un employé supérieui' qui gou\crno aujourd'lini, ¡1. la téte d'un
c o n s e i l , et le fils aîné de Djanggher, Tchingghiss, a obtenu, ainsi que
ses frèi'cs, la dignité héréditaire de prince russe, avec une pension,
s a ns avoir pourtant aucune influence directe sur le gouvernement du
pays. De cette manière, le gouvornenient russe, en abolissant les priv
i l è g e s de caste dont abusait l'aristocratie (l'os blanc) envers le peuple
( l ' o s noir), qu'elle traitait avec la plus g rande dureté, a établi moralement
e t matériellement un état iiermanent d'ordre et de légalité. Les postes
i n f é r i e u r s de l'administration sont occupés par des fouctioiniaires kirgiiiz,
e t les litiges dont l'objet est inférieur à une valeur de 30 roubles sont
j u g é s d'après la coutume kirghize. Le plu.s gi-and vice des Kirghiz est
le vol des clicvaux, qu'ils pratiquent encore fort act ivement de nos jours;
c e p e n d a n t l'accroissement des colonies, qui a créé de plus étroites liaisons
a v e c les voisins et fait naître des moeurs un peu plus douces, a consid
é r a b l e m e n t dimiiuié la grossièreté de ce peuple et sa pa.ssion pour le
vol et la vengeance. .l")'un autre coté, pourtant, certains désavantages
r é s u l t e n t de cette demi-civilisation ; car la corrujjtion et le goût des
p r o c è s augmentent de jour en jour ; mais cela ne doit pas empêcher de
r e c o n n a î t r e et de constater les effets généralement bienfaisants de l'état
d ' o r d r e et de légalité, H faut y ajoutei' aussi le dévelopiiement du penc
h a n t pour l'agriculture, quoique l'amour de la vie nomade ait encore
p o u r les Kirghiz de gi-andes séductions. 11 est bien vrai que rattachem
e n t h la terre est le véritable fondement de la vie sociale. Le.s iinijòts
u e frappent que sur le bétiùl et sont ainsi répnrtis : on paye 18 co|)ccs
])ar chameau, 14 par cheval et 8 par mouton, ce qui produit ii l'l<;tat
u n revenu annuel de 90,000 roubles.
L a seule colonie qui soit digne d'attention, celle qui forine en même
t e m p s le siège de l'autorité administrative et le point centi'al du comm
e r c e et de l'industrie, c'est la résidence du khan, d'où lui vient le nom
r u s s e de Khanskaïa-Stavka. Elle se trouve dans la partie nord-ouest du
p a y s . Outj-e la confortable maison en bois du khaii et la mosquée, on
c o m p t e actuellement déjà plus de cent maisons aussi en bois, abritant
p l u s de 450 habitants des deux sexes, dont beaucoup, à la véiité, sont
T a t a r s et Russes. Malheureusement la Kliansicaïa-Stavka est située dans
u n e contrée déserte et semble menacée d'être engloutie pai' le sable :
a u s s i a-t-on conçu le projet de la transporter sur un terrain plus favor
a b l e . Le premier fondemeiit de cette colonie a été jeté par un liasse,
qui s'y bâtit, en 1824, une maison en bois; quatre ans après, en 1828,
l e kluui suivit cet exemple.
S e m b l a b l e s eu tous |)oints j)ar l'extérieur, les mccurs et les usages a
l e u r s frères de l'ace en Asie, les Kirghiz de la Horde Intérieure se divis
e n t comme eux en nobles (sultaus) et en bas peuple, qui forment deux
c a s t e s rigoureusement distinctes (l'os blanc et l'os noir). Le type prédom
i n a n t est le mongol. Les femmes sont généralement laides et sans ¡lucun
s o i n de propreté ; leur tenue et leui's mouvement s sont semblables à ceux
d e s hommes; elles se tiennent à clieval comme eux et portent le même
l o n g vêtement, les mêmes pantalons lai-ges et des bottes ; elles s'envel
o p p e n t seulement la tête d'un grand voile, tandis que les hommes portent
l a thibétéika (ainsi nommée par les Russes), c'cst-iVdire un petit bonnet
p o h i t u par-dessus lequel ils mettent un chapeau blanc fait de peau
d ' a g n e a u , en forme de cône tronqué, et dont les boi-ds sont relevés h la
m a n i è r e chinoise. Les pauvres ne portent qu'ini bonnet pointu de peau
d e mouton avec une boixlnre. Tous sont vêtus d'une longue robe ajìpelée
k h a l a t e , de la même coupe pour tous, mais d'une étoffe plus ou moins
r i c h e , selon les moyens de chacun. La course à cheval est pour le
K i r g h i z ce que sont pour l'liuropéen les festins, les fêtes publiques
e t les bals. Elle est pour Un l'objet du plus haut intérêt : ni noce, ni
e n t e r r e m e n t , ni nais.sance, aucune solennité en un mot, ne saurait avoir
l i eu chez un Kirghiz aisé sans ce divertissement qui excite tonf autant
d ' a n i m a t i o n et d'enthousiasme en faveur du vaimiueur que les combats
d e taureaux en Espagne. Une énorme affluence do personnes des deux
s e x e s , de tout age et de toute condition, ]-end ces courses fort intéress
a n t e s . Ou s'étonne de voir comment les cavaliers, et même des enfants
d e neuf à dix ans, à peine vêtus, savent calculer au juste la portée des
f o r c e s de leurs chevaux. Si un cheval vient tomber d'épuisement à
p e u de distance du but, il est traîné jusque-là avec des cordes. On en
a souvent vu parcourir une distance de 20 verstes en 34 minutes et 40
s e c o n d e s . La course la plus cni'ieuse est celle des femmes : l'amazone,
m o n t é e sur un ciieval très-agile, est poursuivie par d'habiles cavaliers
qui cherchent Tatteindre, ii. la saisir à bras-le-corps et it l'attirer à
t e r r e . Elle se défend contre ces attaques peu galantes avec un knout
( f o u e t court), jusqu'à ce que Fun des poursuivants parvienne à s'emparer
d ' e l l e de manière t\ ce (lu'elle ne puisse plus se dégagei'. Mais un spect
a c l e peu ragoûtant qu'on (jfîre aussi à l'assemblée est celui de la course
a u x chameaux. Ces pauvres aniinaux font, il est vrai, en courant avec
u n e vitesse exti'aordinaire, une distance de deux verstes en trois min
u t e s ; mais ils poussent des cris affreux et jettent de tous côtés, par
l a bouche et les naseaux, une épaisse écume.
L e s autres délassements ressemblent il ceux des Kirghiz de l'Asie;
nous les décrirons pins tard, Une individualité fort remarquabl e à signaler
e s t celle du tchabar ou courrier qui t ransmet les lettres, les ordres, etc.,
d a n s les steppes avec une célérité incroyable. A peine couvert de misé-
]'ablcs haillons et descendant ]-arement de cheval, il porte oi-dinairement
s e s pantalons par-dessus une espèce de robe de chambre, ou même
e n v e l o p p e ses jambes avec les pans do ce long vêtement et se fai^t une
c e i n t u r e avec les manches. On voit sur sa poitrine une plaque avec une
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