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P E U P L E S OURAliO-ALTAÏQUlîS.
Les trois pvcmitTCS ti ilins liabitcnt la Kussio européenne et sont généralement
noniinécs SaineKclcs ilu Mézcii ; ¡1 y .1 lion tie diftcrenee entre
elles ; il convient donc de les considérer toutes trois sous le mémo point
de vue, sanf nnc courte dcscriptiou de leur résidence.
SAMOÏÈDES DU TAYS DE KANINE.
Ce sont ceux qui forment lu tribu la iiliis occidentale de tous les Sanioïùclcs
en général ; ils habitent la partie sud Ousqii'au Mézèn et fi la
r é s a ) de la presqu'île située entre la mer Elanclie et le golfe de Tclieslcaïa.
On sait avec quels soins et qnels succès ils savent élever les rennes ;
mais la oliasse et la pôclie font aussi l'objet de leurs occupations liabit
u o l l e s ; ils cliasseiit de préférence les i-enard«, les loups, les rennes sauvages,
les oiseaux, et sont très-habiles daus la capture des animaux de
mer tels que les phoques et les ours blancs. Les renues, qui prospèr
e n t parfaitement dans ce pays marécageux, plein d'herbe et de mousse,
sont distribues en troupeaux de 1,000, de 200 et do 50 têtes; et c'est
d ' a p r è s ce nombre qu'on juge de la fortune des Samoïèdes, dont la totalité
se monte à moins de 1,000 ¡Imes.
SAMOÏÈUES DU PAYS DE,TIMAN.
Ils habitent anssi les côtes de la mer Glaciale, fi l'ast jusqu' à la Pctchora,
et au sud jusqu'à la Tsylma ; ils sont les voisins immédiats des
précédents et vivent de la même manière qu'eux, mais s'occupent moins
de la chasse, de la pèche et do la capture des animaux de mer. Cette
peuplade se compose de 800 âmes ; le nombre des femmes est supérieur
à celui des hommes.
SAMOÏÈDES DliS CIARAIS DE BOLClIÉ-ZlîMELSK.
Ces Samoïèdes, habitant le pays situé de la retcliora aux monts Ourals
et jusqu'il l'cmbouclmrc de la Kara, se divisent, selon le lieu de leur
résidence, en Samoièdes-Poustozcrsks, Tjmas et Oust-Tsélcmsks. — Les
Sauiûïèdcs-roustoxcrsks habitent les côtes de la mer Glaciale et s'occupent
de chasse, de pèclic et de capture des animaux de mer; leur population
s'élève h près de l.GOO âmes. — J.es Ijmas ou Samoïèdes des
fui'éts habitent au sud des précédents et sont entièi-cmenfc séparés de la
mer • ils vivent de la pèche daus les fleuves et les lacs, et principalement
de la chasse, qui leur assure en hiver, daus les vastes foi-éts, un
riche butiu en ours, martres, hei-mines, écureuils. Les marais leur fournissent
aussi des rennes sauvages, des renards, des loups, des oiseaux,
etc. On compte environ 1,000 habitants dans cette tribu.
Les Samoïèdes — Oust-Tsélcmsks résident à l'ouest des précédents et
au sud des Poustozersks ; ils vivent la plupart du temps, comme ces
d e r n i e r s , dans les forêts et exercent la même industrie qu'eux, mais
s'occupent moins de pòche.
Ces trois subdivisions, considérées comme Samoïèdes du Mézèn, donnent
lieu aux observations suivantes :
Quand on vient de l'occident au pays des Samoïèdes, la ville de Mézèn
a p p a r a î t d'abord comme le point le plus rapproché du nord-est de l'Europe
civilisée; c'est au delà de cette limite qu'on aperçoit l'élément samoïède
adonné à la boisson, à l'immoralité et h uue malpropreté extiôme. On remarque
aussi là l'absence de toutes maisons, poui' lesquelles les Samoïèdes
ont mie antipathie prononcée. E u général, les Samoïèdes d'Arkliangel parlent,
dans les dialectes susmentionnés, une langue abondante et riche, la même
que parlent les Samoïèdes d'Obdorsk, de Bérézov, de Tomsk, etc. Ils ne sont
nullement les habitants pi'imitifs du pays, car tous les noms de ces contrées
sont aussi peu samoïèdes que russes, mais évidemment d'origine tchoude.
11 est défendu aux Samoïèdes idolâtres d'Arkliangel, aussi bien qu'à
ceux de Sibérie, d'épouser une femme issue de la tribu du père; celle
qu'ils peuvent cliuisir, lors même qu'elle serait leur proche parente, doit
nécessairement descendre de la tribu de la mère.
Les Samoïèdes du jMézèu s'appelaient d'iibord Samoïèdes de la Petchora,
et payaient, dès le onzième siècle, un tribut à Novgorod. L u 1822
on introduisit chez eux le christianisme, et c'est en 182G que pour la
première fois fut célébré le service divin, dans une église bâtie sur les
burds du lac Kharvéa, au pied des monts Ourals. 3,303 personnes furent
baptisées jusqu' à l'année 1830. Plus tard on construisit encore deux églises
e t une école pour chaque district. Les Samoïèdes non baptisés du Mézèn
p r a t i q u e n t le chamanismo; ils croient à un être suprême, aux esprits,
aux démous, et adorent des idoles. C'est dans l'ile de Yaïgatz que se
trouve le lieu le plus ancien et réputé le plus saint, où ces peuples cél
è b r e n t les mystères de leur religion.
I l est très-difficile de savoir quelque chose de précis sur les cérémonies
de ce culte, qui semble fondé sur toutes sortes de soi'tiléges, comme
cela se voit encore cliez les Samoïèdes eu général.
Les peuples adonnés à la magie ont presque tous les mômes symboles,
qui sont eu rapport avec leurs besoins et les souhaits qu'ils se
plaisent à formel-. La magie s'occupe principalement du soin de guérir
toutes sortes de maladies et de prédire l'avenir ; cette dernière spécialité
prédomine chez les Samoïèdes, et la guérison des maladies préoccupe
principalement les Finnois.
L ' ê t r e suprême s'appelle Noum chez les Samoïèdes ; il n'en existe pas
d'images; mais outre les qualités personnelles qu'on lui suppose, les dieux
lui sont encore redevables de leur existence. Les idoles des Samoïèdes
sont, à défaut de bois, pétries avec de la neige ou de la terre. Ce
peuple croit que tout finit avec la mort; les tadibis (chamancs) sont
seuls réputés immortels, parce qu'ils sont en communication avec les esp
r i t s . Le défunt est censé vivre encore quelque temps daus sa tombe; c'est
pour cela qu'on y porte toutes sortes d'aliments et môme des rennes mis
à moi't. Presque tous nomades, peu de Samoïèdes se sont établis près
des églises. L'administration des Samoïèdes est régulière, et chaque iudividu
attaclié à une commune des marais a la jouissance de GO dcssiatines
de terre pour lesquelles il n'est pas obligé de fournir des recrues
ni de payer des impôts. Ils forment une classe de paysans d'une constitution
toute particulière ; ils peuvent même se faire inscrire dans une
commune, s'ils y ont fixé volontairement leur domicile.
Chaque marais (toundra) possède un chef que les Samoïèdes se choisissent
entre eux pour trois ans, et lui adjoignent un aide. Chaque chef
reçoit deux pour cent de l'yassak (tribut en pelleteries), dont il est responsable.
Toutes les lois et les règlements sont eu général basés sur les
coutumes nationales.
Les Samoïèdes sont timides, craintifs môme et très-pacifiqaes ; les
disputes, les rixes et les meurtres n'arrivent que rarement et seulement
à la suite de l'ivresse. Ils n'injurient pas et ne tolèrent pas l'injure. Us
sont très-adonnés à l'eau-de-vie et au tabac, comme généralement tous
les peuples nomades du nord. Les pauvres vivent, la plupart du temps,
aux dépens des riches, qui leur cèdent même leurs propres rennes pour
voyager.
Un fond de bonhomie, compagne ordinaire de la paresse, les caract
é r i s e an plus haut degré, Leurs facultés intcnectucllcs ne sont développées
qu'en proportition de leurs besoins ; aussi une extrême iusouciancc,
augmentée cncorc par la vie nomade, les porte h ne penser qu'au moment
présent et les conduit souvent à une extrême pauvi'eté. C'est auis^
qu'ils pourrissent dans la fange matérielle et morale, et tombent ilans^^a
dépendance du premier venu qui consent Îi satisfaire aux besoins les p us
; i 1-