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P E U P L E S OURALO-ÂLTAÏQUES.
l \ ) l ï N ( i O U S E L S ERRANTS , NOMAJ)ElS E T S ÉDENTAIRE S (l^OT^NGOUSES D E S BOIS,
PASTEURS ET PÉCHEURS).
TOrNGOliSES DU GOUVERNEMENT D'YÉNISSÉISK.
l;i'S Toiingouses du goiiveriiomeiit d'Yénisséisk ont coiiscrvé ])tir le
type iiatioiuil primitif, et, sons ce rapport autant que pur leur luauièrc
de vivre cxclusivcnuMit erriiiite, ils iliffèrcnt de toutes les autres tribus
de uiômc souche, plus ou moius mêlées d'éléments hétérogènes.
Ces Touiigoiises u'ont point d'iiahitations fixes; ils se rendent aux
lieux qui leur plaisent et y restent à peine (inelques jours; ils ne vivent
quo du produit de leur chasse ou de leur pèche, qu'ils pratiquent eu
se réunissant par lamilles ou même par tribus,
Ils errent dans le gouvernement d'Yénisséisk, dans le district de
mfime nom et dans ceux de Jiogoutchausk et de Touroukhansk ; c'est-ildire
au nord jusqu'à Doudiusk sur l'Yénisséi, à 500 verstes en aval
do Touroukhansk; au sud, jusqu'à la rivière d'Ona ou do Birussa, qui
sépare le district de Kausk de celui de Nijnéoudinsk.
Ces Toungouses forment maintenant vingt-cinq petites tribus dont les
noms dérivent plus ou moins de leurs chefs les plus célèbres. Par suite
des ravages causés récemment par la petite vérole, leur nombre ne
s'élève pas h, plus de 1,700 individus du sexe masculin. Ils payent annuellement
leur tribut (yassak) en fourrures, à des places fixes nommées
souglans, et c'est alors qu'ils échangent avec les ICozaks du blé et
d ' a u t r e s objets de première nécessité.
Les contrées qu'ils pai'courent habitucllenient sont des forêts primitives
coupées par des montagnes accessibles il eux seuls et qui servent
de j'cfugo aux animaux dont les fourrures sont les plus estimées, mais
qui deviennent de jour eu jour plus rares. Ou y rencontre des zibel
i n e s , des renards, des écureuils, des martres sibériennes, des loutres,
des liermines, des gloutons, des ours, des loups et des rennes. Cependant
quelques tribus toungouses vivent dans des contrées déboisées, mais
coupées par des rivièi'es poi.ssonneuses, des lacs et des marais, cont
r é e s habitées pour la plupart par des i-enards blancs, bleus (isatis) ou
croisés, et des rennes sauvages.
Les Toungouses du gouvernement d'Yénisséisk sont de taille moyenne,
ont la téte ovale, la figure i-onde, le front large et plat: les yeux
é t r o i t s , noirs, brillants et un peu enfoncés; les sourcils arqués; le nezp
l a t et canuis, dont la partie supérieure se trouve presque sur la môme
ligne que les yeux ; la bouche large et les lèvres généralement ti-èsgrosses,
les pommettes saillantes, le menton carré, la poiti'ine bien développée
et les reins vigoureux. Ils ne coupent et ne peignent jamais leurs
cheveux épais, longs et liérissés, mais ils les réunissent eu toufTc derr
i è r e la tête et les attachent à l'aide d'une étroite courroie. Leur barbe
est peu fournie, et même épilée chez la plupart d'entre eux. Quelques
Toungouses, eu petit nombi'e, pour se distinguer des autres, se tatouent
encore aujourd'hui la figure et le menton.
Les femmes sont presque en tout semblables aux hommes, mais elles
ont la physionomie plus expressive ; leur visage ressemble d'ailleurs
plus ou moins à celui de tous les peuples sauvages de la Sibérie. Elles
p o r t e n t leurs cheveux arrangés comme ceux des hommes. Quelques
Toungouses habitant plus vers le sud ont adopté, dans ces derniers
temps, surtout depuis que le nombre des orpailleurs a augmenté, le
costume russe, et il n'y a rien de plus comique que ces enfants de
la forêt vêtus de fracs ou de surtouts usés et coiffés de cliapeaux ronds.
L e u r habillement national, tant pour les hommes que pour les femmes,
est le même pendant l'été et pendant l'hiver. Ce n'est que dans les
contrées plus méridionales que l'on porte des chemises, et pai--dessus
une espèce de kaftan fait en peau de reime dont la fourrure est en
dehors pendant l'hiver, tandis que pendant l'été il se compose seulement
du cuir de l'animal. Le collet et les revers sont brodés en fausses
p e r l e s et garnis d'ornemeuts faits de poil de chèvre. Ce kaftau ou
p a r k a , comme on le nomme généralement, descend Jusqu'aux genoux,
t a n d i s qiTc les habits de dessous, faits de peau de renuc, ne montent
pas plus haut que les hanches et sont recouverts d'une courte robe de
femme ; du haut de cette robe et à partir des épaules descend une
espèce de mantelet dont le côté velu, tourné en dehors, est également
g a r n i de fausses perles et de dessins bariolés en poil de clièvre. Un
b a u d r i e r orné, passé sur les épaules et se rattachant aux hanches, porte
suspendus les ustensiles les plus nécessaires et les objets les plus chers
au Toungouse, tels que son couteau, le sac à tabac, un briquet, de
p e t i t e s pipes en fer ou pipe? chinoises, etc. Les bas sont remplacés pai'
de longues herbes, Les bottes, faites en peau de renne, sont attachées
aux jambes au moyen de courroies. La coirt'ure des hommes ressenible
g é n é r a l e m e n t à une thibétéika talare; celle des femmes consiste le plus
souvent en une peau entière de renard blanc garnie de divers ornements.
K r r a n t dans les contrées les plus sauvages, le Toungouse supporte
avec résignation toutes les privations in^aginables. Son habitation ou
tchoum n'est qu'une simple tente conique de quatre archines de
d i a m è t r e consistant en une trentaine de perches très-longues réunies
e t disposées de manière à laisser passer la fumée par une ouvert
u r e ; on les recouvre de peaux de renne préparées à cet cfl'et ou
d ' é c o r c c de bouleau. Le sol est recouvert de feuilles, de mousse, de
b r a n d i e s de sapin, etc,; les armes et ustensiles sont suspendus aux
p a r o i s ; puis on pose les chaudières, et ainsi se trouve terminé le
tchoum, ce témoin des joies et des douleurs do la famille du Toungouse,
que pour rien au monde il n'échangerait contre une habitation
européenne. Le Toungouse démolit et reconstruit facilement son tchoum;
quand il le quitte, il eu abandonne la charpente et n'en emporte que
la couverture, qui se roule en plusieurs pièces.
Les Toungouses errent isolément ou en très-petites troupes de
deux à trois familles. Il ai-rive souvent qu'une femme enceinte est
délivrée sans aucune assistance ; le mari pratique alors une seconde
p o r t e au tchoum, y conduit sa femme et allume un petit feu que
l a mère du nouveau-né doit enjamber trois fois pour sa purification,
t a n d i s qu'on lave l'enfant dans une eau voisine ou dans de la neige,
il ne reçoit pas son nom de ses parents, inais de la première pei'-
sonne qui entre dans le tchoum. Bien que dans les contrées méridionales
beaucoup de Toungouses soient baptisés, ils donnent à leurs
enfants des noms de circonstance; plus tard on y ajoute un nom clirét
i e n ; mais, au sein de la tribu, ils ne sont désignés que par le ])remior.
Les Toungouses chi-éticns bajjtisent leurs enfants lorsqu'ils vojit payer
l'yassak dans les souglans. Durant trois jours la mère du nouveau-né
est considérée comme impure; elle n'ose pas même, en voyage, monter
sur un renne, et doit aller h pied. Chez les ¡'iches, le bei-cean est fait
d e peaux préparées et garnies de divers ornements; chez les ])auvres,
il est simplement en écorce, et pendant la route la mère le poi'te sur
son dos. Les Toungouses sont des parents pleins de tendresse; ils no
donnent à leurs enfants que des noms d'amitié. Les jeunes gens se mar
i e n t dès l'âge de quinze îi seize ans; ils se cherchent eux-mêmes une
fiancée et fixent le kalym, qui consiste ordinairement en dix rermcs ou
3 0 roubles, li arrive souvent (jii'au lieu du kalyrn le fiancé oliVe en
mariage au père, au frère ou à l'oncle de sa promise, sa propre mère,
s a soeur ou une nièce. Les cérémonies du nuii-iagc n'ont i-ien de particulier
: chez les Toungouses chrétiens, les noces se célèhi-ent dans les
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