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P E D P l . E S INDO-EUROPÉENS.
ALLEMANDS.
Les Allemands sont le ponplc le pins nombreux de la famille geima-
Mi(|uc, et leur caractèrc primitif s'est eonservc dans tonte sa pureté parmi
les Saxons et surtout les Ilcssois, cliez lesquels on rencontre encore le
plus souvent une luiule stature, des cheveux Wonds et des yeux biens.
On remareiue, dans l'est de rAllem.igne, le mélange du sang slave, et
au midi celui du sang celti(|nc et latin. C'est là surtout que les citeyeux
châtains ou noirs et les jeux gris ou bruns sont plus fi equent s ; la
taille y est moins élevée, l'occiput moins développe et le corps plus replet.
Malgré bi division politique ou plutôt par une conséquence de cette di-
Tisiou, les bonnes ino;nrs et la elTilisation sont plus fortement établies
chez l'es Allemands que iiartout ailleurs; il règne parmi eux une grande
activité idiyslquc et intellectuelle, et c'est par là qu'ils sont devenus,
surtout ]iour l'est et le sud-est de l'liurope, un peuple vraiment civilisateur.
En compensation de leur peu de pouvoir politique, la vie privée
s'est développée chez eux pins sérieuse et plus féconde.
Le peuple allemand, répandu dans presque tout l'univers, est aussi fortement
représenté dans l'empire russe. I.c nombre de tous les Allemands
qui l'habitent s'élève à plus de 000,000 âmes, dont plus de 000,000
dans la Eussie d'Europe ; environ 10,000 en Finlande, au Cancase et en
Sibérie, et 300,000 dans le ¡•oyaume tie Pologne. On peut les diviser en
trois catégories .assez fortement tranchées ; d'abord en Allemands descendants
des chevaliers et bourgeois qui conquiient le pays, oit ils furent
les maîtres pendant des siècles, et qui habitent la Couriande, la Livonie
et l'EsIbonie, oii ils représentent encore aujourd'hui presque exclusivement
la noblesse de province et la bourgeoisie des villes; — viennent
ensuite les Allemands qui se sont répandus, depuis un temps déjà assez
éloigné, ou plus récemment comme émigrants, dans toute l'étendue de
l'empire russe, spécialement dans les villes; et enfin les Allemands vivant
comme colons, en masses plus ou moins considérables et sous une
adniinistralion particulière, sur des teiTes qui leur ont été concédées par
le gouvernement russe. Dans le district de Brest (eu polonais Ib-jesc) dn
gouvernement de Grodno, on compte au.ssi plus de 1,000 colons hollandais,
et eu Volbyuic près de 200.
L e nombre des Allemands des provinces de la Baltique est, eu Courlande,
d'environ 00,000; en Livonie, 95,000 ; en Estlionie, 25,000. Il ne
pent être actuellement fixé avec exactitude, parce que l'élément allem,and,
dans les villes, s'est constamment accru de letton et d'esthonien. A la fin
dn douzième et au commencement du treizième siècle, des conquérants,
des missionnaiies et des marchands vinrent dans ces contrées, y fondèrent
des villes et se réjiandirent bientôt dans tout le pays, oir ils se l'endirent
maîtres exclusifs et jn-opriétaires de toutes les terres. (Voir le
chapitre des I.ettons.) Ce "pays fut d'abord, de])uis l'année 1202, placé
sous l'administratiou d'un ordre séculier do chevalerie; l'Esthonie, soumise
à la suzeraineté danoise, tomba sous ce régime en 134C. Depuis
la réunion de la Lithuanie à la Pologne, l'ordre commença à s'affaiblir
au dedans et au dehors, et s'étant, surtout par suite de la réforme
de Luther, divisé poliliqnement en 16C1, il fut définitivement dissous
en 1662. C'est à partir' de cette époque que les divei-ses contrées soumises
précédemment à l'onli'C des chevaliers porte-glaive appartinrent à
iliftércnts Etats étraiigcis : l'EsIbonie à la Suède, la Livonie polonaise
(une partie dn gouvernement de Yitebsk) à la Knssie et bientôt à la
Pologne, l'évéché d'Oesel au Danemaik, la Livonie et la Couriande à la
Pologne; mais la Couriande garda une certaine indépendance. De 1620
à 1721, la Livonie et l'Esthonie étaient sons la domination suédoise;
en 1721, l'irne et l'antre échurent à la Russie; la Couriande eut le
mémo sort en 170'J.
f . a conquête des provinces de la Baltique assura h la Russie la domination
dans la mer Baltique, en Bt la première puissance du nord et
couronna ses eil'orts pour devenir un Etat européen. Sous le lappoi't
politique et commercial, la conservation et la ])rospérité de ces pays est
d'une grande importance pour l'empire russe. L'organisation et l'administration
particulières de ces provinces baltiques ont été fort avantageuses
pour la Russie et ont eûicaccment contribué à sa prospérité. Le
caractère tout particulier de l'Allemand, relativenrent au sentiment dn
devoir, son activité, son es))rit d'ordre et de corporation, le rendent
très-propre aux fonctions publiques; t.audis que le Eusse, malgré de précieuses
qualités, est encore en général trop superficiel et li'op vif pombien
remplir certains emplois. La noblesse des provinces baltiqncs montre
une prédilection toute particulière pour le service nrilitaire.
Parmi les différentes classes de la nation russe, une lacune se faisait
auti'efois renuirquer d'une manière sensilile, et l'on peut dire que, proportionnellement
an nombre des individus, elle n'est pas encore entièrement
comblée anjourd'liui : nous voulons parle]' de l'absence des classes
moyenne et intermédiaire de la société telle qu'elle est constituée dans
l'occident de l'Europe. Entre une aristocratie très-éclairée, riche et puissante,
et une petite noblesse pauvre, smis culture et souvent de moeurs
rudes, il nuinquait et manque encore en partie une classe intermédiaire,
une noblesse do campagne, civilisée et eu dehors du service de l 'Etat; les
germes d'une bourgeoisie intelligente et ayant nue, iuñuence morale ne
commencent véritablement à se développer que de nos jours. La Enssic
a donc besoin des .Allemands des piovinces de la Baltique, qui possèdent
à la fois une noblesse nombreuse et éclairée, quoique en géuéial peu
favorisée des dons de la fortune, et nue bourgeoisie assez nombreuse
aussi et très-civilisée.
Les émigrés allemands qui, dès le temps du tsar Ivan III et surtout
depuis Ivan IV, furent appelés dans le pays ou y vinrent spontanément,
se trouvent presque exclusivement répandus dans les villes, oEi ils exercent
le métier d'artisans ou les professions d'artistes, de pharmaciens, de
médecins, de négociants, de maîtres de langue, professeurs, etc. Ils
forment une classe toute particulière parnri les Allemands de la Russie.
Tout en conservant les usages et la langue de la patrie, ces nouveaux
venus savent s'appropiier assez promptement ce qu'il y a de beau et de
bon dans l'existence large et hospitalière du Russe, si opposée sous beaucoup
de rapports à l'existence souvent mesquine et égoïste de l'Européen
de l'Occident. A force de travail, de talent et de peisévérance,
beaucoup d'entre eux réussissent comme artisans à écoiromiser nu petit
capital, à acquérir dans le haut commerce une fortune, ou à se faire,
comme employés, savants, oBicicrs, etc., une position Ironorable et indépendante.
Les enfants de ces émigrés, nés dans la nouvelle patrie,
se distinguent ti'ès-souvent de leurs parents d'une façon assez l'cnrarquable.
La patrie .alleurande primitive n'a plus guère d'intérêt pour
cette seconde génération et n'en saurait avoir : ils sont Russes par la
p a t r i e , mais ils ne le sont ni par la leligion, ni par les moeuis, ni
par leur éducation ; et cependant, qrr'ils aient ou non conscience de tout
ce qu'ils ont conservé d'allemand dans leur individualité, ils tiennent
singulièrement à passer pour Russes et affectent de pai'aitre tels par
leur langage, leurs manières, etc. Néanmoins persoiute ne s'y tiompe, et
les Russes moins que qui que ce soit; car leur sens juste et di-oit estnuc
plus haut la nationalité et l'individualité allemandes qu'une espèce de
bâtardise qui ne repose sur aucune base nationale. Ces générations, i|ui,
nue fois écartées de leni- natioinalité [irimitive, exagèient quelquefois cette
manie de père en fils, représentent souvent des tyiies bâtards des classes
sociales eni-ieux â étudier. Souvent le ])ère était venu dans le ])ays avec
des habitudes simpl(;s et laboi'ieuses, et s'il est assez heui eux pour arriver
à l'aisance ou aux dignités, il pense à donner à ses enfants une éducation
en harmonie avec la situation à laquelle il est parvenu et ir Iciu"
faciliter l'accès aux l'aiigs, aux titres, aux emjilois, pour les faire entrer
dans les classes sujiérienres de la société. Mais les j'apports d'antrefuis,
qui se rcfièteut de mille manières dans la i'amille, se transmettent aussi
aux enfants, malgré tons les efforts qa'on fait pour en elVacer le souvenir.
Le penchant chez les Allemands à chercher fortune iiors de leur lia.vs
accroît chaque jour le nombre de leurs émigrés dans la Russie, soit qu ils
y viennent de leur liropre uionveinent ou qu'ils y soient appelés liai
ceux de leurs compatriotes qui les ont précédés. Malbeureiisemcnt, un
grand nombre d'entre eux se voient déçus dans les espérances souvent
mal fondées et trop vagues qui les avaient ameuéî dans le pays ; mais,
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