
¡ri ^ I ! !
J i
111
P E U P L E S ÜURALÜ-ALTAIQUES.
coiifüi'ination (Ics youx et (U's lonipcs est frapiiaiitc : ces tìorniòros sont
très-sailluiilos, tandis quo Ics veux, cnfoiicós Oaiis les orbites, sont étroits
l't remontent, ii leur cxti'ómitó, vers l'arcaJc soiircilière.
Los Tatai-s des iiionUagiics, qui occupent les pentes septentrionales dos
inonlagnos de la Crimée, les sto|)pcs et les vallées du voisinage, se
(listingueiil beaucoup des Tatars de la plaine; ils sont d'uiie haute taille,
bien constitués, et se i-a.i)|)rocheiit de la i-ace cancasieiine ; ils ont le teint
|)liis clair, les yeux grands foncés, ia barbe et les cbeveux uuirs et
épais, et sont en général doués d'un bol extérieur.
Les Tatars de la cote méridionale pai-aissent avoij' beaucoup de sang
g ] ' e c ; ils sont de baute taille, d'une furte constitution, et ont le teint
basané, mais ne sont, pas jaunes comme les Tatars de la plaine; leur
visage est long et agi'éable, leur nez di'oit et souvent de forme grecque
ou j'omaine; les yeux et les cheveux sont noirs.
Chez tous les 'J'afai'S on remarque ime singulière conformation des
oreilles, laquelle provient sans doute du lourd bonnet de peaux de
mouton qu'ils pnrtent ; leurs oreilles sont plates et se détachent de
Iii. tòte, et leni' largeur dépasse souvent leur longueur. La 'blancheur
de la peau cliez les femmes, et surtout celle du visage, est également
frappante. Ce résultat provient du soin tout particulier que prennent
les femmes de se couvrir le visage quand elles se trouvent exposées
à. la vivacité Oc l'air. Ce fait prouve que la couleur foncée des Tatars
est l'eiïet de l'air et du climat. Le lien commun qui réunit en
une seule race nationale les trois groupes des Tatars de Crimée est
la religion et des lois civiles eu rappoi't intime avec elle. Les sentences
du Koran servent également de principes à la religion et au code
des lois civiles.
Le preuiiej' devoir de chaque vrai croyant, dit le Prophète,' est ia
p r i è î ' e , (|ui, pour être eiiicace, ne doit se faii-e qu'après les ablutions.
Avant un mai'iage et après un enterrement., les Tatars se lavent tout le
corps; mais avant les prières habituelles et journal ières, ils se lavent seulement
le visage, les mains et les pieds. Le soin de se raser la tète et
de se couper les ongles n'est dans le fait qu'une loi de propreté, mais
que les austères musulmans observent aussi exactement que celle des
ablutions. Us doivent i-éciter chaque jour cinq prières. Les Tatars ne
vont à la nu)squée ou mescljid que le matin, les jours de fête et pendant
le carême. Ils vont à la pi'ière ti-ès-simpiement vêtus, et déposent
toute espèce d'ornements avant d'entrer dans le lieu saint. Les femmes
ne iréqueutent jamais les mosquées en même temps que les hommes;
(dies' y vont rarement et fi. cei'taines heures. Il règne une grande pro-
- prêté dans les mosquées; les murs en sont unis, sans ornements, et le
pavé est couvei't de tapis de feuti-e. JA-S c a r ême s sont L'igonreusenient
observés eu Crimée; la fête du ramazan est tout un mois de carême,
en souvenir de l'apparition du Ki)ran.
Les Tatars de Crimée ne considèrent pas l'cau-de-vie comme dn vin:
aussi la boivent-ils en grande quantité; ils ont en outre une boisson
spii'itueuse, douce et aigrelette, qu'ils a])|)elent bonza et qu'ils aiment
beaucoup: elle est faite avec du riz.
Les Tatars ont une lirédilection prononcée pour la cliair du cliameau:
ceux de la |)laine coupent la cliaii' du cheval en. longues tranches et la
mettent sons la selle de leur monture pour la rendre plus tendre.
Quoique les jeux do hasard soient sévèrement défendus, les Tatars de
Ci'imée ne se font poui'tant aucun scrupule de s'y livrer avec passion.
L'instruction de la jeiinesse est fort défectueuse, et leur méthode pour
enseigner la langue maternelle est loui-de et tonte machinale. Les femmes
ne jouissent d'aucune éducation nioi'ale. 11 n'y a point d'écoles publiques,
L't toute l'instruction des Tatars consiste à savoir lii'C le Koran et ii
l ' é c r i r e en tatar.
L e Koran défend d'avoii' plus de quatre femmes; cependant les riches
et les m ou lias donnent la préférence au nombre sept ; on en ignore la
raison. Les Tatars n'ont guère les moyens d'avoir plus de deux femmes,
et il est même rare que ceux des montagnes en aient plus d'une seule.
Quand un Tatar en a plusieurs, cliacune prétend ii une cliambi'c séparée
et il une'table à part, de manière que le mari est tantôt l'iiôte de l'une
e t tantôt de l'autre. La femme est nulle devant la loi. La femme est
chai'gec des travaux les plus pénibles et les plus grossiei-s ; elle porte
du bois, de l'eau, garde les bestiaux, aide à laver, etc. L'attacliement
du mari pour sa femme s'apprécie sur le degré de sa jalousie et du
soin qu'il prend po,ur la surveiller. Les divorces sont très-fréquents chez
les Tatars, et une fois sépai-és, ils n'osent plus se réunii-. Le seul droit
q u ' a i t la femme, quand elle a été maltraitée par son mari, c'est de l'abandonnei',
ce qui du reste est un cas très-i-are. Les liommes se mai'ient
rarement avant trente ans, tandis que les tilles entrent en ménage dès
l'âge de treize k quinze ans, et sont vendues ii leur insu ])ar le i)èi>a,
|)our de l'argent ou du bétail. La circoncision a lieu tdicz les garçons
î\ l'âge de neuf ans.
Une excessive famiiiai-ité, beaucoup de curiosité, de loquacité, de la
p r o p r e t é et une humeui' hospitalière sont les qualités et les défauts prédominants
des Tatars de Crimée. îls pourraient acquérir facilemenl de
l'aisance, niais ils n'y parviennent pas, ])arce que tout travail suivi les
rebute. Ils accomplissent les travaux les plus simples en silence; et tout
ce qu'ils font s'exécute avec une certaine dignité. Il est très-intéressant
de voir le soin qu'ils prennent de la pi'opreté de leurs habitations et
les prévenances qu'ils ont pour leurs hôtes. Ils expriment leurs sentiments
de joie par la musique et la danse ; mais les deux sexes restent
toujours sé])arés, selon l'usage adopté en Orient. L'Asiatique danse pour
le plaisir de danser, taudis que l'Européen ne s'intéresse ce plaisir
qu'en vue de la personne avec laquelle il danse. Les Tatars de la plaine
imitent leurs ancêtres dans la construction de leurs maisons, daus la
confection de leurs ustensiles de ménage et daus la forme de leurs
vêtements.
L'habillement est presque le même chez tous les Tatjirs ; mais les
femmes font de grandes dépenses pour lein-s vêtements de fête, particulièrement
pour les ornements de la poitrine et du cou. Elles se teignent
eu rouge les cheveux et les ongles. Les deux sexes ne se séparent
jamais de leurs prières renfermées dans un petit sachet de forme triang
u l a i r e , et qu'ils portent comme un talisman, les hommes sur le dos,
les vieillards sur la poitrine et les jeunes iilles au milieu des tresses
de leurs cheveux.
L a différence ti-ès-sensible qui se fait remarquer entre les Tatars des
steppes, ceux des montagnes et ceux de la côte méridionale de la Crimée,
a p p a r a î t non-seulement dans leur e.xtérieui-, mais dans le caractère
plus socia.ble et l'intelligence plus cultivée des deux dei-nicrs groupes,
comme aussi dans les travaux qu'exige la nature du terriiin qu'elles
possèdent.
Les steppes de la Tauride jouissent d'un superbe climat, sont riches
en plantes de diverses espèces et offrent des pâturages délicieux. Les
T a t a r s des steppes s'occupent tous presque exclusivement de l'élève du
bétail. Leur richesse principale consiste en troupeaux de moutons de
r a c e commune. Ils labourent d'ailleurs très-légèrement leurs terres et
se servent de boeufs pour les plus rudes travaux des champs. Tout leur
j a r d i n a g e se borne à la culture des melons ordinaires et des melons
d ' e a u (arbouses). Leurs mets favoris sont la tclionrba, espèce de gruau
f a i t avec du millet, et la katilca (lait aigre). Le principal l'epas n'a
lieu qu'après le conche]- du soleil, et en attendant ce moment ils ne
mangent, de toute la journée, que du millet et du gros pain de froment.
Comme ils n'aiment pas le pain aigre, ils font cuire leur pani
tous les jours. Les i-iclics mangent liahitnellement du mouton; mais
le mets qu'ils préfèrent est la gi'aisse de mouton, qui est eu effet trèsdélicate
et ne contient pas de suif Parmi les légumes ils préfèi'cnt l'ail
e t l'oignon. ].es occupations des Tatars changent an fur et à mesure
que le pays devient plus montagneux vers le sud; c'est h>. qu'ils cultivent
surtout le tabac, qui donne une très-bonne l'écolte dans les lieux
a r r o s é s , tandis que les steppes ne produisent que du tabac de qualité
commune, à grosses feuilles coriaces. Cette plante demande un terniin
humide : aussi a-t-on grand soin de faii-e en Crimée de nombreuses irrigations.
I.a part que prennent îl cette culture, outre les soins du mé-
. nage, les femmes et les enfants des habitants des montagnes et des côtes,
consiste ii découper le bord et l'extrémité supérieure des feuilles.
Les Tatars des montagnes et de la côte méridionale de la Criineo
s'occupent j)articulièrement de la culture des jardins fi'uitiers et potagers.
Quoique le produit soit encore loin de répondre aux besoms des
cultivateurs, il y a pourtant déjà beaucou]) de terres affermées qui rapportent
aux propriétaires bien au delii de ce qu'on avait espéi-é d'aboi'il.
Les fruits d'été se vendent ti'ès-cher aux marchands de Moscou; iJendant
le mois d'août, on compose une sorte de siro]) avec ceux (|Ui w
sont pas tout à fait murs et de médiocre espèce, en en expi-imant le
j u s qu'on fait cuire et ([u'on verse bouillant dans de petits tonneaux.
I :
. I
: r
• )
I ,
1
M
ii' • I