
24 PEUPLES INDO-EüllOPÉENS.
iiulispensables sont une pelle ii four pour le pain, une foiirclie en for
])Our ramasser les charbons, une auge, tie grands pots de fonte do forme
circulaire, clos plats en bois peint et verni, une fourche arrondie pour
poser et enlever les pots; un toinieau contenant de l'eau et un vase
garni d'un petit manche (kofchik) dont on se sert pour puiser l'eau et
pour boire; un petit baquet (ouchate) où l'on verse les eaux sales; un
seau et des cuillers de buis. Les i/.bas sont pour la plupart assez proprement
tenues ; celles des paysaus riches sont même fort jolies et souvent
ornées de tableaux tròs-bizarres représentant des sujets religieux ou
militaires, etc. ; niais les izbas qui n'ont point de cheminée sont sales et
malsaines. La chambre du paysan russe sert presque toujours d'asile îl
une grande quantité d'insectes nommés tarakanes (en français, cancrel
a t s ) , sorte de scarabées attirés par la chaude humidité de l'appartement.
On distingue deux catégories de ces insectes : les tarakanes noirs,
qui sont les véritables, sont plus grands que les antres et leur démarclie
est plus lente; on ne les inquiète pas, et même, lorsqu'ils paraissent
dans une maison neuve, le maître a coutume de dire : <l)ieu soit loué,
ils sont venus!> J.cs petits tarakanes de couleur brun-clair se multiplient
à l'infini et courent très-vite; on les nomme aussi proussaks,
parce que le peuple prétend que les Kozaks les ont importés de la
Prusse après la guerre de sept ans.
Quant aux habitations des particuliers dans les villes et sur leurs
propres domaines, leur organisation offre un singulier mélange de confort
européen, de négligence et d'habitudes asiatiques. Elles sont, en
g é n é r a l , disposées avec beaucoup de luxe chez les gens opulents, et le
plus souvent très-bien tenues; mais on en peut raremeut dire autant
des habitations des villes de province et des petites propriétés rurales,
où les pièces dites de parade forment un contraste choquant avec le
reste de l'appartement, et surtout avec la chambre à coucher, où le
lit est presque toujours caché par une draperie ou un paravent. Le
manque d'ord]-e intérieur et l'absence de propreté se font particulièrement
remarquer. L'intérieur des maisons n'a point ce riant aspect
qu'oiFrent les habitations des peuples germaniques surtout; il y manque
ce je ne sais quoi d'attrayant et de sympathique qui révèle la main invisible
de la femme agissant partout et donnant au foyer domestique
l'àûie et la vie. L'usage encore presque généralement répandu des ablutions
quotidiennes, non pas dans une cuvette, mais au moyen d'un petit
robinet dont le mince filet d'eau arrose ii peine les mains, n'indique pas
précisément une très-grande consommation d'eau fraîche pour la toilette
de chaque jour. Les chambres des gens de la domesticité offrent \m
aspect peu réjouissant, le lit surtout laisse beaucoup à désirer.
Les costumes nationaux des Russes offrent en général peu de variété.
Celui des hommes est h peu près le même partout, notamment en ce
qui touche la coiffui-e. Quant au costume des femmes, bien que plus
v a r i é , il se compose néanmoins presque des mômes parties et présente
le môme caractère dans toute la Grande-Russie, où, malgré son immense
étendue, il n'existe pour ainsi dire qu'un seul costume national, avec
des nuances relativement peu nombreuses, surtout en comparaison des
costumes nationaux de l'Allemagne, de la Finlande, de l'Esthonie, etc.
Dans les gouvernements du centre, tels que Moscou, Tver, Vladimir,
Toula et les contrées adjacentes, les costumes se ressemblent beaucoup
entre eux et leur type est eu quelque sorte plus purement national ;
dans ceux d'Orel et de Koursk, il a quelque affinité avec le costume
des Petits-Russiens ; dans le sud-est, l'emploi de la toile blaiiche brodée
de rouge joue un grand rôle dans l'habillement et rappelle beaucoup,
de même que la coiffure dans les contrées de l'est, l'origine ou l'influence
finnoises. Bans le gouvernement de Smolensk, le costume se ressent
du voisinage de la Russie-Blanche et môme de celui de la Pologne.
P s k o v , Novgorod, Vologda et les autres gouvernements septentrionaux
offrent l'élément finnois dominant daus le costume, excepté parmi les
raskolniks, qui s'y trouvent en assez grand nombre. Dans les gouvernements
voisins de celui de Moscou, du côté de l'est, le costume national
s'est conservé dans toute sa pureté. Dans le gouvernement d'Yaroslav
on porte un costume tout particuliei', fort ancien et fort riche.
L e petit chapeau que portent les cochers des villes, ou |)lut6t les yamc
h t c h i k s , n'est en général en usage que dan.s les gouvernements du
nord-ouest et surtout dans ceux de Pskov, Novgorod, Pétei-sbourg, Olon
e t z, etc.; dans les autres gouvernements de la Grande-Russie on porte
plus fréquemment un chapeau pointu ii bords étroits; à Kazan, Perm,
Kalouga, c'est encore le chapeau h la française, mais plus bas. Pour
éviter de plus longs détails sur ce sujet, bornons-nous i\ la descri])tion
suivante du costume russe en général.
L e paysan russe porte habituellemenf,, pendant l'hiver, des bottes de
feutre (valiki) ou des sabots en écorce de bouleau (lapti) ; des bas de
laine tricotés par les femmes de la maison, ou des chiffons et des lisières
entortillés autour do la jambe (auoutclii, partianki) ; de larges pantalons
( c h a r a v a r i , mot tatar) faits en dra.p grossier; une chemise com-te (roubakha),
en grosse toile de couleur et h mille raies, ou en cotonnade de
couleur tranchante, qui, boutonnée sur le coté gauche du cou, se porto
par-dessus les pantalons et s'attadie au moyen d'une étroite ceiuture ou
d'un simple cordon ; une courte pelisse en peau de mouton (polouchoubok)
s ' a t t a c h e sur le côté gauche de la poitrine et va jusqu'aux genoux : si
elle est brunie extérieurement, on l'appelle doublonny polouchoubok ;
une longue pelisse également en peau de mouton (toulonpe), descendant
plus bas que les genoux : l'une et l'autre sont rarement recouvel'tes
d'étoffe-, mais elles sont souvent brodées sur la poitrine et sur les bords.
Par-dessus la courte pelisse on porte communément un arniiak (mot
tat-ar) gris ou brun, vêtement ample et long comme une robe de chamb
r e , et fait à la maison, en laine non teinte; ou un kaftan court (podiovka)
qui ne descend que jiisqu'aux genoux , dont la taille est marquée
et dont les pans fermés sont garnis par derrière d'une grande
quantité de petits plis. La tête est couverte d'un bonnet en fourrure ou
simplement ouaté. Le costume du dimanche et des jours de fête est
beaucoup plus soigné que celui des jours ordinaires ; il se compose de
grandes bottes (sapaglii, mot tatar) garnies le plus souvent par en haut
d'une bordure do maroquin rouge; de larges pantalons de ¡iluche ou de
nankin ou d'antres plus étroits- (porty) en toile l'ayéc. La chemise est
ordinairement aussi eu toile rayée ou en indie'nne bigarrée, fil et coton,
ou en koumatcli j-ouge (étoffe fatare), très-rarement en toile blanche;
le cou est entouré d'une écharpe ronge ou d'un mouchoir (platok) de
l a i n e , de coton ou même de soie ; le gilet (gilett), ordiiuiirement en
d r a p , s'attache par deux rangées de boutons: l'armiak, le kaftan, la
podiovka, sont généralement en drap bleu ou en nankin. Les bonnets,
dont un grand et droit (cartouze, dérivé de carton), et un petit plus
flexible (chapka), sont en drap et souvent garnis de fourrure; les gantelets
(roukavitza) sont en cuir et doublés de gants de drap ou de
laine. Par-dessus la podiovka, le ponitok ou la podbolotchka, on met
souvent le toulonpe recouvert de dra.p ou l'armiak de drap bleu, que
maintient une ceinture (kouchak, mot tatar, ou poïass) de soie ou de
laine rouge, verte ou bleue.
Pendant l'été, le paysan porte l'arement des bottes, mais le plus souvent
des sabots d'écorce de bouleau (lapti), ou s'enveloppe les jambes de
chiffons (anoutchi). Le reste de l'iiabillemcnt se compose de pantalons
de toile, blancs, bleus ou rayés, d'un pardessus ou demi-kaftan (ponitok)
e t d'une podbolotchlca ou podiovka, moitié fil et moitié laine, attachée
par une ceinture. La tête est quelquefois couverte d'un bonnet ouaté de
forme hémisphérique et numi d'une gi-ande visière; mais le chapeau noir
est plus usité. Les uns, dont la forme est déprimée et dont le fond
s ' é l a r g i t par en haut, tirent probablement leur origine de la Grèce;
quant aux autres, qui sont liants et pointus, ils semblent être d'origine
slave et beaucoup plus anciens. ÎJCS liabits de fête jiour cette même
saison d'été consistent ordinairement en étofl^es provenant de l'industrie
domestique. Les gens aisés portent des chemises rougc,s ou do couleurs
va)-iées en laine et coton, des pantalons de conleui-, de hautes bottes en
cuir qu'ils mettent par-dessus le pantalon, des chapeaux ou dos bonnets,
et des ceintures en laine rouge. Les jeunes gens portent le même costinne
qu'en hiver, à l'exception du long touloupe qui est remplacé par un
demi-kaflan en draj). Quant h l'armiak, ils le rejettent sur les épaules.
Le costume des hommes est comnnide, siinjiki, a|i|]ro|)i-ié au climat et
aux localités; il produit un bon effet, car il est ample, complut, et .sa
confection îi'exige ])as beaucoup d'art. Un usage essentiellement l'ussc,
ré])aiuiu même jiai'mi les petits mai-chands et les ouvj'iers des villes,
consiste à portei' la chemise par-dessus le ])antiili)n ; it eu est de même
tie l'habitude, ([ui leur vient des Tatars, de porlei- d'aui]ilc.s vêtoment.'i
e t de longs kaftans, Dans la vie habituelle, la chemise remiilaee le vêtement
de dessus ; c'est pour cela qu'elle est montante et s'aLtacho au