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•136 P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
jios jours, les savants Kuiiik et Renan ont affirmé définitivement l'origiiie
iranienne des K'iialdécns et ont avancé, avec tonte probabilité de raison,
ciii'il soi'ait impossible de comprendre, sans admettre ia présence de puissants
éléments iraniens, la liante importance qne les anciens empires flol'issants
sni- le Tigre et l'ICnplirate ont exercée dans l'histoire de la
civilisation. L'intérût qne l'on doit prendre anx vicissitudes qu'ont subies
ultérieurement les Khaldéens septentrionaux doit augmenter atijourd'luii,
d'autant plus qu'il s'agit de la renaissance de peuples de l'Orient cliez
lesquels on ose il peine entrevoir le germe et l'espoir d'une vie nouvelle
et intelligente. Cet intérêt doit aussi s'éveiller par le fait seul que ces
Khaldéens septentrionaux ont créé des dynasties et exercé, par elles et
par les tribus gnerriùi'es qui les appuyaient, nue si grande pi'épondéi'aiiec
dans l'existence politique des grands empires assyrien et babylonien.
088E8,
Les Osses (Ossètes, Ossétins) forment un petit peuple de montagnards
dont la population ne s'élève pas au delà de 30,000 âmes. Ce peuple
n'offre d'iiitéi'ét que sous le rapport historique, mais i i mérite aussi qu'on
s'en occupe sous le rapport linguistique.
Los Ossètes habitent plusieurs petites vallées de la cluiine centrale
du Caucase, sur un territoire très-restreint, âpre et ])en fertile, i\ l'exception
d'une plaine qui s'étend au nord et où l'on ne trouve morne
que peu de forêts. Les senls districts de Digor et de Kourtati, qui sont
les plus septentrionaux , oflrent des parties boisées assez considérables.
L e pays des Ossètes touche au nord â la Kabardah, à l'ouest â l'Imcr
é t i e ; il est limité au sud par la Géorgie et â l'est par le Térelc et
la Tchutchnia. Bans la partie septentrionale du gouvernement de Tiflis,
les Ossètes se sont mêlés aux Géorgiens et n'ont phis de nationalité
distincte.
Les Ossètes se divisent en quatre tribus : Bigor, Kourtati, Alaghir
e t Tagaour; la première et la dernière sont les plus importantes. L'extéi'ieur
des Ossètes n'offre aucune particularité remarquable : le mélange
de lenr sang avec le sang tatar apparaît visiblement chez un grand
nombre d'entre eux ; plusieurs autres rappellent, par leur visage sans
t r a i t s accentués, le type germanique, sui'tont celui de l'Allemagne septenh
ionale. Wakhoncht, eu décrivant les Ossètes, leur attribue des yeux,
des cils et des cheveux noii's. Ils sont, dit-il, de petite taille, épais et
lourds. Les femmes sont petites aussi, replètes et rarement belles. Leur
costume est le même que celui des Tcherkesses, adopté d'ailleurs par
toutes les peuplades du Caucase central et occidental. Les peuples de
l'est et du sud se sont, au contraire, approprié le costume des Persans.
(Le portrait de l'Ossète reproduit dans les dessins ci-joints se trouve
sur la même feuille que celui du Tchetclientse, tous deux faisant partie
des peuples montagnards et étant voisins l'un de l'antre.)
L a langue ossète est une langue purement iranienne, dont les quatre
dialectes correspondent aux quatre tribns ci-dessus désignées. Comme
branche linguistique indo-européenne, cette langue est beaucoup plus
éloignée du geruKiin — avec lequel cependant plusieurs savants lui trouvent
nn degré de parenté — que les idiomes slaves et même que la langue
grecque. Dans les temps anciens, lorsque la langue ossète se sépara de
la langue iranienne générale pour former une langue à part, il est trèspossible
qu'elle ait été une soeur jumelle des antiques langues persane,
mède ou bactriemie. La flexibilité insuffisante de la langue déuote que
dans le courant des siècles les Ossètes se trouvèrent en contact avec les
peuples étrangers les pins divers, et c'est ainsi que se perdit l'ancieunc
richesse de cette langue, dont il ne nous est resté que quelques traces.
L a langue ossète n'est cependant pas, sous le rapport de la souplesse
et de la ilexibilité, si pauvre que le nouveau persan; mais elle ne possède
point de littérature.
Les Ossètes se donnent h eux-mêmes le nom d'ii'ons et h leur pays
celui d'Irouistau, tandis (pie les Géorgiens les nomment Osso et leur
pays Osséti, ce qui se l'apporte probablenieut à la fabrication d'un fromage
renommé chez eux.
L a majorité des Ossètes est chrétienne, bien que leur christianisme
soit mélangé d'islamisme et de paganisme; cela vient de ce que, soumis
autrefois à l'influence étrangère, ils se rangeaient toujours du côté du
plus fort, tandis qu'ils restaient secrètement fidèles à leur ancien ciiltc.
Quantité de cérémonies religieuses témoignent d'un christianisme antérieur.
Présentement ils professent tous, k l'exception de 5,000, la religion
chi-étienne du rit grec; mais ils tiennent encore au fond du coeur
à toutes sortes d'idées et de coutumes superstitieuses.
Les Ossètes sont d'ailleurs l'une des peuplades les pins grossières et
les plus insignifiantes du Caucase; ils n'ont ni le goût de la poésie, ni
la franchise et l'esprit chevaleresque qui distinguent leurs voisins les
Kabai'diens et les Adighé (Tcherkesses), ni le zèle religieux et l'amour
de la liberté des Lesghiens récemment subjugués.
PERSANS.
La position ethnographique des anciens Persans (Perses, Parsi) relativement
aux Mèdes, aux Bactriens et aux Sogdianes, résulte évidemment de
la proche parenté qui existe entre les langues de ces peuples, comme nous
l'avons démontré. L'importance liistoriquc des Perses ne commence, à proprement
parler, qu'avec Cyrus, fondateur de la dynastie des Achéménides.
Avant lui, le peuple piédoniinant parmi les nations iranieinies avait été les
Jlèdes. On sait que l'empire des Achéménides fut détruit pai' Alexandre,
dont la conquête vint frayer il l'iuflueuce de la civilisation grecque une
voie plus rapide. Mais quel qu'ait été le changement introduit dans les
alTaires politiques de l'ancien monde par l'expédition d'Alexandre, elle
a u r a i t probablement passé sans laisser de traces dans la vio intime
des peuples orientaux et surtout des Iraniens, si, avec la mort d'Aloxandro,
la domination grecque fût tombée en décadence. Mais il n'en fut
point ainsi ; c'est au contraire après la chute de l'empire macédonien
que rinfiiience hellénique commença il s'établir sur des bases plus solides.
Avec la dynastie des Scleucides nous.voyons se foi-mer un nouvel
empire presque aussi étendu que celui des Achéménides renversés par
Alexandre. Les Perses (Parsi), les Parthes, les Tapyres, les Sogdinnos,
les llyrcaniens et tous les autres peuples établis dans ces contrées jusqu'à
l'Jndns reconnurent la domination de Séleucus, qui régnait i\ l'ouest, sur
la Mésopotamie, l'Arménie et la Cappadoce. Son successeur maintint
encore l'intégrité de l'empire; mais la Bactriane et la Partliie s'cu détachèrent
sous Antiochus II, Ces deux royaumes retombèrent, i\ la vér
i t é , sous le règne d'Antiochus Ifl, dans la dépendance des Séleucidcs;
mais, après la mort do co monarque, la ])uissancc des Parthes h l'est
commença de nouveau h s'accroître considérablement.
L a fondation de l'empire des Parthes est demeurée ensevelie dans les
ténèbres de riiistoirc. l)'a|>rès l'ujiinion de Strabon, Arsace était iiii
Scythe ; mais il serait téméraire d'en conclure que les Parthes fussent
d'origine t h race. Strabon nous dit aussi que pondant la domination des
Partiics, les Perses oliéissaient îi leurs ¡¡ropres souverains, qui souvent
devaient eux-mêmes obéir aux Parthes. En général, l'organisation des
Iraniens par tribus n'avait subi aucune atteinte par suite des cliniigûmeiits
survenus dans la suzeraineté depuis la chute des Achéménides.
P E U P L E S INDO-EUROPÉENS,
Au lieu et à la place du gi'aiiJ roi tombé l'égnait mi grami i-oi d'une
autre race mais la souYci'aineté recilo était exercée dans les dilîéi'eiites
contrées par les anciens chefs de tribus, dépendants ou indépendants,
selon les circonstances, des puissants monarques iini dominaient tout l'empire.
C'est pour cette i-aison que les liistoi-iens oi-ientanx considèrent
cette période comme l'époque de la domination des rois de tribus. Mais
lorsque les S.assanides arrivèrent au pouvoir, ia nationalité iranienne se
montra de nouveau dans toute sa force. Les sources où l'on peut puiser
pour l'histoire de cette dynastie sont aussi plus abondantes que celles qui
existaient pour la précédente domination des Séleucides et dos Partlies.
On ne ])cut contester aux i-ois mèdes leur soin attentif pour la cousejvation
du sentiment national iranien. Il faut donc, avant tout, i-appelei'
les ciforts qu'ils firent pour ein-ieliir la littérature nation.ale par la traduction
d'ouvrages empruntés aux langues étrangères.
On peut admettre avec certitude qu'au temps des Sassanides la langue
dos Perses était déjà an-ivéo au point de manquer de flexibilité. Sur les
monnaies do cette dynastie elle parait mélangée avec des éléments sémitiques
(araméiqucs). 11 semble aussi qu'elle a dû être encore on vigueur,
ilu temps de la domination dos Arabes, pour les transactions commerciales
et pour diverses autres affaires. La langue houzviu-èchc, dont il
nous reste des documents consej'vés dans les écrits religieux difl'érait
essentiellement de la laiigue perse ; elle se rapproclio davantage de la
langue employée snr les monnaies des deriders Sassanides, ot qui est
également mélangée d'éléments araméiqucs.
¡\tiis 4 côté do ces langnes il y avait aussi des dialectes qui ne contciiaicnt
pas autant d'éléments étr angers. De ce nombr-e sont les dialectes
nommés parsi et déji, dans les écrits arabes et ¡lerses. Le déri doit
avoi]' été en usage surtout à ia cour des rois. On parlait à Bail; un
dialecte qui, à ce que l'on prétend, s'en rapp.'ocliait beaucoup. Le parsi
Olait parlé par les prêtres et les savants. On doit présumer que le nombre
des dialectes parlés à Tran était alors considéi'able, comme il l'est encore
aujourd'luii.
Pai' le nom de pelilovi (dans un sens restreint) on désigne la langue
dent les caractères se reti-ouvent sur les plus aneieinies monnaies des
Sassanides; mais sous la dénomination de pchlevi, dans une acception ]ilus
large, les auteurs orientaux comprennent en génér-al tous les anciens
dialectes d'Ii-an.
Si les victoires d'Alexandre le Gi-and sur Daiius Codoman curent une
glande influence sur les destinées de la Perso, la conquête des Arabes
smis l'etlbrt (lesquels Yezdezerd m , le dernier des Sassanides, succomba
(l'an C-U après J.-C.), eut une iniliicnce plus décisivo encore. En perdant
leur indépendance politique, les Perses et avec eux la plupart des Iraniens
abandonnèrent lenr ancienne religion. Ce n'est que dans les contices
méridionales des cotes de la mer Caspienne que le culte d'Ormuzd
continua d'être encore professé durant quelques siècles.
Le royaume des klialifes, fondé par Mouliamed et ses successeurs dans
lAsie occidentale, souffrait déjà do la faiblesse de ses sonvorains avant
infime que deux siècles se fussent écoulés d( ' puis sa fondation. Cette faiblesse
enconragca quelques hommes entreprciiaiits à fonder dans les pays
iraniens des dynasties indépendantes qui réussirent il s'y consolider. C'est
ainsi qu'an commeneoment du neuvième siècle les Tahérides s'établirent
ans le fihoraçan ; dans la seconde moitié du même siècle, les Solfarides
'iKcoeirlants d'un potier d'étain) gonvernèrent le Sodjistan et eurent
j n t o t pour siicccsscnrs les Samanides, issus d'Abou-Ibrahim-Ismall-al,
Sciiverneiir do la Traiisoxiane. Le premier prince de cette famille faisait
cramer sa généalogie à liehram Tchoubîne. vaillant guerrier qui avait
" " ' c l o i s combattu le Sassani.le Khosrou Paroiz pour lui disputer la
couronne.
Ces lientenants il pen près indépendants des khalifes peuvent être encomme
des chefs de dynasties iraniennes; ils rénnissaiont au
sous leur sceptre (et ceci se rapporte surtout aux Samanides) la
t'iande partie do l'Iran; ces derniers princes lirenaient aussi un
J ' '»»t particulier do la littérature nationale de la Perse. Quoique
,le la „. j
l i c s T ."'!"''"'"' '"•al'è. et lirincipalement
Iiistoriqiies, furent, du temps même dos Samanides, traduits
l e u , r ' r ' l" ' " " " " ' ' "" p'™ "»mbr o de lec-
Les Samanides surent anssi attirer à leur cour des poètes perses.
P'iissance des Samanides fut attaquée et détruite par Mahmoud,
«Is d'un simple soldat de la garde d'Aboiistégino, petit prince de Ghizni
ou Ghazna, et autrefois grand personnage bonldiare. Mahmoud, qui avait
déjà, en succédant à son père, liérité d'un empire considérable, en recula
beaucoup les frontières. Il est d'aillenrs moins connu par ses exploits
g u e r r i e r s que par les couvres du poste rordoncy, qni vécut à .sa cour
e t notamment par son grand poème épique portant pour titre Schâh'
nàmeh, c'est-à-dire le livre des rois de la Perse. C'est à bon droit que
ce poème est assimilé aux plus grandes épopées des peuples européens
^ o u s possédons dans cet ouvrage l'oenvre la plus remarquable qu'ait produite
la httératnre perse. L'importance que cette littérature sut conserver
même après Ferdoucy, ot qui dura pendant plusieurs siècles, rendit
la langue perse d'un usage .assez général en Asie; sa littérature ne resta
pas sans influence sur la littérature ottomane, et des éléments do la
langue elle-même pénétrèrent en grande quantité dans la langue des
Osmanlis civilisés.
Les orages qui éclatèrent snr l'ouest do l'Asie par l'invasion des Seld-
.joueides, des Mongols et des Turcs (Tatars) sous Timour n'épargnèrent
pas non plus la Perse.
Mais à la Bu du quinzième siècle nons voyons à Aîdebil, sur les frontières
occidentales do la Perse, les descendants de quelques hommes réputés
saints, même do leur vivant, fonder une dynastie à l'aide de laquelle
l'Iran reconquit toute son importance politique. C'est la dynastie
dos Sefévides, qui, an commencement du dix-huitième siècle, céda pour
quelques années la souveraineté sur la Perse aux Afghans, qni la transmirent
à la tribu turque des Afehars. Depuis cette époque, le pouvoir
a été successivement la proie do l'une ou do l'autre des tiibns nomades
qui occupent l'Iran. Après les Afchars, ce fut la tribu Iconrde des Zend,
e t depuis la fin du siècle dernier, la ti'ibu des Kadjars, entre les mains
desquels tombèrent les destinées de la Perse.
Pi-ésentement, les Persans ou Tadjiks, ainsi qu'ils se nomment euxmêmes,
forment un peuple répandu sur une grande étendue do l'Asie
occidentale et qni habite la région située depuis Iran jusqu'à l'Indns,
puis le teiTitoire de Touran et la partie ouest de la haute Asio. Los
Persans sont anssi disséminés dans l'empire russe, surtout sur les côtes
do la mer Caspienno. (Ou compte à AstraHian, Derbent, Konba, Bakou
et Stavropol, 600 Persans qni exercent le métier de colporteurs ot qne
l'on nomme Tésiqnes.) On les trouve en plus petit nombre, mais réunis
en masse plus compacte, sous le nom de Talyehincs ou Talychs, dans
l'ancien khanat de Talycb, dont la capitale est Lenkoran, à l'extrémité
de l'angle snd-cst du gouvernement de Bakou, immédiatement sur la mer
Caspienne. La langue persane est encore parlée par beaucoup do ïatai-s
transcauc.asiens dans quelques contrées riveraines de la mer Caspienne ;
par les habitants indigènes des Etats des Onsbeks do Kliiva (l'ancien
Khovarezm), par ceux de Boukharie (l'ancienne Bactriano, la Sogdiane
et l'Ariane) et par ceux du Kiloband. En Khiva et en Khokand on les
nomme Sartes, en Boukharie, Tadjiks. Ils sont d'origine iranienne ot
descendent des anciens habitants de ces contrées, dont la population était
toujours occupée d'agriculture et de commerce. Des Kliiviens et des
Bonkhars habitent isolément, comme marchands, les villes frontières de
la Puissie ot de la steppe kirgliizo (Astraklian, Orenbourg, etc.); c'est
surtout dans les gouvernements do Tobolsk et de Tomsk qu'ils ont fixé
leur résidence. (Voir le chapitre dos Tatars.)
Les Tadjiks (Tates, c'est-à-dire domiciliés, contrairement aux liâtes,
nomades) do l'Iran constituent l'empire actuel des Persans et sont appelés
Earsis, du nom originaire de la contrée. Fars. Ceux qni résident à
Tonran se nomment, ainsi qne nous l'avons dit, Tadjiks et aussi Sartis.
L'empire persan, qui occupe l'ouest de l'Iran, a présentement une dynastie
p e r s a n e ; les Tadjilis de l'Iran oriental sont gouvernés par les Afghans;
ceux do Monran, par les khans des Onsbeks et les Turcomans de Kliiva,
de Boukharie, de Khokand et de Koundonss; ceux de la haute Asie sont
placés sous la domination chinoise.
Los fréquents mélanges des Persans avec d'autres peuples, particulièrement
avec des tribus turques ou tatares, ont complètement changé
le type primitif et la forme de la téte des anciens Perses, type qu'on
ne retiouve plus que chez les habitants des contrées montagneuses de
la Perse méridionales. Les Tadjiks de la Perse actuolle sont de taille
nuiyenne et bien faits ; ils ont le teint clair, l'esprit vif, l'hnmeur irascible,
et sont naturellement affables dans leurs rapports sociaux: mais
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