
10 PEUPLES Dû CAUCASE.
clans la proniicrc moitié du (luiiizicrac siècle et au commencement du
dix-septième, l'iiistoire do la Geòrgie, ii partir du treizième siècle, se
lattaclio presque iiiiiqueraent aux noms des farouches conqucrauts qui,
l'un apiès l'autre, ti-aversèrcnt en dévastateurs cet infortuné pays.
Les Mongols fondirent, en 1220, sur la Géoi'gie inéi'idionirle, battirent
les (léoigiens et ravagèrent encore le pays durant les années suivantes.
E n ]23ti, ils s'y inst.allèrcnt complètement.
Sous ie règne de Rousotidan, lille de Thamar, de 1223 il 1247, la
constitution politique de la Géorgie subit une grave modiScation. Depuis
plus de deux cents ans ee royanme avait conservé son unité, fondée
par Bagrat 111 : l'AplikImzie et ses dépendances, le Kartldi et les
trois grandes provinces du Cakliotli formaient un seul tout obéissant à un
monarque iniiquc et absolu. Des conflits dcsasti-eux, dont la risine ellemême
fut la principale canse, déterminèrent les plus puissants seignenrs
géorgiens, qui s'étaient enfuis devant les Mongols, i l'exemple de la
reine il rentrer dans leurs domaines, et ils firent individnellemcnt leur
liaix avec les vainqnenrs. Ocu.x-ci, profltanl de leur iuBuencc sur les Géorgiens
qui se voyaient sans maître, Srent monter sur le trône deux cousins
du nom de David, qui légnèrent ensemble et eu bonne intelligence.
M,lis bientôt, excédé des vexations des Mongols, l'un deux s'enfuit dans
i ' i m é r e t l i , oii il se déclara souverain indépeiulant. C'est de cette fuite,
qui eut lieu en 1259, que eoinmence réellement la division de la Géorn
ie. 11 faut remarquer toutefois que les provinces du sud continuèrent
^ former l'apanage presque indépendant dos Orbélians et des Midiargrdzélidzé,
et que le tcrritoiie de Sargbisdjakel (lo pays d'AHialtsildi) était
formellement exclu du domaine du roi.
An commencement du quatorzième siècle, les rois géorgiens profitèrent
de l'abaissement complet des IMongols de l'erse, dont la période envahissante
cessa l'avénemeut du jeune Abousaïd. Giorgi Y le Brillant
soumit complètement il l'autorité du Karthli les parties de l'empire qui
ne s'y rattachaient que par un faible lien, et triompha des Tatars de
l'Aderbidjau et de Karabagh. A la fin de ce siècle, le fameux conquérant
Timour entra six fuis en Géorgie et détruisit Tiflis. Le long et glorieux
règne d'Alexandre (de 1-114 il 1442) occupe dans le quinzième siècle
une place aussi importante que celui de Giorgi V dans le siècle précédent.
Ce prince releva les ruines dont le pays avait été couvert au
temps de Timour, restaura les églises, rétablit et resserra plus fortement
les liens de l'unité. Sons ses premiers sueeessenrs, des révoltes de princes
et de gouverneurs de province éclatèrent continuellement et alVailjlirent
hi imissancc du roi ; les Tat^ars ne luanquèi'ent pas de tirer aussi prolit
de la faiblesse et de la division du pays.
l'in 1-102, Bagrat, érislhav d'Iinéreth, se fit saerer roi et déclara indépendants
le Dadiau, le Gouriel et les éristhavs des Aphkhaz et des
Souanes. C'est .'i la mort de Giorgi Vlll que commença la séparation
politique des pays géorgiens, qui subsista jusqu'il leur incorporation à
l'empire de Russie. On voit alors l'Ibérie, au lien de former un ensemble
politique, se diviser en trois royaumes, par suite de la jalousie de ses
princes et de l'invasion des étrangers : l'Iméreth, il partir de l'année
14C2; le Cakbelh, depuis MC5 ou 1460, et le Karthli, qui resta séparé
des .autres après la mort du dernier roi de tonte la Géorgie en 1409.
Alors aussi !e reste du p.ays forma cinq principautés indépendantes:
l'Odich ou Mingrélie des Dadians, la Gouria des Gouriels, l'Aphkliazetli
des Charvaehidzé, le Souaneth des Gélovans, dépendances de l'Iméreth,
e t le Saathabago (le Samtskhé et le Clardjeth) ou le pays d'Akhal-Tsikhé
ou Akhaltsikb.
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KARTHLES (GROUZIEXS). .1 . •
Les Kaithlcs (Grouziciis) liabitcnt prcsfiue exclusivement le gouvernement
CÌC Tifiis, oil l'on trouve aussi en assez graïul nombre des Arméniens,
des ïafars, des dusses et même des Lesghis, qui, mêlés avec
des Greiiziens et des Tatars, résident dans les districts de Djaru-Biélokany
et d'Yélissoul La Groiizie ou la Géorgie orientale se divise en
deux parties principales, la Groiizie proprement dite (ancien royaume de
Karthli), et le Cakliotli (districts de Thelav et de Signakh), pays situé
le long du versant sud-ouest des montagnes du Caucase, ou, pour parler
plus exactement, dans la vallée de l'Alazan, afiluent du Kour. Le pays
du Ksau supérieur, au nord de Tiflis, et celui d'Aragvi, formèrent pendant
longtemps des principautés ù. par t , placées sous la suzeraineté de
la Géorgie orientale et gouvernées séparément par deux familles tirant,
il ce qu'il parait, leur origine de la Kabardah ou Grand-Ossetli. Ces deux
familles jouèrent uu gi'and rôle dans l'histoire de la Géorgie, depuis le
milieu du seizième siècle jusqu'il l'époque où leurs pays furent définitivement
incoi'poiés d:nis le Cakheth et la Grouzie, il la dépendance desquels
ils étaient toujours plus ou moins soumis.
L e Karthli, considéi'é comme Etat séparé, dut subir, jusqu' à la fin du
siècle passé, les invasions déviistatrices des Tatars, des Turcs et des Persans,
et se voir, en outre, exposé à des guerres fréquentes avec les
princes des antres pays géorgiens. La prépondérance orientale devint de
plus en plus marquée et lit substituer l'organisation féodale chrétienne
une organisation K la manière orientale, entièrement soustraite à l'influence
de l'Occident. En 1722, les Turcs soumirent complètement la
Gi-ouzie et y l'égnèrent jusqu'en 1735; ils en fiirent alors chassés par
Nadir-Chali, qui en confia le gouvernement à un Bagratide, Théimouraz,
lequel régna sous la suzeraineté de la Terse. Après son départ pour la
Taissie, son fils Eréclé II (Iracli ou Iléracliiis) de Cakheth réunit les
deux royaumes en un seul.
Le Caklietli moderne subit les mômes influences et le mémo sort,
mais d'une manière encore plus complète. Depuis 1615 jusqu'il 1703, il
f u t gouverné par des klians institués par les clialis de Perse, et, à partir
des vingt-cinq dernières années du dìx-scptiìme siècle jusqu'au înilieu du
dix-huitième, les rois qni le gouvernèrent, môme ceux de la famille des
Bagratides, étaient mahométans. Cependant l'influence russe commençait
à devenir de plus en plus eflicace, la Russie étant seule en état de protéger
les pays géorgiens contre les dévastations et les persécutions religieuses
exercées par le cruel Persan Agha-Maliomet-Khan. I.e peuple
avait d'ailleurs, comme toujours, liéroïquement résisté il toute attaque
dirigée contre sa foi, et sut rester chrétien malgré le martyre et les
vexations de toute espèce. Le dernier roi Giorgi céda son royaume ii
la Russie.
L e Caklieth, l'Eldorado des pays caucasiens, possède, avec son beau
climat, un sol fertile, des cliamps arrosés ])ar un ancien système d'irrigation,
des sites i>ittoresqucs, des monuments qui attestent une ancienne
civilisation, et une variété d'enclos, de champs et de jai'dins qu'o)i ne
rencontre nulle part ailleui-s. Le Caklieth est un pays vignolde par excellence,
mais la culture y est malheureusement encore bien arriéi'ée.
Les nationalités de la Géorgie orientale n'offrant poiîit de nuances remarquables,
nous nous bornerons aux renseignements c|ue nous venons
de donner sur l'ancienne division pulitiqiie du pays, et nous passerons
immédiatement à uiie courte ap|)réciation des particularités qui distinguent
les Grouziens en généi'al.
Les Grouziens, habitants de la vallée du Kour, n'ont pas gardé leur
p u r e t é de race primitive comme les tribus géorgiennes occidentales
établies dans la vallée du Ilion ; mais ils se trouvent mélangés avec im
grand nombre d'Arméniens et de Tatars; et si ee mélange n'a pu altér
e r d'une manière très-sensible la nationalité géorgienne, c'est qu'elle a
été maintenue par la division dos ciistes, institution presque généralement
répandue en Orient. Si nous cherclinns la cause de cc mélange de
nationalités dans la Géorgie orientale, nous la trouverons dans sa position
géographique, aux bords occidentaux de la mer Caspienne, au seuil
de ses vastes porte.s par lesquelles les peujjles de l'Asie sml-ouest i)iiss;
n'ent p(mr émigrer en Europe.
Ainsi que le.s Géorgiens en général, les Grou/.ien.s oilVeut le type
d'une des plus belles races de la terre. Bodenstedt, ne suivant que ses
il M.
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