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4() P E U P L E S OURÀLO-ÂLïAÏQUES.
L e s Klinssaks ou Kirghi/î-Kaïssal(s formaient, comme nous l'avons dit,
dès los temps les plus aiiciciis une branche de la grande famille des
T a t a r s ou Turcs. Soumis plus tard Tchingghis-Klian et, après sa mort,
il diverses souverainetés nomades, ils accueillirent parmi eux phisienrs
p e u p l a d es étrangères dont les noms se l'ctronvent encore aujourd'hui
dans (luclqucs tribus, et devinrent, au commencement du quatorzième
s i è c l e , très-puissants sous le khan Arslan, Leurs ti'aditions historiciues,
j u s q u ' à présent peu connues, semblent s'être eil'acécs parmi eux aussi vite
(Hie disparaissent leurs établissements quand la nécessité les force h
c h a n g e r de place. La conquête de la Sibérie pai- les Russes les rapprocha
d ' a u t a n t plus facilement de ceux-ci quo le dernier khan de Sibérie était
u n Kirghiz-K'aïssak; mais les Ivbassaks n'avaient pas la jouissance de tout
le pays qu'ils occupent aujouitl'hui, et n'en possédaient que le centre. Ce
n ' e s t que vers le milieu du dernier siècle qu'ils s'étendirent vers l'est,
a p r è s l'anéantissement du pen])lc dzoungar; avant cette époque, leur puissance
dans le sud était déjà fort considérable. Leur liistoirc ne se composa,
jusqu'à la fin du siècle passé, que des expéditions belliqueuses qu'ils
(irent continuellement contre les Dzoungars. On cite comme khaii célèbre
des Kirghiz-Kaïssaks (réunis vers la fin du dix-septième siècle) Tiavka,
tils do Djanggher , auquel ils doivent nn code de lois, et qui gouveniait
plus par son esprit et sa douceur (|ue par la force et la violence; c'est
lui qui institua un chef pour chaque horde.
Des discordes intestines et des guerres avec leurs voisins, surtout
avec les Dzouugars sous la conduite du khoung-taïdchi (grand-duc) Gaid
a n - T s y r è n , qui répandit la terreur jusqu'en Russie et en Chine, tels
sont les principaux événements qui signalèrent chez eux le commencement
du siècle dernier. Les Kirghiz-Kaïssaks ue purent trouver de secours
contre leurs redoutables ennemis qu'auprès de Pierre le Grand,
v i s - à - v i s duquel ils s'engagèrent à ]-ecomuutre la souveraineté de la
Russie. Cependant, bien que désunis, ils jic tardèrent pas à renouveler
leui's anciennes rapines, jusqu'au moment où tous leurs voisins, ligués
pour les attaquer, en soumirent la plus grande partie et contraignirent le
r e s t e à se réfugier vers le sud. Réunis plus tard par leurs communes
d i s g r a c e s , les débris de la Petite et de la jMoyemie Horde s'avancèrent
de nouveau contre les Dzouiigars. tandis que hi Grande Horde resta soumise.
Alors les deux premières, craignant le retour de leurs anciennes
c a l a m i t é s , s'adressèrent encore une fois à la RÎÎssie, quoique le peuple fût
en réalité toujours contraire à une pareille alliance; car il regardait
les Russes comme des ennemis politiques et religieux, et préférait la
vie sauvage à une vie d'ordre et de soumission. Ce no fut qu'en 1730 que
le rusé Aboul-Khaïr prêta à l'impératrice Anne le serment de sujétion
a u nom de la Petite et de la Moyenne Horde, pendant que la Grande
H o r d e , quoique soumise aux Dzoïmgars, étendait sa puissance au sud,
d u côté du Turkestan. Après la mort du khoung-taïdchi Galdan-Tsyrèn
( T c h a r è u ) , il éclata parmi les Dzoungars des divisions qui amenèrent
la chute de ce peuple. La Grande Horde, profitant de cette désunion,
secoua tout à fait le joug lorsque les Dzoungai' s se furent soumis
aux Chinois ( 1 7 5 6 - 1 7 5 7 ) et qu'ils eurent été presque entièrement
a n é a n t i s. Les Kirghiz-Kaïssaks, une fois délivrés de leu]- ennemi le plus
d a n g e r e u x , purent s'approprier de plus vastes pâturages. La partie de la
G r a n d e Horde qui s'étendait le plus vers l'est, et dans laquelle s'étaient
fondus les restes des Dzoungars, est encore aujourd'liui soumise aux Chin
o i s ; l'autre, celle de l'ouest, avait subi la domination des Khokands uu
é t a i t en partie demeurée libre; elle n'a reconnu la souveraineté de la
R u s s i e que dans les derniers temps. La Grande Horde resta guerrière et
s a u v a g e à cause du voisinage des lurghiz noirs; elle combattit en 1771,
sous la conduite d'Oubachi, contre les Torgontes qui fuyaient des contrées
du Volga et qui avaient éprouvé de grandes pertes eu traversant la
H o r d e Moyenne. Aboul-Khaïr, qui avait, en 1730, prêté serment de
t i d é l i t é aux Russes, devint parjure. Dans sa feinte soumission, il avait
consulté sou intérêt personnel, son désir de régner sur la Horde Moyenne,
bien plus que l'intérêt réel du peuple, chez lequel il avait trouvé une
v i g o u r e u s e résistance.
E n effet, il avait sollicité de rimpéi'atrice la dignité liéréditaire de
khan et la construction d'une forteresse (Orenbourg) avec une garnison
r u s s e , afin d'avoir un point d'appui pour soutenir sa puissance. Mais
cela causa de l'irritation parmi les Kalmouks et les Bachkirs, et permit
aux Russes d'élever des forts le long du fleuve Oural et de la ligne
a c t u e l l e des Kozaks d'Orenbourg, lesquels avaient pour point central la
v i l l e d'Orenbourg, fondée en 1736.
A p r è s des assurances réitérées de fidélité de la part de ces hordes,
p r e s q u e toujours suivies de la violation de leurs serments, la Russie acquit
successivement plus d'influence sur la Petite et la Moyenne Horde,
s u r t o u t dans ces derniers temps, et depuis l'entière extinction des anciens
khans qui les avaient gouvernées.
. J e t o n s d'abord un coup d'oeil rapide sur les particularités qui disting
u e n t chaque horde séparément; nous présenterons ensuite le caractère
g é n é r a l des trois hordes, dont la population, sons le sceptre russe, se
monte aujourd'hui à près de 1,450,000 Ames.
PETITE HORDE.
L a Petite Tloi'dc des Kirghiz-Kaïssaks, comprenant environ 200,000
k i b i t k a s (kibitki) soumises à la Russie, ou environ 850,000 âmes, forme
d e nos jours trois subdivisions principales : la tribu d'AIimouli, celle de
Raïouli et celle dite des Sept Tribus (en russe, Sémirodsk). Quoique soumise
la pl-emière h la Russie, la Petite Horde est la plus belliqueuse
des trois. Kilo a sa propre administration, placée sous la dépendance
i m m é d i a t e du gouverneur général d'Orenbourg et de Samara. L'a\itorité
a d m i n i s t r a t i v e nationale dépend de radmimsti'ation supérieure russe; elle
est déposée entre les mains de trois sultmis régnants auxquels obéissent
s o i x a n t e - q u i n z e chefs de district et quatre cents anciens chefs d'aouk
nombre qui change d'ailleurs chaque année. Dans la Petite Horde, les
impôts sont prélevés sur les kibitka-s; chacune d'elles doit payer un
r o u b l e et demi, ce qui, nonobstant certaines déductions, produit mi revenu
annuel de plus de 100,000 roubles. La Petite Horde comprend les cont
r é e s limitrophes des. Kozaks de l'Oural et d'Orenbourg, k l'est jusqu'au
8 3 ' degi-é de longitude, au sud jusqu'à la mer d'Aral et le Syr-Daria,
e t se divise en trois districts.
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HORDE DE nOUKÉlEV.
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Dans les basses terres, sur la côte scptcntj'ionale de la mer Caspienne,
e t dans l'intérieur du pays, entre le Volga et l'Oural, se trouvent les
K i r g h i z de la Horde Intérieure ou horde de Boukéiev. Hs habitent une
s t e p pe saline, pi'ésentant vers le centre de petits mamelons sablonneux
c o u v e r t s d'herbes propres au pâturage; partout ailleurs elle est traversée
p a r des marais salins. Ces flaques d'eau ue méj'itent le nom de rivières
q u ' a u printemps, époque où elles débordent de 20 à 30 verstes dans les
t e r r e s qu'elles arrosent et fécondent. La steppe des Kirghi z de la Horde
I n t é r i e u r e ressemble parfaitement à celle de l'Oural et peut-être est-elle
encore plus stérile. Le sable mouvant soulevé par les ouragans du nord
e t du nord-est vient en été, sans rencontrer d'obstacle, détruire et couvi'ir
tout sur son passage, tandis qu'en hiver les chasse-neige font périr
bien souvent les troupeaux dans les pâturages ; ajoutons à cela que la
longue durée d'uu rigoureux hiver dans les contrées du nord, et la glace
qui couvre la terre d'une ci'oùte épaisse, sont extrêmement permcicuses
pour les bestiaux et leur ôtent toute po.ssibilité de trouver quelque nourritui'C.
I . e s Kirgliiz de la Horde Intérieure, de même race que ceux de la
P e t i t e Horde, sont des émigi'anti; qui vinrent, au commenccmcut de ce
s i è c l e , s'établi)' dans ces pâturages tout à fait inhabités après que les