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P E U P L E S INDO-EUROPÉENS. 73
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siii'unnc et n'atteste ])vcsqiic aucun pi-ogi'ôs, en raison de la paresse toute
])ai'ticiiIiL;rc (lu paysini pctit-i'iissicn. Le blé, (pii est parfois exccssivemciif;
aboiulaiit, est battu en plein air et amoncelé en tas; mais le défaut
(le communication et le prix tj-ôs-élevé du tian.sport font qu'il se
pourrit faute d'emploi. C'est depuis peu qu'on a ti'oiivé dans les districts
septentrionaux de la Petite-Russie une nouvelle source de débit pour le
blé en i'eniploj'ant dans les distilleries, dont le nombre a beaucoup augmenté.
Le t(;botvert de froment (mesure écinivalente à 'I scliefl'els de
ri'usse), (lui coûte 8 ii 10 roubles dans lo. youverncmeiit de Kiierson,
ne vaut souvent que 3 i-oubles au centre de la Petite-Russie ; et dans
le nord on ne trouve d'acheteurs à aucun prix.
I,cs travaux de la fenaison se font avec iine certaine solennité. Lo
cultivateur aisé loue plusieurs ti-availleurs qui restent toute la joui-née
aux ciiiimps ; ils se munissent de toutes les ])rovisions néce.ssaires et
se l'cndcnt tous ensemble, de grand matin et en chantant, sur les jirairic.s
situées souvent i\ six vci-stes de distance. Poui- la fenaison même, on
nomme un atainan qui commande les opérations et maintient l'ordre
parmi les travailleurs. On dresse en ]iloin clninip une espèce de tente
dans laquelle le propriétaire de la récolte donne un repas aux faneurs.
Le travail se prolonge jusqu'au coucher du soleil, quelquefois même jusqu'au
lever de la lune; et après la clôture, les ouvriers restent assemblés.
Alors viennent les jeinies filles du village ; on cueille des fleurs,
on |)laisantc, on folâtre au milieu de cette atmosphère parfumée qui
|)réto ini grand cliarmc aux soirées d'été. La fenaison est presque immédiatement
suivie de la moisson, à laquelle succèdent bientôt, dans la
t'eime, d'autres oc:cn])ations domestiques auxquelles l'homme et la femme
se consao'ent assidûment pendant tont le cours de l'année.
Outre la cultui'e des cliamps, en généi'al fort |)rodiictive dans les contrées
méridionales de la l'etite-Russic, l'élève du bétail est pour l'iiabitaut
une très-grande l'cssource et constitue .'¡ouvent sa principale industrie.
Les grands boeufs tcherkasks, dont la peau est de couleur gris-clair,
l)res(iue bleuâtre, sont expéiliés en ti-ès-grand nombre dans les princil)
ales villes de la Russie, où l'on ne mange pa.s d'autre viande dans tous
les ménages un peu aisés : la viande nommé viande russe, c'est-à-dire
autre que tchcrkaske, est beaucoup moins nourrissante, elle a moins de
goût et la couleur en est plus foncée. Après l'élève des boeufs, des montons
et des porcs, il faut mentionner d'une façon toute ])articulière l'élève
des abeilles, pratiqué sur une grande échelle, la culture du tabac
et la pèche sur le boi-d des grands lleuves. On doit signaler encore
comme une culture caractéi'lsti |ne de ce pays celle des fruits, qui se
fait dans dos proportions très-étendues et qui est l'objet de soins intelligents.
Dans la Grande-Ru.ssic, où l'on aime cependant beaucou)) les
fruits, on i-egrette assui-ément do vuir beaucoup de contrées privées de
cette cultuj'e intéi'ossante, qui ne prendra probablement quoique essor
(|u'a|très l'émancipation dos paysans. Lu attendant, et pour remplacer
les fruits qui lui manquent, lo Russe consomme une grande quantité
d(s choux et de raves qu'il mango tout crus, comme il lo forait d'une
|)onitne ou d'une poire.
Quelques faites que imu.s consignons ici pourront donner une idée de
l'étendue do l'élève du bétail dans les gonvernoments e.s3cntiellomont potits
i'ussiens.
Les gouvernements de Tchernigov, de Pultava, do Kharkov, d'Yékateriiioslav
et do Kherson, exclusivement <hi eu granile |iartie peuplés de
l'etits-Russiens, a|ipnrtioiuiont, sous le rapptni. du nombre des bêles à
(".ornes <los moutons et des porcs, aux gouvornomonts proportiounellomont
les |)his j-iches do tout l'oninire russe; mais sons le rajiport do la quantité
de leurs chevaux, ils font évidommout ¡¡artie dos plus jiauvres.
'l'andis que dans ia R,usne d'!'',nro|)e ou (•omi)tc P.7 tètes do bétes à
connus [)ar cent habit.ant.s, en l'i-usse 33, on Autriche 30, on Fiauco
et eu Angleterre 28, lo gonvernemout d'Yékatérinuslav compte ii2
létes de i>étail pour le même nombre d'habitants, celui do Kherson -Vi,
wdui de Kharkov 41, celui do l'oltava 3(1 et celui do 'l'chernigüv 20,
Itiins la Russie d'Kuropo, on compte pour cent habitantes 72 moutons,
011 Angleterre M-1 , ou Prusse 100, on Krance 97, en Autriche 7-1, et
les gouvcri!emenr,s do Tauride 287, d'Vokatériuuslav 231) , de
K'herson do l'oltava i)l), do Kharkov öli el; de Tchoruigov 3(i,
Quant mix moutons, dont la race s'e.st progi'essiveniont ;iméliûi'ée, lo
gouvernement d'Vélcatériuoslav en complo IJOO.OOO, et celui do Tchernigov
seulement 1 15,000.
On com|)tc aussi dans la Russie d'IOui'ope au delà de 15 porcs par
cent habitants, en Angleterre 21, en Autriche 15, en France It, en
Prusse 13, et dans les gouvernements de Tchernigov 3], de l'oltava 29,
de Kbai'kov 23, de Kherson 18 et d'Yokatérinoslav 17.
Quant aux chevaux, on en coni|)tc dans la Russie d'Europe 20 ])ar
cent habitants, en Prusse 9, en Franco 8, en Autriche 8, en Angleterre
7, dans le gouvcniement de Tchernigov 29, dans celui de Kiierson 13,
de Khaikov 13, d'Vékatérinoslav 10 et de Poltava 9.
Conséquemment, le gouvernement do Tchernigov équivaut, sous le rapport
de son agricultui'c et de ses produits, aux gouvei'uomonts du ceuti'c
de la Russie et à la Russie-Rlancho; pai' contre, les gouvernements
d'Yékatériuoslav, de Kherson et de Taui'ide, nommés la Nouvelle-Russie,
l'oproduiscnt le caractère pins spécial dos gouvernements des stoiipcs,
tandis que ceux qui avoisinent Poltava et Kharkov ont le type essentiellement
petit-russien et possèdent la culture la plus inoductive.
Quelques rapides apci-çus statistiques contribueront aussi h donner une
idée plus exacte des Petits-Russions, sui'tont de ceux qui habitent les
gouvernements de Poltava, de Tchernigov, de Kharkov et d'Yékatériuoslav.
Avec ses 2,000 âmes par mille carré, le gouvernement de Poltava est
l'un des plus peuplés de l'empire russe. Viennent ensuite Tcliernigov et
Kharkov, avec plus do 1,500 habitants par mille carré, tandis que le
gouvernement d'Yokatérinoslav n'eu compte que 900.
La population féminine dépasse cello des hommes dans toute la Russie
d'Europe; cette ])articularité est surtout fra|)pantc en Petite-Russie.
Dans le gonveriienient de 'Tchernigov, le nombre des femmes excède
celui des hommes d'au moins C poui' cent et de 4 poui' cent dans ceux
de Poltava et de Kharkov; tandis (pi'au contraire, dans h; gouvernement
d'Yélcatérinoslav, on trouve à peu près 100 hommes contre 97 femmes.
Dans la Russie d'Furojie, le nombre des habitants des deux sexes qui
¡¡ai'ticipeui; aux bienfaits de l'instruction publique est de 0,75. Dans le
gouvernement d'Yékatéi-inoslav, ia proportion est de 0,92 (à cause des
colon.s); dans celui de Tchernigov, de 0,54 ; de Kharkov, de 0,48; de
Poltava, de 0,4-1.
],e gouvernement de Moscou produit des marcliandises manufacturées
pour 40 millions environ; celui de Pétcrsbourg, pour 38 millions; celui
do Vladimir, pour 21 millions, et celui de Perm, pour 20 millions de
roubles. Les produits de Kharkov Jie repi'ésentent environ que 5 millions;
ceux de Tcliernigov, à peu près 3 millions; d'Yékatériuoslav, 2 millions;
de Poltava, 1 million et demi,
Sous lo rapport du servage, récemment aboli, la [iroportion s'établit
sur les chiffres suivants : dans le gouvernement de Poltava, le sei-vagc
comprenait 37 pour cent de la population male, qui était répartie parmi
7,322 proin-ictaii-es, de telle sorte que chacun possédait en moyenne
45 serfs mâles. Los gouvernements de Tchei-nigov et de Kharkov, où
le chiflVe dos serfs était généralement moindre, comptaient cependant
parmi ceux où les serfs étaient le plus répandus sur les ])ctits domaines
(00 et 70 serfs mâles piir propriétaire).
Nous trouvons dans l'important ouvrage de JL J. Aksakov sur les
foires de la Petite-Russie, quelques luitious iutéi-essantes concernant
l'élément bourgeois comparé <V l'élément campagnard dans cette contrée.
Nous voyons dans le court aperçu historique, au commencement de ce
chapitre, comment Kiev et pi-esque toutes les villes et villages des cont]
ées avoisinantes fiu-ent ravagés et détruits par les invasions des Mongols,
presque tous les iirinces massacrés et les habitants expulsés. Ces
désa-stros |)rovoquèrcut des émigrations vei-s les lieux abrités de la ste])])e
et introduisirent enti'c ces fugitifs des relations qui donnèi'ont naissance
â l'a.ssociatiou kozake. Dans la Grande-Russie, les choses se passèrent
autrement. Là, sous l'empire de circonstances analogues, les villes pi'ircut
plus de pouvoir et d'importance , et devinrent le refuge du commerce
et de l'industrie, comme nous l'avons dit plus haut
La l'épartition des habiUiuts de la Petite-Russie et de la Nouvelle-
Russie dans les villes, y compi'is les bourgs, et dans les villages, présente
approximativement les chiffres suivants : dans les gouveinoments
de la Nouvello-liussic, où la colonisation russe s'établit plus taixl qu'à
l'intérieur, la bourgeoisie, favorisée |)ai- le commerce, parvint à un état
florissant; et si l'on excepte les gouvei-uemeuts de Pétersbourg et de
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