
14 P E U P L E S INBO-EUUOPÉENS.
que datent les premiers germes de l'autocratie; mais, dans ie quatorzième
siùcle, ces germes se développèrent plus amplement, le principe autocratique
poussa de profondes racines dans la principauté moscovite, entra
ensuite en lutte ouverte avec un adversaire discrédité et épuisé, et
alTranchit enfin le peuple et le pays du joug étranger. L'invasion des
Mongols on Russie, leur longue domination, leur décadence et leur chute,
c u r e n t , sous plusieui's rapports, une grande influence, d'abord snr la
Eussie, et en second lieu sur tout l'est du monde slave. Sans cette période
d'humiliation et sans la réaction de l'esprit de nationalité qui en
fut la suite, sous le double rapport politique et religieux, l'empire se
lut difiicileraent élevé au degré de grandeur et de prospérité qu'il atteignit
plus tard. Jusqu'il l'époque de l'appel fait aux Variegues, les
tribus slaves de l'est vécurent, sans lien politique intérieur ou extérieur,
en nu grand nombre de groupes plus ou moins considérables, séparés
parfois par de longs intervalles inhabités. La proche parenté était désignée
par le mot rod (genus, famille, tnbu); cliaque rod vivait séparément,
gouverné par un chef élu, le starost (l'ancien), ou par le vlaûykii
(souverain) ou kniaz. (Ce dernier mot, qui était employé comme
équivalent de kna'gh, est dérivé du mot allemand kunck, lequel signiiie
principalement une personne de bonne race, de haute dignité; car le
mot allemand kumic, avec lequel il a de ¡'afSnite, signifie, dans l'ancienne
langue allemande, race, famille). Les tribus formaient des communes
libres se gouvernant elles-mêmes, et trouvaient dans le seutiment
d'une mémo origine un ]iuissant lien de cohésion. Chaque tribu
se subdivisait en cantons (mirs), ceux-ci en villages (selos, viéss)
qui réunissaient plusieurs enclos. Ainsi que le chef de la famille dirigeait
l'endos, de même les anciens dirigeaient les communes, et c'est
parmi eux que l'on choisissait les anciens de tribu, auxquels étaient
confiés les intérêts communaux. La masse du peuple jouissait auprès
d'eux d'une liberté complète et de droits égaux. Ainsi que nous l'avons
d i t , on ne trouve aucune trace d'Etats politiques parmi les anciens
Slaves; ils n'avaient de même aucune idée des rapports qui existent
entre lo maître et l'esciave. Les affaires se décidaient en conseil génér
a l ; les fonctions de chef militaire étaient électives et temporaires. La
séparation des tribus donnait nais.sance à une hostilité réciproque et les
laissait dans un état de faiblesse relative vis-à-vis de leurs voisijis. Des
dangers communs amenaient des rapprochements momentanés, comme,
par exemple, l'union des tribus slaves et finnoises contre les Normands
lorsque ceux-ci entreprirejit leur expédition contre Constantinople et
que, s'avançant du nord au midi par la grande voie fluviale du Dniepj',
ils imposèrent un tribut aux ])euplades slaves et finnoises du nord. I.e
développement indépendant de beaucoup de tribus slaves se prolongea
jusqu'à la formation de fédérations pennanentes et se manifesta de nouveau
an onzième siècle, au commencement du partage de la Russie en
principautés séparées.
Les Slaves de l'est manquaient d'unité politique et d'une religion qui,
comme le christianisme, eût donné à cette unité une sanction et une
vigueui- réelles. Ils acquirent l'imité par les Vara;gues, pi-inces héréditaires
et cliefs de tribus guerrières organisées d'après des principes
aristocratiques ; la religion leur fut apportée par les Gi'ccs (Byzantins),
représentants de la chrétienté orientale et de sa civilisation. Mais les
germes de cette civilisation furent plus tard anéantis pai- les hordes
sorties des steppes de l'Asie centrale.
Lorsque l'héroïque personnalité de Chariemagne eut opéré la réunion
de presque tous les peuples de races latine et germanique du continent,
le besoin d'une alliance dans l'intérêt de la défense commune fut au.ssi
vivement éveillé chez les tribus slaves par leur contact avec ce nouveau
pouvoir d'une si colossale gi-andeuR II n'est cependant pas po.ssible
de démontrei- jusqu'il quel degré cette nouvelle existence politique
parvint îi s'établii' parmi les tribus des Slaves de l'est; il est probable
qu'elle se développa différemment dans les diverses contrées; et il par
a i t que dans lo nord, à Novgorod, la fédéi'afcion ou l'assujettissement
de la majeure partie des tribus s'enracina phis profondément, i.es
Slaves novgorodiens, les Krivitches et quelques tribus finnoises du voisinage
firent ensemble appel aux Russes ou Rouss (8G2), l'une des tribus
principales des Yaroegues qui, probablement plus connue d'eux par des
relations commerciales, n'avait pas fait partie de leurs oppresseurs et
n'avait exigé d'eux qu'un simple tribut, ne se préoccupant ni du peuple
ni de l'administration. Les députés envoyés aux Russo-A^iroegues prononcèrent
ces paroles caractéristiques : < N o t r e pays est grand et productif,
«mais l'ordre y manque. Venez pour y régner et nous gouverner.»
Les Russo-Yaroegues vinrent du nord de la Suède, en plusieurs
troupes de guerriers ])lacées sous le commandement de trois frères : Rurik,
Sinéus et Trouver, qui s'établirent séparément à Ladoga, sur le Biélo-.
Ozerò (lac Blanc) et ii Isborsk, non loin de Tskov. Après la mort de
ses deux frères, qui survint bientôt après leur arrivée sur lo territoii'C
s l a v e, Rarik transféra sa résidence h Novgorod et, assisté par des
gouverneurs et appuyé sur des gai'uisons, régna sur des contrées même
bien plus éloignées do cette ville que celles oii il avait été appelé par
les députés des tribus slaves.
Oleg, successeur de Rurik, établit, en l'année SS2, sa résidence permanente
il Kiev, qu'il nomma la mère des villes russes, après avoir
étouiYé dans ses premiers germes la dangereuse rivalité de la domination
des Normands, qui s'y était établie. C'est ainsi (|ue Kiev devint et
resta pendant iihisieurs siècles la capitale, le véritable centre de la
Russie, dont l'unité fut assurée il jamais, au moins eu principe.
Kiev, située au boi'd du Dniepr, cette grande route militaire et
commerciale des Vai-oegues, entre la mer Baltique et Constantinople,
était on ne peut mieux placée pour recevoir et faire fructifier les
germes dont le nouvel Etat russe en formation avait besoin pour se développer
et constituer un empire clirétien. Les di'oujines (troupes militaires
russo-vareogues), qui régiu^rent sur la Russie ])endant plus d'un
siècle et demi, n'apportèrent pas de changements notables dans les éléments
ethnographiques de la Russie d'alors ; mais partout oii ils s'établirent
ils donnèrent une forme nouvelle ii la vie publique. D'anciennes
alliances de tribus se consolidèrent pnr eux; d'autres, rejetées ii l'ai--
r i è r e - p l a n , se fundirent après avoir perdu l'importance particulière
qu'elles avaient acquise antérieurement. Tout lo pouvoir de l'empire et
toute la vie politique se concentrèrent dans les droujincs et dans leiii-s
chefs les princes russo-varangues, auxquels s'adjoignit aussi, depuis Vladimir,
l'Eglise nationale avec son initiative, son impulsion et ses représentants.
La hache d'armes des Normands n'avait pu toute seule fonder
un édifice do quelque stabilité; l'l<]tat guerriei- avait bien subjugué successivement
différentes tribus, mais il fallait que, tôt ou tard, l'Eglise
chrétienne, avec sa puissance d'assimilation, vînt s'y adjoindre pour
créer une véritable nationalité. Ce que le nord et l'ouest refusèrent
alors à l'empire russe, ie sud devait le lui apportei".
Les relations successives de guerre et de commerce que les Varangues
entretenaient avec Constantinople leur avaient fait connaître le
christianisme, qui, par ce moyen, fut aussi connu des tribus slaves et
se répandit ensuite dans tout l'empire, sous le règne du gi'and-diic Vladimir
(988). La pi'opagation i-apide et pacifique du cliristianisme parmi
les Russes, chez lesquels il ne trouva guère de l'ésistance qu'il. Novgor
o d , s'explique en partie par le caractère paisible et pati-iarcal du
peuple en géuéi'al, et en partie aussi par l'exemple donné par les ])i-inces,
les gouverneui's et leurs suites militaires (droujincs), qui contenaient
déjiL beaucoup d'éléments slaves. De plus, l'Ecritui-c sainte était aloi's répandue
• ])ar des traductions en slave, et Kiev surtout était devenue le
])rincipal siège des doctrines chrétiennes dans l'empire russe.
Le peuple se présenta en masse i)0ur recevoir le baptême. Mais comme
la connaissance des dogmes de la doctrine chrétienne ne pouvait pas
marche)- du môme pas que le baptême, et que pondant longtemps cncoi'c
il y eut pénurie de missionnaires éclairés de ta foi grecque, l'ado])
tion du cliristianisme par le peuple no produisit piis immédiatement
tous ses fruits, et lés usages païens furent observés pendant longtemps
encore.
Par l'adoption du rit grec comme religion de l'Etat, la Hu.ssio ¡it un
pas décisif dans la l'uptiire de ses relations avec l'occident de rEurojie,
rupture qui subsista ])endant des siècles. Cet événement acquit encore
])lus d'importance on 1054, éiioque de la mort d'Yaroslav, ])ar la séiiaration
des Eglises gi'ocque et latine, séparation (|ui pla(.'ait la Russie dans
une sorte d'isoloiiont, Ce ne fut (jii'au seizième siècle que les descendants
de Rurik ]jurent metti'C un terme ii cette situation,
Mais ce qui influa JÎIUS encore (jiic toutes ces causes sur lu. |u-umptc
et ])acifique ])ro]iagation du christianisme parmi le ])cui)lc russe, ce fut,
comme on l'avait fait chez les Serbes et les Kulgars, l'eniiiloi (pic l'on lit
de la langue nationale et des caractères de son éci-itiire pour la reiiroduction
des livres dirétiens, ce qui rendait la liturgie intelligible au j)euiile;
P E U P L E S 1NJ)0-EUR0PÉENS.
ce qui, cornine lions Tavoiis fait rcmai-qnor plus liant, ost tout le cont
r a i r e dans l'Eglise romaine, ofi l'on ne fuit nsage que de la langue latine.
Une circonstance liarticuliine qui contrilnia cncore h |jO|inlariser la
religion grecque, ce fut l'introiiisation d'un prêtre rn.sse snr le siège luétroiiolitain
de Ivicv, an milieu du onzième slide. D'oii l'on voit qu'à
cette é]ioquc le clergé slave iudigiine, remplaçant le clergé grec, était
déjîi assez éclairé pour occuper peu ii peu les emplois sulialternes et
même les charges élevées de l'I'lglise. Ajoutez it cela l'iusuffisance notoire
du paganisme russe, ainsi que cette circonstancc trii-s-reinarqualile
que, dans la Russie païenne, l'état eeclésiastiqne n'avait jamais eu d'importance
politique ou religieuse, et que toute son activité semljkiit être
exclusivement restreinte à un rôle très-secondaire. Au temps du paganisme,
le graml-ilnc avait été, en Russie, souverain absolu, au double
point de vue polilique et ecclésiastique. Tandis que, cliez les Slaves païens
de l'ouest, les prêtres possédaient souvent un grand pouvoir politique à
côté de la puissance liiérareliiqiie, anemie caste privilégiée de inêtres ne
parvint, cliez les Slaves russes, ii paralyser rindiience du grand-duc ou
même à lutter avec elle.
Selou la coutume normande, Vladimir avait, au moment de monrir,
partagé l'empire entre ses douze fils ; mais l'un deux, Yaroslav, sut
dominer ses frères et devenir autocrate (10I9-10ÎÎ4). Tar son union avec
la princesse Inglieglierd, lille du roi de Suède, la Russie acquit dès cette
époque le territoire sitné snr le lac Ladoga, et, sur la partie est du
golfe de FiulaïKle, fngermanulaudc (le pays d'Inglieglierd), ou i\ pea jirès
l'étendue de territoire i'onnant le gonveruemeut actuel de l'éterslioiirg.
A la mort d'Yai.osIav et par le partage de l'empire entre ses cinq flis
se termine la véritable période normande de l'iiistoire russe et eonimence
celle des principautés séparées. Dès lors l'élément normand se
fond insensiblement dans l'élément slave subjugué, sans cependant disparaitre
tout à fait, et l'existence séculaire d'Etats séjiarés, qu'un faible
lien rattache a peine an grand-duclié de Kiev, devient la iireniière cause
de la séparation de la Russie en est et ouest et de la formation des i
trois groupes principaux qui eu résultèrent plus tard : la Rnssie-BIanclic,
la Grande-Russie et la Petite-Russie.
L'ascendant de l'élément normand sur les moeurs et la langne des
nombreuses peuplades soumises ne pouvait être que passager; mais les
chefs Scandinaves contribuèrent beaucoup ¡i développer l'existence |iolitiqne
des Slaves et a lui donner du relief. Le plus ancien code donné
par Yaroslav (la pravda russe) est basé sur d'antiques principes de droit
germanique. Cette collection de coutumes et de traditions judiciaires, et
leur réunion eu code écrit , restera pour l'avenir un luoniimeut de la
fusion de l'élément slave avec l'élément germanique.
Rnrik et ses premiers successeurs régiièreut, comme nous l'avons dit,
en antocrates et administrèrent par l'intermédiaire de gouverneurs et
de droujincs. Rurik partagea le pays et les villes entre ses compagnons
d'armes, sans établir de système féodal, mais a titre d'apanages de famille.
Ils étaient probablement, pour la plupart, ses parents, et restaient
dans la dcpeudancc immédiate du chef de famille.
A Novgorod on ne vit jioiiit encore s'établir d'nniim jilns étroite entre le
sonvei ain et ses sujets : aussi le gouvernement de ces contrées et de celles
qui furent bientôt conquises olfrait-il tout le caractère d'nne occupation
militaire. C'est à Kiev scnlemeut qne la noiiTelle domination devint vivace
et féconde. Les prérogatives du grand-duc consistaient h lever des impôts
snr ses sujets et parfois aussi snr les peuples soumis du voisinage.
,a suite militaire du itriiice (droujina, droujine), passait par héritage a
es enfants, avec le pays oii il av.nit établi sa résidence permaucute.
La droujina du prince consistait d'abord en volontaires indépendant-s ;
lus tard, depuis Vladimir, en gens soldés et sujets. Primitivement,
s princes ne régnaient que snr les villes qu'ils habitaient; puis leurs
iceesseurs étendirent inseiisihleinent leur domination pour augmenter
chiffre des impôts, dont le taux ne fut fixé que peu a peu, mais
il devinrent ]iliis tard permanents et furent enfin payés à Kiev même,
s étaient d'abord lovés par certaines personnes désignées ¡1 cet effet
lauclitchiks) , ensuite ils le furent par les gonverneurs (uamchstniks),
lis par les fils des princes, et enfui par les sonveraliis des principautés
qiarées (ondieinjié kuiazla). Quant au reste de l'administration, les
•hices y eurent peu de part ; pnis ils s'en occupèrent moyennant cerine
rétribution, même avant qne ce mot eut acquis une signilication
uiorablo ; plus tard ils devinrent législateurs.
Dans l'occident Iciidal de l'Kurope, les gouverneurs, margraves, elc.,
dépouillaient les indigènes de leurs terres et se les partageaieni enlre eux
comme iin butin légitime. Kn llussic, ces iiersonnagcs restaient éloignés
du iiays et souvent la possession ne leur en était accordée par le prince
qne pour un temps limité et i\ titre de gratification : ainsi, par exemple,
les revenus de telle ou telle ville leur étaient attribués en qualité de
gouverneur, de tonctionnaire ou de fermier du |irincc, qui était libre
de les rcmidacer et de les destituer en tout temps. Los bolards russes
n'avaient pas de dinnicile fixe; ils vivaient dans le lieu nii le iirinei'
leur avait ordonné d'habller, et ]iour la ]diipart auprès de lui. Tandis
que dans l'occident de l'Uni- les iiaysans étaient obligés de travailler
lioiir les possesseurs de terres, en Russie les luiïards n'avaient rien ii
exiger du peniile : aussi vivaient-ils eu bonne intelligence avco lui ; ils
levaient seulement les impôts et siégeaient dans les trilninaux. Kn Occid
e n t , il se créait de grands Ktats formés de heaucou|i de ]ietites seigneuries;
eu Russie, il n'y avait qu'un seul empire.
'Tandis qu'en Occident la société était ]iarlagée eu deux c!a,sses ])arlitcuicnt
distinctes, nqu et celle .(ICÎ istait
pas en Knssic de différence entre les indigènes et les inmveaux venus,
entre les Slaves et les Russes ; conséqucmnient il ne pnuvait y avoir ni
noblesse ni sujets , selon le sens qu'on donne a ces mots dans l'Euro|je
occidentale.
Dans la vie privée des Slaves de l'est, depuis devenus Russes, nous
retrouvons également rinHuonce normaiidc, qui, bien que fortement atteiule
par la nationalité du jienplc slave, conserva, malgré la dominalion
uKnigole, une ecrtaiiie importance jusqu'à Pierre le (Irand. Dans la première
liériode, essentiellement noriminde, rinlluence des Normands fut
tout extérieure ; ils ne se mélangeaient pas encore avec le ]icnple slave,
mt l'inilueuce snr la formation de la Russie fut au contraire tout intéîure.
La fusion dos deux |ieuples |iar la transformation des Noriininds
Slaves n'eut Heu que dans la iiéj.iode suivante. Apres l'introdnctloii
I rliristianisiuo, l'inflneiiee greeiiue se fit |irnni]itement sentir à côté
la prépondérance iionuande, surtout dans íes arts et les .sciences, et
écialement dans l'areliitccture.
Les mariages avaient lieu an moyen de l'acquisition (vykonpe) de la
unie par l'homme; le iirix d'acliat était offert en cadeau aux parents
e la liancée. La beauté était très-recherchée. La polygamie était perl
i s e , du moins aux princes; mais il existait une différence entre l'éouse
et la concubine. Cette différence n'avait aucune influence sur le
ort des enfants, qui jouissaient tons des mêmes droits, quelle que fût
ur mère. L'éducation des enfants était conliée S des mains étrangères,
es usages religieux et nationaux subirent de grands changements ])ar
introduction du cliristianisme et lureut aussi détournés de leur signifiation
primitive.
Le prince habitait son térèm (tour) de iiierre ; tout auprès se trou-
.aient d'autres habitations spacieuses, formant ce qu'on ap|ielalt la cour,
n'occupait la droujina, d'oii proviennent les niot.s dvorianine (geutiloinine)
et pridvorny (attaché ii la cour) ; par une dérivation analogoc,
c mot stolltsa (capitale) vient do stol (table), c'cst-à-diic l'endroit oil
y avait table prlncière (résidence).
Los Varangues ne se livraient ni il l'agriculture ni aux travaux manéis
comme le faisaient les Slaves, qui dovaient pourvoir eux-mêmes à
eus leurs besoins. Sauf le métier des armes, leur seule occupation faorite
était le commerce avec les peuples voisins, commerce qui devint
rès-liorissant dans la jlériodo suivante. Les Normands,' fiers de leur
aissaucc et de leur position, étaient ambitieux d'acquérir de la gloire
t de s'illustrer ]iar des actions d'éclat ; ils ctaient .aussi amis de l'in-
•igne, vindicatifs, sensuels et enclins à rivrogiicrie. C'étaient d'ailleurs
0 1)0,aux hommes, bien faits et d'une constitution robuste.
Avec l'introduction du christianisme commença renseignement de la
ictnre et de l'écriture. Les saints apôtres dn slavi.sme, Cyrille et Mélodiiis,
run d'origine grecque et l'autro Slave, inventèrent l'alphabet
lave (slavon), dont Ils se servirent iionr traduire la Bible et plusieurs
vres chrétiens dans l'un des dialectes slaves ; Ils cousolklèreut ainsi le
hristianismc parmi les tribns slaves du sud, surtout parmi les liulgars,
u temps de l'arrivée des Vanegnes à Novgorod et à Kiev. Des apôtres
laves et hnl,gars pénétrèrent clicz les Slaves de Fcst on Russes, à l'iusigation
des Grecs, qui s'étaient toujours appuyés sur le christianisme
our dominer leurs voisins et leurs ennemis, et qui se servaient alors