
Lorf.qu’ une
liqueur e f renfermée
dans un
v a fe 3 f a fu r -
fa c e f e met
toujours de niveau.
Onpeut fu p -
pofer les l i queurs
d iv i-
fé e s p a r colonnes
, & lo r f que
ces colonnes
ont leurs fu r -
C H A P I T R E I I I .
Ou ton enfeigne les principes & les réglés de l'Hydraulique.
I l conviendroit de donner au commencement de ce Chapitre
une connoifiance exacte de la nature des liqueurs, pour faire voir
la caufe de leur fluidité ; mais comme on n’en peut juger par les
fons , qui ne s’étendent pas jufoues-là, 8t qu’on n’a pas encore
imaginé d’hypothefe qui fatisfafle pleinement, il faudra nous contenter
de déduire de l’expérience 8c du raifonnement, les réglés
néceflaires pour la conduite des eaux, en commençant par expliquer
la caufe qui fait qu’une liqueur contenue dans un vafe fe met
toujours de niveau ,. c’ait-il -dire, que tous les points' de la furface
fe trouvent également éloignés du centre de la terre.
S e c t i o n p r e m i è r e .
D u niveau des liqueurs, & de leur équilibré.
3 15 . Il eft confiant que les liqueurs, comme les autres corps
pefans , tendent vers- le centre de la terre, 8C défendent tant
qu’ell'es peuvent,.à moins que quelque obftacle ne- les; cm empêche.
De l’eau v.erfe dans un-vafe, abandonnés a;elle-même, doit
toujours s!y mettre de niveau ; car s’il y a d'abord une. partie de fa
furface plus élevée que l’autre, elle défendra: vers la plus halle,
comme le long d’un plan incliné, ou comme: le long de plulieurs
plans inclinés contigus, fi elle fait une efpecc de courbe. S’il le
trouve encore des endroits plus élevés que les autres, il arrivera
pour chacun en particulier la même chofe ; les parties les plus élevées
, fi peu qu’elles le foient, defeendront au plus bas où elles
puiflènt arriver : 8c lorfqu’il n’y aura plus d’agitation fenfible dans
fa furface , elle fe trouvera de niveau,. puifque fes points feront
également éloignés du centre de la terre, 8c fe maintiendront toujours
dans cet état, à moins qu’ils ne foient agités par quelque caufe
étrangère.
3x6. Lorfque la furface d’une liqueur eft de niveau, toutes les
colonnes dont cette liqueur eft compofée, font en équilibre en-
tr’elles. Pour en juger, nous fuppoferons qu’on a verfé de l’eau
' dans un vaiflèau prifmatique B C , 8t qu’on a divifé par penfée toute
cette eau en colonnes de bafes égales.
Chap. III. des Réglés de l’Hydraulique. 1 1 7
Pour que la furface A E de la première colonne BE foit de ni- faces j,
veau avec la furface EF de la fécondé, il faut que ces colonnes vcau’ BSj
fe contrebalancent, 8c tendent à fe foulever mutuellement par un ^cemr'dUs'
effort égal fur leurs bafes, autrement fi la première l’emportoit fiir
la fécondé, la furface de cette fécondé s’élevant au demis de celle LAN' '*
de la première, ne pourra fe maintenir dans cette fituation, parce Fis. H
que n’étant point foutenue par les côtés, elle tombera fur la première
pour fe remettre de niveau. (31 y) De même, la féconde
colonne EM ne pourra , par fon poids, l’emporter fur la troifieme
M G , fans que la furface de cette derniere ne monte, 8c que celle
de l’autre ne defeende ; mais ces deux colonnes étant d’une égale
pefanteur, il n’y a pas de raifon que l’une l’emporte fur l’autre.
Si l’on fait le même raifonnement pour toutes celles qui fuivent,
on verra la néceflité qu’elles fe foutiennent toutes réciproquement
en équilibre.
Delà vient que lorfque l’on mêle enfemble deux liqueurs,
dont l’une eft plus légère que l’autre , comme de l’huile 8c de
l’eau, la plus pefante contraint la plus légère de s’élever vers la
furface ; cependant il femble que ce foit l’huile qui fe fépare de
l ’eau, parce que l’atlion de l’eau ne frappe point nos fens, au lieu
que le mouvement de l’huile s’apperçoit.
3 1 7 , ’Quoique les colonnes EM , M G , G O , O I , IQ ,Q D , U n e petite
femblent s’unir contre la feule BE pour la furmonter, cette der- colonne de li‘
niere ne laifle pas de faire elle feule équilibre avec toutes les au- T t ir j'è ju m -
très, enfemble ou féparées, parce qu’elles fe divifent entr’elles, trc avec unc
8c tendent à fe foulever les unes les autres, c’eft-à-dire, que les
colonnes EM , M G , G O , O I, IQ , s’unifient de même avec la Uurs furfaccs
première BE , contre la feule QD , parce que fi chacune de ces ie
colonnes eft combattue par toutes les autres, elle eft aulïï aidée V‘m'
par toutes ces autres , pour agir contre chacune d’entr’elles. D ’où
il fuit que la colonne E L C D , compofée de plufieurs petites, n’a
pas plus d’avantage fur la feule B E , que celle-ci fur la précédente ;
ce qui fait voir qu’une colonne de liqueur,■ fi grofle qu’elle fo it,
doit demeurer en équilibre avec le moindre filet de la même liqueur
, lorfque l’une 8c l’autre font de niveau, parce que la colonne
plus groffè eft compofée de filets fcmblables aux premiers qui fe
combattent entr’eux, 8c s’unifient avec le premier contre chacun
d’eux, comme ils s’unifient entr’eux contre le premier. On peut
donc conclure que f toutes les colonnes d ’une même liqueur font en
équilibre entr’elles, leurs furfaces font de niveau, & que fle u r s fu rfa -
ces font de niveau, ces colonnes font en équilibre.
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