
P lan. i .
Fig. i .
181 A r c h i t e c t u r'e H y d r a u l i q u e , Liv . IL
le .plus convenable pour l’emplacement du moulin : obfervant qu’il
faut que cette chute ait au moins 3 pieds, lî on veut faire palier
l ’eau au-dellous de la roue, qui eft la maniéré la plus commode,
parce qu’on a la liberté de faire fon diamètre aullî grand qu’on
veut, 8c d’élever le rez-de-chaulfée du moulin autant qu’il fera né-
ceflaire pour le mettre à l’abri des crues d’eau.
Enfuite il faut examiner h la fource fera allez abondante pour
faire aller le moulin fans interruption ; on en jugera en mefurant
exactement fon produit en été plutôt qu’en hiver, autrement il
pourroit arriver qu’on n’auroit de l’eau que pour faire aller le moulin
une partie de l’année. I l faut donc contraindre l’eau à ne s’écouler
que par un feul endroit, pour voir combien il en pâlie de
pieds cubes pendant une minute. (514) Si l’on eft obligé de rétrécir
fon pallage Sc de la faire gonfler, il faut que pendant le tems de
l ’écoulement fon niveau s’entretienne toujours à la même hauteur,
êc avoir égard à tout ce qui peut en rendre la mefure exacte : il y a"
pour cela mille moyens aifés à imaginer fans qu’il foit nécellaire
que je m’y arrête.
Prévenu de la quantité d’eau dont on pourra difpofer, 8c de la
hauteur de la chute, il faut voir li la dépenfe qui fe fera par un-permis
égal à la lùperficie d’une des aubes de la roue, ne l’excédera
pas ; moyennant ' toutes ces conlidérations, on fera en état de
prendre fon parti.
641. Lorlque les rivières ne font pas navigables 8c qu’on y veut
conftruire des moulins, on en arrête le cours naturel par une éclufe
qui foutient l’eau à une hauteur fuffifante, 8c à côte on fait un dé~
ckargeoir qui entretenant toujours l’eau au même point, facilite l’écoulement
du fuperflu, afin de ne point inonder les campagnes
voifines; inconvénient effèntiel à prévoir. C ’eft pourquoi il faut,
avant toutes chofes, bien connoître la fituation du pays, 8c s’informer
où peuvent s’étendre les Crues d’eau qui furviennent dans certain
tems 8c qui pourroiént incommoder le voifinage.
Il y a fur-tout beaucoup de mefures à garder quand on veut
conftruire un moulin fur une riviere où il y en a déjà d’établis,
de crainte de s’incommoder réciproquement : fi l’on en fait un
au-deflous d’un ancien 8c qu’on n’en foit point allez éloigné, on
n’aura que peu de chûte, 8c en voulant foutenir les eaux on noyera
peut-être le moulin fupérieur ; fi au contraire on veut l’établir au-
defiùs, cela ne fe pourra fans diminuer la chûte de l’inférieur, à
moins qu’on ne remonte vers la fource autant qu’il fera néceflàire.
Il y a fur ce fujet mille chofes à prévoir qui font d’une extrême
C h a ï . I. d e s M o u l i n s a e a u . 283
conféquence ; d’ailleurs il faut être bien fur du droit que l’on à de
faire conftruire un moulin à l’endroit que l’on a en vue, fans avoir
aucune oppofition à craindre ; fouvent un moulin bâti au hazard
donne lieu à une fource de procès qui entraînent la ruine du propriétaire.
Au refte, en quelqu’endroit qu’on veuille en établir, il
faut, en faifant l’éclufe qui doit foutenir les eaux, ménager une ou
deux vannes de décharge , indépendamment de celles qui ferment
le courfîer.
642. Il faut que l’eau qui fait tourner une roue de moulin puifte
s’échapper avec plus de viteflè que n’en a la roue, autrement elle
devient un obftacle, par l’oppofition qu’elle préfente à celle qui
frappe les aubes ; c’eft pourquoi il faut donner beaucoup de pente
au courfier, ménager à fa fortie le plus d’étendue que l’on pourra,
afin que l’eau fuye fans rien rencontrer qui la fafle rejaillir. Entre
la vanne 8c la roue il ne doit y avoir que le moins d’intervalle qu’il
eftpolïible, afin que l’eau, en fortant du permis, vienne frapper les
aubes par le chemin le plus court ; de même il ne faut donner entre
les bords de l'aube verticale 81 le coffre du courfier, que le jeu
nécellaire pour lé mouvement de la roue, afin que toute l’eau foit
uniquement employée à la faire tourner. Je voudrais auffi que le
courfier allât en s’élargiflant vers fes deux extrémités , pour faciliter
l’entrée 8c la fortie de l’eau.
Les moulins que l’on établit fur des bateaux ne demandent pas
tant de fujétion , puifqu’il fuffit feulement de faire enforte, à l’aide
des rouets 8c lanternes, que le courant puiffè donner à la meule
une vîteiïè qui lui faffe faire environ 60 tours par minute. (<238)
Pour peu que l’on fçache les principes de la Méchaniqùe, il eft bien
aifé de régler cette vîtefle, eu égard à la force relpective du courant,
c’eft pourquoi je ne m’arrêterai point à ces fortes de moulins
qui ne font fiifceptibles d’aucuns calculs qu’on ne foit en état dé
faire quand on aura entendu les endroits les plus intéreffans de ce
Chapitre.
643. Dans plufieurs provinces, lorfque l’eau deftinée à faire tourner
un moulin n’eft pas abondante , on la conduit au-deflùs de la
roue A par une bufe M N , dont l’entrée P fe ferme avec une vanne
Q R , qui maintient le niveau ST à une hauteur médiocre ; cette
eau provient ordinairement de plufieurs fources que l’on raffèmble
dans un grand réfervoir foutenu par une chauffée, ou digue.
La circonférence des jantes de la roue eft couverte d’a is , 8c
forme un tambour dont la furface fert de fond à une elpece d’auge
circulaire renfermée par d’autres ais, comme V X , entretenus en-
Remarques
f u r la difpofe-
tion qu'on
doit donner
a u x courfiers
d'un moulin.
Defcr iptîon
des roue.s de
moul n 3 nommées
vulgairement
roues à
pot.
Plan. i .
Fig. 4,