
274 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e ,, L i v . I.
l ’eau que par la contrainte où l’aflùjettit la pefanteur qui relie au
poids P.
Le volume du corps P , 8c celui de la partie FKM G du prifme
ayant fait monter la fin-face de l’eau au point où elle feroit parvenue
fi au lieu d’y avoir plongé le corps P , on y avoit verfé une
quantité d’eau d’un poids égal à-celui de ce corps, on voit que
le fond du vailTeau en fera autant chargé que s’il le foutenoit immédiatement.
(622)
Si l’on vient à couper le fil, le corps defcendra, 8c le prifme
C ED H remontera pour reprendre fa fituation naturelle ; alors fi
l ’on fuppofe le vailTeau fort profond, le fond, pendant le tems de la
defcente du corps, fera moins chargé qu’il l’étoit, de l’excès de la
pefanteur du corps fur celle du volume d’eau dont il occupe la
place ; (623) car le prifme étant remonté de la hauteur F K , la fur-
face de l’eau fera autant defcendue que fi on en avoit ôté un volume
d’eau égal à celui de la partie FKMG .
Quand un 630. On peut donc établir ce principe général, que tant qu’un
flntmr'fpéd- COTPs étranger eft foutenudans l’eau, il fait partie de fon poids
fique plus total, 8ç charge de toute fa pefanteur le fond du vaifièau ; mais que
Sk d e 7 'X ‘1' depuis l’inftant qu’il, commence à defcendre librement jufqu’à ce
cjiplonsf ’il qll’ü ait atteint le fond , ce fond eft foulagé de l’excès de la pefan-
■ etjfe, en def- teur du corps fur celle du volume d’eau dont il occupe la place.
ch^rgêriefind ^31. Il fuit que plus la pefanteur fpécifique d’un corps fera gran-
du vaijfeau de, par rapport à celle du fluide dans lequel il eft foutenu, plus
avec toute f a Ig fond fera, foulagé lorfque ce corps viendra à defcendre : par
pejmteur, exemple, la pefanteur fpécifique du mercure étant à celle de l’eau
comme 14 eft a i ; (62.7) fi-une certaine quantité de mercure étoit
foutenue dans l’eau, par quelque moyen que ce Toit, aulîi-tôt
qu il viendra a defcendre , le fond fera foulagé des treize quatorzièmes
de fon poids.
63 2. M. Letbnity , dans une lettre écrite à M. l’Abbé Bignon en
1 7 1 1 , pour lui expliquer fon opinion fur la caufe de l’effet du baromètre
, dont il eft fait mention dans l’Hiftoire de l’Académie
Royale des Sciences de la même année, dit qu'un corps étranger
qui eft dans un liquide , pefe avec çe liquide & fa it partie de fon poids
total tant q u il eft foutenu ; mais que s 'il cefte de l ’être, & tombe par
çonféquent,fon poids ne fa it plus partie du liquide , qui par-là vient à pefer moins.
J ’ai été quelque tems en peine de fçavoir dans quel fens il fal-r
loit prendre ce difcours, ne pouvant, m’imaginer qu’un Sçavant
de la première claffe, tel que M, fe ib n it7 ,e n t penfé que -lorfo
Chat. III. des R églés de l ’H ydraulique^ 275
qu’un corps plongé dans l’eau venoit à defcendre, il ceffoit de
faire partie de fon poids , 8c de preffer le fond , comme il l’infinue
en termes clairs ; car que le corps foit foutenu, ou qu’il defeende,
il occupe toujours un volume d’eau égal au lien , qui ne peut être
foutenu que par le fond du vaiffeau ; & pouvois-je croire qu’il ne
fe fût point apperçu que pendant la defcente du corps, le fond ne
pouvoit être foulagé que de l’excès de fa pefanteur fur celle, de
l ’eau dont il occupe la place, comme je crois l’avoir prouvé. Ce
qui paroît bien furprenant, c’eft que M. de Fontenelle, après avoir
formé les mêmes objections, femble vouloir prouver le fentiment
de M. Leibmt?. Voici fes termes':
«Malgré ces objections, le principe fubfifte, quand on l’examine
33 de plus près ; ce qui porte un corps pefant en eft preffé ; une ta-
« ble, par exemple, qui porte une nlaffè de fer d’une livre, en eft
33 preffée, & ne l’eft que parce quelle foutient toute Taétion 8c tout
33 l’effort que la caufe de la pefanteur, quelle qu’elle foit, exerce fur
» cette maffe de fer pour la pouffer plus bas. Si la table cédoit
j) 8c obéiflbit à l’aétion de cette caufe de la pefanteur, elle ne fe-
>3 roit point preffée & ne porteroit plus rien. De même le fond d’un
» vafe qui contient un liquide s’oppofe à toute faction de la caufe
’ 3 de la pefanteur contre ce- liquide ; fi un corps étranger y nage „
>3 le fond s’oppofe aufli à cette même aCtion contre ce corps, qui
’ 3 étant en équilibre avec le liquide, en eft à cet égard une véri-
33 table partie ; ainfi le fond eft preffé, par le liquide 8c par le
33 corps étranger, 8c il les porte tous deux. Mais fi ce corps tombe
33 il obéit à l’aétion de la pefanteur , 8c par çonféquent le fond ne
33 la foutient plus, 8c il ne la foutiendra que quand le corps fera
33 defeendu jufqu’à lui ; donc pendant tout le tems de la chûte le fo n d
•a efl foulage du poids de ce corps qui n’eft plus porté par rien, mais
33 pouffé par la caufe de la pefanteur, à laquelle rien ne l’empêche
33 de ceder.
Le principe de M. Leibnitq pouvant avoir lieu fans aucune modification
, lorfqu’il s’agira d’un corps dont la pefanteur fpécifique
fera infiniment plus grande que celle du fluide dans lequel il fera
foutenu , il ne s’en fert pas moins heureufement pour expliquer
d’une maniéré ingénieufe 8c folide la caufe des variations du baromètre
, comme nous le ferons voir au commencement du fécond
volume, où il fera parlé des propriétés de l’air.
633. Pour voir fi effectivement le fond d’un vaiflèau étoit moins
chargé quand le corps defeend, que lorfqu’il eft foutenu dans l’eau ;
M. ftamaffttni, Profeffeur à Padoue, a attaché aux deux bouts d’un
Expérience
qui confirme
que les corps
quidefetndent