
Plan. 7.
Pig. 9.
Maniéré ie
faire une roue
de moulin qui
puijfe tourner
étant entièrement
plongée
dans V eau £ u-
rie rivière.
P1.4N. 7.
Fig. 10 .
308 A r c h i t e c t d o H y d r a u l i q u e , L i v . I I .
Sc reflux qui s’étend fenfîblement à plusieurs lieues en-deçà de
leur embouchure, on peur encore profiter de cet avantage pour
la commodité des villes qui en font à portée. Par exemple, ABCDE
repréfente une riviere qui va fe jetter à la mer du côté de A ; on fe
fèrvira du circuit B C D , afin de conftruire les moulins à' l’endroit
MN. Pour cet e ffe t, il faudra creufer deux baflîns FMNG St
MTKN, le premier plus profond que le fécond, le faifant de niveau
avec le lit H A ; ce qui s’exécutera d’autant plus commodément que
les rivières ont toujours beaucoup de profondeur à mefure qu’elles
approchent de leur embouchure : on fera une éclufe FG dont les
portes H regarderont la mer, St une autre IK dont les portes L
regarderont les moulins. On apperçoit d’abord que la mer venant
à monter fermera l’éclufe d’en-bas, St ouvrira celle d’en-haut, St
que qua'nd elle fe retirera, l’eau du baflïn fupérieur fermera l’éclufe
d’en-haut, St l’eau du badin inférieur ouvrira celle d’en-bas pour
s’aller jetter à la mer ainfi alternativement.
673. Les rivières qui font dans le cas que nous venons de fup-
pofer, grolliflànt de 12 ou 15 pieds, on ne peut y faire de moulin
dont les roues ne foient fubmergéés deux fois par jour, St les machines
quelles font agir ne rempliffènt guere que le quart de leur
deftination, à moins qu’on n’éleve les roues de la façon que nous
l’avons infinué dans l’article 661 , mais c’eft Une fujétion qu’on
peut éviter par une nouvelle conftruclion de roues imaginées par
Meilleurs Gojfet St de la D eu ille, Prêtres du Diocefe de L ao n , à
l’ocçafion d’un projet d’une machine qu’on devoit exécuter contre
l’une des arches du Pont-au-Change à Paris. Il s’agiffoit de donner
une plus grande abondance d’eau à la ville que ne font les pompes
du Pont^Notre-Dame, qui ne vont pas lorfque la riviere eft
fort groffè, quoiqu’on éleve les roues jufqu’à une certaine hauteur,
au lieu que celle dont je parle tournera continuellement fans bouger
de fa place que la riviere foit haute ou baffe, parce qu’elle peut
y être entièrement plongée : en voici le détail.
On fuppofe que la ligne GH exprime la furface des plfis hautes
eaux, la ligne LM celle des plus baffes, ôt que le courant fuit la
direction de la fléché N ; il eft queftion de faire enforte que la roue
puiffè toujours tourner for fon axe IK. Il faut être prévenu que la
figure que nous donnons ici eft un profil compofant un affèmblage
de charpente qui doit être répété plufieurs fois le long de l’arbre,
félon la longueur que l’on veut donner aux aubes, afin que les
planches qui doivent compofer ces aubes ayent autant de points
d’appui qu’il convient ffe leur en donner pour foutenir lp choc de
l’çau
C h a p . I. de s M o u l i n s a e a u . 309
l ’eau fans fléchir. Ce que cette roue a de fingulier fe réduit feulement
à attacher fur les rets, avec des charnières, les planches qui
doivent compofer les.aubes, afin qu’elles puifTent fe préfenter en
face, comme D , quand elles font au bas de la roue pour recevoir le
choc de l’eau, & qu’au contraire elles ne fe préfentent que de profil,
comme A , lorfcnfellés font vers le fommet, parce qu’alors l’eau
ayant incomparablement plus de prife en bas qu’en haut, la roue
fera contrainte de tourner, au lieu que fi les planches étoient arrêtées
à demeure , comme de coutume, le choc fe trouvant égal en
bas & en haut, la roue refteroit immobile.
On voit qu’aufli-tôt que les planches D font parvenues vers M ,
elles commencent à flotter, comme en E Sc plus encore en F , 8c
que ce n’eft qu’en A quelles fe trouvent dans une fituation horizontale
; qu’enfuite étant parvenues en B , elles font prêtes à fe coucher
fur leur appui, & c’eft à quoi le courant les contraindra lorf-
qu’elles feront defeendues au-deffous de l’axe de la roue, ce qui
arrivera toujours de même à quelque hauteur que foit le niveau
GH de l’eau, au-deffus ou au-deffous de l’axe I K , pourvu que
lorfqu’il fera au plus bas L M , l’aube verticale PQ foit entièrement
plongée. J ’ai été appellé à la première épreuve que l’on a fait
d’une pareille roue à Paris, qui a réufli avec tout le fuceès qu’on
pouvoit defirer.
674. I l ne paroît pas que dans la conftruclion des roues de
moulins on ait luivi julqu’ici aucune réglé pour déterminer le nombre
des aubes qu’il convenoit d’y appliquer , eu égard à leur hauteur
, SC relativement à la grandeur du diamètre qu’il faudra donner
à la roue 3 cependant il importe qu’elles foient diftribuées à
propos, fans en employer plus qu’il ne faut, comme on le fait toujours
, ce qui les empêche de recevoir toute la force du courant,
parce que fe couvrant les unes fur les autres, elles n’en font choquées
qu’imparfaitement.
Si l’on fuppofe la circonférence d’une roue divifée en un nombre
de parties égales par autant de rayons, à chacun defquels on
ait attaché une aube, comme LE & C B , la première oblique au
courant, & la fécondé perpendiculaire : il eft certain que fi fa première
trempe dans l’eau tandis que la fécondé eft encore dans la
verticale, tirant du point E la perpendiculaire E D , fur le rayon
A B , que fi la ligne HI repréfente la furface du courant, la partie
EF couvrira l’aube CB fur toute la hauteur C D , qui ne fera point
choquée, puifqu’elle ne peut l’être que fur la hauteur BD. I l eft
vrai que cette diminution femble être réparée par l’impulfion que Pan. I. Tome I. R r
Réglé pour
déterminer le
nombre d’au-
bis qu’il faut
donner aux
roues félon la
grandeur de
l.ur diamètre»
Plan. 7.
Fig. 5.