
n o A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v . I.
monter plufieurs fois une machine avant que de parvenir à la . faire
jouer rondement, comme cela n’eft que trop ordinaire à ceux qui
n’agillènt qu’à tâtons ?
Dans le projet d’une machine, on doit fur toutes chofes y faire
entrer le choix du lieu où il faudra la placer ; li elle doit être permanente,
il faut prévoir tous les inconvéniens auxquels elle pourra
être fujette, foit de la part des grandes eaux, ou des féchereffes;
fi c’eft une machine fituée fur une riviere dont le courant foit le
moteur ; fi elle eft placée dans le quartier d’une v ille , voir fi elle
n’incommodera pas le public, ou fi elle-même n’en recevra point
de préjudice, foit dans le tems préfent, ou dans celui à venir.
Après avoir déterminé le méchanifme qu’on aura trouvé le plus
convenable félon l’objet qu’elle doit remplir, 6c calculé le poids
qu’on veut qu’elle éleve, il en faut faire un devis bien circonftan-
e ié , où les dimenfions de chaque partie foient exactement rapportées
avec leurs façons. Comme ce devis doit être relatif aux
plans 6c profils , ces derniers doivent être accompagnés de nombres
qui expriment la longueur ôc la groflèur des bois, ayant
foin de développer en particulier tout ce qui fera deffiné trop
en petit, comme les dents des roues, les pignons 6c lanternes,
généralement toutes les pièces qu’il faudra exécuter en fer ou en
cuivre. A moins d’un grand ufage, il eft rare qu’un homme de
cabinet puiflè bien juger de la réfiftance de ces différentes matières
6c de la façon dont on doit les mettre en oeuvre, ainfi il
fera à propos de communiquer fon projet à d’habiles ouvriers. Quant
à la réfiftance de eç qui fe fera çn bois , on eftimera la force des
principales pièces, félon l’effort qu’elles auront à foutenir, en
fuivant ce qui a été enfeigné fur ce fujet dans le quatrième livre
de la Science des Ingénieurs, faifant enforte qu’elles aient une
force double de celle qu’il leur faudroit pour être prêtes à fe
rompre par l’effort de la puiflànee oppofee. Une plus grande
force eft d’autant plus inutile, que fi l’on fait les parties d’une machine
trop matérielles, on augmente la dépenfe mabà-propos, 6c
on donne lieu à de plus grands frottemens,
Ce que je viens de dire doit s’entendre de la conftruétion des
machines permanentes, dont l’objet eft d’une grande conféquencc
pour ne rien négliger d’effentiel ; car pour celles qui ne doivent
fejrvir que peu de tems, leurs parties n’ont pas beloin d’une auffi
grande folidité, il fuffit qu’elles puiffent durer auffi long-tems qu’on
fera obligé de s’en fervir,
318. Pour
C h a t . II. du F r o t t e m e n t . n i
318. Pour dire un mot de la divifion des roues 6c des lanternes, Maniéré *
eu égard au nombre des dents 8c des fufeaux, voici ce qui a été
fuivi dans plufieurs occafions dont on s’eft bien trouvé. , U n ièm e s , f c -
Ayant tracé la circonférence OPR fur laquelle doit fe rencon- l °n le nombre
trer le centre des fufeaux d’une lanterne réglé le diamètre des 9 BEH|
rufeaux félon la réfiftance dont il faudra les rendre capables, eu
égard à l’effort qu’ils foutiendront 8c à leur diminution à meiùre IS‘
que le frottement des dents les ufe ; il faut que le diamètre
d’un des fufeaux foit à l’intervalle qui doit régner de l’un à l’autre,
comme 8 eft à 7 , c’eft-à-dire, qu’ayant divifé le diamètre des
fufeaux en 8 parties égales pour fervir d’échelle, on en donnera
15 pour l’intervalle d’un centre à l’autre, ôc il en reftera 7 pour le
vuide.
Je fuppofe une lanterne qui doit avoir 10 fufeaux, que chaque
fufeau fera de deux pouces 6c demi de diamètre; il faut, pour avoir
le diamètre de la circonférence O P R , multiplier 15 par un nombre
égal à celui des fufeaux, comme ici par 10 , on aura i yo, dont
on trouvera la valeur en pouces, en enfant : Si 8 parties donnent
deux pouces 8c demi, combien donneront 150? O11 trouvera à-peu-
près 47 pouces, qui répondent à un diamètre de 15.
L ’épaifTeur des dents devant être proportionnée au diamètre des
fufeaux, il faudra fur la circonférence N PQ , leur donner 6 parties
6c j du même diamètre, alors il y en aura une demie pour le .
jeu , ôc fi l’on donne -8 parties ôc L pour l’intervalle qui doit fe
trouver entre les dents, il y en aura 15 pour la diftance du centre
de l’une à celui de l’autre, comme pour les fufeaux.
Préfentement, pour déterminer le diamètre de cette circonférence
prile dans le milieu des dents, il n’eft plus queftion que de fça-
voir le rapport de la vîteffe de la lanterne à celle de la roue. Par
exemple, fi l’on veut que la lanterne faflè cinq tours pendant que
la roue n’en fera qu’un, la circonférence NPQ doit être quintuple
de O P R , par conféquent le diamètre de la roue fera quintuple de
celui de la lanterne, 8c il faudra 30 dents.
Quant à la figure des dents, on peut la faire de plufieurs maniérés
: mais pour plus de perfection , il faudroit que leur courbure
fuivît celle d’une épicycloïde ; on pourra voir ce que M. de la Hire
a dit dans le Traité qu’il a donné de ces fortes de courbes, avec
leur application.
319. Il eft à propos, comme l’a remarqué le même Auteur, dans L e nombre.
fon Traité de Méchanique, que le nombre des dents d’une roue ne
contienne jamais exactement celui des fufeaux de la lanterne, afin d im e lanterne
P art. I . Tome I . Q